2.1.1.4. Nicot 1606

L'édition que publie Douceur en 1606 ne signale aucune addition à la nomenclature. Au lieu de cela, le libraire entretient son lecteur de l'utilité que possède son livre pour celui qui cherche l'intelligence de l'ancienne langue. De son côté, l'auteur prétend que son oeuvre mérite d'être considérée comme le baume de la langue française et, dans cette intention, il lui donne le titre développé de Commentaires & Thresor de la langue françoyse tant ancienne que moderne. [34]

En effet, Nicot s'occupe relativement peu d'augmenter la nomenclature. Le dictionnaire qu'il reçoit d'Estienne et de Thierry par l'intermédiaire de Dupuys n'est en fait guère plus qu'une nomenclature traitée en latin. Les informations françaises sont rares et minimes. Il y rémédie en donnant à un grand nombre d'entrées un traitement fonctionnel et historique. La section 2.2 le démontrera à tout moment. Contentons-nous ici de faire état de quelques-uns des domaines compris dans les articles du Thresor: orthographe et prononciation, fonctions grammaticales, délimitation et filiation sémantiques, fonctionnement syntagmatique, fréquence ou spécialisation d'emploi, correction d'emploi, distinction français/non-français, historique d'un terme, étymologie comparative, règles de formation, invocation d'autorités et commentaires encyclopédiques. [35]

Détaillons pourtant la classe qui concerne les mots et sens anciens. Nicot introduit dans l'échantillonnage A-Ac, Ar, Ba, Br-By, La, Ta, soit en 1573 soit en 1606, les (sous-)vedettes suivantes:

et, entre autres, les emplois suivants: Un autre procédé employé par Nicot est l'explicitation du statut archaïque d'un mot déjà enregistré, par exemple: ou l'addition de la dimension historique à l'emploi d'un terme, par exemple: Une façon de rendre compte de la dimension historique ajoutée à l'emploi du lexique est de relever dans le discours proprement lexicographique, c'est-a-dire métalinguistique, à l'exclusion donc des items autonymes, les occurrences de marques diachroniques. Le discours non marqué étant au présent, il s'agira d'une part des temps verbaux passés (le futur n'est théoriquement pas exclu) et des lexèmes de temps passé, d'autre part des marques du présent entrant en opposition avec celles du passé. Les passés composé et simple et le plus-que-parfait étant surtout employés pour marquer les événements historiques plutôt que les habitudes linguistiques, nous n'avons retenu que l'imparfait (sauf précédé par si) plus les lexèmes de temps dans notre dépouillement de l'échantillonnage A-Ac, Ar, Ba, Br-By, La, Ta. Dans E 1549, nous rencontrons trois occurrences concernant la toponymie (anciennement s.v. Arta et Basilissa, et aujourdhuy s.v. Bray), dans T 1564 trois concernant la nomenclature mythologique (imparfait s.v. Argus et Bacchanales, anciens s.v. Bacchanales).

La liste suivante contient les occurrences des marques ajoutées par Nicot. Celles qui datent de 1573 sont distinguées. Les références sont au texte du Thresor.

Restent quelques occurrences dont le contexte a un statut sémiotique ambigu. Deux cas se présentent. Dans E 1539, un bon nombre des séquences phraséologiques présentées comme ce qu'il est convenu d'appeler exemples d'emploi, qui ont normalement statut d'items autonymes, font partie en fait de la métalangue définitionnelle traitant non le français mais le latin; par exemple: Le deuxième cas est celui des citations encyclopédiques du Thresor, introduites souvent pour venir en aide à la métalangue de traitement, orientée cette fois vers le français et donc à ne pas rejeter. Ainsi on trouve, par exemple, s.v. Artillerie: En fait, toutes les citations, autonymes ou mixtes, ainsi que les appels faits à l'autorité d'un auteur et l'évocation d'événements historiques fournissent autant de repères temporels tant pour l'histoire des mots que pour celle des choses. [37]

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