FRE 335F
Teaching and Learning French with New Technology

Section LEC0101

2004-2005

Notes de la semaine 5

Apports/Intégration de l'informatique à/dans l'enseignement-apprentissage des langues

Article 1: M. Pothier et al., "Les outils multimédia d´aide à l´apprentissage des langues : de l´évaluation à la réflexion prospective" (ALSIC, juin 2000)

Cet article représente un bon modèle d'évaluation (à partir d'une évaluation du logiciel Camille) : Introduction et Méthodologie ; Analyses des différents aspects particuliers ; Conclusion. (+ notes et références).

But de l'article : Mesurer l'apport des TIC dans différents domaines de l'apprentissage des langues.

Inexactitude du terme "compréhension orale et écrite" : il s'agit en fait de la compréhension de l'oral (autrement dite la compréhension auditive) et de la compréhension de l'écrit (autrement dit la lecture).

Évaluation des intentions et des représentations des auteurs du logiciel vs. l'utilisation réelle effectuée.

Prise en compte des variables individuelles : âge, sexe, nationalité, etc. Prise en compte aussi a) des réactions des usagers en leur demandant de verbaliser ou d'expliquer leurs actions et b) de leurs motivations pour l'apprentissage du français. Cf. le questionnaire initial et les remarques terminales du test de placement d'UTM.

Les trois termes d'une observation : l'observateur, l'observé et l'observation.

Certains apprenants peuvent être gênés, d'autres encouragés, par la présence d'un assistant (ou professeur, moniteur, etc.) – influence de l'observateur sur l'observation.

Prise en compte de la fréquence d'utilisation des aides audio (utilitaires) et de la façon de s'en servir.

Constatation du manque de rapport direct entre le comportement de l'apprenant et les résultats obtenus. À l'idée simpliste du "bon apprenant", il faut opposer la réalité de la variété de stratégies d'apprentissage – chaque apprenant adopte les techniques qui lui conviennent le mieux. Chacun, en fonction de diverses caractéristiques, utilise ce qui correspond le mieux à sa personnalité, à son style d'apprentissage, voire à sa culture d'apprentissage. Il n'existe pas de bonnes ou mauvaises stratégies. Certains aiment la logique et l'analyse ; d'autres fonctionnent de manière plus intuitive et globale. Des stratégies en tous points opposées peuvent aboutir à des résultats similaires.

Il en va de même de l'autonomie (le travail indépendant) : celle-ci est à construire, pas à préscrire ou imposer. Quelles sont, pour une tâche donnée, les aides qui sont imposées, lesquelles sont simplement mises à disposition? Dans la classe, la solution autoritaire n'est déjà guère acceptée, mais elle l'est encore moins devant un ordinateur que l'apprenant peut impunément quitter à sa guise.

Une aide particulière dans le domaine du lexique : les hypermots et les réseaux lexicaux.

==> Quelques remarques sur les hypermots et les réseaux lexicaux

1. Les hypermots sont ce qu'on appelle plus généralement les mots thématiques, ceux qui relèvent sémantiquement du sujet traité. Dans la chanson Le chant du bum de Richard Desjardins, il s'agit de mots comme job, travail, travailler, bien-être social, vagabond, cassé, etc. Dans le Chien jaune de Georges Simenon, roman policier concernant la résolution d'un crime, on peut les observer dans la liste de fréquences produite par l'ordinateur (les mots plus ou moins thématiques sont ici marqués en gras) :

 1435  de
 1062  le
  959  la
  836  il
  827  à
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  552  et
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  207  sur
  199  son
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  176  y
  173  plus
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  166  ai
  159  sa
  153  elle
  151  par
  145  pour
  137  mais
  135  tout
  131  m
  115  avec
  111  nous
  108  commissaire
  103  même
   98  docteur
   94  me
   93  michoux
   88  emma
   87  être
   85  comme
   83  où
   83  ses
   80  ils
   78  bien
   78  deux
   78  sans
   76  homme
   74  si
   72  cette
   72  chien
   72  maire
   71  aux
   71  encore
   71  quand
   65  été
   65  fait
   65  moi
   65  pommeret
   60  café
   58  ici
   58  mon
   58  porte
   57  leroy
   55  dit
   55  inspecteur
   55  là
   55  peut
   55  rien
   55  ville
   54  suis
   53  heure
   53  ou
   50  étaient
   49  faire
   48  trois
   47  avez
   47  tête
   46  cela
   46  dont
   46  servières
   46  voix
   45  puis
   45  temps
   44  car
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   44  non
   44  tous
   42  peu
   41  alors
   41  après
   41  heures
   41  hôtel
   40  autre
   40  moins
   38  dire
   38  gens
   38  jaune
   36  paris
   36  quelques
   36  sais
   36  sont
   36  vers
   35  aussi
   35  salle
   34  amiral
   34  chez
   34  fois
   34  maison
   34  toujours
   33  concarneau
   33  eu
   33  oui
   33  t
   33  vu
   32  air
   31  autres
   31  chose
   31  coup
   31  femme
   31  fut
   31  main
   31  peur
   31  regarda
   31  très
   31  yeux

Liste de fréquences du Chien jaune de Georges Simenon (f =/> 31)

2. Les réseaux lexicaux. Dans l'exemple pris dans l'article de Chanier et al., il s'agit des synonymes ou quasi-synonymes (on dit aussi parasynonymes) des mots licencier et renvoyer. On peut interroger gratuitement en ligne le Dictionnaire des synonymes des équipes de l'INaLF (Nancy) et du CRISCO (Caen). Pour le mot licencier, le Dictionnaire des Synonymes donne les résultats suivants :

Article 2: F. Mangenot, "Classification des apports d'Internet à l'apprentissage des langues" (ALSIC, déc. 1998)

Deux types principaux : informations -> tâches ; communication -> projets.

Faute : "1. Internet comme source d'informations" devrait être soit "0. Introduction", soit rien.

Autre préoccupation : l'intégration de ces nouveaux supports dans les situations d'apprentissage (cf. Barr).

Cite Belisle 1998 : "pour qu'il y ait apprentissage, il ne suffit pas d'ouvrir des fenêtres, de parcourir des hyperespaces, de naviguer dans des cédéroms multimédia, de dialoguer avec un programme intelligent. Encore faut-il que l'ensemble de ces opérations soit piloté par un sujet en quête d'informations afin de réaliser un but d'apprentissage, lequel s'insère dans un projet social."

Le rôle de la tâche : tâche linguistique réellement profitable ; données riches et authentiques ; activités d'un bon niveau cognitif (pertinence, problématique, créativité). Elle doit faciliter l'exploration, permettre la construction d'un sens et l'évaluation de ce qui aura été compris et retenu.

La tâche aura d'autant plus de succès qu'elle comprendra des activités intéressantes car ouvertes et un mélange de linguistique et de non-linguistique (pragmatique), c'est-à-dire interdisciplinaire (cf. le site de la Bibliothèque nationale de France).

Pour être efficaces, les activités réalisées en autonomie doivent être liées aux activités réalisées lors de regroupements d'apprenants avec un enseignant.

La liste des atouts d'Internet établie par Martel (1998) comprend : l'interculturel ; la collaboration ; la multiplicité des média (texte, image, son...) ; l'autonomisation ; l'apprentissage ludique ; la simulation ; la communication authentique.

Pour la recherche de données par les apprenants, la Toile, avec sa richesse et ses puissants moteurs de recherche, offre un atout non négligeable, à la condition bien sûr de savoir se servir de ces outils.

Les activités proposées sur le réseau, par certains sites pédagogiques, présenteront d'autant plus d'intérêt qu'elles demanderont d'aller rechercher des données sur d'autres sites.

La communication. Selon RESCOL (Réseau scolaire canadien) : "Internet, parce qu'il permet une communication à la fois globale et immédiate, redonne aux étudiants l'occasion de redécouvrir le plaisir de l'écriture."

Les salons de bavardage (on dit aussi "les chats"). RW: le texto et le langage texto (ex. mdr). Les forums de discussion. Le courriel.

Projets d'écriture collective, soit en temps réel, soit en différé. La publication : selon Guédon (1997) "la Toile démocratise la possibilité de publier à un degré qui n'aurait jamais pu être envisagé dans le monde de l'imprimé".

Exemple du roman collectif international L'immeuble rue Lamarck, dont on peut lire les objectifs et les résultats sur la page "Un exemple de réalisation pédagogique sur internet : Création d'un roman collectif international". (L'article de Mangenot parle de ce projet et donne un lien vers la même page.)

Intégration des TIC dans l'enseignement. R. Bibeau (1998), du Ministère de l'éducation du Québec : "on ne devrait pas avoir pour projet d'intégrer les technologies de l'information à l'école, mais plutôt de transformer la pratique pédagogique de l'école."

Pour que l'intégration ait lieu, il faut, d'une part que les enseignants acceptent de "remettre en question leurs croyances pédagogiques" (professeur comme unique source de savoirs, pratique de la classe organisée autour de la parole du maître), d'autre part que "les gestionnaires soient disposés à apporter des changements structurels dans le milieu de travail des enseignants qui ont pris la voie du renouveau" (Haymore et al., 1997). Ce dernier point est particulièrement important en ce qui concerne l'utilisation d'Internet dans le système éducatif : il semble en effet difficile d'utiliser ces nouvelles ressources sans envisager le moindre changement des "conditions d'organisation spatiale et temporelle de l'enseignement" (Liautard, 1997).

D. Barr, ICT - Integrating Computers in Teaching

Section consacrée au "CALL" (pp. 32-37) = "Computer-Assisted Language Learning". C'est un sigle connu en anglais, compris aussi en français, qui n'a pas de sigle unique généralement accepté quoiqu'on l'appelle assez souvent "ELAO".

Technologies légères, technologies lourdes

Plus une technologie est banale et moins elle accapare la conscience de l'usager, plus elle est "légère" ; exemples de la Toile et du courriel d'Internet et du téléphone (quand il est performant – cf. plus loin). Plus une technologie accapare l'attention de l'usager et plus elle présente des difficultés techniques, plus elle est "lourde" ; exemples des clips audio ou vidéo s'il faut installer le bon utilitaire ou si on n'a pas une connexion à haut débit à Internet ; exemple des connexions P2P ou "poste-à-poste" / "pair-à-pair" (transfert généralement lent quel que soit le débit de la connexion) ; exemples des didacticiels sur CD-Rom (qui peuvent coûter cher et exigent d'être correctement et efficacement installés dans un lieu fixe, le laboratoire) ; exemple du téléphone portable si la connexion se perd souvent à cause de piles à recharger ou de zones mortes (qui ne reçoivent pas de signal). On peut dire que plus un logiciel est payant plus il est lourd ; les logiciels gratuits (gratuiciels) occupent bien moins de place sur le disque dur que les logiciels payants et sont souvent plus rapides à exécuter.