[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1932-5, tome II, page 660]

     TIMBRAGE. n. m. Action de timbrer, de marquer d'un timbre. Le timbrage d'un registre, d'un livre.

     TIMBRE. n. m. Sorte de cloche immobile qui est frappée par un marteau placé le plus souvent en dehors. Le timbre d'une pendule, d'une montre. Le timbre d'une sonnerie électrique. Un timbre de bicyclette. Ce timbre est fêlé.
     Fig. et fam., Il a le timbre fêlé se dit d'un Homme un peu fou.
     TIMBRE se dit aussi de la Corde à boyau mise en double au-dessous de la caisse d'un tambour, pour le faire mieux résonner.
     Il se dit, figurément, du Caractère de la sonorité, dû au concours des notes harmoniques qui accompagnent la note fondamentale et qui varie selon le genre et la qualité de l'instrument ou de la voix. Le timbre du cor. Un beau timbre de voix. Cette voix a du timbre, a un timbre argentin. Sa voix n'a pas de timbre.
     Il se dit encore de l'Indication d'un air connu sur lequel est composée une chanson. Mettre les timbres aux couplets d'un vaudeville.
     TIMBRE se dit aussi de la Marque imprimée sur le papier dont la loi oblige à se servir pour certaines écritures ou pour certaines impressions. La loi sur le timbre. L'impôt du timbre. Faire mettre le timbre sur une obligation. Dispense du timbre. L'Administration des Domaines et du Timbre.
     Timbre sec, Timbre qui n'est marqué que par la pression du coin sur lequel il est gravé.
     Timbre humide, Timbre apposé avec une encre grasse.
     TIMBRE se dit également d'un Petit carré de papier, d'une vignette portant une effigie, une allégorie, un emblème et qui sert soit à remplacer la marque imprimée sur le papier, soit à divers autres usages. Timbre fiscal.
     Timbre-poste ou simplement Timbre, Petit carré de papier portant l'effigie du souverain, ou une autre marque, et qui sert à l'affranchissement des lettres envoyées par la poste. Un timbre de 50 centimes. Un carnet de timbres. Une collection de timbres.
     Timbre de quittance, Petit carré de papier, émis et vendu par l'État, et dont l'apposition est indispensable sur un reçu.
     TIMBRE se dit en outre de la Marque particulière que chaque bureau des postes imprime sur les lettres qu'il fait partir, pour indiquer le lieu et le jour du départ, et sur celles qu'il reçoit, pour constater le jour de leur arrivée. Le timbre de cette lettre est de Lyon.
     Il se dit aussi de la Marque d'une administration, d'une maison de commerce, etc. Ce livre porte le timbre de telle bibliothèque. On dit aussi Cachet.
     Il se dit, par extension, de l'Instrument qui sert à imprimer cette marque. Un timbre de cuivre, de caoutchouc. On dit également Cachet.
     TIMBRE se dit, en termes d'Archéologie, de la Calotte d'un casque.
     En termes de Blason, il désigne le Casque qui est au-dessus de l'écu. Les souverains portent le timbre ouvert.

     TIMBRER. v. tr. Marquer d'un timbre un papier, pour qu'il puisse servir aux usages déterminés par la loi. Timbrer du papier. Faire timbrer une valeur au porteur.
     Il signifie encore Apposer un timbre-poste sur une lettre, un timbre de quittance sur un reçu, etc. Il a oublié de timbrer sa lettre.
     Il signifie aussi Marquer une lettre du timbre d'un bureau de poste, qui fait connaître soit le lieu et le jour du départ, soit le jour de l'arrivée. Cette lettre est timbrée de Bordeaux.
     Il signifie également Imprimer la marque d'une administration, d'une maison de commerce, etc. Timbrer les livres d'une bibliothèque. On dit aussi Estampiller.
     En termes de Procédure et d'Administration, il signifie Écrire en tête d'un acte la nature de cet acte, sa date et le sommaire de ce qu'il contient. Timbrer des pièces.
     En termes de Blason, il signifie Mettre au-dessus d'un écu un timbre ou quelque autre marque d'honneur, de dignité. Les armes du pape sont timbrées d'une tiare.
     Le participe passé TIMBRÉ s'emploie comme adjectif. Du papier timbré.
     Une voix bien timbrée, Une voix qui a un bon timbre, qui résonne bien.
     Fig. et fam., Une cervelle, une tête timbrée, Une personne qui a l'esprit dérangé. On dit dans le même sens: Cet homme est timbré, est un peu timbré.
     En termes de Blason, il signifie Qui est surmonté d'un casque ou de quelque autre marque de dignité. Un écu timbré d'une couronne.

     TIMBREUR. n. m. Celui qui timbre, qui marque avec le timbre.

     TIMIDE. adj. des deux genres. Qui est craintif, qui manque de hardiesse, d'assurance. L'enfance est timide. Le véritable amour rend timide. Ce jeune homme est fort timide dans le monde. Il est timide auprès des femmes, avec les femmes.
     Écrivain timide, style timide, Écrivain, style qui manque de hardiesse, d'énergie.
     TIMIDE se dit aussi des Choses où se manifeste un manque d'assurance, de hardiesse. Caractère timide. Esprit timide. Il s'avança d'un air timide. Regard timide. Donner un conseil timide.
     Fig., Marche timide, Conduite excessivement prudente.

     TIMIDEMENT. adv. D'une manière timide, avec timidité. Agir timidement. Répondre timidement.

     TIMIDITÉ. n. f. Caractère de celui qui est timide. Extrême timidité. Timidité ridicule. Timidité maladive. Je n'ai jamais vu une timidité comme la vôtre. Sa timidité l'empêche de faire paraître tout son esprit.
     Il se dit aussi des Actions, des paroles qui manquent de hardiesse. On blâma la timidité de sa conduite. La timidité de ses conseils devint funeste.

     TIMON. n. m. Longue pièce de bois fixée en avant d'une voiture, d'une charrue et aux deux côtés de laquelle on attelle les chevaux, les boeufs. Lever le timon. Abaisser le timon.
     TIMON s'est dit, en termes de Marine, d'une Longue pièce de bois attachée au gouvernail d'un navire et qui servait à le mouvoir. On dit aujourd'hui Barre.
     Fig., Le timon des affaires, de l'État, Le gouvernement des affaires, de l'État.

     TIMONERIE. n. f. T. de Marine. Fonction de timonier. Quartier-maître de timonerie.
     Il se dit aussi de l'Endroit où se tiennent les timoniers.

     TIMONIER. n. m. Chacun des chevaux attelés de chaque côté du timon.
     En termes de Marine, il s'est dit de Celui qui gouvernait le timon d'un navire sous les ordres du pilote.
     Il se dit aujourd'hui des Matelots et gradés chargés des signaux, des tableaux de service, des instruments de navigation, etc.

     TIMORÉ, [TIMOR]ÉE. adj. Qui est trop disposé à la crainte, au scrupule. Vous êtes bien timoré. C'est une âme timorée.

     TIN. n. m. T. de Botanique. Voyez Laurier-tin à l'article LAURIER.

     TIN. n. m. T. de Marine. Billot de bois qui sert à supporter, à maintenir une pièce de bois pendant qu'on la travaille. Faire porter sur des tins la quille d'un bâtiment.

     TINCTORIAL, [TINCTORI]ALE. adj. Qui sert à teindre. Plantes tinctoriales.

     TINE. n. f. Sorte de tonneau qui sert à transporter l'eau, le lait, la vendange, etc.

     TINETTE. n. f. Récipient pour les ordures et les excréments.

     TINTAMARRE. n. m. Grand bruit discordant, accompagné de confusion et de désordre. Quel tintamarre est-ce que j'entends? Faire du tintamarre. Il est familier.

     TINTEMENT. n. m. Action de tinter une cloche ou Bruit, son résultant de cette action. Ce tintement annonce que la messe va commencer. Un tintement funèbre.
     Il se dit encore du Prolongement du son d'une cloche, lequel va toujours en diminuant dans l'air après que le coup a frappé. Le tintement d'une cloche.
     Il se dit aussi de la Sensation que l'on éprouve quelquefois dans les oreilles sans cause extérieure, comme si l'on entendait un son aigu et continu, tel que le tintement d'une cloche. Ce malade a de fréquents tintements d'oreille.

     TINTENAGUE. n. f. Voyez TOUTENAGUE.

     TINTER. v. tr. Faire sonner lentement une cloche, en sorte que le battant ne frappe que d'un côté. Tinter la grosse cloche, la petite cloche. Absolument. On tinte à l'église.
     TINTER s'emploie aussi comme verbe intransitif et se dit d'une Cloche qu'on frappe d'un seul côté avec le battant et qui sonne lentement.
     Il signifie, par analogie, Rendre un son en étant frappé comme une cloche. Faire tinter un verre,
     Il signifie également Donner la sensation d'un tintement de cloche. L'oreille lui tinte.
     Fig. et fam., Les oreilles ont dû vous tinter se dit pour faire entendre à une personne qu'on a beaucoup parlé d'elle en son absence, le plus souvent dans un sens élogieux.

     TINTER. v. tr. T. de Marine. Appuyer sur des tins, assujettir avec des tins. Tinter la quille d'un bâtiment. Tinter des futailles, des caisses, des ballots que l'on arrime.

     TINTOUIN. n. m. Bourdonnement, bruit dans les oreilles. Avoir un tintouin continuel dans les oreilles. Il est vieux en ce sens.
     Il se dit figurément de l'Inquiétude qu'on a du succès de quelque chose, de l'embarras que cause une affaire. On juge maintenant son procès, il doit avoir du tintouin. Cette affaire lui donnera beaucoup de tintouin. Il est familier dans les deux acceptions.