GÂGNER, v. act. [1re lon. Mouillez le g devant l'n.] 1°. Faire un gain, tirer un profit. "Un bon Ouvrier gâgne quanrante ou cinquante sous par jour. "Il a beaucoup gâgné dans le comerce, au jeu, etc. "Gâgner sa vie à filer, etc. == 2°. Avec la prép. sur: obtenir quelque chose de quelqu'un par persuasion ou par prière, etc. "Je n'ai rien pu gâgner sur lui. "Gâgnez cela sur vous, faites-vous cette violence. "Dans l'observation de la (Loi de Dieu) il faut à toute heure, prendre et gâgner sur soi, pour lui être fidèle. Segaud. == 3°. Figurément, Aquérir: "gâgner le coeur, l'amitié, l'afection, l'estime, les bones grâces, les sufrages, les voix. "Gâgner les âmes à Dieu. "Gâgner quelqu'un à la Religion, à l'État. == 4°. Mériter. "Si j'ai quelque avantage,
je l'ai bien gâgné. == 5°. Corrompre. "Il gâgna ses gardes. == 6°. Parvenir. "Gâgner le grand chemin, le gite, le logis. * La gangrène a gangé le dedans. "L'esprit a gangé l'État: il a fallu doner une Académie à chaque Province: bientôt chaque Bourgade aura la siène. Coyer. == 6°. V. n. Faire progrès. "Le feu a gâgné jusqu'au toit.
Rem. 1°. On écrivait autrefois gaigner, mais cette ortographe est contraire à la prononciation; car alors il faudrait prononcer guegné: on croyait l'i nécessaire, pour marquer le gn mouillée. Ainsi, l'on écrivait montaigne, compaigne, etc. 2°. Gâgner, a beaucoup plus d'étendue qu'aquérir. On dit, gâgner un procès, une bataille, et l'on pourrait pas dire aquérir dans ce sens-là. On ne dit pas pourtant gâgner un combat. L'Acad. aprouva la critique de Scudéri, qui avait repris dans le Cid.
3°. Gâgner, neutre, apliqué aux persones et aux choses, régit à devant l'infinitif. "Cet homme gâgne beaucoup à être conu. "Les habits ne gâgnent rien à être trop long-temps enfermés, etc. "Que gâgnerions-nous d'avoir mille tyrans, au lieu d'un maître. Anon. Dans cette phrâse, de vaut mieux que à, pour éviter l'hiatus de, à avoir, etc. 4°. Gâgner sur soi, régit de et l'infinitif. "Maurice s'étoit familisarisé avec l'idée d'une Couronne, et il ne sut pas gâgner sur soi de pôuvoir s'en passer. Rayn. 5°. Gâgner ses Pâques, est un gasconisme. On dit, gâgner les Indulgences, et faire ses Pâques. Gasc. Corr. |