FRE 335S
Teaching and Learning French with New Technology
NOTES de D. Trott
du 25 septembre 2000
revues par R. Wooldridge
septembre 2004 et janvier 2007
L'informatique
et la pédagogie
"A teacher who can be replaced by a machine,
should be." |
INTRODUCTION
Une machine, peut-elle enseigner? Comment une machine nous aide-t-elle
à apprendre? Comment apprend-t-on? Quelle est la relation entre le
processus d'enseignement/apprentissage et l'électronique? Sur le
plan technique, on
"communique" avec un ordinateur (qui ne "parle" qu'en séries
de chiffres "0" et "1") par son système d'exploitation ("OS",
ou "SE"). Mais comment s'effectue l'interface de "la science de l'éducation"
(définition du mot pédagogie dans le Petit Larousse)
avec celle de l'informatique? Quelles sont les possibilités et les
limites de ce "mariage"? Cette leçon considérera de telles
questions sous les trois rubriques suivantes:
a) interface machines/enseignement |
b) limites de la combinaison |
c) images et pédagogie |
a) "Pédagogie et ordinateur, une mésalliance?"
Quelles sont les caractéristiques que la pédagogie et l'ordinateur
ont en commun? Les auteurs d'une étude, Parole d'ordinateur (Charles de Margerie et Arnaud Pelfrêne, Parole d'ordinateur: Informatique et pédagogie, Paris: Hatier-CREDIF, 1990),
examinent de façon critique les affirmations que l'ordinateur s'adapte
facilement à l'enseignement des langues, et que les faiblesses de
certaines applications ne reflètent que les insuffisances en programmation
de la part des enseignants. Pour évaluer cette hypothèse,
il s'agit d'identifier les points de contact où les ordinateurs
et les stratégies d'enseignement se touchent, pour voir la nature
de ces interactions et si elles sont efficaces.
Pédagogie
Selon la didacticienne, S. Guberman, les "bons" programmes
électroniques d'enseignement/apprentissage doivent remplir certaines
conditions. Il est donc important de penser à ces qualités:
"Far more than entertainment, meaningful software
leads to:
-
Pertinence
-
Text reconstruction activities
-
Guesses about language
-
Problem-solving endeavours
-
Guided writing
-
Comprehension-based retention
-
Simulation
-
Contextualized input
-
Thematic use of language
-
Creative writing
These features must be maximally exploited by knowledgeable
teachers prepared to integrate the computer as a new medium among other
tools needed to assist L2 learners." (Guberman, 38) [RW: bibliographical reference missing] |
Ordinateurs
Les ordinateurs peuvent répéter avec une "patience"
sans limite, et aussi, compter, classer, trier, calculer... vite. Comme
ce sont certaines des opérations de base de l'intelligence humaine,
on parle de plus en plus souvent de "l'intelligence" des machines. Nous
devons donc chercher à identifier les opérations mentales
des apprenants d'une langue, puis identifier les opérations qui
leur ressemblent le plus en informatique. L'ELAO (Enseignement des
Langues Assisté par Ordinateur) ne peut fonctionner de façon
efficace que si ces équivalences sont aussi ressemblantes que possible. |
Pour déterminer le rôle et l'efficacité du programme
en tant que stratégie d'enseignement/apprentissage, il faut s'interroger
sur son orientation et ses visées plus implicites. Est-ce que le
logiciel est tout simplement "amusant", ou bien, est-il "pensé"
plus sérieusement en tant que moyen pour arriver à certaines
fins pédagogiques?
«Demandons-nous plutôt quelles sont les opérations
qui nous sont familières et nécessaires lorsque nous cherchons
à apprendre. Quelque chose comme, on a besoin de COMPRENDRE certaines
notions, d'ACQUÉRIR des connaissances ou des méthodes, de
RENFORCER certains acquis, de S'INFORMER sur certaines questions, de CONCEVOIR
son travail, d'ANALYSER certains phénomènes, de GÉRER
ses tâches, de PRÉSENTER son oeuvre. Ce sont des opérations
évidentes et 'éternelles' de l'acte pédagogique. Jamais
l'ordinateur, aussi intelligent soit-il, ne les assumera à notre
place. En revanche, nous pensons qu'il peut y aider dans une mesure qui
reste à déterminer.» (Parole d'ordinateur, 17)
"...à considérer ce que l'on pourrait raisonnablement
en faire dans un avenir proche, on aboutit au tableau suivant":
OBJECTIF |
MOYEN PÉDAGOGIQUE |
RÉALISATION INFORMATIQUE |
|
|
-
enseignement programmé
-
exercice programmé
|
|
-
conceptualisation
-
expérimentation
|
-
programmation pédagogique
-
simulation pédagogique
|
|
-
information
-
production
-
organisation
-
analyse
|
-
base de données
-
aide à l'expression
-
aide à la gestion
-
aide au calcul
|
|
(Parole d'ordinateur, 18)
|
b)
Limites de l'interface : Il faut qualifier le tableau ci-dessus
et le mettre en contexte, car il représente un idéal qui
n'est qu'en train d'être pris en compte; les MOYENS de l'enseignement/apprentissage
sont toujours en train d'être débattus, et leur mise en application
par des RÉALISATIONS ne fait que commencer. En fait, beaucoup des
applications informatiques que nous utilisons pour l'enseignement/apprentissage
du français ont été conçues et développées
pour d'autres utilisations.
-
En tant que formes d'aide à l'expression, les traitements de textes
actuels ne sont pas conçus pour l'apprentissage du français
écrit.
-
L'interaction humaine (par la conversation) est plus complexe qu'une opération
purement mécanique: programmation et simulation pédagogiques
ne font que des approximations de l'échange qu'il peut y avoir entre
deux personnes.
-
Beaucoup d'enseignants se servent d'activités plus mécaniques
et balisées que créatrices et ouvertes.
c) L'image et la pédagogie.
L'image ne doit pas être seulement agréable
à regarder; elle doit aussi renforcer l'apprentissage..
«Une première question, concernant sa qualité
informative porte sur l'originalité de l'information véhiculée.
Loin de suivre au pied de la lettre le conseil, 'une image en dit plus
qu'un long discours', il faut se méfier de l'inflation visuelle
et se demander en quoi l'image se distingue des autres supports de l'information.
Aucune image ne peut exprimer une règle de grammaire. La densité
d'une formule mathématique (y=ax+b) dépasse largement le
graphe correspondant. Il faut également pouvoir évaluer l'ampleur
de l'information visible (montrée) et de l'information implicite
(induite). Certaines images graphiquement denses, mais peu chargées
d'implicite se révèlent pauvres en informations. Il importe
encore de vérifier en quoi l'information visuellement disponible
couvre l'information nécessaire. En d'autres termes, quel niveau
d'information une collection d'images permet-elle d'atteindre? Quelle complexité
autorise-t-elle?» (Parole d'ordinateur,19)
Exemple: l'utilisation des images de Paris dans le cours "La
Connexion Française" [R.W.: comme c'est souvent le cas avec la Toile dynamique, le lien donné en 2000 ne marche plus] du groupe "Eloquence" affilié à
Bridge Warden's College. La leçon de démonstration (chapitre
6) contient une section "The Sights of Paris" qui fait alterner les photos
autour d'un texte de base qui reste constant. La variété
en elle-même est enrichissante. Quand on voit des images comme les
suivantes à côté d'une description écrite des
principaux sites d'intérêt, il faut préciser la nature
du lien "image-texte":
|
=
|
"The Sights of Paris" |
Alors que le texte mentionne la rive droite, ce monument de la rive
gauche paraît immédiatement en-dessous. De même, à
côté du titre "Musée de l'Orangerie" (dans le jardin des Tuileries, rive droite) se trouve cette
photo du palais du Luxembourg qui en est assez éloigné (dans le jardin du Luxembourg, rive gauche):
|
≠
|
"La rive droite" |
« l'usage d'une image prégnante. (...) 'Il
ne suffit pas d'accumuler, il n'importe pas moins d'intensifier et surtout
de dramatiser, c'est-à-dire, d'électriser ce qu'on vient
de collecter' (F. Dragonet, 1984, p. 241).»