VENT. s. masc. Air en mouvement suivant une
direction déterminée avec plus ou moins de rapidité.
Les quatre vents principaux ou cardinaux sont, Le vent du nord, le vent du
sud, le vent d'est, le vent d'ouest. Grand vent. Vent impétueux, froid,
chaud, humide, mou, pluvieux, doux, agréable, frais. Vent haut. Vent
bas. Il fait grand vent. Le vent souffle. Le vent se lève. Le vent
change. Le vent tourne. Le vent cesse, est apaisé, est tombé,
s'est abattu tout d'un coup. Être exposé aux vents. Être
à l'abri du vent.
On appelle, Vents alizés, Des
vents faits et réglés, que l'on trouve presque toujours en
certains parages entre les deux Tropiques, et qui sont d'un très-grand
secours pour les voyages de l'Amérique ou des Indes Orientales: c'est
pourquoi les Navigateurs se détournent de leur droite route pour aller
chercher ces vents; et dans ce sens l'on dit, Nous jugeâmes à
propos de changer notre route, pour aller chercher les vents
alizés.
On appelle Vents souterrains, Les vents
qui se forment dans les concavités de la terre; et Vent coulis,
Un vent qui passe par de petites ouvertures.
On appelle en termes de Jardinage, Arbres en
plein vent, Les arbres fruitiers de haute tige, qui ne sont point
plantés en espalier.
On dit familièrement, Être
logé aux quatre vents, pour, Être logé dans une maison
exposée aux vents et ouverte de tous côtés.
On dit d'Un homme, d'un cheval, etc., qui est
fort léger à la course, qu'Il va comme le vent, qu'il
va plus vite que le vent; et d'Un oiseau qui vole avec une grande
rapidité, qu'Il fend le vent.
On dit d'Un vaisseau qui n'est point
gouverné, qu'Il flotte au gré du vent, à la merci du
vent, Et l'on dit, que Des cheveux flottent au gré du vent,
pour, qu'Ils flottent en l'air.
On dit proverbialement, Regarder de quel
côté vient le vent, pour, S'amuser à regarder dehors
sans aucun dessein, et comme un homme oisif. On s'en sert aussi, pour dire,
Observer le cours des affaires et les diverses conjonctures, pour
régler sa conduite, suivant ce que l'on découvre. Et on dit,
Jeter la plume au vent, pour dire, Prendre sa résolution au
hasard.
On dit proverbialement, Petite pluie abat
grand vent, pour, Une petite pluie fait ordinairement cesser un grand
vent; et figurément, pour, Un peu de douceur apaise souvent un grand
emportement, ou, Une cause légère, un petit incident fait cesser
quelquefois de grands troubles, de grandes querelles.
On dit, en parlant De promesses auxquelles l'on
n'ajoute point de foi, ou de menaces dont on ne se soucie point, Autant en
emporte le vent.
On dit figurément d'Un esprit
léger, que C'est une girouette qui tourne à tout vent, au
moindre vent, qu'il tourne à tout vent.
On dit proverbialement, À brebis
tondue, Dieu mesure le vent, pour, que La Providence proportionne nos maux
à nos forces.
On dit, en termes de Marine, Avoir vent
arrière, pour, Avoir un vent qui porte directement où l'on
veut aller; et dans un sens contraire, Avoir vent debout, pour, Avoir
un vent directement opposé à la route que l'on veut faire.
On ne dit plus guère au propre dans la
Marine, Avoir vent en poupe; mais il se dit figurément, pour
signifier, Être secondé, favorisé par les
circonstances.
On dit figurément, Dans le style soutenu,
Le vent des prospérités, de l'adversité, pour
dire, La fortune favorable ou défavorable. On dit de même, Le
vent de la faveur, pour dire, L'avantage du crédit, de la faveur du
Prince. On dit aussi, que Le vent tourne, pour dire, que Le cours des
choses devient favorable, ou cesse de l'être.
On dit, en termes de Marine, Pincer le vent,
tenir le vent; et, Aller au plus près du vent, ou seulement,
Aller au plus près, pour, Disposer ses voiles de telle sorte,
que le vaisseau aille le plus près qu'il est possible de la ligne sur
laquelle le vent souffle, en remontant vers le côté d'où
il souffle.
On dit, en termes de Marine, Avoir le vent
sur un vaisseau, être au vent d'un vaisseau, avoir le dessus du vent,
gagner le vent, le dessus du vent à un vaisseau, pour, Se trouver,
ou se mettre entre le lieu d'où le vent souffle, et le vaisseau dont il
s'agit; ce qui se dit aussi d'Une île. On dit de même, Cette
île étoit au vent de nous, pour, Elle étoit entre nous
et l'endroit d'où souffloit le vent; et, Cette île nous
restoit sous le vent, pour, Nous étions entre cette île et
l'endroit d'où le vent souffloit.
On dit figurément, Avoir le dessus du
vent, pour, Avoir l'avantage sur quelqu'un; et l'on dit, Être au-
dessus du vent, pour, Être en état de ne rien craindre. Cette
dernière façon de parler n'est point en usage au propre dans la
Marine.
On appelle, en termes de Marine, Vent
fait, Un vent qui ne varie plus, et qui paroît devoir durer.
On appelle Vent frais, Un vent
médiocrement fort, et propre pour faire route. On dit dans le
même sens, Un bon frais, un bon petit frais, sans ajouter
Vent. On appelle dans un sens contraire, Vent forcé, Un
vent violent et plus fort qu'il ne faut.
En parlant d'Un vaisseau qui, voulant entrer
dans une rivière, dans quelque détroit où la marée
se fait sentir, se trouve avoir en même temps le vent et la marée
favorables pour la route qu'il fait, on dit, qu'Il a vent et
marée: et dans un sens contraire, on dit, qu'Il va contre vent
et marée, lorsqu'en effet la marée et le vent se trouvent
contraires à la route qu'il veut faire; auquel cas il ne sauroit aller
qu'avec des rames.
On dit figurément, qu'Un homme va
contre vent et marée, pour dire, qu'Il poursuit obstinément
ses projets, malgré toutes les difficultés qui s'y opposent.
On dit proverbialement, Selon le vent, la
voile, pour, Il faut déployer plus ou moins de voiles, selon que le
vent est plus fort ou plus foible, selon qu'il est plus ou moins favorable; et
figurément, pour, Il faut proportionner ses entreprises à ses
moyens, ou ses démarches aux circonstances; il faut se conduire avec
assez d'adresse, pour que les difficultés nous empêchent le moins
qu'il est possible de parvenir à notre but.
On dit aussi, Aller selon le vent, pour,
Régler sa navigation sur le vent; Aller tout d'un vent, d'un
même vent, pour, Faire sa route avec un seul vent, ce qui se fait,
lorsque la navigation qu'on a à faire est droite, et qu'on n'a besoin
que d'un seul vent pour la faire. On va d'un même vent à deux
endroits opposés. On va de tout vent à un même
endroit. Et on dit figurément, Aller selon le vent, pour,
S'accommoder au temps.
On dit, en termes de Chasse, Chasser au vent,
aller dans le vent, pour, Aller contre le vent.
On dit communément, Porter au vent,
porter le nez au vent, pour, Porter la tête fort haute sans la
ramener; ce qui se dit proprement Des chevaux cravates, et par similitude, Des
hommes qui portent la tête de la même sorte.
VENT, se prend aussi pour
L'air agité par quelque moyen particulier. Faire du vent avec un
chapeau, avec un soufflet, avec un éventail; et en ce sens on dit,
Le vent d'un boulet de canon, pour, L'air agité par le passage
d'un boulet de canon. Le vent du boulet le jeta par terre.
On appelle, Instrumens à vent, Les
instrumens de musique dont le son est formé par l'air qu'on y
introduit; ce qui se dit par opposition aux instrumens à corde,
où le son est formé par les vibrations des cordes. La
trompette, le hautbois, la flûte, la musette, l'orgue, etc., sont des
instrumens à vent.
VENT, signifie encore,
L'air retenu dans le corps de l'animal. C'est un homme qui est plein de
vents, qui a des vents. Cela cause des vents, donne, engendre des vents. Une
hydropisie de vents. Lâcher un vent. Lâcher des vents.
On dit, Donner vent à un muid de
vin, pour, Y faire quelque petite ouverture pour en laisser sortir l'air,
pendant que le vin travaille. Si vous ne donnez vent à ce muid, il
jettera ses fonds. On dit aussi, Donner vent au vin, pour, Faire
une ouverture au muid pour y faire entrer l'air. Ce vin ne viendra point,
si on ne lui donne vent par en haut.
VENT, signifie
populairement, Respiration, souffle, haleine. Prendre son vent. Reprendre
son vent. Retenir son vent. Retirer son vent. On lui donna un coup dans
l'estomac qui lui fit perdre vent.
VENT, en termes de
Vénerie, signifie, L'odeur qu'une bête laisse dans les lieux
où elle a été, où elle a passé. Le cerf
est de plus grand vent que le lièvre.
Il se dit De l'odeur et du sentiment qui vient
des émanations de tous les corps. Ainsi on dit, que Le sanglier
prend le vent de tous côtés avant que de sortir de sa bauge,
pour, qu'Il flaire de tous côtés; que Le sanglier a eu le vent
du gland; que Les corbeaux ont eu le vent d'une bête morte,
pour, que L'odeur en est parvenue jusqu'à eux. On dit figurément
et populairement dans le même sens, Avoir vent de quelque chose;
avoir vent que quelque chose se passe; et proverbialement, N'en avoir
ni vent ni nouvelles, ni vent ni voie; on a eu vent de leur projet.
On dit figurément, Le vent du
bureau, pour signifier, Ce qu'on connoît ou ce qu'on présume
des dispositions où sont ceux de qui dépend la décision
d'une affaire, ou la distribution des grâces. Il a le vent du bureau
pour lui, contre lui. Le vent du bureau lui est favorable, ne lui est pas
favorable.
VENT, se prend quelquefois
figur. pour Vanité. Il y a bien du vent dans cette tête. Toute
cette apparence n'est que du vent, n'est que vent. On ne l'emploie ainsi
qu'au singulier.