[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 833]

    VOLER, v. n. [Volé; 2e é fer.] Se soutenir, se mouvoir en l'air par le moyen des ailes. "Oiseau, qui vole bâs ou haut. == Fig. et par exagération, courir avec grande vitesse. "Il ne court pas, il vole. "Le tems Vole: "voler au secours de.
    Je cours, Seigneur, je vole où mes devoirs l'ordonent....
    Je marche d'un pas ferme au signal de ta voix.
Le Franc.
    Le noir pressentiment, le repentir, l'éfroi,
    Les présages fâcheux volent autour de moi.
Piron.
    Un peuple entier voloit du baptême aux tourmens.
Id.
== Par extension, on dit, que les flèches volent, que le vent fait voler les tuiles, la poussière, etc.
    REM. Voler en l'air parait être un pléonasme; mais ce pléonasme est reçu. Voy. UNIR. == Quelques Auteurs font régir à voler l'infinitif sans préposition, comme le régissent les verbes aler, venir, courir, etc. "Mon coeur vole trop tôt habiter ce hameau. J. J. Rouss. "Condé vole reprendre le Comandement. Dict. Hist. "Vole chercher ton maître. Narcisse. "Il vole s'instruire des

[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 834]

moyens d'arrêter le mal. Ann. Litt. "Volons exécuter ses ordres immortels. Vauvillier. -- Ce régime a encôre besoin du sceau de l'Usage.

[...]

    VOLER, v. act. VOLABLE, adj. VOLERIE, s. f. VOLEUR, [VOL]EÛSE, s. m. et f. [Volé, lable, leri-e, leur, leû-ze: 2e é fer. au 1er, e muet au 3e, lon. au dern.] Voler, prendre furtivement ou par force ce qui apartient à un aûtre. "Voler la bourse de quelqu'un; de l'argent, des hardes. -- Il régit aussi les persones. "Ce valet a volé son Maître; j'ai été volé cette nuit. == Fig. "Il a volé les pensées et jusqu'aux expressions de cet Auteur. == V. n. sans régime. "Voler sur les grands chemins. "On vole par-tout à la campagne. "Il volerait jusque sur l'Autel.
    REM. Brebeuf done à voler les régimes de Dérober, au figuré.
    Ce qui vole ta tête à des coups légitimes.
== Cela ne se dit point aujourd'hui. == Volable, qui peut être volé. Il ne se dit que dans le style plaisant et avec la négative: ce n'est pas un homme volable. == Volerie, larcin, pillerie: c'est une vraie, une grande volerie. st. famil. == Voleur, [vol]eûse, celui, celle, qui dérobe. "Voleur de grands chemins, de nuit. Voleur domestique. == Qui est sujet à dérober:

[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 835]

c'est un voleur, une voleûse. == Par exageration, qui exige plus qu'il ne lui apartient: ce Comis est un voleur, un franc voleur. == La Fontaine a dit Volereau, petit voleur.
    Mal prend aux volereaux de faire les voleurs.
== On dit burlesquement d'un habit usé, qu'il fait peur aux voleurs, parce qu'il montre la corde: c'est une turlupinade. == Au voleur, cri contre les voleurs pour apeler du secours. On le redouble ordinairement: au voleur, au voleur!
    Rem. Voleur est un terme peu noble; et l'on ne s'en servirait pas aujourd'hui dans une Tragédie, comme l'a fait autrefois Corneille et plus d'une fois.
    Allez perdre ce traitre et punir ce voleur.
Andromède.