VENT. s. m. Air poussé d'un lieu à un autre, avec plus ou moins
de violence. Les quatre vents principaux ou cardinaux sont, Le vent du
nord, le vent du sud, le vent d'est, le vent d'ouest. Grand vent. Vent
impétueux, froid, chaud, humide, mou, pluvieux, doux, agréable,
frais. Il fait grand vent. Le vent souffle. Le vent se lève. Le vent
change. Le vent tourne. Le vent cesse, est apaisé, est tombé,
s'est abattu tout d'un coup. Être exposé au vent. Être
à l'abri du vent.
On appelle Vents souterrains, Les vents
qui se forment dans les concavités de la terre; et Vent coulis,
Un vent qui passe par de petites ouvertures.
On appelle en termes de Jardinage, Arbres en
plein vent, Les arbres fruitiers de haute tige, qui ne sont point
plantés en espalier. Et on dit familièrement, Être
logé aux quatre vents, pour dire, Être logé dans une
maison mal fermée.
On dit d'Un homme, d'un cheval, etc. qui est
fort vîte, fort léger à la course, qu'Il va comme le
vent, qu'il va plus vîte que le vent; et d'Un oiseau qui vole
avec une grande rapidité, qu'Il fend le vent.
On dit d'Un vaisseau qui n'est point
gouverné, qu'Il flotte au gré du vent, à la merci du
vent. Et on dit, que Des cheveux flottent au gré du vent,
pour dire, qu'Ils flottent sur les épaules.
On dit proverbialement, Regarder de quel
côté vient le vent, pour dire, S'amuser à regarder
dehors sans aucun dessein, et comme un homme oisif. On s'en sert aussi pour
dire, Observer le cours des affaires et les diverses conjonctures, pour
régler sa conduite, suivant ce que l'on découvre. Et on dit,
Jeter la plume au vent, pour dire, Prendre sa résolution au
hasard.
On dit proverbialement, Petite pluie abat
grand vent, pour dire, qu'Une petite pluie fait ordinairement cesser un
grand vent. Et figurément, pour dire, qu'Un peu de douceur apaise
souvent un grand emportement.
On dit, en parlant De promesses auxquelles l'on
n'ajoute point de foi, et de menaces dont on ne se soucie point, Autant en
emporte le vent.
On dit figurément d'Un esprit
léger, que C'est une girouette qui tourne à tout vent, au
moindre vent.
On dit proverbialement, À brebis
tondue, Dieu mesure le vent, pour dire, que Dieu par sa bonté ne
permet pas qu'il nous arrive plus de maux que nous n'en pouvons supporter.
On dit en termes de Marine, Avoir vent
arrière, pour dire, Avoir vent qui porte directement où l'on
veut aller. Et dans un sens contraire, Avoir vent debout, pour dire,
Avoir un vent directement opposé à la route que l'on veut
faire.
On ne dit plus guère au propre dans la
Marine, Avoir vent en poupe; mais il se dit figurément, pour
signifier, Être heureux, et trouver toutes sortes de facilités
dans les choses que l'on entreprend.
On dit en termes de Marine, Pincer le vent,
tenir le vent; et, Aller au plus près du vent, ou seulement,
Aller au plus près, pour dire, Disposer ses voiles de telle
sorte, que le vaisseau aille le plus près qu'il est possible de la
ligne sur laquelle le vent souffle, en remontant vers le côté
d'où il souffle.
On dit en termes de Marine, Avoir le vent sur
un vaisseau, être au vent d'un vaisseau, avoir le dessus du vent, gagner
le vent, le dessus du vent à un vaisseau, pour dire, Se trouver, ou
se mettre entre le lieu d'où le vent souffle, et le vaisseau dont il
s'agit; ce qui se dit aussi d'Une Île. On dit de même, Cette
Ile étoit au vent de nous, pour dire, Elle étoit entre nous
et l'endroit d'où souffloit le vent; et, Cette Ile nous restoit sous
le vent, pour dire, Nous étions entre cette Île et l'endroit
d'où le vent souffloit.
On dit figurément, Avoir le dessus du
vent, pour dire, Avoir l'avantage sur quelqu'un. Et on dit, Être
au-dessus du vent, pour dire, Être en état de ne rien
craindre. Cette dernière façon de parler n'est point en usage au
propre dans la Marine.
On appelle en termes de Marine, Vent
fait, Un vent qui ne varie plus, et qui paroît devoir durer.
On appelle Vents alizés, Des vents
faits et réglés, que l'on trouve presque toujours en certains
parages entre les deux Tropiques, et qui sont d'un très-grand secours
pour les voyages de l'Amérique ou des Indes Orientales: c'est pourquoi
les Navigateurs se détournent de leur droite route pour aller chercher
ces vents: et dans ce sens l'on dit, Nous jugeâmes à propos de
changer notre route, pour aller chercher les vents alizés.
On appelle Vent frais, Un vent
médiocrement fort, et commode pour faire sa route. On dit dans le
même sens, Un bon frais, un bon petit frais, sans ajouter
Vent. On appelle dans un sens contraire, Vent forcé, Un
vent violent et plus fort qu'il n'est besoin pour faire sa route.
En parlant d'Un vaisseau qui voulant entrer dans
une rivière, dans quelque détroit où la marée se
fait sentir, se trouve avoir en même temps le vent et la marée
favorables pour la route qu'il fait, on dit, qu'Il a vent et
marée: et, dans un sens contraire on dit, qu'Il va contre vent
et marée, lorsqu'en effet la marée et le vent se trouvent
contraires à la route qu'il veut faire; auquel cas il ne sauroit aller
qu'avec des rames.
On dit figurément, qu'Un homme va
contre vent et marée, pour dire, qu'Il trouve toutes choses
contraires, et qu'il ne laisse pas de persister dans son entreprise.
On dit proverbialement, Selon le vent, la
voile, pour dire, qu'Il faut disposer ses voiles de telle manière,
que quelque vent qui souffle, on fasse le chemin le plus convenable qu'il est
possible, pour arriver au lieu où l'on va; et figurément, pour
dire, qu'Il faut se conduire avec assez d'adresse, pour que les
difficultés nous empêchent le moins qu'il est possible de
parvenir à notre but.
On dit aussi, Aller selon le vent, pour
dire, Régler sa navigation sur le vent. Aller tout d'un vent, d'un
même vent, pour dire, Faire sa route avec un seul vent; ce qui se
fait, lorsque la navigation qu'on a à faire est droite, et qu'on n'a
besoin que d'un seul vent pour la faire. On va d'un même vent
à deux endroits opposés. On va de tout vent à un
même endroit. Et on dit figurément, Aller selon le
vent, pour dire, S'accommoder au temps.
On dit en termes de Chasse, Chasser au vent,
aller dans le vent, pour dire, Aller contre le vent.
On dit communément, Porter au vent,
porter le nez au vent, pour dire, Porter la tête fort haute sans la
ramener; ce qui se dit proprement Des chevaux cravates, et par similitude, des
hommes qui portent la tête de la même sorte.
¶ VENT, se prend aussi pour L'air agité par
artifice. Faire du vent avec un chapeau, avec un soufflet, avec un
éventail: et en ce sens on dit, Le vent d'un boulet de
canon, pour dire, L'air agité par le passage d'un boulet de canon.
Le vent du boulet le jeta par terre.
On appelle Instrumens à vent, Les
instrumens de musique dont le son est formé par l'air qu'on y
introduit; ce qui se dit par opposition aux Instrumens à corde,
où le son est formé par les diverses vibrations des cordes.
La trompette, le hautbois, la flûte, etc. sont des instrumens
à vent.
¶ VENT, signifie encore, L'air retenu dans le corps
de l'animal. C'est un homme qui est plein de vents, qui a des vents. Cela
cause des vents, donne, engendre des vents. Une hydropisie de vents.
Lâcher un vent. Lâcher des vents.
On dit, Donner vent à un muid de
vin, pour dire, Y faire quelque petite ouverture pour en laisser sortir
l'air, pendant que le vin travaille, ou qu'il est en mouvement. Si vous ne
donnez vent à ce muid, il jetera ses fonds. On dit aussi, Donner
vent au vin, pour dire, Faire une ouverture au muid pour y faire entrer
l'air. Ce vin ne viendra point, si on ne lui donne vent par en
haut.
¶ VENT, signifie populairement, Respiration,
souffle, haleine. Prendre son vent. Reprendre son vent. Retenir son vent.
Retirer son vent. On lui donna un coup dans l'estomac qui lui fit perdre
vent.
¶ VENT, en termes de Vénerie, signifie,
L'odeur, le sentiment qu'une bête laisse dans les lieux où elle a
été, où elle a passé. Le cerf est de plus grand
vent que le lièvre.
Il se dit aussi De l'odeur et du sentiment qui
vient de toutes sortes de choses. Ainsi on dit, que Le sanglier prend le
vent de tous côtés avant que de sortir de sa bauge, pour
dire, qu'Il flaire de tous côtés: que Le sanglier a eu le vent
du gland; que Les corbeaux ont eu le vent d'une bête morte,
pour dire, que L'odeur en est parvenue jusqu'à eux. On dit
figurément et populairement dans le même sens, Avoir vent de
quelque chose; et proverbialement, N'en avoir ni vent ni nouvelles, ni
vent ni voie.
On dit figurément, Le vent du
bureau, pour signifier, Ce qu'on connoît, ou ce qu'on présume
des dispositions où sont ceux de qui dépend la décision
d'une affaire, ou la distribution des grâces. Il a le vent du bureau
pour lui, contre lui. Le vent du bureau lui est favorable, ne lui est pas
favorable.
¶ VENT, se prend quelquefois figurément pour
Vanité. Il y a bien du vent dans cette tête. En ce sens,
il n'a point de pluriel.