LOIN, adv. et prép. [Loein, monos. On
écrivait autrefois loing.] A grande distance. Adv. de
lieu. "Aller loin, revenir de loin. == Adv. de tems:
"Parler de loin, d'un temps éloigné. ==
Prép. Elle régit de et à. "Il y a
loin de Marseille à Paris. "Quelque-fois il n'y a qu'un
seul de ces régimes d'exprimé; et c'est toujours le
1er. Il est loin de nous. "Loin du monde, loin
du bruit. "Loin des yeux, loin du coeur, dit le Proverbe. ==
Prép. de tems. "Il y a loin d'ici à
Noël. "Nous sommes encôre loin de Pâques.
Non loin de, adv. Près de. "Dans les montagnes de Savoie, non loin de la route de Briançon, etc. Marm.
Malgré cette Critique, qui me
parait juste et qui n'est guère conûe, on a continué de le
dire. "Les Allemands sont encôre loin de pouvoir
prétendre à la célébrité dans les Beaux-Arts. Journ. de Mons. == D'aussi loin que, régit
l'indicatif. On a dit aûtrefois de tant loin que. "De tant
loin qu'ils purent découvrir la croix, ils
l'adorèrent. Vie de S. P. d'Alc.
On dit, fig. st. famil. -- Voir venir de loin, se douter de ce qu'on nous va dire. -- Il ira loin, il fera fortune. == Il n'ira pas loin: il mourra bientôt. -- On dit d'un jeune homme fort malade, la jeunesse revient de bien loin; et, en général, revenir de loin, ou de bien loin, réchaper d'un extrême danger, se rétablir après quelque disgrâce. -- Renvoyer, rejeter une chôse bien loin, la rebuter. -- En matière de science, aler loin, bien loin, faire de grands progrès. -- En matière d'afaire, aler loin, trop loin, s'engager beaucoup, trop. -- Cette afaire va ou ira plus loin qu'on ne pense, est de plus grande conséquence qu'on ne croit. -- * Il en sait de loin, pour de long, barbarisme gascon. Desgr. LOINTAIN, [LOINT]AINE, adj. [Loein-tein, tène: 1re lon. 2e è moy. au 2d.] Qui est fort loin du lieu où l'on est, ou dont on parle. "Pays, climat lointain. Régions lointaines. == La Touche croyait ce mot peu usité, comme adjectif et plus de la poésie que de la prôse. Il avoûe cependant que l'Acad. l'aproûve comme adjectif; un pays lointain, des campagnes lointaines. == S. m. En termes de Peintûre. "Le lointain d'un tableau. "On voit dans le lointain des Bergers, qui, etc. Dans ce sens, il vaut mieux qu'éloignement. == Cet adjectif suit ordinairement le substantif qu'il modifie. "Les bords lointains, les campagnes lointaines, et non pas les lointains bords, les lointaines campagnes. -- En vers pourtant, il peut quelquefois précéder.
*LOISIBLE, adj. [loazible.] Qui est permis. "Cela n'est pas loisible. Il est vieux, il l'était même déjà du tems de Vaugelas et de Th. Corneille. L'Acad. se contente de dire qu'il vieillit, mais il y a déjà du tems qu'elle le dit. Ce mot dans la conversation a un tout autre sens que, il est permis. Il signifie souvent, s'il vous fait plaisir, ou si vous en avez le loisir. L'on dit; et il est fort d'usage. "Vous y viendrez, s'il vous est loisible. MARIN.
LOISIR, s. m. [loa-zir.] 1°. Tems,
où l'on n'a rien a faire. "Jouïr d'un doux, d'un honête
loisir. == 2°. Espace de tems sufisant pour faire quelque
chôse comodément. "Je n'ai pas le loisir d'y penser. "Vous
ne me donez pas le loisir d'y répondre. == A loisir, adv.
à son aise, à sa comodité. "Vous ferez cela à
loisir, vous y penserez à loisir. Bossuet dit,
à grand loisir. "Mandez-moi à grand loisir ce que
cette lectûre aura produit.
tems de liberté: l'oisiveté est un tems
d'inaction; c'est l'abus du loisir. "Le loisir d'un homme de bien
ocasione beaucoup de bonnes actions: l'oisiveté ne peut
ocasioner que des maux. Beauzée, synon. == Loisir,
s'emploie quelquefois au pluriel en poésie. "D'heureux,
d'agréables loisirs. == Quand loisir est sans
régime, on dit assez indiféremment, avoir du loisir, et
être de loisir. "J'ai du loisir, êtes-vous de
loisir? Mais quand il régit l'infinitif, il faut se servir
d'avoir. "Aurez vous le loisir de faire cette course? ==
On dit, doner le loisir de faire. * Voiture dit, doner loisir
sans article. "Vous me deviez doner loisir d'aprendre notre langue,
devant que de m'obliger à vous écrire. Lettre à M.
Godeau. == En st. famil. avoir bien du loisir, avoir du
loisir de reste, se dit d'un homme qui s'amûse à des
bagatelles, ou qui s'ocupe l'esprit de chôses, qui ne le regardent pas.
== Il aura tout le loisir de se repentir, il s'en repentira à
loisir, se dit de celui, qui fait quelque chôse, dont on croit qu'il
sentira long-tems les suites.
|