LOUP. s. m. LOUVE. s. f. Animal farouche demeurant
    dans les bois, l'ennemi le plus dangereux du
    bétail, parce que c'est le plus goulu, le plus carnassier,
    & le plus fin des animaux, Lupus, Lupa.
    Il ressemble à un grand chien. Il a un odorat exquis.
    C'est une espèce de chien sauvage qui a une tête
    quarrée, & dont les côtes sont posées selon la longueur
    de son corps, ou paralleles à l'épine du dos.
    Aller en quête pour le Loup. SALN. Détourner un
    loup. ID. Forcer un loup. ABL. Lancer un loup. Chasser
    le loup. SALN.

        Vit-on les loups brigands, comme nous inhumains,
        Pour détrousser les loups, courir les grands chemins?
                                                                BOILEAU.

On appelle cheaux, plus communément louveteaux,
    les petits de la louve; & on dit, ligner la
    louve, pour dire, la couvrir. Le loup ne porte rien
    à ses cheaux qu'il ne soit saoul, & même il ôte
    la prébende à sa louve & à ses cheaux. La louve fait
    le contraire. On dit que la saoulée du loup dure huit
    jours.
Les Egyptiens avoient en vénération cet animal,
    parce qu'ils croyoient qu'Osiris s'étoit souvent déguisé
    en loup. C'est que ce Prince portoit pour habillement
    de guerre une peau de loup. Le loup étoit même
    adoré à Lycopolis, qui signifie la Ville du loup. Cet
    animal étoit consacré à Apollon.
Lactance, Instit. Christ. L. I. c. 10. dit, que les
    Romains rendirent des honneurs divins à la louve,
    parce qu'une louve avoit sauvé Remus & Romulus
    en les alaitant, quand ils furent exposés. Arnobe,
    L. IV. adv. Gentes, dit que de cette louve, ils
    firent la déesse Luperca. Voyez encore sur cela Properce,
    Eleg. IV. L. IV. v. 55. Ovide, Fast. L.
    II. v.
413, 415. Tite-Live, L. I. c. 4. & Plutarque
    dans la vie de Romulus. C'est que leur nourrice s'appelloit
    Lupa, qui signifioit louve.
LOUP & LOUVE, sur les médailles signifient ou l'origine
    de la ville de Rome, fondée par les deux frères
    Romuluas & Rémus, qu'on disoit avoir été alaités
    par une louve, ou simplement la domination Romaine,
    à laquelle les peuples étoient soumis. Peut-être désignent-
    ils le pays où il se trouvoit quantité de loups,
    comme l'exprime la médaille de Mérida. Souvent on
    voit les deux frères attachés aux têtes de la louve. P.
    JOBERT.
Il y a trois sortes de loups. Le loup mâtin, qui ne
    vit que de charogne, Lupus molossus; le loup lévrier,
    qui vit de rapine qu'il attrape par sa légèreté.
    Lupus vertagus. L'un & l'autre sont grands & rablés,
    ayant une gueule épouvantable à double rang
    de dents & de crocs qui coupent comme de l'acier.
    Ils vont toujours deux ensemble. Le loup-
    cervier
ne vit que de gibier qu'il surprend; il est
    plus grand que le renard, & habite d'ordinaire les
    montagnes: Lupus cervarius. Quelques-uns croient
    que c'est la même chose que le lynx, dont les Auteurs
    ont parlé, que d'autres croient être un animal
    fabuleux. Nicod dit que le loup-cervier est un
    chat sauvage de la grandeur d'un léopard. Herbert
    dans sa Relation de Perse dit aussi, que les loups-
    cerviers
sont de la race de nos chats, qui changent
    de nature en changeant de pays, comme les chiens
    d'Europe ont dégéneré en loups dans la nouvelle Espagne.
    Borel dit que quelques Auteurs le nomment
    rhapius; & que c'est un loup tacheté comme un léopard;
    & que ce nom, selon Bochard, est dérivé
    de l'Hébreu rhaham, qui signifie affamé.
Les Mémoires de l'Académie des Sciences en donnent
    des connoissances plus certaines. On y a fait
    la dissection de celui qu'on a nourri long-temps à
    Versailles. On a cru jusqu'ici qu'il étoit ainsi nommé,
    parce qu'il avoit la forme de loup, & qu'il
    ressembloit en quelque façon au cerf par la couleur
    de son poil. Mais la vérité est qu'il ne ressemble
    aucunement au loup, & que le peu qu'il tient
    du léopard, ou du cerf, lui est commun avec
    quantité d'autres animaux. Il y a plus d'apparence
    qu'il a été ainsi nommé, parce qu'il chasse les
    cerfs, comme le loup les moutons. Il ressemble
    plus au chat qu'à aucun autre animal. Il a les pieds
    divisés comme les lions, les ours, les tigres & les
    chats. Sa langue est couverte de pointes, comme
    celle des chats & des lions. Ses oreilles sont toutes
    semblables à celles d'un chat, & ont au haut une
    houppe de poil fort noir: ce qu'Elien attribue aussi
    au lynx. Il a le dos roux marqué de taches noires;
    le ventre & le dedans des jambes d'un gris cendré,
    marquetés de mêmes taches, mais plus grandes &
    plus séparées. Chaque poil dans sa longueur est de
    trois couleurs, ayant sa racine d'un gris brun, son
    extrémité blanche, & sa partie du milieu presque
    rousse. Il y en a de plusieurs espèces, & de poil
    différent, selon les lieux d'où ils viennent. Le lynx,
    le thos, les chaos & les panthères des Anciens,
    ont été pris par quelques Modernes pour le loup-
    cervier
: mais M. Perrault en a bien fait voir la difference.
    Voyez sur le loup Vossius, de Idolol. L.
    III, c. 55, 59, 62, 72, 73, 74, 76, 77.

Les Seigneurs amassent leurs paysans pour aller
    à la chasse au loup, & font un triquetrac, ou des
    battues. Lupum conclamant. Le loup se prend avec
    des hausse-pieds ou chasse-pieds, c'est-à-dire, avec
    des chassetrapes & creux couverts, ou avec autres
    pièges & amorces. Il est difficile de forcer un vieux
    loup; car s'il trouve de l'eau, il courra trois jours
    & trois nuits. Il n'y a point de loups en Angleterre,
    depuis qu'ils furent exterminés par Elgarus,
    ou selon d'autres, par Etheltan, Rois du pays. Alberto
    Lazari dit qu'Edouard père de Henri Roy d'Angleterre,
    pour exterminer tous les loups de son
    Royaume, offrit cent écus de la tête de chaque
    loup qu'on lui porteroit, & qu'on n'y en a point
    vu depuis ce temps-là; quoiqu'il y en ait encore
    beaucoup dans l'Ecosse. D'autres disent qu'Elgard
    Roi d'Angleterre au Xe siècle, après avoir subjugué
    deux fois les habitans du pays de Galles, leur
    imposa pour tribut 300 têtes de loup tous les ans.
    Par-là il extermina les loups d'Angleterre, ou les
    fit fuir en Ecosse, dépuis cette chasse, & on n'en
    voit plus dans l'Angleterre. Les anciens Grecs appeloient
    le soleil lukos, loup; non pas du nom lúkos,
    loup; au contraire le nom de lùkos, loup, étoit pris
    du nom du soleil. lúkos, comme on le peut voir aux
    étymologies: mais de lùkê, lumière, crépuscule.
    Voyez Macrobe, L. I. c. 17.
Le loup, en termes de Blason, s'appelle tantôt
    passant, tantôt courant; tantôt rampant & ravissant.
Un Poëte a fait ce mot adjectif dans une fable,
    faisant parler les brebis au loup qu'elles traitent de
    votre Majesté louve, & de Monarque loup.

        Prenez, Monarque loup, dit le baîlant troupeau,
        Contre le maître coq, prenez notre défense,
            Prenez sur nous toute licence,
        Et comme il vous plaira, tondez sur notre peau,
        Tout est à vous; en vous est notre confiance,
            Et votre louve Majesté
            Peut au gré de sa volonté
            Disposer de notre substance.

LOUP-GAROU. C'est dans l'esprit du peuple, un
    esprit dangereux & malin, travesti en loup, ou un
    forcier transformé en bête effrayante, qui court les
    champs ou les rues pendant la nuit. Opinion aussi
    ridicule que celle qui établit les revenans, les lutins,
    les larves, les fées. Cette idée, toute extravagante
    qu'elle est, subsiste depuis long-temps.
    Pline se mocque de ceux qui croient que quelques
    hommes sont transformés en loups-garous, & reprennent
    ensuite leur première forme. Aujourd'hui
    on fait peur du loup-garou à un enfant. Dans bien
    des endroits le peuple croit que les excommuniés
    & ceux qui n'ont pas fait leurs Pâques, son changés
    en loups-garous. Il y a un arrêt du Parlement
    de Dôle de 1574, qui condamne au feu Gilles
    Garnier qui ayant renoncé à Dieu, & s'étant
    obligé par serment à ne plus servir que le Diable,
    avoit été transformé en loup-garou.
Le plus étrange effet de la force de l'imagination
    est la craint déréglée de l'apparition des esprits,
    des sortiléges, des loups garous, & de toutes
    les autres rêveries des Démonographes. Voyez
    dans la 3e Partie du P. Malbranche, où il traite
    de la communication contagieuse des imaginations
    fortes, quelle est la source de cette crainte, & comment
    l'on peut avec une imagination déréglée &
    échauffée de persuader soi-même, & persauder les autres
    de l'existence de ces prétendus esprits. S'il y a des
    loups-garous, ce ne peut être que des hommes atrabilaires,
    qui s'imaginent être devenus loups, par
    une maladie que les Médecins nomment Lycantropie.
    Voyez ce mot.
Du Cange dérive ce mot de l'Anglois Were,
    homme, du Latin vir. Loup-garou, homme
    loup.
D'autres disent loup-garou, loup dont il se faut se
    garer ou garder. Aussi dans quelques endroits on
    l'appelle guère loup. C'est le sentiment des Bollandistes,
    Acta Sanct. Mart. T. 2, p. 503.
LOUP GAROU, se dit figurément d'un homme bourru &
    fantasque, qui vit seul, & éloigné de toute compagnie.
    Morosus, difficilis, peracerbus. Cet homme
    vit en loup-garou, il ne veut voir personne, il
    ne sort que la nuit en loup-garou. Ils nous traitent
    par-tout comme des loups-garous. VOIT. Ils veulent
    que leurs femmes vivent comme des loups-
    garous
. MOL.

        Je ne prends point pour vertu
        Les noirs accès de tristesse
        D'un loup-garou revêtu
        Des habits de la Sagesse. R.

LOUP DE MER, ou LOUP MARIN. Poisson qui est
    semé de taches qui a le dos blanc & bleu, qui
    est grand, gras, épais, couvert de moyennes écailles,
    ayant une grande & longue tête, avec une
    grand ouverture de gueule. ROND. Lupus, ou lucius
    marinus
. Les loups marins de la mer du Sud, y sont
    en si grand quantité, qu'on voit souvent les
    rochers couverts autour de l'île de la Quiriquine:
    ils diffèrent des loups marins du nord, en ce que
    ceux-là ont des pattes, au lieu que ceux-ci ont
    deux nageoires alongées à peu près comme des ailes
    vers les épaules, & deux autres petites qui enferment
    le croupion. La nature a néanmoins conservé
    au bout des grandes nageoires quelque conformité
    avec les pattes; car on y remarque quatre ongles,
    qui en terminent l'extrémité, peut être parce que
    ces animaux s'en servent pour marcher à terre, où
    ils se plaisent fort, & où ils portent leurs petits,
    qu'ils nourrissent de poisson, & qu'ils caressent,
    à ce que l'on dit, tendrement. Là ils jettent des
    cris semblables à ceux des veaux, d'où vient qu'on
    les appelle dans plusieurs Relations, Veaux marins;
    mais leur tête ressemble plutôt à celle d'un chien,
    qu'à tout autre animal; & c'est avec raison que
    les Hollandois les appellent Chiens marins. Leur
    peau est couverte d'un poil fort ras & touffu; leur
    chair est fort huileuse, de mauvais goût: on n'en
    peut guère manger que le foie; néanmoins les Indiens
    du Chiloé la font sécher, & en font leurs
    provisions pour se nourrir. Les vaisseaux François
    en tirent de l'huile pour leurs besoins. La pêche en
    est fort facile; on en approche sans peine à terre
    & en mer, & on les tue d'un seul coup sur le
    nez. Il y en a de différentes grandeurs; dans le
    Sud ils sont gros comme de bons mâtins, & au
    Pérou on en trouve qui ont plus de 12 pieds de long.
    Leur peau sert à faire des Balsas, ou balons pleins
    d'air, dont les Américains se servent au lieu de bateau.
    FRÉZIER, p. 75. On voit quantité de loups-
    marins
au Chili, tant à terre qu'à la mer. Les Hollandois
    les appellent Lions marins, & quelques-uns
    Veaux marins, parce qu'ils jettent un cri semblable
    à celui d'un veau. D'autres les appellent Chiens
    marins, parce qu'ils ont la tête assez semblable à
    celle d'un chien. Les Espagnols les nomment comme
    nous, loups marins. Ils sont amphibies.
On trouve dans les Mémoires de l'Acad. t. 3. part. I.
    la description de cet animal. On remarque que ses
    poumons sont partagés en deux lobes: son coeur est
    rond & plat, & l'on y voit deux ventricules fort
    grands. Ces deux ventricules communiquent ensemble
    par le trou ovale, qui ne se ferme pas, comme
    dans les animaux terrestres, quelque temps
    après leur naissance; mais qui laisse circuler le sang
    du ventricule droit dans le ventricule gauche sans
    passer auparavant par les poumons.
D'où l'on doit conclure que le loup marin doit
    vivre aussi facilement dans l'eau que dans l'air.
Pour s'en convaincre il faut remarquer 1ø. que
    dans les hommes & dans tous les animaux terrestres,
    le sang va de la veine cave dans le ventricule
    droit du coeur; du ventricule droit dans l'artère
    pulmonaire; de l'artère pulmonaire dans la veine
    pulmonaire; & de la veine pulmonaire dans le
    ventricule gauche.
        2ø. Que la poitrine des hommes, comme celle
    de tous les animaux terrestres, a deux mouvemens,
    l'un d'inspiration & l'autre d'expiration. Dans le
    premier elle se dilate, & reçoit l'air extérieur:
    dans le second elle se retrécit, & elle rend l'air
    extérieur qu'elle avoit reçu.
        3ø. Lorsque dans le mouvement d'expiration la
    poitrine se retrécit, les poumons en même temps
    se compriment, & le sang qu'ils avoient reçu du
    ventricule droit du coeur par l'artère pulmonaire,
    est obligé de se rendre dans le ventricule gauche
    par la veine pulmonaire. C'est pour cela sans doute
    que la respiration est absolument nécessaire à la vie
    de l'homme & de tous les animaux terrestres, puisque
    sans ces mouvemens alternatifs d'inspiration &
    d'expiration, le sang n'auroit pas son mouvement
    de circulation.
Il n'en est pas ainsi du loup marin, & de tous
    les animaux amphibies. Comme ils ont le trou ovale
    ouvert, leur sang va du ventricule droit au ventricule
    gauche du coeur, sans passer auparavant par les
    poumons. Il a donc son mouvement de circulation
    dans le temps même qu'ils ne respirent pas, & par
    conséquent ces sortes d'animaux peuvent vivre dans
    l'eau.
On peut appliquer ce principe à quelques effets
    analogiques à celui dont on vient de parler.
        1ø. Les enfans n'ont pas besoin de respirer dans
    le sein de leur mère; parce que leur sang va du
    ventricule droit au ventricule gauche du coeur par
    le trou ovale qui ne se ferme que quelque temps après
    leur naissance.
        2ø, Veut-on savoir si un enfant trouvé mort est
    venu au monde mort ou en vie? On n'a qu'à mettre
    un morceau de son poumon dans l'eau. S'il va
    au fond, l'enfant étoit mort avant de naître,
    & s'il nage, l'enfant est venu au monde en vie.
En effet, si l'enfant étoit venu au monde en vie,
    il auroit respiré; s'il eût respiré, il seroit resté de
    l'air dans ses poumons; s'il fût resté de l'air dans
    ses poumons, ils auroient été relativement plus legers
    qu'un pareil volume d'eau, & par conséquent
    ils auroient surnagé. On doit donc conclure que
    s'ils vont au fond, l'enfant étoit mort avant que de
    naître; & que s'ils nagent, l'enfant est venu au
    monde en vie.
        3ø. Ce qui cause la mort des noyés, n'est pas
    l'eau qu'ils boivent, puisqu'ils en avalent peu; c'est
    qu'ils ne peuvent pas respirer dans l'eau.
        4ø. Ceux qui demeurent long temps dans l'eau,
    sans avoir besoin de respirer, tels que sont les Pêcheurs
    de perles, doivent avoir le trou ovale ouvert.
Pline dit que l'on faisoit voir à Rome des loups
    marins
qui répondoient quand on les appeloit, &
    qui de la voix & du geste saluoient le peuple dans
    les Théâtres. Sévérinus dit aussi qu'il y a eu un
    loup marin qui témoignoit de la joie, quand on
    nommoit les Princes Chrétiens, & de la tristesse,
    quand on nommoit les Mahométans. Credat Judaeus.
Dent de LOUP, est un outil dont se servent les Graveurs,
    Orfévres & Doreurs, pour polir leurs ouvrages.
    Dens laevigatorius. C'est en effet une dent de
    loup, attachée à un manche.
LOUP, est aussi un terme de Libraire, qui signifie un
    instrument de bois, fait en manière de triangle, dont
    on se sert pour dresser les paquets, lorsqu'ils sont
    cordés. Triangulus Typographicus.
LOUP des Anciens. C'étoient des ciseaux courbes &
    dentelés, attachés au bout d'un cordage, avec lesquels
    on pinçoit le bélier, en le détournant à droite
    ou à gauche. Cette machine faisoit le même effet
    que les lacs courans.
LOUP, est aussi un petit morceau de latte, au bout duquel
    les enfans attachent une petite corde, avec laquelle
    ils font tourner cette latte en l'air; ce qui faisant
    un bruit qui a quelque chose du hurlement d'un
    loup, a été cause que les enfans ont appelé Loup ce
    morceau de latte. Assiculus rotatilis.
Vesse de LOUP, est une espèce de Champignon. Voyez
    au mot VESSE.
        On appelle Saut de loup, un fossé assez large
    pour n'être pas franchi par un loup, & qu'on creuse
    au bout des allées d'un parc, pour les fermer, sans
    leur ôter la vue de la campagne.
LOUP, se dit figurément en Morale, d'un Hérétique,
    d'un hypocrite, ou d'un ennemi de l'Église. Jésus-
    Christ nous avertit de nous garder de ceux qui viennent
    avec des habits d'agneaux, & qui dans l'intérieur
    sont des loups ravissans. Qui veniunt ad vos
    in vestimentis ovium, intrinsecùs autem sunt lupi
    rapaces.
Le peuple les appelle des Pattes de loup,
    des pattes pelues.
LOUP, se dit figurément aussi des personnes malignes,
    médisantes, ou qui déchirent impitoyablement les
    autres. Les hommes sont des loups les uns aux
    autres. Homo homini lupus.

        Puisqu'entre vous, humains, vous vivez en vrais loups,
        On ne me reverra de ma vie avec vous. MOL.

LOUP, en Chirurgie, est une espèce de maladie
    qui vient aux jambes; ulcère chancreux qui ronge
    & consume les chairs voisines. Carcinoma, cancer
    crurum.

LOUP, en Chimie, est un des noms qu'on donne
    à l'antimoine, parce qu'il divise & dissout tous les
    métaux avec lesquels on le fait fondre, excepté
    l'or & l'argent.
LOUP, est aussi une espèce de masque de velours noir,
    que les femmes ont porté pendant quelque temps
    pour se préserver du hâle. Il n'étoit point attaché,
    & elles le tenoient avec un bouton dans la bouche.
    Il pendoit depuis le front jusques sous le menton,
    à la différence des masques carrés qu'elles portoient
    auparavant. Elles lui ont donné ce nom,
    parce que d'abord il faisoit peur aux petits enfans.
LOUP, ou la Panthère. Terme d'Astronomie. Constellation
    méridionale. On l'appelle aussi bête du centaure,
    parce que le centaure la traverse. Lupus. Cette
    constellation est composée de 19 étoiles: deux de
    la troisième grandeur, onze de la quatrième, &
    six de la cinquième.
LOUP, se dit proverbialement en ces phrases. Il est décrié
    comme le loup blanc. On dit que la faim chasse
    le loup hors du bois, pour dire, que la necessité
    contraint les gens à travailler, ou à mendier. Villon
    en son Testament; nécessité fait gens méprendre,
    & fait saillir le loup du bois. On dit qu'on
    met les gens à la gueule du loup, pour dire, qu'on
    les expose à des périls évidens. On dit, qui se fait
    brebis, le loup le mange, pour dire, que quand on
    est trop facile ou patient, on est sujet à être pillé,
    ou insulté. On dit ironiquement, qu'une chose est
    sacrée, comme la patte d'un loup. On dit d'un homme
    enrhumé, qu'il a vu le loup: ou plûtôt on devroit
    dire, que le loup l'a vu le premier, suivant
    ce mot des Bucoliques de Virgile, Lupi Moerim videre
    priores
. C'est une erreur populaire fondée sur un
    passage de Pline; mais ce passage de Virgile fait voir
    que l'erreur est plus ancienne que Pline. On le dit aussi
    de celui qui a vu le monde, qui est agerri & expérimenté.
    On dit encore, que des gens vont queue à
    queue comme des loups, quand ils s'entresuivent,
    quand ils arrivent l'un aprés l'autre. Car on dit que
    quand la louve est en chaleur, il y a une grande
    traînée de loups qui la suivent queue à queue, comme
    dit Phoebus de Foix en son livre de la Chasse.
    On dit encore, qui parle du loup en voit la queue,
    lupus in fabula, quand quelqu'un arrive dans une
    compagnie dans le temps qu'on parloit de lui. On
    dit aussi, Marcher à pas de loup, pour dire, doucement,
    & pour surprendre quelqu'un. On dit
    aussi, Entre chien & loup, quand il fait obscur,
    au temps qu'on ne peut descerner si c'est un chien
    ou un loup. Entre chien & loup; cette expression
    est ancienne en France, elle se trouve dans Marculfe.
    Infra horam vespertinam, dit-il, inter canem
    & lupum
, &c. On dit qu'on a couru un homme
    comme un loup gris, pour dire, qu'il a été vivement
    poursuivi. On dit qu'on tient le loup par les
    oreilles, quand on est embarrassé dans une affaire
    douteuse, & où l'on envisage du péril de tous côtés.
    Auribus teneo lupum. TER. On dit que la lune
    est à couvert des loups, qu'elle est en sûreté. Ce
    proverbe vient du Latin, Luna tuta à lupis. On dit
    aussi, Donner les brebis à garder au loup, comme
    on dit, Au plus larron la bourse, pour dire,
    Mettre une chose en une main infidèle. Ce proverbe
    est encore tiré du Latin, & se trouve dans
    Térence. On dit aussi, qu'il faut hurler avec les loups,
    pour dire, qu'il faut s'accommoder à l'humeur de
    ceux avec qui on a à vivre. On dit encore, que la
    guerre est bien forte, quand les loups se mangent
    l'un l'autre, ou que les loups des bois ne s'entremangent
    pas, pour dire, que les gens d'une même
    profession s'entresoulagent: ce qui se dit des Auteurs
    ou des gens de même profession, lorsqu'ils
    se déchirent, ou qu'ils plaident les uns contre les
    autres. On dit en Chirurgie, qu'on enferme le loup
    dans la bergerie, quand on laisse refermer une plaie
    sans l'avoir bien fait suppurer, pour empêcher qu'il ne
    s'y forme un sac qui obligeroit à la rouvrir. On dit
    aussi, le loup mourra dans sa peau, pour dire, qu'il
    arrive rarement qu'un méchant homme s'amende.
    On dit aussi, A brebis comptées, le loup les mange,
    pour dire, que quelque soin que l'on ait de garder
    ce qu'on a, & d'en savoir le compte, on ne laisse
    pas quelquefois d'être volé. On dit aussi qu'un homme
    est connu comme le loup, pour dire, qu'il est
    extrêmement connu, & cela ne se dit que d'un
    homme de qui on peut se donner liberté de dire ce
    qu'on en pense. On dit aussi savoir la patenôtre du
    loup, pour dire, savoir de certaines paroles magiques
    pour empêcher que le loup n'étrangle les brebis.
    On appelle une femme débauchée, une louve.
    On dit: Qui sauroit les coups, on prendroit les
    loups, pour dire, Que si l'on savoit deviner, on
    feroit de belles choses & de beaux profits.

        Quiconque est loup, agisse en loup:
        C'est le plus certain de beaucoup. LA FONT.

        Danser le branle du loup, est un proverbe qui ne
    se trouve point dans nos Dictionnaires. En voici
    l'explication. COSME. Tu parles haut, comme si j'étois
    sourd. SIMPLICIEN. Par-là vous pouvez connoître
    que je ne danse pas le branle du loup, la queue
    entre les jambes, c'est à dire, que je n'ai point de
    peur. COSME. Il est vrai que le loup étant un animal
    cruel & lâche, porte ordinairement la queue entre
    les jambes, qui est un signe de sa lâcheté & de mauvaise
    nature, aussi-bien que de celle du chien,
    duquel un Poëte a dit que les chiens de mauvaise
    race replient leur queue sous le ventre.

        Degeneresque canes caudam sub ventre reflectunt.

    Voyez CHIEN.
        On disoit anciennement, leu, & on le dit encore
    en Picardie. Il en reste des marques dans un jeu de
    petits enfans appelé, à la queue leu, leu; & dans
    le nom de Saint Leu & Saint Gilles. Sancti Lupi &
    AEgidii.
        On disoit aussi autrefois loin, pour signifier la
    même chose. L'Abbaye de Ville-Loin est appelée
    Villa-Lupa. La riviere de Loin, ad Lupam.
        Isles aux LOUPS MARINS. Il y a sur la côte de l'Acadie,
    dans la nouvelle France, des îsles qu'on appelle
    les îsles des Loups marins, parce que les loups
    marins
vont là faire leurs petits. Ils y viennent pour
    mettre bas vers le mois de Février, montent sur les
    rochers, & se mettent autour des îles, où ils font
    leurs petits, qui sont en naissant plus gros que le
    plus gros porc que l'on voie, & plus longs. Ils ne
    demeurent à terre que peu de temps, après quoi
    leurs père & mère les emmènent à la mer; ils reviennent
    quelquefois à terre ou sur des rochers, où
    la mère les fait téter. La pêche s'en fait au mois de
    Février, lorsque les petits y sont: on va tout autour
    des îles avec de forts bâtons, les père & mère fuient
    à la mer, & on arrête les petits qui tâchent de
    suivre, en leur donnant un coup de bâton sur le nez,
    dont ils meurent. L'on va le plus vîte que l'on peut,
    car les père & mère étant à la mer, font un grand
    bruit, qui donnant l'alarme par-tout, les fait tous
    fuir; mais il se sauve peu de petits: on ne leur en
    donne pas le temps. Il y a des journées que l'on en
    tue jusqu'à six, sept, & huit cens. Ce sont les petits
    qui sont les plus gras, car les père & mère sont
    maigres. L'hyver il faut bien trois ou quatre petits
    pour faire une barique d'huile; qui est bonne à
    manger, étant fraîche, & aussi bonne à brûler que
    l'huile d'olive, & n'a point d'odeur en brûlant,
    comme les autres huiles de poisson, qui sont toujours
    pleines de lie épaisse, & de saletés au fond
    des bariques.