FRE 272Y5
The Structure of Modern French: An Introduction

Premier trimestre
Notes de la semaine 2
(1. révision : cf. L&B, ch. 1 et 2 // 2. éléments nouveaux : cf. L&B, ch. 3)

1. Révision

Exemple de linguistique comparative introduisant un exemple de différence de registres (cf. L&B, p. 4). As a boy visiting my grandparents in Yorkshire (North of England), I am asked by another, local boy: "Dost tha play tiggy?", spoken with a strong Yorkshire accent. I understand dost, tha (= thou) and play, but not tiggy, which in Hampshire (South of England) is called he, known in the English-speaking world by various names including tag. In modern English thou (thee, thy, thine) is colloquial in the North of England, archaic elsewhere. L'équivalent partiel de thou en français est tu, utilisé pour le singulier en ancien français, en moyen français et en français moderne, mais réservé aujourd'hui au registre familier. Pour le mettre dans le cadre des registres du français moderne :

Pronoms et adjectifs de la 2e personne du singulier
Registre Forme Contexte (cf. Jakobson)
familier tu (toi, ton..., le tien...) entre amis, proches, camarades de classe, collègues, enseignant -> élève (école primaire)
neutre vous (votre..., le vôtre...) entre égaux ou inconnus
formel vous... distance hiérarchique, ex. professeur <-> étudiant

Questions du ch. 1 de L&B.
• Le manuel (p. 4) parle de trois registres – familier, neutre, formel – qui sont plus ou moins objectifs (tout est relatif). La réponse à la Q3 dit avec justesse que d'autres registres peuvent être subjectifs : "l'accent des faubourgs parisiens [...] est souvent stigmatisé par la bourgeoisie comme «populaire» ou «vulgaire»" (populaire < peuple, cf. autrefois le roi, l'aristocratie et le peuple ; vulgaire < lat. vulgus "la foule, le commun des gens"). En revanche, la réponse à la Q2 mélange un peu tout en utilisant des registres objectifs (par ex. jeune homme, neutre ; formidable, familier), subjectifs (par ex. gars/minette, populaire), géographiques (chum, québécois) et chronologiques (c.-à-d. âge : ado, jeune). Les "mots à la mode" dont parle la Q3 sont toujours du registre familier et, tout comme la mode vestimentaire, sont sujets à ne durer qu'un temps (les "mots à la mode" durent pourtant plus longtemps que telle ou telle mode vestimentaire et certains peuvent résister très longtemps). Typiques des "mots à la mode" sont ceux qui expriment le très bon (ex. hyper, super, chouette, au poil, formidable, extra, A+) ou le très mauvais.
• La Q4 porte sur la linguistique historique. Les mots balai (à l'origine nom d'une plante utilisée dans la fabrication de ce qu'on appelle aujourd'hui un balai) et chemin de fer indiquent qu'au début on était conscient de la matière qu'on utilisait pour fabriquer un objet ; pour les moyens de transport on emprunte pour un domaine nouveau un mot venant d'un domaine traditionnel, comme chemin pour les carrosses -> voie empruntée par une locomotive à vapeur, vaisseau de mer -> vaisseau spatial, voiture tirée par des chevaux -> voiture automobile (la puissance des moteurs des voitures est encore mesurée en termes de chevaux), etc. De même une pomme de terre était considérée au début comme une pomme (fruit) poussant en terre ; en français soigné, on peut dire prendre la plume pour dire "écrire".

Questions du ch. 2 de L&B.
• La Q1 est, dans une certaine mesure, problématique. En ajoutant la qualification "du point de vue de l'être humain", on peut dire que les bourgeons sur les arbres sont un indice du printemps et que les feuilles mortes sur le sol sont un indice de l'automne. Dans quelle mesure pourtant peut-on dire qu'un chien bat de la queue de façon volontaire? Le train qui siffle suit un commandement du code ferroviaire (acte volontaire) et autrefois les machines à écrire étaient fabriquées pour qu'une sonnerie s'opérât quand le chariot arrivait tout à droite, pour signaler au / à la dactylographe (qui dactylographiait) que la machine était arrivée en bout de ligne et qu'il fallait faire revenir le chariot à gauche avant de commencer une nouvelle ligne. Un robinet qui coule peut être soit un indice de la nécessité de le fermer, soit un signal qu'il faut remplacer la rondelle (fonction de la fabrication – cf. l'exemple de la sonnerie de la machine à écrire).
• Q5 : rôle des gestes.
• Q7. L'anglais est plus onomatopéique que le français dans certains domaines concrets, comme le reflet : gleam, glisten, glitter, glow, glare, glint ; le glissement  : slip, slide, slither ; le bruit sourd d'objets : thump, thud, thwack ; un bruit sourd de la voix humaine : grumble, groan, grunt, gripe, grouch, grouse, growl ou moan, mutter, mumble. Ce sont les consonnes initiales qui ont pris un sens global de lumière, de mouvement, de chute, de plainte.
• Dans la réponse à la Q14 on dit que le parler d'un paysan relève de la fonction identificatrice, fonction entièrement nouvelle par rapport à ce qui se trouve dans le texte du manuel. En fait, selon ce que disent L&B eux-mêmes au sujet du schéma de Jakobson (p. 15), "Jakobson implique [...], dans sa fonction émotive, les indices marquant l'origine dialectale" – ce qui couvre notamment le vocabulaire individuel (= idiolecte) et ce qu'on appelle l'accent.

2. La structuration du système linguistique (cf. L&B, ch. 3)

L'être humain a une faculté lui permettant de reconnaître, de maîtriser et d'utiliser les structures d'un système linguistique, celui de ce qu'on appelle la langue première ou maternelle, voire d'une langue seconde. Cette faculté langagière serait intuitive et mène à la formation progressive d'une compétence linguistique.

Exemples de phrases qui sont, soit bien formées (c.-à-d. sont conformes à une compétence en langue première), soit mal formées :

Les différents domaines de la linguistique peuvent donner lieu à une variété de distinctions, selon l'approche suivie. Le manuel distingue quatre domaines (p. 26), mais on peut aller plus loin pour tenir compte de plus de champs étudiés par les linguistes et pour être plus complet. Ainsi le tableau suivant :

Le tableau ci-dessus tient compte de ce que le manuel appelle "la pyramide des strates linguistiques" (p. 27), mais en diffère à plusieurs égards. La pyramide du manuel serait aussi à corriger. Si on peut dénombrer les phonèmes, graphèmes et syllabes, on ne peut pas faire de même des monèmes ou, comme le tableau du manuel les appelle, des mots (on reviendra plus tard sur la distinction monème/mot). Alors que les phonèmes, graphèmes et syllabes appartiennent à des classes fermées (dont on peut compter les membres), les monèmes sont d'abord à distinguer en morphèmes et en lexèmes (voir la présentation qui suit) : les morphèmes relèvent de classes fermées, alors que les lexèmes appartiennent à des classes ouvertes (dont on ne peut pas compter les membres). Le manuel dit (p. 27) qu'il y a environ 60 000 mots, mais ce chiffre correspond uniquement à ce qu'on inclut dans un dictionnaire usuel de la taille du Petit Robert. Le nombre d'unités de lexique est inconnu et impossible à déterminer.

La première articulation, celle des unités significatives (L&B, p. 30). Le manuel utilise les termes monème, morphème et lexème, qui chez d'autres linguistes se nomment respectivement morphème, morphème grammatical et morphème lexical. Il y aurait donc deux types de monèmes. Les morphèmes ont pour fonction d'assurer la structure de la phrase, rôle grammatical, et comprennent grosso modo les affixes, les articles, les pronoms, les adjectifs personnels, exclamatifs et interrogatifs, les prépositions, les conjonctions, les adverbes non en -ment (on parle aussi pour la plupart de ces classes de mots outils ou mots grammaticaux). Les lexèmes sont les mots ou unités de sens qui véhiculent l'information, rôle lexical, et comprennent plus ou moins les racines (décomposer s'analyse en les morphèmes dé- et -er et la racine ou lexème -compos-), les noms, les adjectifs qualificatifs, les verbes, les adverbes en -ment (on parle aussi de mots lexicaux). La distinction morphème/lexème est relative – la langue est un continuum.

La deuxième articulation, celle des unités distinctives. Les phonèmes sont des unités distinctives permettant, dans le cas de /p/ et /b/ par exemple (cf. L&B, p. 30)), de distinguer des unités significatives comme pain et bain. La deuxième articulation est étudiée surtout dans le domaine du code oral, mais on pourrait dire aussi que les lettres p et b permettent de distinguer les mots pain et bain sur le plan écrit.

L'existence d'une double articulation permet à tout sujet parlant de construire, avec les unités de chacun des deux niveaux, un nombre illimité de messages. On parle donc de l'économie de la double articulation ou de l'économie de la langue.

Paradigme et syntagme, l'axe paradigmatique et l'axe syntagmatique. On peut représenter les deux axes, celui des paradigmes (ou listes de choix) et celui des syntagmes (ou groupes d'unités significatives – on pense à la syntaxe), de la même manière que l'axe synchronique et l'axe diachronique : à chaque moment (synchronie) on choisit entre plusieurs possibilités, la combinaison des choix retenus constituant des phrases qui occupent du temps dans la linéarité de l'expression et de la compréhension (diachronie). Exemple :

Le choix paradigmatique relève de la commutation, alors que la formulation syntagmatique relève de la permutation.