IX. LA BOÎTE AUX COQUILLAGES
Sur la toilette, un peigne aux nombreuses dents cassées, des épingles à
cheveux et une boîte de poudre de riz trop rose. C'est dans un tiroir qu'il
trouva ce qu'il semblait chercher: une boîte ornée de coquillages brillants
comme on en vend dans tous les bazars du littoral. Celle-ci, qui datait
peut-être de dix ans et qui avait parcouru Dieu sait quel chemin, portait les
mots: « Souvenir d'Ostende. »
Il s'en dégageait une odeur de vieux carton, de poussière, de parfum
et de papier jauni. Maigret, qui s'était assis au bord du lit près de son
compagnon, faisait de ses gros doigts l'inventaire de menues choses.
Il y avait un chapelet aux boules de verre bleu taillées à facettes, à la
frêle chaînette d'argent, une médaille de première communion, un flacon de
parfum vide qu'Emma avait dû garder à cause de sa forme séduisante et qu'elle
avait peut-être trouvé dans la chambre d'une locataire...
Une fleur en papier, souvenir d'un bal ou d'une fête, apportait une note
d'un rouge vif.
À côté, une petite croix, en or, était le seul objet d'un peu de valeur.
Tout un tas de cartes postales. L'une représentait un grand hôtel de
Cannes. Au dos, une écriture de femme:
« Tu feré mieu de venir isi que de resté dan ton sale trou ou
i pleu tout le tant. Et on gagnes bien. On mange tan qu'ont veu. Je tembrasse.
« LOUISE. »