QUEUE. s. f. La partie qui termine le corps de l'animal
    par derrière. Cauda. On le dit de toutes sortes d'animaux.
    Dans les quadrupèdes, c'est cette partie, ordinairement
    couverte de poil, qui est au bout de l'épine
    du dos. Ils s'en servent pour s'émoucher. Dans les
    oiseaux, ce sont les longues plumes qui leur sortent
    du croupion; en termes de Fauconnerie, on l'appelle
    Balai. Cette queue sert aux oiseaux comme de gouvernail,
    pour se conduire dans l'air. Dans les poissons,
    les serpens, les insectes, c'est la partie qui s'étend du
    ventre jusqu'à l'extrémité opposée à la tête. Le lion se
    bat les flancs de sa queue pour s'irriter. Les chiens remuent
    la queue en signe de caresse, en voyant leur
    maître. Ainsi l'Ecriture dit que le chien de Tobie vint
    au-devant de son maître en branlant la queue. Le scorpion
    pique de sa queue. Les belles fourrures se font de
    queues de fouines, de martres, ou souris de Moscovie,
    d'hermines, &c. La queue du paon est chargée des yeux
    d'Argus, à ce que dit la fable. Les Chasseurs tirent en
    volant les oiseaux en queue. On dit aussi quand on
    désigne un cheval, soit lorsqu'on le saisit, ou qu'on le
    vend, qu'il a crins, queue & oreilles. Crinitus, caudatus
    & auritus.

        Ce mot vient du Latin cauda.
QUEUE, se prend aussi pour quelque partie de l'animal
    coupée sur le train de derrière. A la boucherie on
    appelle queue de mouton. Cauda vervecina. Une queue
    de morue, de saumon, c'est toute la partie de derrière
    de ces poissons. On dit aussi, que les Syrènes, les
    Tritons, ont le corps de figure humaine, & finissent
    en une queue de poisson. Desinit in piscem mulier formosa
    supernè
.
        En Anatomie on appelle la queue d'un muscle, le
    tendon qui est attaché à la partie mobile. Tendo.
    L'autre tendon qui est attaché à la partie immobile
    vers laquelle se fait le mouvement, s'appelle la tête
    du muscle. Voy. MUSCLE.
QUEUE, signifie aussi dans les végétaux, cette partie ou
    ce lien qui attache les feuilles, les fleurs ou les fruits
    à leurs branches, ou leurs tiges. Pediculus, petiolus.
    Les fleurs se conservent long temps cueillies, quand
    on laisse tremper les queues dans l'eau. Le moyen de
    conserver les fruits d'hiver, c'est de seeller leur queue
    avec de la cire. Les cerises à courte queue sont les
    meilleures. Les Botanistes appellent la queue des fleurs,
    pédicule. En parlant de certaines fleurs, comme tulipes,
    lis, narcisses, on appelle queue, quand elles sont
    cueillies, ce qu'on appelle tige dans ces mêmes fleurs,
    lorsqu'elles sont encore sur pied.
QUEUE, se dit aussi des manches de plusieurs instrumens
    & ustenciles. La queue d'une viole, d'un violon, c'est
    la partie où sont attachées les cordes. Cauda fidis. La
    queue d'une poële, d'un gril, &c. sont les manches par
    où on les tient lorsqu'ils sont sur le feu, ou qu'on les
    en approche. On dit aussi des boutons à queue, quand
    ils sont attachés à quelque bout de passement, ou autre
    ornement.
QUEUE, en termes de Charpenterie, est une piece de
    bois longue de cinq à six toises, qui sert à faire tourner
    les moulins pour les exposer au vent. Cauda lignea
    moletrinae.

QUEUE, signifie encore cette partie des habits longs qui
    traîne à terre, qui est une marque de qualité, & qu'on
    étend beaucoup dans les grandes cérémonies. Syrma.
    Cette femme est de qualité, on luy porte la queue. Les
    Cardinaux ont des Officiers pour leur porter la queue,
    qu'on appelle Caudataires. Ce sont des Princesses qui
    portent la queue à la Reine lors de son mariage. Aux
    pompes funèbres, les Princes ont des queues de douze
    ou quinze aunes de long. Elle n'arrive à l'Eglise que
    dans un char, on lui porte une lourde queue &c. LA
    BRUY.
Parmi les Marchands de draps, de toiles, on dit
    qu'une étoffe a cap & queue, lorsqu'elle n'est point entamée.
    Panni textum solidum, integrum. La queue est
    le dernier bout de la pièce, qui est entière, par opposition
    au premier bout qu'on appelle tête, chef ou
    cap.
QUEUE, se dit aussi des caractères qui finissent par une
    pointe tirée en bas. La queue de cet y grec n'est pas
    bien formée, c'est-à-dire, le trait qui excède par en
    bas le corps de la lettre.
En Musique on appelle queue, virgula, le trait qui
    monte ou qui descend à travers la portée, & qui tient
    à la tête, c'est-à-dire, au corps de la note. Dans le
    plain-chant les notes n'ont point de queue. Dans la musique,
    la ronde n'en a point.
QUEUE, signifie aussi le bout, la fin de quelque
    chose. La queue d'un étang, d'une forêt. La queue de
    l'hiver, de l'été.
QUEUE. Terme de jeu. C'est au piquet à écrire, lorsque
    pour compter les tours dont on est convenu, les joueurs
    à chaque coup qu'ils sont marqués, mettent un jeton
    dans la bourse commune, laquelle, à la fin du jeu,
    appartient totalement à celui qui gagne le plus, & s'il
    y en a deux qui gagnent autant l'un que l'autre, la
    queue se partage également entr'eux. C'est à celui qui
    a la queue à payer les cartes. On la joue aussi au quadrille,
    & à tel jeu qu'on veut. Payer le vingt-huit,
    la consolation, la queue, & les as, c'est donner pour
    tout cela le nombre de jetons qu'on a réglé au commencement
    de la partie.
QUEUE, en termes de Chancellerie, se dit de la manière
    de sceller les lettres. Une lettre est scellée à simple
    queue, caudâ simplici, quand le sceau est attaché à
    un coin du parchemin de la lettre, qu'on a fendu exprès;
    & à double queue, caudâ duplici, quand le sceau
    est pendant à une bande en double de parchemin passée
    au travers de la lettre, comme on fait dans toutes
    les expéditions importantes.
En Astronomie, on appelle queue de comète, cette
    longue traînée de lumière qui suit la comète. Cauda.
    Comête à queue. Caudatus. Cette comète avoit la
    queue tournée vers l'orient. Lorsqu'une comète darde
    ses rayons vers l'endroit du ciel où son mouvement
    propre semble la porter, ses rayons s'appellent barbe.
    Au contraire, lorsqu'ils s'étendent vers la partie du
    ciel d'où sont mouvement propre semble l'éloigner, ils
    se nomment queue: & lorsqu'ils se répandent également
    à la ronde, on les appelle chevelure. ROHAUT.
Dans le temps où l'on doutoit si comète étoit du
    genre masculin ou feminin, on dit par plaisanterie, que
    pour s'en assurer, il falloit lui regarder sous la queue.
QUEUE, en terme de guerre, se dit de la partie de la tranchée
    qui est la plus éloignée à l'égard des ennemis:
    c'est le lieu où on commence à ouvrir la terre pour
    faire des approches, & où on laisse une garde de cavalerie
    pour courir à la défense de ceux qui travaillent
    à la tête de la tranchée, en cas de sortie. Obsidionalis
    accessûs pars remotior.

QUEUE d'un bataillon, c'est le rang du serre-file. Quand
    on fait la contre-marche par file, les hommes de la
    tête du bataillon passent à la queue. Agminis pars
    extrema.
On appelle aussi la queue de l'armée, l'arrière-
    garde: ainsi on dit qu'on l'a prise en queue, qu'on l'a
    chargée en queue, qu'on a défait la queue de l'armée.
QUEUE, se dit aussi de la dernière partie, des derniers
    rangs d'un corps, d'une compagnie. La queue
    d'une procession, d'une compagnie. On a vue les processions
    du Recteur autrefois si longues, que la croix
    étoit à S. Denis, quand la queue étoit encore aux Mathurins.
    Ultimi. Il est à la queue du Parlement.
A LA QUEUE, EN QUEUE, signifie à l'extrémité, immédiatement
    après. Il fut tué à la queue de la tranchée.
    Le bagage est à la queue. Ce régiment est à la queue
    des chariots. Ce chasseur est toujours à la queue des
    chiens, pour dire, qu'il les suit de près.
On dit encore en queue & à la queue, pour dire,
    aux trousses, à la poursuite de quelqu'un. Ce Général
    a toujours eu une armée en queue, qui l'a suivi
    dans sa retraite. Les Exempts sont à la queue de ce voleur,
    il a le Prevôt en queue. Ces deux dernières phrases
    ne peuvent passer que dans le discours familier.
QUEUE, se dit figurément en ce sens de la suite des affaires:
    faisons si bien notre transaction, que nous ne
    laissions point de queue à notre procès. Ne supersit litis
    locus.
Cet arrêt est ambigu, il laisse encore une
    queue à l'affaire. C'est un mauvais payeur, il fait toujours
    quelque queue, il laisse quelque chose en reste à
    payer.
QUEUE, se dit aussi des étendards qui aboutissent en
    pointes. Autrefois les Ecuyers portoient des pennons
    ou étendards pointus, comme sont maintenant les
    guidons; & quand ils devenoient bannerets, on coupoit
    la queue de ce pennon pour faire un étendard
    carré. Les pavillons des Chefs d'Escadres sur mer ont
    aussi une queue, & sont fendus des deux tiers de leur
    hauteur.
QUEUE. Terme de Relieur. C'est la partie du livre qui
    regarde la fin des pages. Rogner par la tête & par la
    queue.
QUEUE. Terme de Luthier. C'est un morceau de bois au
    bout de la table de certains instrumens où les cordes
    sont attachées. Cauda fidis. Queue de viole, queue de
    violon, queue de poche.
QUEUE ANNUÉE. Vieux nom d'une sorte de vers anciens,
    selon l'art de Rhétorique ancien. BOREL.
QUEUE D'ARONDE, est un terme de Charpenterie, qui se
    dit du plus fort des assemblages, quand on fourre une
    pièce de bois qui va s'élargissant par le bout, dans
    une autre pièce de bois, en sorte qu'elle n'en puisse
    plus sortir, parce que l'entrée est plus étroite que le
    fond, comme on voit en la figure d'une queue d'hirondelle.
    Securiculata fibula, securiculata subscus.
        On appelle en terme de fortification, des ouvrages
    à queue d'aronde, quand ils sont de cette figure, &
    plus étroites par la gorge que par la face. Securiculata
    figula
; & au contraire à contre-queue d'aronde,
    quand les faces sont plus petites que la gorge.
QUEUE D'ARONDE. Terme d'Horlogerie. C'est une petite
    coulisse plate d'un côté, & ronde de l'autre. On emploie
    dans des queues d'aronde en plusieurs occasions dans
    l'Horlogerie. On en met une au nez de la potence d'une
    montre, pour faire l'échappement.
QUEUE BLANCHE. Albicilla. Non d'un oiseau, qui est une
    espèce de Pyrargus. Tout le champ de son pennage
    est d'une couleur qui tire entre le blanc & le cendré.
    Les extrémités de son vol sont noires, son ventre, son
    croupion & le dessus de sa queue sont entièrement
    blancs sans aucune tache; quand il vole, il a de l'air
    du héron par le battement de ses mahutes, & lorsqu'il
    le cesse, il vole en planant, & non pas à la manière
    des oiseaux de proie qui élèvent leur tête en volant:
    car celui-ci au contraire regarde la terre. On l'apperçoit
    plus souvent au lever, & au coucher du soleil:
    il vole les poules, les perdrix, les lapins & les
    lièvres, & fréquente l'orée des bois.
        Bellon fait mention d'une autre espèce nommée pareillement
    queue blanche, qui est d'un vol très-léger,
    & qui a le champ du pennage de même que celui du
    milan royal, duquel nous parlerons ci-après. Voyez
    encore JEAN LE BLANC.
QUEUE DE CHEVAL, est chez les Tartares & Chinois l'enseigne
    ou drapeau sous lequel ils vont à la guerre.
    Cauda equina, vexillum sub quo militant. Chez les
    Turcs, c'est un signal de bataille, quand il est sur la
    tente d'un Général. C'est l'étendart qu'on porte devant
    le Grand-Visir, devant les Bachas & les Sangiacs. Voy.
    au mot TOUG. M. de Tournefort dans son Voyage,
    V. II, p. 27, a décrit ces queues de cheval, & en
    a donné la figure. Il y a des Visirs à une, & d'autres à
    trois queues de cheval. De la passion des Turcs pour
    les chevaux, est venu leur usage de prendre une queue
    de cheval
pour leur premier étendart. C'est un ouvrage
    à la main, qu'ils font de plusieurs queues jointes ensemble,
    & teintes en rouge, qui est surmonté en tête
    de quelque tissu de crin, & d'une grosse boule de cuivre
    doré. Les Begs font porter une de ces queues, les
    Bachas deux, les Grands-Beglerbegs trois, le Grand-
    Visir cinq, & le Grand Seigneur en campagne sept.
QUEUE DE CHEVAL, en termes de Botanique, est une
    plante qu'on appelle autrement prêle, en latin equisetum.
    Voyez PRÊLE.
QUEUE DE DRAGON. En termes d'Astronomie, la tête ou
    la queue du Dragon, sont les noeuds, ou intersections
    de l'écliptique par les cercles, ou orbites des autres
    planètes qui ont quelque latitude à l'égard du soleil,
    & ce sont les points où se font toutes les éclipses. Le
    noeud ascendant s'appelle la tête du dragon, & le
    noeud descendant, la queue du dragon. Cauda draconis.
    On figure ainsi la queue du dragon . Les Astrologues
    la mettent dans tous leurs horoscopes, quoiqu'elle
    n'ait en effet aucune vertu.
QUEUE DE DRAGON. Terme de Philosophie hermétique.
    C'est, selon Hermès, le mercure philosophal qui dévore
    la queue. DICT. HERM.
QUEUE BLANCHE DE DRAGON. En terme de Philosophie
    hermétique. C'est l'huile de mercure, ou la liquéfaction
    & huméfaction philosophiques: autrement c'est le
    mercure fermenté pour les imbibitions de la pierre
    blanche: c'est la teinture lunaire. DICT. HERM.
GROSSE-QUEUE. Nom d'une espèce de poire. Cauda crassa.
    Pyrum crassá caudâ.
La Quintinie met la grosse-
    queue
dans le troisième rang des bonnes poires, c'est-
    à-dire, de celles qui ont un grand parfum; mais
    qui sont sujettes à l'avoir renfermé dans une chair
    extrêmement dure, pierreuse, pleine de marc. P. III,
    p. 253.
Ailleurs, p. 322. Il dit que la grosse-queue,
    est de celles qui ont quelque bonté, & même quelque
    réputation en de certains endroits: mais qui doivent
    pourtant le céder à beaucoup d'autres.
QUEUE DE PAON. Terme de Charpenterie & de Menuiserie,
    se dit de tous les compartimens de diverses formes
    ou grandeurs, qui dans les figures circulaires vont
    en s'élargissant depuis le centre jusqu'à la circonférence;
    & imitent en quelque sorte les plumes de la queue
    d'un paon, lorsqu'il s'ouvre en forme de roue. Cauda
    pavonis variegata.

QUEUE DE PIERRE, en terme de Maçonnerie, est le bout
    brut des grosses pierres qui servent à faire des liaisons
    en dedans des murs, qu'on appelle autrement boutisses.
    La queue est opposée au parement. C'est le
    bout brut ou équarri d'une pierre en boutisse, qui est
    opposée à la tête ou parement, & qui entre dans le
    mur sans faire parpain. DAVILER.
QUEUE DE POURCEAU. Plante qui pousse une tige à la
    hauteur d'environ deux pieds, rameuse, cannelée. Ses
    feuilles sont plus grandes que celles du fenouil, divisées
    en trois parties dont chacune se subdivise en
    trois autres, semblables aux feuilles du chiendent; car
    elles sont étroites, longues & plates. Au plus haut des
    tiges croissent des ombelles fort larges, garnies de petites
    fleurs jaunes, à cinq feuilles disposées en rose.
    Ces fleurs sont suivies de fruits composés chacun de
    deux semences presque ovales, rayées sur le dos, avec
    les bords éguisés en feuillet, d'un goût âcre & un peu
    amer. Sa racine est grosse, longue, noire par dehors,
    verdâtre par dedans, rendant, lorsqu'on y fait des incisions,
    un suc jaune, d'une odeur de poix. En latin
    peucedanum majus Italicum. C BAUH. La racine
    de la queue de pourceau, & son suc, sont propres pour
    l'asthme, pour la toux, la rétention d'urine, pour provoquer
    les mois aux femmes.
QUEUE DE RAT. En termes de Maquignon, on appelle
    un cheval queue de rat, celui qui a la queue degarnie de poil.
QUEUE DE RAT, ou arrête, se dit aussi des calus ou duretés,
    qui viennent plus bas que le jarret à la jambe
    du train de derrière. Calus, durities.
QUEUE DE RAT. Terme d'Horloger. Sorte de lime qui
    n'a pas besoin de manche, parce qu'elle a une grande
    queue.
QUEUE DE RAT. Terme de Marine. Cordages qui sont
    plus gros par le bout où ils sont attachés, & qui diminuent
    depuis les deux tiers jusqu'à l'autre bout qui
    se trouve dans la main des Matelots.
QUEUE DE RENARD. Petite plante qui vient ordinairement
    dans les terres humides, & qui ressemble à
    une queue de renard.
QUEUE ROUGE. Nom d'un oiseau. Cauda rubra. Coda
    rossa
en Italien. Cet oiseau est appelé queue rouge, à
    cause que cette partie paroît d'un rouge très-éclatant.
    Il fréquente pour l'ordinaire les montagnes escarpées
    de rochers, de précipices & d'écueils. Il se plaît à
    faire là son nid. Cet oiseau chante parfaitement bien,
    & son pennage est très-agréable à voir. Sa viande ordinaire
    est de la pâte, du coeur haché, comme pour
    les rossignols. Nous ne voyons pas de ces oiseaux en
    France. En Italie dans les pays de montagnes, il s'en
    rencontre. Il y en a de trois sortes; mais celui dont j'ai
    parlé a le chant le plus agréable. Le mâle a la poitrine
    rouge. Ces sortes d'oiseaux vivent jusqu'à huit ans.
QUEUE DE SOURIS. s. f. Cauda muris. Petite plante basse,
    qui pousse de sa racine des feuilles fort étroites, à-peu-
    près comme celle du gramen, épaisses, s'élargissant un
    peu vers leur extrémité. Il s'éleve d'entre elles de petites
    tiges grêles, rondes ou cylindriques, nues, portant
    à leurs sommités de petites fleurs à cinq feuilles,
    de couleur herbeuse. Il leur succede un épi oblong,
    grêle, approchant de celui du plantain, pointu, doux
    au toucher, & ayant la figure de la queue d'une souris,
    d'où elle a pris son nom, contenant des semences
    très-menues. Sa racine est composée de fibres déliées
    comme des cheveux. Cette plante a un goût âcre. Elle
    croît dans les champs entre les blés, dans les prés &
    dans les jardins. Les grenouilles en sont friandes. Elle
    est un peu astringente & dessicative.
QUEUE. Terme de Conchyliologie. C'est la partie intérieure
    d'une coquille, laquelle est plus ou moins longue.
    Il est essentiel de la distinguer d'avec le bec, qui
    est toujours fort court & recourbé.
QUEUE DE CHANVRE. Terme de corderie. Paquet de
    filasse brute, dont les brins sont arrangés de façon que
    toutes les pattes ou l'écorce des racines sont du même
    côté. Gossipii rudis fascia.
QUEUE DE LION. s. f. Cauda leonis. Terme d'Astronomie.
    C'est le nom d'une étoile de la première grandeur
    qui s'appelle autrement Denebalezet.
QUEUE. Terme de billard. Instrument dont on se sert
    pour pousser les billes. C'est un bâton fait au tour,
    gros par un bout, & qui va en diminuant jusqu'à l'autre
    bout. On appuie le petit bout sur la main gauche,
    & en poussant avec la main droite, on chasse la bille
    en lui donnant un coup sec.
On appelle aussi queue la partie de l'instrument qu'on
    appelle billard, & qui est opposée à la masse. C'est le
    petit bout qu'on tient à la main quand on chasse la
    bille avec la masse du billard.
QUEUE. Terme de Perruquier. Mettre des cheveux
    en queue, c'est les attacher par derrière avec un cordon,
    & les couvrir d'un ruban qu'on roule tout autour.
QUEUE. Sorte de pierre à aiguiser. L'Acad. écrit ainsi.
    Voyez QUEUX.
QUEUE DE RAMES. On appelle ainsi dans les métiers à fabriquer
    de la gaze brochée, ce qui tient les fourches,
    c'est-à-dire, les ficelles qui passent sur les poulies du
    cassin.
QUEUE, signifie aussi un vaisseau qui contient un peu
    plus d'un muid, ou 54 setiers, à huit pintes le setier,
    mesure de Paris, & le muid est de 36 setiers. Ce mot
    en ce sens vient du Latin cupa. Cette mesure change
    suivant les provinces. On se sert de ces mesures à Orléans
    & en Champagne. Selon Borel, la queue est une
    mesure de vin contenant 48 setiers, qui valent 373
    pintes. Ce mot est usité en Normandie & en Picardie,
    & est corrompu de cuve.
DEMI-QUEUE. s. f. Futaille contenant la moitié de ce que
    contient une queue. ACAD. FR.
QUEUE-A-QUEUE, est une phrase adverbiale, signifiant ce
    qui vient à la file & à la suite l'un de l'autre. Continenti
    serie, perpetuâ serie, continente ductu.
Ce Maquignon
    a amené douze chevaux attachés queue-à-
    queue
. Les enfans ont un jeu qu'ils appellent à la queue
    leu leu
, quand ils se tiennent l'un l'autre par la robe en
    marchant. Leu est un vieux mot qui signifioit autrefois
    loup, comme s'ils imitoient les loups qui marchent
    ainsi à la queue l'un de l'autre.
SANS QUEUE, signifie aussi quelquefois, absolument &
    sans suite, sans ajouter de qualité, ou autre désignation
    particulière. Absolutè. Quand on dit Monsieur,
    sans queue, on entend le Maître de la maison. Herus
    sine addito.
On le dit aussi du frere unique du Roi.
    Monsieur le Prince, sans queue, c'est le premier Prince
    du sang. Monsieur L'Évêque, c'est l'Évêque du lieu où
    l'on est demeurant.
QUEUE, se dit proverbialement en ces phrases. Il viendra
    un temps où les renards auront besoin de leur
    queue; pour dire, qu'il y a telles personnes qu'on méprise,
    & qu'on choque en en temps, dont on aura besoin
    en un autre. On le dit aussi des chiens & des
    vaches. On dit aussi, qu'il faut que chacun garde
    sa queue; pour dire, qu'il faut que chacun conserve
    son bien, par allusion à la fable d'un renard, qui
    ayant perdu sa queue, vouloit persuader aux autres de
    se coupper la leur. On dit aussi, petit chien, belle queue.
    Et on dit de ceux qui sont confus de ce que quelque
    chose ne leur a pas réussi, qu'ils s'en sont retournés
    honteusement la queue entre les jambes; car c'est une
    marque de peur, de honte ou de lâcheté. Ce proverbe
    est tiré des loups & des chiens, dont les Latins
    ont dit, degeneres canes caudam sub ventre reflectunt.
    On dit aussi, qu'on écorche l'anguille par la queue,
    quand on commence les affaires par où on les doit finir.
    On dit aussi, que c'est brider son cheval par la
    queue, dans le même sens. On dit aussi, qu'il faut se
    défier de ces animaux qui ont deux trous sous la queue;
    pour dire, des femelles. On dit aussi, que le mal porte
    le repentir en queue; pour dire, que les crimes ont
    de fâcheuses suites. On dit aussi, quand on parle du
    loup on en voit la queue; quand quelqu'un arive dans
    une compagnie où l'on parloit de lui. Ce proverbe répond
    au latin, lupus in fabula; parce que la présence
    de celui qui arrive interrompt le discours qu'on tenoit
    de lui; & qu'on dit que celui-là se tait qui a vû le
    loup. On dit aussi, que le venin est à la queue, en
    parlant des affaires qui ont belle apparence, & dont
    la suite est fâcheuse. On dit d'un homme superbe &
    glorieux, que c'est un paon qui se mire dans sa queue.
    Au contraire, on dit d'un misérable qui a peine à vivre,
    qu'il faut qu'il tire le diable par la queue. On dit
    aussi de deux choses qui n'ont point de rapport, cette
    queue n'est pas de ce veau-là. On dit des choses qui
    sont perdues & abymées, vous n'en verrez plus ni
    queue ni oreilles. On dit aussi d'une chose entièrement
    défaite ou consumée, il n'en est pas resté la queue
    d'un. On dit aussi de ceux qui vivent délicatement, &
    qui font semblant de se mortifier qu'ils se fouettent avec
    une queue de renard. On dit aussi d'une personne qui
    manque de quelque chose, qu'il en est pourveu comme
    un singe de queue. On dit aussi, Il n'y en a point
    de plus empêché que celui qui tient la queue de la
    poële; pour dire, qu'il est plus difficile de gouverner,
    que de raisonner sur le gouvernement. On dit aussi,
    qu'on a pris un homme, une affaire par la tête & par
    la queue; pour dire, qu'on l'a tournée & examinée
    de tous côtés. On dit aussi, commencer le Roman
    par la queue, quand on ne dit pas les choses dans leur
    suite naturelle. Les Africains disent, il est vaillant
    comme les lions d'Agla, à qui les veaux mangent la
    queue. On dit aussi, il y va de tête & de queue, comme
    une corneille qui abat des noix; pour dire, il s'y
    employe de toutes ses forces. On dit encore, quand
    il pense courir, la queue lui choit; pour dire, qu'il
    trouve toujours quelque chose qui arrête ses entreprises.
    On dit; c'est la queue à écorcher, pour dire, que
    c'est-là l'article le plus difficile.