FRE 345H5
Teaching and Learning French Since the 1970s
Section LEC0101
2005-2006
Test 2 : La lecture (1)
Corrigé et commentaire
1. Identifiez le contenu des onze trous du paragraphe suivant extrait du texte "La baguette en péril"
a) en précisant la forme du mot qui manque (nom, verbe, participe passé, adjectif, article, préposition ; masculin/féminin, singulier/pluriel s'ils sont marqués)
b) en donnant le mot lui-même ou, si cela n'est pas possible, son sens.
(Exemple : 12. adjectif au pluriel du masculin ; mot = noirs)
Numérotez vos réponses de 1 à 11, dans l'ordre du texte. (55 points)
1. Le contexte global
Nous avons déjà lu le début de ce texte:
La baguette en péril (par Michel Arsenault, L'actualité, février 1996)
Les meuniers français sont en colère: l'industrie du pain surgelé grignote leur marché traditionnel. Bientôt, craignent-ils, la baguette aura disparu.
Après avoir jeté leur béret et réduit leur consommation de vin, voici que les Français mangent de moins en moins de baguette. Ils n'avalent plus, par personne et par jour, que 160 g de pain, soit un peu plus d'une demi-baguette. La baisse est radicale: ils en mangeaient trois fois plus à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et presque six fois plus au début du siècle!
Il s'agit donc de la consommation diminuante du pain en France (le titre utilise le mot baguette, symbole avec le béret et le vin de la France traditionnelle, pour attirer l'oeil du lecteur).
2. Le paragraphe à trous
Les meuniers se sont _____ du travail de leurs _____ autrichiens: ces derniers ont _____, après 10 ans de _____ auprès des enfants, à _____ la consommation annuelle de _____ de plus de huit _____ par personne. [...] « Déjà, dit _____ Mouchard, un gamin de _____ ans a mangé autant _____ sucre que son grand-père _____ 77 ans! »
Les meuniers français sont en colère car leurs clients ne mangent pas assez de pain, alors que les meuniers autrichiens auraient fait un certain travail corrigeant une situation analogue en Autriche. Logiquement, les meuniers français se seraient servis de cet exemple pour améliorer la situation en France.
3. Les trous remplis
Les meuniers se sont inspirés du travail de leurs camarades autrichiens: ces derniers ont réussi, après 10 ans de publicité auprès des enfants, à augmenter la consommation annuelle de pain de plus de huit kilos par personne. [...] « Déjà, dit Jacques Mouchard, un gamin de sept ans a mangé autant de sucre que son grand-père de 77 ans! »
4. Analyse des trous et de leur contenu (c'est le corrigé de la question posée dans le test)
1. participe passé au pluriel du masculin (formant, avec se sont, un passé composé ; accord avec le sujet les meuniers) ; mot = inspirés
2. nom masculin (cf. l'adjectif autrichiens) au pluriel (cf. leurs... autrichiens) ; mot = camarades (on pourrait y mettre aussi collègues ou confrères ou homologues)
3. participe passé (formant, avec ont, un passé composé) ; mot = réussi
4. nom (commençant par une consonne après de; le genre et le nombre ne sont pas marqués) ; mot = publicité (mot plus juste que propagande ou campagnes ; efforts est exclu à cause de de)
5. verbe à l'infinitif (réussir à faire qch) ; mot = augmenter (la logique l'exige)
6. nom (la consommation de qch; le genre et le nombre ne sont pas marqués) ; mot = pain (seule réponse logique)
7. nom au pluriel (huit...) ; mot = kilos (on pourrait y mettre kilogrammes, mais personne n'emploie cette forme ; pour cent = deux mots)
8. nom de titre masculin singulier ou prénom ; mot = Jacques ou, sans un contexte plus large, n'importe quel prénom (il serait également possible d'y mettre monsieur ou M. ; à noter que des titres comme docteur ou professeur sont exclus puisqu'on dit le docteur, le professeur)
9. adjectif numéral cardinal (devant ans) ; mot = sept (c'est le mot le plus logique à cause du soixante-dix-sept de la comparaison enfant/vieux)
10. préposition ; mot = de (autant ___ sucre)
11. préposition ; mot = de (grand-père ___ 77 ans)
5. Leçons à tirer
a) Un vrai test cloze (suppression d'un mot sur cinq) exige un niveau-seuil de compétence linguistique (et extralinguistique) assez élevé.
b) Une certaine connaissance du texte et du contexte global aide avec le remplissage des trous et est vraisemblablement nécessaire à moins que le niveau de compétence soit très haut.
c) Si le niveau de compétence est élémentaire ou intermédiaire, un texte cloze qui ne supprime que certains noms, verbes ou adjectifs, comme le texte sur la "Dégustation de fruits" du site saskatchewanais (cf. la feuille distribuée en classe), est plus approprié pour un travail avec les élèves.
2. Répondez brièvement à TROIS des questions suivantes.
2a. Dans le contexte des méthodes des quelques dernières décennies, décrivez par ordre chronologique trois types de textes (à ne pas confondre avec manuels) utilisés dans l'enseignement d'une langue seconde. (15 points)
Dans la vieille méthode traductive, ou méthode dite traditionnelle, les textes étaient à traduire (L1 -> L2 ou L2 -> L1) et étaient souvent des extraits littéraires ou quasi-littéraires. Dans les méthodes audio-linguale et audio-visuelle, les textes étaient créés par l'auteur ou le professeur du cours pour contenir une synthèse des différents points de grammaire et de vocabulaire de l'unité que l'on venait de faire ; ils servaient aussi d'exercice de lecture à haute voix (prononciation, intonation, etc.). Dans la méthode communicative, on utilise surtout des textes authentiques : contes de fées, articles de journaux, etc. (Cf, CC ch. 1)
2b. Dans une dictée l'apprenant peut faire essentiellement deux types de fautes. Décrivez les deux types de fautes en donnant deux exemples de chacun (exemples français, s'il vous plaît!) et en expliquant lequel des deux types est le plus grave. (15 points)
La faute la moins grave consiste à écrire quelque chose qui correspond phonétiquement au texte oral mais qui est fautif sur le plan de l'orthographe ou de la grammaire écrite. Exemples : se programme au lieu de ce programme ; les étudiante au lieu de les étudiantes.
Une faute plus grave consiste à écrire quelque chose qui ne correspond pas phonétiquement au texte oral et qui, en fait, représente une faute de compréhension. Exemples : l'ami au lieu de l'ennemi ; elle perd au lieu de elle part. (Cf. RW notes de la semaine 6, 3e partie)
2c. Expliquez la différence entre le balayage, l'écrémage et la lecture critique, en donnant pour chacun un exemple d'une situation caractéristique et d'un genre de texte caractéristique (métro, bibliothèque, salle de classe, cours, loisir, étude, livre, journal, magazine, article, extrait...). (15 points)
Le balayage et l'écrémage sont deux types de lecture rapide, mais quand on balaie un texte on cherche quelque chose que l'on s'attend à y trouver, alors que quand on l'écrème on veut apprendre l'essentiel de son contenu. La lecture critique s'oppose aux deux autres, puisqu'elle demande une lecture, voire une relecture, plus lente et totale du texte. Des situations caractéristiques de chaque type de lecture seraient : le balisage de l'annonce d'une conférence publique pour en savoir le lieu ou la date et l'heure, le balisage d'un programme de télévision pour savoir la chaîne, le jour, l'heure de diffusion d'une émission ; l'écrémage d'un journal ou d'un magazine dans le métro ; la lecture critique d'un article dont on va faire un résumé dans une présentation orale. (Cf. CC ch. 4, p. 40)
2d. Expliquez l'idée d'un niveau-seuil nécessaire pour une lecture efficace. (15 points)
Dans les programmes d'immersion, on parle d'un niveau-seuil (ou niveau minimal) de la maîtrise de la L1 nécessaire pour aborder de façon efficace une L2. Ce niveau-seuil concerne essentiellement la langue orale. Du côté de la langue écrite, la maîtrise de la bonne lecture en L2 (et c'est vrai aussi de la lecture en L1) demanderait une compétence linguistique minimale, ou niveau-seuil, en grammaire (connaissance des principales règles) et vocabulaire (vocabulaire suffisamment étendu et connaissance de la formation des mots ou procédés de dérivation). On pourrait ajouter une compétence macro-textuelle (interprétation des titres, images, etc.) et, bien entendu, une confiance suffisante pour aborder le code écrit. (Cf. CC ch. 5, p. 49)