Martine Eisenbeis, "Les schémas réparateurs entre interaction et interactivité - À propos de l'apprentissage collaboratif en binôme autour d'un didacticiel de compréhension orale" (ALSIC, juin 2003)

=> RW. Toujours la faute "compréhension orale" ; il faudrait dire compréhension de l'oral (cf. l'article de Poussard ci-dessous) ou compréhension auditive.

Phrases et notions clés, plus commentaires de RW

• "activité en binôme" = jargon pour 'activité à deux' (RW)

• "Au fil des années et selon les institutions, le recours à ce que l'on a nommé "nouvelles technologies" devient de moins en moins nouveau et les supports multimédia sont maintenant intégrés à des dispositifs d'apprentissage des langues, désormais comparables aux supports dits traditionnels."
  => RW. Opposition 'nouveau' / 'traditionnel'.
• "en comparant ce type de travail assisté par ordinateur avec la situation du groupe-classe traditionnel"
  => RW. Opposition 'ordinateur' / 'groupe-classe'. Le travail à deux sur ordinateur justifie l'existence du laboratoire de langues informatique, puisque la salle de classe favorise le travail en groupe-classe et que le travail sur ordiniteur fait à la maison favorise le travail individuel.
• "schéma producteur" vs. "schéma réparateur" = production vs. réparation (correction)

• Eisenbach parle des "phatiques" ("Dans le même registre, nous avons également repéré de nombreux feedback positifs (tels que "ouais") sur le contenu du reportage, qui ressemblent fortement à des phatiques qui auraient pour fonction d'encourager l'autre à continuer, comme dans la communication authentique, alors que dans la classe de langue, le feedback positif met souvent fin à l'échange en cours.")
  => RW. C'est une référence aux fonctions du langage définies d'abord par Roman Jakobson dans ses Essais de linguistique générale (1963). Jakobson, et ceux qui l'ont suivi, définit six fonctions en termes des différents aspects de la communication:

  		Contexte (fonction référentielle)
  Destinateur (fonction expressive)	=>	Message (fonction poétique)	=>	Destinataire (fonction conative ou incitative)
  		Contact (fonction phatique)
  		Code (fonction métalinguistique)

  Exemples:
    Fonction expressive (destinateur) : interjections (Mince! ce n'est pas ce que je voulais dire.)
    Fonction référentielle (contexte) : contenu objectif de la communication
    Fonction poétique (message) : jeux de mots, effets de style divers
    Fonction phatique (contact) : vérification de la communication (Allo, tu m'entends?)
    Fonction métalinguistique (code) : commentaire sur la langue de la communication (Qu'est-ce que tu veux dire par métalinguistique?)
    Fonction incitative (destinataire) : injonctions (Tu feras ce que je te dis!)

• Parlant du travail à deux: "[les] phénomènes de réparations [...] font penser à un tâtonnement, à une co-construction - ou même à une reconstitution - de sens, à mi-chemin entre communication authentique et communication didactique"
• "démarche de construction de sens"

5.3.1. Réajustement par comparaison

• "«Comprendre, c'est construire du sens et non des formes linguistiques [...] Bien comprendre dépend de connaissances variées parmi lesquelles la connaissance des formes linguistiques ne figure pas seule» (GremmoHolec90: 40)."
  => RW. Notion-clé = "comprendre, c'est construire du sens".

• "nous pouvons réellement parler de collaboration, au sens où l'on a chez les apprenants «une intention commune et un processus commun de partage et de co-construction des connaissances» (Mangenot01b: 106)"
• "comme dans la communication authentique, on constate une focalisation des réparations sur le contenu du reportage dans les interactions entre apprenants"
• "situation de compréhension communicative"
  => RW. On peut dire que le dialogue oral entre deux apprenants qui cherchent collaborativement à découvrir le sens d'un texte oral ou écrit est une activité langagière orale beaucoup plus authentique (vrai dialogue motivé) que les simulations des groupes de conversation (ex. "achat" d'un billet de voyage, "réservation" d'une chambre d'hôtel).

Cécile Poussard, "Guider des stratégies de compréhension de l'oral en ALAO: le cas de l'inférence" (ALSIC, juin 2003)

Phrases et notions clés, plus commentaires

• "la recherche didactique et l'expérimentation pédagogique"
  => RW. Didactique (rapport de l'enseignant avec la matière à enseigner) vs. pédagogie (rapport de l'enseignant avec les apprenants)

  (Il s'agit, bien sûr, du triangle pédagogique.)

• "question de la transmission des connaissances indissociable de celle de leur construction"
  => RW. Transmission vs. construction.
• "surcharge cognitive"

• "L'inférence est une des stratégies à l'œuvre dans le processus de compréhension. C'est «une opération de raisonnement logique par laquelle, à partir d'un fait, d'une proposition..., on tire une conséquence» (Bailly98: 132)."
• "l'inférence s'appuie sur des liaisons, des associations, des comparaisons entre phénomènes, des procédures d'investigation et de vérification visant à étayer une hypothèse, de mise en perspective d'un donné, de tentative de généralisation" (id.) => mots-clés soulignés par nous (RW).
  => RW. Cf. l'exercice de compréhension en contexte, de construction de champs sémantiques, d'associations entre les mots, etc., à partir du texte "Le Plan d'action du Fraser" (notes de la semaine 8).
• "inférer c'est relever des indices, les comparer, les classer, en tirer des conclusions à comparer à d'autres hypothèses"
• "Le Gall (Legall94: 21) définit l'inférence comme une généralisation opérée à partir de l'observation de plusieurs faits concordants"
• "L'inférence [...] permet la construction, la reconstruction ou la compensation."

5. Conclusion

• Les opérations engagées dans un travail de compréhension de l'oral comprennent: "mobilisation des connaissances préalables, anticipation et discrimination auditive"
  => Cf. La reconstruction des textes "Faits Divers à l'Île de la Réunion" et "Le Carnaval en Guadeloupe" (exercice fait en classe dans le cours FRE 335). À noter qu'on peut retrouver ces deux textes (texte oral avec transcription) dans la French Audio Gazette at CHASS.
• "fonctionnalités informatiques: réécoute, pause, fragmentation, ralenti..."
  => RW. Il n'y a pas de différence fondamentale entre la pause, la fragmentation et le ralentit (cf. les pauses naturelles entre les groupes de sens et les pauses surajoutées lors de la didactisation du texte). Par sa nature, la pause fragmente et ralentit le texte. Ce ne sont pas non plus des fonctionnalités spécifiques à l'informatique puisqu'on peut faire la même chose avec un magnétophone. Il est vrai cependant que la fragmentation du texte est rendue plus facile par des éditeurs de son électroniques qu'avec les boutons d'un magnétophone (pré-édition soignée vs. édition immédiate approximative).

  => RW. Cf. l'effet Topaze.

  « Les deux dérives les plus courantes de l'enseignant :
  - l'effet "Topaze" ou l'abandon d'exigence. Son nom est inspiré de la célèbre pièce de Pagnol où le maître Topaze dicte "des moutonsssss" afin qu'un élève écrive correctement moutons. Cela consiste, pour le professeur, à simplifier progressivement son questionnement de telle sorte que l'objet de la connaissance finit par disparaître totalement ;
  - l'effet "Jourdain" ou le malentendu fondamental. Il s'agit d'une référence au Bourgeois Gentilhomme de Molière, où M. Jourdain fait de la prose sans le savoir. Cela consiste à identifier chez l'élève des connaissances savantes, là où il n'y a que des réponses banales. C'est une forme d'effet Topaze dans le sens où il y a désir du professeur d'identifier à tout prix une réussite ne correspondant pas à une connaissance réelle. »
  ("Didactique des mathématiques et réalités scolaires, un exemple : la division" par Jean VINCENT, Formateur, IUFM de Reims)