[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1932-5, tome II, page 736]

     VOLER. v. intr. Se soutenir, se mouvoir en l'air par le moyen des ailes, en parlant des Oiseaux et certains animaux.. C'est le propre des oiseaux de voler. Un oiseau qui vole bas, qui vole haut. Cet oiseau vole à tire-d'aile, vole rapidement. Il y a des insectes, des poissons qui volent.
     Fig., Vouloir voler avant d'avoir des ailes, Faire de la dépense avant d'avoir de quoi la soutenir; Entreprendre quelque chose sans avoir les fonds et les moyens nécessaires pour y réussir.
     Fig., Voler de ses propres ailes, Agir par soi-même, sans le secours d'autrui.
     VOLER se dit aussi des Appareils plus lourds que l'air qui servent à s'élever et à se mouvoir dans l'air, ainsi que de Ceux qui montent dans ces appareils. Cet avion vole très bas. Les avions volent plus vite que les oiseaux. Cet aviateur a volé près de deux cents heures.
     Il se dit également des Choses qui sont poussées dans l'air avec une grande vitesse. Les flèches volaient. Le vent faisait voler les tuiles. La bourrasque faisait voler la poussière. Cette feuille disparue aura volé au vent.
     Fig., Faire voler la tête de quelqu'un, La lui abattre d'un seul coup.
     VOLER signifie, par extension, Courir avec une grande vitesse. Ce cheval vole. Il ne court pas, il vole. Voler au secours de son ami.
     Il s'emploie figurément dans le même sens. Tous les coeurs volaient au-devant de lui. Le temps vole.
     Il se dit, particulièrement, des Bruits et de la renommée. Le bruit de ses hauts faits vole par toute la terre. Sa renommée volait partout.
     VOLER s'emploie comme verbe transitif en termes de Fauconnerie et signifie Poursuivre en volant; il se dit de Certains oiseaux de proie qui sont dressés à chasser, à poursuivre d'autres oiseaux ou quelque autre sorte de gibier. Le faucon, l'autour, le lanier apprennent facilement à voler d'autres oiseaux. Cet oiseau vole la pie, vole le héron, vole la perdrix.

     VOLER. v. tr. S'approprier par force ou par ruse le bien d'autrui. Voler la bourse de quelqu'un. Voler de l'argent. Voler les deniers de l'État. Absolument, Voler avec effraction. Voler sur les grands chemins.
     Voler un nom, un titre, S'attribuer un nom, un titre qui appartient à un autre, qu'on n'a pas droit de porter.
     Fig. et fam., Il ne l'a pas volé se dit de Quelqu'un à qui il est arrivé quelque chose de fâcheux et qui l'a bien mérité.
     Prov., Qui vole un oeuf vole un boeuf, Celui qui est capable de commettre un petit larcin peut aussi bien se rendre coupable d'un vol plus considérable.
     VOLER se dit figurément de Ceux qui s'approprient les pensées et les expressions des autres, et qui s'en servent sans indiquer la source où ils ont puisé. Il a volé cela dans tel livre. Non seulement il a volé les pensées de cet auteur, il a même volé jusqu'à ses expressions. Voler des phrases, des pensées à un auteur.
     VOLER signifie, par extension, Dépouiller quelqu'un de ce qui lui appartient. Ce domestique a volé son maître. J'ai été volé cette nuit.
     Fam., Je suis volé, Je suis trompé dans mon attente.
     Le participe passé VOLÉ s'emploie adjectivement. Un objet volé.
     Il s'emploie aussi substantivement. Le voleur et le volé.