QUE. Pronom relatif des deux genres et
des deux nombres, servant de régime au verbe qui le suit. L'e
s'élide devant une voyelle ou une h muette. Celui que vous
avez vu. Les gens que vous avez obligés. La personne que vous
connaissez. Les espérances que vous lui avez données. Les
livres qu'il a lus. Les choses qu'elle a dites. Il n'a rien fait de tout ce
que je lui avais dit. Pour le peu qu'il m'en coûte. Quelques efforts
qu'il ait faits.
Il remplace quelquefois De qui, à qui,
pour qui, etc. C'est de vous que je parle. C'est à vous que je
m'intéresse. C'est pour lui qu'on fait cela. C'est sur vous que j'ai
les yeux.
Il remplace aussi, en parlant Des choses,
Pendant lequel, dans lequel, etc. L'hiver qu'il fit si froid. Le jour que
cela est arrivé. Au moment que je le reverrai. C'est dans cette
maison qu'il demeure. C'est là qu'il habite. C'est dans cette
boutique qu'on vend telle marchandise. Où est-ce qu'on trouvera ce
livre?
Il se dit aussi pour Quelle chose. Que
faites-vous là? Que vous en semble? Que vous en reviendra-t-il?
Qu'attendez-vous? Qu'est-ce que c'est? Voilà ce que c'est. Que
pensez-vous faire? Je ne sais qu'en penser. Il ne sait plus que faire ni que
dire. Que faire? Que devenir? Qu'importe? Fam.: Que diable dites-vous
là? Que diable faire?
Fam., Je n'ai que faire, Je n'ai aucune
affaire. Je n'ai que faire de lui, Je n'ai aucun besoin de lui. Je
n'ai que faire de ses dons, Je n'ai nul besoin de ses dons. Je n'ai
que faire de vous dire... Il n'est pas nécessaire de vous dire...
Je n'ai que faire à cela, Je n'ai aucun intérêt
à cela. Je n'ai que faire là, Je ne suis pas
nécessaire là. Je ne puis que faire à cela, je n'y
puis, je n'y sais que faire, Il ne dépend pas de moi d'y rien
faire, d'y remédier.
QUE, s'emploie souvent,
comme conjonction, entre deux membres de phrase qui ont chacun leur verbe
exprimé ou sous-entendu, pour marquer que le dernier est régi
par le premier, ou lui est subordonné. Il faut que je le paye. Il
est juste que vous le dédommagiez. Il se peut que je me trompe.
J'exige qu'il parte. Je trouve que vous avez raison. J'avoue que cela est
surprenant. Je crains qu'il ne s'en trouve mal. Vous dites qu'il a de
l'esprit; moi, je soutiens que non. Que cela soit, j'y consens. Dans
cette dernière phrase, il y a ellipse d'un verbe avant
Que.
Fam., Être toujours sur le que si,
que non, Être toujours prêt à contrarier.
Elliptiq., Qu'il fasse le moindre
excès, il est malade, S'il arrive qu'il fasse le moindre
excès, il en est malade. Qu'il parle, tout se tait, Quand il
se met à parler, tout le monde se tait. Etc.
QUE, conjonction,
s'emploie quelquefois avec ellipse du premier membre de phrase, dans le
titre des chapitres et des sections d'un livre, pour indiquer De quelle
matière on y traite. Que la vertu est le plus grand de tous les
biens.
Il est aussi particule de souhait,
d'imprécation, de commandement, de consentement, de
répugnance, de blâme, etc.; et s'emploie avec ellipse des
verbes dont on se sert pour souhaiter, pour commander, pour consentir, etc.
Que je meure, si cela n'est pas vrai! Qu'il parte tout à l'heure!
Qu'il fasse ce qu'il lui plaira! Que je trahisse mon ami! je mourrais
plutôt! Qu'il se soit oublié à ce point! Qu'on n'ait pas
eu plus de respect pour un si grand personnage!
Il est également particule
d'admiration, d'ironie, d'indignation; et alors il signifie, Combien. Que
Dieu est puissant! Que de fois je suis venu ici! Que de services il m'a
rendus! Qu'il fait beau! Que je vous trouve plaisant! Que vous êtes
importun!
Il se met aussi, dans certaines phrases
exclamatives, entre un adjectif et le verbe Être. Insensé
que j'étais, de croire à leur bonne foi! Ne voyez-vous point,
aveugle que vous êtes, le piège qui vous est tendu? On dit
à peu près de même: Le fripon qu'il était,
m'emporte dix mille francs. La cruelle qu'elle est, reste sourde à
nos gémissements. Etc.
QUE, signifie encore,
Pourquoi, au commencement de certaines phrases interrogatives. Que ne se
corrige-t-il? Que ne demeurez-vous? Que n'attendez-vous? Que n'est-il plus
soigneux? Que n'avez-vous soin de vos affaires? En ce sens, il s'emploie
rarement sans négation, excepté dans ces phrases: Que
tardez-vous? Que différez-vous? et quelques autres
semblables.
Que sert de se flatter, de dissimuler,
etc.? À quoi sert de se flatter, de dissimuler, etc.?
QUE, est aussi
corrélatif des mots Tel, quel, même, autre, meilleur,
pire, et se met toujours après. Un homme tel que vous. Il est
tel que je le voulais. Telle est sa puissance, que rien ne lui
résiste. Sa mémoire est telle, qu'il n'oublie jamais rien.
Quel que soit son espoir. Quelles que soient ses vues. Quelle faute que
cette démarche! C'est bien un autre homme que vous ne disiez. Il a
bien d'autres vues que vous ne croyez. C'est autre chose que ce que j'avais
en vue. Mon habit est du même drap que le vôtre. Votre vin est
meilleur que le mien. Ce vin-là est encore pire que le
premier.
Il est également corrélatif des
adverbes de comparaison, et de quelques autres. Il est aussi modeste
qu'habile. Il est plus heureux que sage. Elle est moins jolie que sa soeur.
J'en ai moins que vous n'en avez. Rien ne l'a tant affligé que cette
nouvelle. Tant plein que vide. Tant tués que blessés. J'en ai
tant, que je n'en sais que faire. Il agit autrement que vous. Il est
tellement en colère, il est si fort en colère, qu'on aura bien
de la peine à l'apaiser. Si peu que rien. Quelque grand seigneur
qu'il soit. Tout grand seigneur qu'il est. Quelque puissants qu'ils soient.
Tout riches qu'ils sont.
Fam., Que bien que mal, En partie bien,
en partie mal. Il s'acquitte de son emploi que bien que mal. Cette
locution vieillit; on dit plus ordinairement, Tant bien que mal.
QUE, signifie
quelquefois, Si ce n'est. À qui puis-je confier ce secret
qu'à vous seul? Il ne peut rien résulter de vos projets, que
des fautes et des malheurs.
Il s'emploie dans certaines phrases avec
ellipse des mots Autre chose ou Autrement; et alors il est
toujours précédé de la négation. Ainsi on dit:
Il ne cherche que la vérité, Il ne cherche autre chose
que la vérité. Il ne dit que des sottises, Il ne dit
rien autre chose que des sottises. Il ne parle que par sentences, Il
ne parle point autrement que par sentences. Il ne fait que boire et
manger, Il ne fait autre chose que boire et manger. ÄÄ Ne... que
peut, dans certains cas, être considéré comme
entièrement synonyme de l'adverbe Seulement. Je ne veux que le
voir, Je veux seulement le voir.
QUE, forme en outre
certaines locutions avec diverses prépositions, conjonctions et
adverbes; comme Afin que, avant que, après que, bien que,
dès que, depuis que, encore que, loin que, puisque, parce que, sans
que, à moins que, attendu que, vu que, en sorte que, de
manière, de façon que, d'autant que, outre que, pourvu que,
soit que, et quelques autres. Voyez AFIN, AVANT, APRÈS, ETC.
Il s'emploie quelquefois avec ellipse de
certaines prépositions et de certains adverbes auxquels on a coutume
de le joindre. Ainsi on dit: Approchez, que je vous parle, Afin que
je vous parle. Il ne fait point de voyage qu'il ne lui arrive quelque
accident, Sans qu'il lui arrive quelque accident. Je lui parlai qu'il
était encore au lit, Lorsqu'il était encore au lit. Il
était à peine sorti ou À peine était-il
sorti, que la maison s'écroula, Lorsque la maison
s'écroula. Il y a dix ans qu'il est parti, que je ne l'ai vu,
Il s'est écoulé dix ans depuis qu'il est parti, depuis que je
ne l'ai vu. Retirez-vous, qu'il ne vous maltraite, De peur qu'il ne
vous maltraite. Je n'irai point là que tout ne soit
prêt, Avant que tout soit prêt. On le régala que
rien n'y manquait, Si bien, de telle sorte, que rien n'y manquait.
Qu'il perde son procès ou qu'il le gagne, il partira, Soit
qu'il le perde, soit qu'il le gagne. Etc. Plusieurs de ces phrases
sont du langage familier.
Fam., Si j'étais que de vous,
Si j'étais à votre place. Si j'étais que de vous,
je m'y prendrais de cette manière. On dit plus ordinairement:
Si j'étais de vous.
Cela ne laisse pas que d'être
inquiétant. Voyez LAISSER.
QUE se dit encore pour
Comme, Quand et Si, lorsque, à des propositions qui commencent par
ces mots, on en joint d'autres de même nature. Comme il
était tard, et qu'on craignait la chute du jour... Comme c'est une
chose décidée, et que tout est prêt pour
l'exécution... Quand on est jeune, et qu'on se porte bien... Si vous
le rencontrez, et qu'il vous demande où je suis...
QUE, s'emploie
quelquefois par redondance. Que s'il m'allègue... Que si vous
m'objectez... S'il m'allègue, si vous m'objectez...
Il s'emploie souvent pour donner plus de force
à ce qu'on dit. C'est une belle chose que de garder le secret.
C'est se tromper que de croire... Dans ces exemples, on peut supprimer
le que. C'est une belle chose de garder le secret. C'est se tromper de
croire... En ce sens, il s'emploie aussi devant les substantifs, mais
on ne saurait le supprimer qu'en changeant toute la construction. Ce sont
des qualités nécessaires pour régner que la douceur et
la fermeté.