NOTE D'EXPERT
La plante appelée acanthe s'est fait connaître en France
par la voie de l'architecture de la Renaissance qui, d'abord en Italie, a
renoué avec les modèles de l'Antiquité. Les feuilles
de cette plante avaient servi de motif pour la décoration des
chapiteaux corinthiens. Le mot acanthe, utilisé par les
architectes (Estienne 1549) pour désigner la plante, est
attesté en français au XVe siècle chez Saint-Gelays
(achante) et au début du XVIe chez G. Michel (acante),
puis surtout à partir de 1547 (Martin acanthe). On
relève d'autres dénominations de l'acanthe: branque
ursine (c. 1486 d'après Rolland) chez les herbiers (Martin),
brance ursine (XVe s. d'après Godefroy), branche ursine
(1542 d'après Rolland) chez les apothicaires (Thierry 1564), patte
d'ours (1544 d'après Rolland) chez les jardiniers (Martin). Ces
termes viennent du latin: lat. classique acanthus (Pline cité
par Estienne 1531) et lat. moderne branca ursina (Philander
d'après Du Cange, Turner 1551 d'après OED). À
côté de l'image de la patte d'ours pour décrire la forme
des feuilles, on rencontre dans quelques textes celle de la corne de bouc:
fr. branche hircine (Estienne 1552, Cotgrave 1611), lat. mod.
brancha hircina (Estienne 1536), branca hircina
(Trévoux 1721), angl. branch-hircin (1783 d'après OED).
Comme termes d'architecture, on trouve surtout feuille d'acanthe
(Martin 1547), qui connaît plus tard la variante elliptique
acanthe, et fleur d'acanthe (Goujon 1547) -- une
représentation de la fleur d'acanthe, ou rosace (Goujon),
décorait les quatre faces du tailloir surmontant le chapiteau
corinthien, lequel était orné de feuilles d'acanthe. Le
même motif de la feuille d'acanthe servait aussi pour
l'ornementation vestimentaire (Triomphe 1551).