FRE 480Y Translation: French to English

2003-2004


  • Test 1. Translate the title and the first four paragraphs (from "Pièce à vivre... " to "dégagé du regard des autres.").
    Nota : par endroits, le ton est assez familier ou personnel, donc en tenir compte en traduisant "chacun a son mot à dire" ou "on".

    La renaissance de la salle de bains

    (Véronique Cauhapé, Le Monde, 3 octobre 2003)

    "Pièce à vivre", "espace intime", "sas de décompression". Question salle de bains, chacun a son mot à dire. Des idées et des ambitions, réalisables ou pas, à défendre. Le consommateur se prend au jeu, dopé par un éventail, toujours plus large, de propositions.

    Certaines privilégient les rondeurs, les formes joufflues et enveloppantes. D'autres, les lignes carrées, à angles droits, presque strictes. Certaines font éclater la couleur et la fantaisie tandis que d'autres se dépouillent à l'excès, tendance "japonisante". La salle de bains, comme les autres pièces de la maison, a désormais le choix de sa décoration et de son style. Une victoire acquise de haute lutte.

    Longtemps soumise au carcan hygiéniste que lui avait conféré le XIXe siècle, la salle de bains a fini par s'émanciper de sa froideur. Timidement d'abord (introduction de carrelage à motifs, d'accessoires plus décoratifs, de formes nouvelles), puis franchement, grâce aux mutations d'une société de plus en plus avide de bien-être, de détente et de volupté. L'aspect clinique s'est éclipsé au profit d'une ambiance que l'on choisit. Et dans laquelle on cherche, avant tout, à se sentir bien.

    La salle de bains fait rêver. Elle est au cœur des préoccupations. Et des besoins. "Elle est l'endroit où l'on peut se libérer des contraintes familiales, se ressourcer, échapper au temps et aux tensions", remarque Annie Ziliani, de la société d'études Novale Next. Le lieu où l'on se retrouve face à soi-même et à sa nudité, dégagé du regard des autres.

    Les industriels ont su saisir cette opportunité et n'hésitent plus à faire appel aux créateurs en vue. Antonio Citterio, Sebastian Conran, Norman Foster, Stefano Giovannoni, Marc Newson, Andrée Putman, Jacques Garcia, Philippe Starck... se sont ainsi tous pliés, avec bonheur, à cet exercice. Pour des salles de bains au sommet de l'élégance et de la grâce.

    UNE BULLE DE RECONSTRUCTION

    Pour n'en citer que quelques-uns, "Il bagno Alessi", la collection de Giovannoni, chez Alessi, apparaît comme un modèle du genre, un aménagement où la salle de bains est conçue comme une "maison dans la maison" avec, entre autres, un lavabo monobloc, en forme de tambour, et une baignoire îlot, aux lignes rondes et douces. Le tout agrémenté d'une robinetterie qui s'inspire du tuyau, en rupture avec le minimalisme.

    La ligne de Marc Newson pour Ideal Standard repose sur une cuvette ronde, en contraste avec sa base (large et anguleuse) qui donne l'impression d'avoir été taillée dans un bloc de marbre. Le designer australien s'est inspiré des choses qui l'entourent et de la culture contemporaine. Pour sa baignoire, d'une "simple barre de chocolat".

    Au cœur de cet aménagement, l'eau est reine. Elément de vie, de naissance et de renaissance, elle apparaît comme source absolue de plaisir, de retour originel à la nature. En rideau de pluie, en bain d'immersion pour le repos, en jets revitalisants, elle prodigue ses bienfaits à travers des produits qui, tour à tour, s'effacent (transparence, pureté des lignes, dimensions et dispositifs réduits) et enveloppent, comme le ventre maternel.

    Avec ses cabines de douche à jets, son jacuzzi, ses hammam ou sauna, ses effets de lumières et de senteurs mêlées (aromachromatie), ses brumisations, ses textures étranges (crèmes, gels, mais aussi objets en résines plus tièdes, plus molles et plus douces que la céramique ou le carrelage), la salle de bains est devenue "une bulle de reconstruction", remarque Annie Ziliani, "où l'on préserve son capital santé, où l'on revitalise le corps, donc l'esprit", analyse-t-elle.

    Là où les autres pièces de la maison s'ouvrent (avec disparition progressive des cloisons et des portes) pour favoriser le passage et permettre les échanges, la salle de bains se referme sur elle-même pour offrir un lieu d'isolement - voire de solitude. Cocon, boudoir, elle est le seul espace intime, à soi et pour soi.

    Face à ces nouvelles attentes, les propositions pleuvent. Fabricants et créateurs tentent de répondre à la demande. Et, parfois, de la précéder. L'une des expériences les plus innovantes, en la matière, demeure le travail réalisé par Matali Crasset au Hi Hôtel de Nice où la designer fait voler en éclats la salle de bains en intégrant chacun des éléments qui la composent au cœur même des chambres.

    "La douche-jardin en pied de lit" (seul un rideau végétal isole la couche de la salle d'eau), le lavabo placé derrière l'oreiller, "la baignoire-baldaquin", qui met en scène la notion de bain-repos, "les WC trônes", surélevés de quelques marches (histoire de souverainement magnifier cet accessoire rarement valorisé)... sont ainsi placés au plus près des besoins de l'usager. Un souci qui est la marque, depuis ses débuts, de Matali Crasset.

    Si le public n'est pas forcément prêt à imiter ce modèle, il saura peut-être s'en inspirer. En commençant notamment par choisir la baignoire en pierre de lave, Hi-Bath, conçue par la créatrice pour l'établissement niçois, en collaboration avec le fabricant Aquamass. Désormais commercialisée, cette baignoire monolithique dont la base rectangulaire s'épanouit en une forme supérieure ovale a tout pour séduire : un toucher doux, une ligne sensuelle, une gamme de sept couleurs qui va du blanc à l'ébène en passant par le taupe, et des extensions capables d'accueillir table d'appoint, porte-revues, plateau et tapis.

    LIEU BRILLANT ET TACTILE

    Confiant en l'avenir de cette gamme, qui colle à sa vision détente et bien-être de la salle de bains, Aquamass compte bien ne pas s'arrêter en si bon chemin. Lors du dernier Salon Maison et Objets, qui a eu lieu du 5 au 9 septembre à Villepinte, le fabricant présentait déjà sa nouvelle version de Hi Bath, en compolight, de la pierre de lave traitée en aspect mat et doux, à l'intérieur, brillant et brut, à l'extérieur. Son mérite : savoir dégager une vraie douceur, à la fois visuelle et tactile.

    Profusion de matériaux (bois, céramique, granit, marbre, verre, béton, aluminium, inox, résine, Corian...) qui envahissent la salle de bains, terrain privilégié - car longtemps resté à l'abandon - pour les créateurs dont la mission n'est pas moindre : rendre agréable une pièce dans laquelle la technologie est de plus en plus présente. Comme le soulignait Georges Vigarello, auteur, entre autres, de l'ouvrage Le Propre et le Sale. L'hygiène du corps depuis le Moyen Age (Le Seuil "Points Histoire") : "La technicité est dans une certaine mesure de plus en plus sophistiquée, mais elle est dissimulée par de la couleur, de la lumière, par la disposition intérieure, par le choix des matériaux. Du très fonctionnel et du spécifique. La salle de bains est un lieu que je qualifierai désormais de charnel, brillant et tactile."

    Sur son site Internet, la Fédération française des industries de la salle de bains (FISB) annonce que cette pièce, qui a fait ces dernières années exploser le marché de la balnéo et devrait encore encourager celui de la décoration, est devenue "une priorité de l'habitat". Une pièce maîtresse de la maison, car un besoin vital pour ses occupants.

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