[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1878, tome II, page 957]

     VOLER. v. n. Se soutenir, se mouvoir en l'air par le moyen des ailes. C'est le propre des oiseaux de voler. Un oiseau qui vole bas, qui vole haut, qui vole sur l'eau. Un oiseau qui vole à tire-d'aile, qui vole raide, qui vole rapidement. Tirer un oiseau en volant. Il y a des insectes, des poissons, des serpents qui volent. Il s'est trouvé des hommes qui ont cherché l'art de voler, le secret de voler.
     Fig., Vouloir voler avant d'avoir des ailes, Faire de la dépense avant d'avoir de quoi la soutenir; entreprendre quelque chose sans avoir les fonds et les moyens nécessaires pour y réussir.
     Fig., Voler de ses propres ailes, Agir par soi-même, sans le secours d'autrui.
     VOLER, signifie, par extension, Courir avec une grande vitesse. Ce cheval vole. Il ne court pas, il vole. Voler au secours de son ami.
     Il s'emploie figurément, dans le même sens. Tous les coeurs volaient au-devant de lui. Le temps vole.
     Il se dit, particulièrement, Des bruits et de la renommée. Le bruit de ses hauts faits vole par toute la terre. Sa renommée volait partout.
     VOLER, se dit également Des choses qui sont poussées dans l'air avec une grande vitesse, comme les traits, les pierres, etc. Les flèches volaient. Le vent faisait voler les tuiles. Le vent faisait voler la poussière.
     Fig., Faire voler la tête de quelqu'un, La lui abattre d'un seul coup.
     VOLER, est aussi actif, et signifie, Chasser. Dans ce sens, il se dit De certains oiseaux de proie qui sont dressés à chasser, à poursuivre d'autres oiseaux ou quelque autre sorte de gibier. Le faucon, l'autour, le lanier, apprennent facilement à voler d'autres oiseaux. Cet oiseau vole la pie, vole le héron, vole la perdrix.
     Il se dit également Des personnes qui emploient ces oiseaux à la chasse. Il se plaît à voler la corneille, à voler le héron. J'irai voler aujourd'hui. Il volait avec des faucons. Je volerai la pie cet après-dîner.

     VOLER. v. a. Prendre furtivement ou par force la chose d'autrui, pour se l'approprier. Voler la bourse de quelqu'un. Voler de l'argent. Voler des hardes. Voler les deniers de l'État. On dit de même, Voler un nom, un titre, etc., S'attribuer un nom, un titre qui appartient à un autre, qu'on n'a pas droit de porter.
     Voler quelqu'un, Lui prendre quelque chose qui lui appartient. Ce valet a volé son maître. J'ai été volé cette nuit.
     Fig. et fam., Il ne l'a pas volé, se dit De quelqu'un à qui il est arrivé quelque chose de fâcheux ou d'heureux, et qui l'a bien mérité.
     VOLER, s'emploie quelquefois absolument. Voler sur les grands chemins. Voler avec effraction. On vole dans ce quartier, depuis quelques jours. C'est un homme qui volerait jusque sur l'autel.
     VOLER, se dit figurément De ceux qui s'approprient les pensées et les expressions des autres, et qui s'en servent sans indiquer la source où ils ont puisé. Il a volé cela de tel livre, dans tel livre. Non seulement il a volé les pensées de cet auteur, il a même volé jusqu'à ses expressions. Voler des phrases, des pensées à un auteur.
     VOLÉ, [VOL]ÉE. part. passé.
     Prov., Bien volé ne profite pas, ne profite jamais, On le dissipe, ou bien il est repris.