Marcello del Plato Monte Royale(par Gilles Marcotte, L'actualité, février 1998)Dans son dernier roman, Un objet de beauté, Michel Tremblay crée de toutes pièces un peintre de la Renaissance, à qui il donne la parole, et dont il décrit longuement les oeuvres, qui auraient été plagiées par Léonard de Vinci et quelques autres barbouilleurs de son époque. Il s'appelle Marcello del Plato Monte Royale, dit Marcello (1459-1548). Vous voilà bouche bée. Je le suis, moi aussi. Et vous serez encore plus ahuri quand vous lirez le roman (car vous le lirez). Quand vous découvrirez que les personnages de la grande fresque peinte par Marcello dans la chapelle Sixtine viennent tout droit de la ménagerie de Michel Tremblay : la "grosse femme", Albertine et son Marcel, etc. Le texte est à la fois d'une rouerie et d'une naïveté proprement invraisemblables. Le romancier fait dire, par exemple, à Piero della Francesca: "Comment tu fais, Marcello, ta perspective est toujours parfaite, alors que mes personnages à moi..." Les premières pages, superbes, nous plongent dans le petit enfer d'Albertine et de son fils Marcel, le demeuré, réduits à survivre dans un sous-sol minable, rue Sherbrooke, près de Saint-Denis; Albertine, plus elle-même que jamais, enveloppée de sa rancoeur comme d'un somptueux manteau, toujours au bord de la tragédie, Marcel, âgé de 22 ans maintenant, âme d'enfant dans un corps d'homme, qui s'invente des récits imaginaires films, romans pour échapper à la violence qu'il sent monter en lui. C'est lui, bien sûr, qui a créé Marcello del Plato Monte Royale: invraisemblable, mais vrai. Il a également imaginé, entre autres fictions consolantes, un roman à la Gabrielle Roy dans lequel il décrit, avec une intensité à peine soutenable, un feu de brousse en Saskatchewan. TranslationIn his latest novel, Un objet de beauté (A Thing Of Beauty), Michel Tremblay literally invents a Renaissance painter, to whom he gives voice (/speech). He gives a lengthy description of his works, allegedly plagiarized (/copied) by Leonardo da Vinci and a few other daubers of the time.His name is Marcello del Plato Monte Royale, known as Marcello (1459-1548). You are open-mouthed. And so am I. And you will be even more stunned when you read the novel (since you will read it). When you find out that the figures in the great fresco that Marcello paints in the Sistine Chapel come straight out of Michel Tremblay's menagerie: the "fat woman", Albertine and her Marcel, etc. The text is quite improbably both cunning and naïve. The novelist has Piero della Francesca, for example, say: "How do you do it, Marcello, your perspective is always perfect, whereas my figures..." The first, superb pages plunge us into the little hell of Albertine and her half-wit son Marcel, reduced to surviving in a seedy basement on Sherbrooke ((Street)), near Saint-Denis; Albertine, more herself than ever, wrapped ((up)) in her resentment as ((if)) in a sumptuous coat, always on the edge of tragedy, Marcel, now ((aged)) 22, a child's spirit (/mind) in a man's body, who makes up imaginary tales films, novels to escape the violence he feels welling up (/rising) in him. It is he (/He is the one), of course, who has created Marcello del Plato Monte Royale: improbable (/unlikely), but true. He has also dreamed up, among other consoling fictions, a Gabrielle Roy-style novel in which he describes, with an almost unbearable intensity, a brushfire (/bushfire) in Saskatchewan. |