FRE 480Y Translation: French to English

2003-2004


  • HT7. Translate the beginning from "Genevoise d’adoption depuis octobre dernier..." to "... parce qu’il commence à faire frais." -> Translation
  • CT13. Translate the rest of the first part, from "- Comment avez-vous été choisie pour présider le jury..." to ".. Cette fois, I’m back! Le désir est revenu et je vais mettre la gomme." -> Translation
  • CT14. Translate the last two sections, from "Promis, j’irai donner du pain aux cygnes..." to "... C’est pareil pour chaque être humain."
  • Nota: Traduisez comme si vous étiez le 13 mai 1997.

    Cartes sur table

    (Interview avec Isabelle Adjani, La Tribune de Genève, 13 mai 1997)

    Première dame, Isabelle Adjani ouvre le 50e Festival de Cannes

    Genevoise d’adoption depuis octobre dernier, la belle actrice évoque son rôle de présidente du jury, son métier, ses envies. Deux ans de réflexion ont dopé la belle Isabelle. « Attention, I’m back! Et je vais mettre la gomme. »
         Désignée entre toutes les comédiennes pour présider le jury du 50e Festival de Cannes, Isabelle Adjani donne aujourd’hui le coup d’envoi du rendez-vous cinématographique le plus couru de la planète.
          Avant sa plongée dans l’"enfer" de la Croisette, nous avons rencontré la "première dame" à Genève. Mince et fine, simplement vêtue d’un tailleur pantalon noir, elle n’a pas le moindre soupçon de maquillage sur son visage d’une rondeur presque enfantine. Pas de brushing, aucun bijou. Ravissante, désarmante de naturel, elle est absolument adorable. Volontaire, courageuse et responsable, elle se dit aussi calme et fougueuse, tendre et rêveuse. Une manière d’échapper aux convenances. « J’ai un petit côté école buissonnière ».
          Se considère-t-elle comme une star? « J’ai conscience que les gens ont conscience que je le suis, donc je fais comme si je l’étais. Mais cela ne m’empêche pas de rester moi-même ». Impossible d’en douter en papotant avec elle à une terrasse de restaurant, où le soleil la force à mettre ses lunettes noires. « Ce n’est pas pour vous snober », prévient-elle en riant. Elle ne tarde pas à les enlever, révélant ses yeux incroyablement bleus. Pleine d’humour, elle plaisante, s’amuse à prendre tour à tour un ton solennel et moqueur, tout en parlant avec sérieux de sa tâche de présidente, de son métier, de ses envies. Il lui arrive de ponctuer certaines déclarations en tapant de petits coups sous la table. Superstitieuse? « Peut-être. Il y a aussi le sel. Chez moi, c’est le bois et le sel », remarque-t-elle en tirant sur les manches de son pull, se cachant les mains parce qu’il commence à faire frais.

    - Comment avez-vous été choisie pour présider le jury cannois et quelle a été votre réaction?
    - Aujourd’hui, évidemment, je suis ravie. Pourtant au départ, j’ai eu du mal à me décider. Gilles Jacob, le délégué général du festival, m’en avait parlé à deux ou trois reprises ces dernières années. Là, il m’a donné un coup de fil en me disant qu’il voulait à la fois une femme, une Française et une actrice dans le cours de sa carrière. Pas quelqu’un à qui on rendrait hommage. A ce moment-là, je ne me sentais pas très à l’aise. Je n’ai pas sauté de joie, en répondant oui bien sûr, tout de suite, c’est génial. C’est une élection qui ne passe pas par un examen, par une compétition. Et tout honneur qui me tombe comme ça du ciel, sans récompenser un travail, me paraît un peu volé. J’ai donc essayé de vendre quelqu’un d’autre à Gilles, parce que je n’arrivais pas à justifier ce choix. Mais il a réussi à me convaincre en m’assurant que je n’avais rien à justifier. Alors, j’ai fini par m’incliner.
    - C’est une importante responsabilité, surtout en cette année anniversaire. De quelle manière envisagez-vous ce grand rôle? Avec trac?
    - Non, pas vraiment. Présidente, c’est simplement un titre dont apparemment on me juge digne. Mais je n’ai pas l’intention de tout porter sur mes épaules. Nous serons dix. En fait, je vais découvrir en quoi cette charge consiste. Je n’ai mis au point aucune stratégie, même pas théorique. J’organiserai juste l’agenda. Je suis douée pour ce genre de choses quand elles me plaisent. J’aime les réunions, les huis clos où on débat. J’ai une véritable prédilection pour le travail de table.
    - Cannes n’est pas votre lieu favori. Vous étiez même assez contente que Diaboliques n’y soit pas l’an dernier.
    - C’est juste. Mais présenter un film, ou être présidente du jury, cela n’a rien à voir. Dans le premier cas, il y a cette attente et ce suspense dramatiques qui vous mettent à la merci des gens. C’est dur d’être traquée. Là, ce sera complètement différent. Je ferai de la représentation, avec deux ou trois soirées, dont je n’espère rien en tant qu’actrice. Mon premier festival calme en somme. Douze jours tranquilles. En même temps, tout est possible, tout peut arriver.
    - Que vous le vouliez ou non, vous serez le point de mire de la faune festivalière, si on considère que le festival constitue la deuxième manifestation la plus médiatique après les Jeux olympiques.
    - Ecoutez, si vous tenez absolument à me décourager, allez-y, dites-le! (grand sourire). De toute façon, comme je n’aurai pas le droit de parler, je passerai au travers. Devoir oblige.
    - Vous évoquiez tout à l’heure votre hésitation à répondre à Gilles Jacob. Vous montrez-vous toujours aussi scrupuleuse?
    - C’est effectivement pareil pour chacune de mes décisions. Notamment dans le cinéma. Faire un film est un acte de courage. Prendre en charge le psychisme, l’émotion d’un être fictif ou réel pose toujours problème. Dans la mesure où je tourne peu, chaque acceptation exige que cela résonne en moi. Si je ne parviens pas à faire alliance avec le personnage, le mariage ne peut pas fonctionner. Par ailleurs, ce que je m’engage à faire n’est pas forcément ce que l’on verra à l’écran. Au final, metteur en scène et producteur sont les maîtres d’oeuvre, pas les acteurs. Est-ce que je pourrai supporter le regard, les questions de ceux qui n’ont pas aimé telle ou telle scène à la sortie du film? C’est pour cela que je préfère me lancer avec des gens que je connais. Je suis favorable aux familles.
    - Outre l’adéquation entre le personnage et vous, qu’est-ce qui vous pousse à refuser ou accepter un rôle?
    - Je suis également sensible à l’écriture. Elle est capitale et je crois savoir l’apprécier. Je lis pas mal. Le producteur est aussi essentiel pour moi. Il doit accompagner, être présent. On est responsable de l’histoire qu’on raconte.
    - Ce sont ces exigences professionnelles qui vous amènent à paraître trop rarement à l’écran?
    - Pas seulement. Je suis sévère par rapport à mon métier, mais ces dernières années la vie a pris le dessus. Du coup, le reste ne m’apparaissait pas très important. J’ai beaucoup réfléchi, j’ai laissé du temps passer dans une relation qui, par choix, m’a mise hors circuit. Cette fois, I’m back! Le désir est revenu et je vais mettre la gomme.

    Promis, j’irai donner du pain aux cygnes

    Notre Genevoise d’adoption aime sa nouvelle ville, où elle réside dans le mesure du possible. « Je voyage beaucoup, mais quand je viens ici, je suis bien. Avec ce lac, toute cette eau, je trouve Genève estivale. Elle ressemble à une ville de vacances. Il y a une tranquillité, une douceur que j’apprécie énormément. » Lorsqu’elle ne travaille pas, elle aime par-dessus tout ne pas avoir de contrainte, d’obligation, s’occuper de son fils, rendre heureux les gens qu’elle aime. « Ma fibre maternelle. »
          Isabelle Adjani se promène volontiers. Elle trouve les gens très gentils et apprécie leur discrétion. « Ils me font des sourires, me parlent du temps, de la vie. Je me rends aussi autant que je peux à la campagne, du côté de Lausanne, chez des amis. Ou à la montagne. »
          Elle fréquente quelques restaurants, va parfois au cinéma. Un de ses derniers films préférés, c’est Breaking the Waves. « J’aurais pu jouer le rôle d’Emily Watson. » Et, c’est « promis, juré », dès qu’elle aura le temps, elle ira donner du pain aux cygnes sur les quais. Même si ces grands palmipèdes l’effraient un peu.

    Je vais m’atteler à un immense chantier du genre Camille Claudel

    - Vous avez donc des tas de projets?
    - Oui, je déborde d’énergie. Il y aura d’abord un film d’époque, en anglais, pour cet automne et, au printemps prochain, Passionnément de Bruno Nuytten avec Gérard Depardieu, qui raconte l’histoire d’un couple moderne et tragique. L’action est située dans le sud de la France. Et puis surtout, on m’a apporté un livre miraculeux. Il s’agit de l’autobiographie d’une jeune Hollandaise, un peu plus âgée qu’Anne Franck, morte en déportation. Et, comme pour Camille Claudel, il y a une oeuvre à faire.
    - Truffaut avait dit de vous: elle est faite pour l’Amérique. La France est trop petite pour elle. Qu’en pensez-vous aujourd’hui?
    - Il me reste à lui donner raison en tournant de beaux films en langue anglaise pour justifier sa déclaration. Cela n’exclut naturellement pas les cinéastes français. Il y a Besson, un bon souvenir, Téchiné, Doillon ou Blier que j’aime et Chéreau que j’adore.
    - Histoire d’Adèle H et Camille Claudel vous ont valu deux nominations pour l’Oscar du meilleur rôle féminin. Est-ce frustrant de passer deux fois à côté?
    - Non, Un film en français ne donne aucune chance de gagner à Hollywood. C’est déjà extroardinaire d’avoir été sélectionnée. Surtout pour Camille Claudel. Moins en ce qui concerne Adèle H. J’étais un bébé. Mais tenez, je vais me montrer vaniteuse. J’ai bien l’intention de l’obtenir, cet Oscar!
    - Et comment avez-vous accueilli celui décroché par Juliette Binoche pour son second rôle dans Le patient anglais?
    - L’ensemble de la profession française s’en réjouit pour elle. Et moi avec.
    - On vous prétend terriblement discrète. Est-ce un trait de votre caractère ou aimez-vous cultiver le secret?
    - Je ne cultive pas grand-chose. On ne peut pas imposer quoi que ce soit. J’essaie d’aimer la vie, d’y croire, d’être ancrée, de ne pas trébucher sur les pièges du métier, de ne pas céder à des artifices. Mais quand on vit ou qu’on a vécu avec quelqu’un de célèbre, ou qu’on l’est soi-même, il n’est plus possible de garder le mystère. Une discrétion excessive fait aussi que n’importe qui se met à raconter n’importe quoi sur vous. Avoir du recul c’est bien, trop de distance, non, si cela signifie éloignement ou coupure. Disons que je reste dans une certaine réserve.
    - Vous parlez de tout cela avec beaucoup de sérénité.
    - C’est que je suis devenue sereine, à force, assez orientale. La vérité, l’authenticité finissent toujours par triompher. Je crois que la loi de l’univers est lumineuse même si aujourd’hui le monde bute sur les ténèbres. C’est pareil pour chaque être humain.


    Translation of HT7

    Genevan by adoption since last October, the beautiful actress talks about [1] her role as Jury President, her work (/job /profession), her desires. Two years of reflection have recharged her batteries [2] (/energized the beautiful Isabelle). "Look out, I'm back! And I'm going to step on the gas."
          Chosen over all other (/from amongst all the) actresses to preside over the jury of the 50th Cannes Festival, Isabelle Adjani today opens the world's most popular gathering in the movie industry calendar [3].
          Before her plunge into the "hell" (/maelstrom) of (/that is) the Croisette [4], we met the "First Lady" in Geneva. Slim (/Slender) and delicate, simply dressed in a black pantsuit, she does not have a trace (/the slightest hint) of make-up on her almost childishly round face [5]. No hairdo (/No blow-dry) [6], and no jewellery. Ravishing (/Stunning), disarmingly natural [7], she is absolutely adorable. Determined (/Headstrong), courageous and responsible, she claims also to be calm and impetuous, tender (/loving) and a dreamer (/dreamy). ((It is)) a way of not being a slave to convention (/escaping the social conventions). "There's a part of me that likes to play hooky. [8]"
          Does she consider herself a star? "I'm conscious that people are aware that I am, so I behave (/act) as if I were one (/was). But that doesn't stop me from being (/remaining) myself." It is impossible to doubt it while chatting with her on (/at) a restaurant terrace, where the sun forces (/obliges) her to wear (/put on) dark glasses. "I don't mean to be rude (/It's not to snub you), [9]" she comments, laughing. It is not long before she takes them off [10], revealing her incredibly blue eyes. Full of fun (/good humour), she makes jokes (/jokes around) and enjoys herself (/has fun) being by turn solemn and teasing (/mocking), while talking seriously about her job as President, her work (/profession), her desires. Occasionally (/Sometimes) she punctuates (/emphasizes) [11] her assertions by tapping lightly under the table. Is she superstitious? "Maybe (/Perhaps). Then there's salt. With me [12], it's salt and wood," she comments, pulling down (/giving a tug on) the sleeves of her sweater and hiding her hands because it is starting to get chilly [13].

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    Note 1. évoque : sens particulier "talks about".
    Note 2. a) dopé : sens figuré à connotation positive ; b) la belle Isabelle : sémantisme redondant, puisqu'on sait déjà qu'il s'agit d'Isabelle Adjani (titre) et qu'elle est belle (première phrase) ; la fonction du syntagme nominal est purement syntaxique : il faut un complément d'objet au verbe (ont dopé) et un complément nominal est stylistiquement plus satisfaisant (rythme de la phrase) qu'un complément pronominal (l'ont dopée).
    Note 3. donne aujourd'hui le coup d'envoi du rendez-vous cinématographique le plus couru de la planète : a) la traduction de ce prédicat nécessite de transposer, de moduler, de trouver une expression idiomatique équivalente ; b) cinématographique: mot savant courant en français, technique en anglais.
    Note 4. On trouve le sens de la Croisette dans le Web. À noter que le concept de "la Croisette" n'est pas vraiment plus précis pour un Français que pour un Canadien ; savoir – le contexte suffit – que la Croisette est un lieu clé du Festival de Cannes, c'est tout ce qui est nécessaire pour donner à la Croisette son sens cinématographique essentiel.
    Note 5. d'une rondeur enfantine : syntaxe à rendre en anglais par transposition.
    Note 6. brushing : emprunt formel à l'anglais avec sens spécifique au français.
    Note 7. désarmante de naturel : naturel est un nom qu'il faut transposer en anglais.
    Note 8. un petit côté école buissonnière : école buissonnière fonctionne comme adjectif.
    Note 9. snober : cf. brushing (note 6).
    Note 10. ne tarde pas à les enlever : traduction par chassé-croisé.
    Note 11. il lui arrive de : tour de présentation qu'il faut transposer (mise en relief par syntaxe en français, par accentuation orale en anglais).
    Note 12. chez moi : le sens, et donc la traduction, du mot chez dépend du contexte.
    Note 13. frais : connotation négative.


    Translation of CT13

    How were you chosen to preside (/as President of) the Cannes jury and what was your reaction?
    Today, obviously, I'm delighted. Yet to start with it was difficult to decide. Gilles Jacob, the Festival President, had spoken to me about it a couple of times over the past few years. Then he gave me a call saying he wanted a woman, a Frenchwoman, and a working actress. Not someone to pay homage to. At the time I didn't feel very comfortable. I didn't jump for joy, replying Yes, of course, no problem, it's great. It's a selection which doesn't involve an exam or a competition. And any honour which falls like that into my lap, without it's being a reward for a particular accomplishment, seems like a bit of a cheat. So I tried to sell Gilles on someone else, because I couldn't justify his choice. But he managed to convince me by assuring me I had nothing to justify. So in the end I accepted.
    It's an important responsibility, especially in a jubilee year. How do you see your role? Are you nervous?
    No, not really. President is simply a title I'm apparently judged worthy of. But I don't have any intention of carrying everything on my shoulders. There'll be ten of us. In fact, I'm going to find out what the job entails. I haven't thought out any strategy, even in theory. I'll just organize the agenda. I'm good at that sort of thing when it appeals to me. I like meetings and closed-door discussions. I'm particularly partial to (/I've got a real thing about) round-table sessions.
    Cannes isn't your favourite place. You were even happy that Diabolique wasn't selected (/didn't make it) last year.
    That's true. But showing a film isn't the same thing as being a jury president. In the first instance there's that dramatic expectancy and suspense which put you at the mercy of others. It's hard to be hounded. But in this case it'll be entirely different. I'll put in a few official appearances, including two or three evening galas, from which I don't expect anything as an actress. My first quiet festival, in fact. Twelve peaceful days. At the same time, anything is possible, anything can happen.
    Whether you like it or not, you'll be the focus of festival-goers, if you consider that the festival is the second most mediatized event after the Olympic Games.
    Listen, if you absolutely insist on discouraging me, go ahead, say it! (big smile). In any case, since I won't have the right to speak, I won't have to deal with it. Duty first.
    You were talking earlier about your hesitation in replying to Gilles Jacob. Do you always have such scruples?
    It's effectively the same with all my decisions. Especially in film (/the cinema). Making a film is an act of courage. Assuming the way of thinking and the emotions of a fictional or real character is always a problem. In that I make few films, each role I accept means it must resonate with me. If I don't manage to ally myself with the character, the union can't work. Besides, what I take on isn't necessarily what you'll see on the screen. In the end, the director and the producer are in charge, not the actors. Will I be able to bear the looks and the questions of those who haven't liked such and such a scene when the film is released? That's why I prefer to work with people I know. I'm in favour of families.
    Besides the match between the character and you, what makes you turn down or accept a role?
    I'm also sensitive to writing. Writing is of paramount importance and I think I'm able to judge it. I read a lot. The producer is also essential for me. He has to go along with you, to be there. You're responsible for the story you're telling.
    Are these professional demands what lead you to make only rare screen appearances?
    Not just that. I'm strict in professional matters, but these last few years life has taken over. So that the rest didn't seem very important. I've thought a lot, I've spent time in a relationship which, by choice, put me out of things (/out of the loop). This time, I'm back. The desire has returned and I'm going to step on the gas.

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