TIGE, s. f. Ce mot se dit proprement en parlant
d'arbres, de plantes, d'herbes et de fleurs.
C'est le corps de l'arbre, de la plante, de
l'herbe et de la fleur qui sert à les soutenir
fermes dans la terre. [ Tige d'arbre bien droite.
Plante qui a la tige fort foible.
Ainsi tombe une fleur dont la tige est moins forte
Que le faix qu'elle porte.
La Lane, Poësies.
* Tige de clé. Termes de Serrurier. C'est le morceau
rond de la clef qui prend depuis l'anneau
jusques au panneton. [ La tige de la clé est rompuë. ]
* Tige de plume. Termes de Plumacier. C'est le
tuiau d'une plume de chapeau, d'un tour de plume,
ou d'un demi tour de plume.
* Tige de bote. Termes de Cordonnier. C'est le corps
de la botte depuis le pié jusques à la genouillere.
* Tige de flambeau. Termes d'Orfévre. C'est le
tuiau du flambeau qui prend depuis la pate jusques
à l'embouchure inclusivement. [ Tige de
flambeau bien-faite. ]
* Tige de gueridon. Termes de Tourneur. C'est la
partie du gueridon qui prend depuis la pate jusques
au dessus. [ Une belle tige de gueridon. ]
* Tige. Ce mot se dit encore de quelques autres
choses. [ On dit, tige de colonne. C'est le corps de
la colonne.
* Tige. Ce mot se dit des personnes, et veut dire
race, lignée. [ Il etoit décendu de la tige Roiale.
Vaugelas, Quin liv. 4 chap. 1. ]
† TIGNASSE, s. f. Méchante perruque. Vilaine
chevelure. [ Elle l'a pris par la tignasse. Elle lui a
peigné sa tignasse. Le Poëte Chapelain si riche et
si acommodé ne portoit qu'une vieille tignasse
sur laquelle quelques beaux esprits rïeurs ont fait
une parodie. ]
TIGNE, teigne, s. f. Quelques-uns écrivent et prononcent
teigne, mais la plupart disent et écrivent
tigne qui veut dire une sorte de gale qui vient à la
tête. On dit. [ Tigne séche, humide, mauvaise,
maligne. Avoir la tigne. ]
† * La tigne des Auteurs Ménage. Cotin, Ménagerie.
C'est à dire, Ménage le plus malotru, le
plus chétif de tous les Auteurs.
Tigne. Ce mot se dit en parlant de chevaux. C'est
une pourriture qui vient dans la fourchette et qui
la fait tomber jusques au vif avec une si grande
démangeaison qu'elle fait boiter le cheval. Soleisel,
Parfait Maréchal, c. 72.
Tigne. C'est une sorte de ver qui ronge les habits.
[ Habit mangé des tignes. ]
Tignerie, ou teignerie, s. f. Terme de l'Hôpital
général de Paris. C'est le lieu de l'hopital où l'on
panse les tigneux. [ Il est à la tignerie. Envoier un
tigneux à la tignerie. ]
Tigneux, tigneuse, ou teigneux, teigneuse, adj.
Ce mot se dit des personnes seulement, et signifie
qui a la tigne, qui a de la galle à la tête. [ Il est
tigneux. Elle est tigneuse. ]
Tigneux, ou teigneux, s. m. Qui a la tigne. [ Un
petit tigneux. Il y avoit un pele et deux tigneux. ]
† TIGNON, s. m. Mot du petit peuple de Paris
pour dire cheveux [ Elle l'a pris par son tignon. ]
TIGRE, s. m. C'est une sorte d'animal crüel et
furieux qui naît dans les Indes et dans quelques
autres païs etrangers, qui a les yeux brillans, le cou
court, les dens aiguës, les ongles aigus aussi, et la
peau tachetée. Le tigre tuë les chiens, les brebis,
les beufs, les mulets, et même les hommes, en un
mot il fait d'étranges ravages. [ Le tigre est trés-
dangereux. ]
* Tigre. Crüel. Inhumain. Qui n'a nulle pitié,
nulle compassion.
[ * C'est un tigre altéré de tout le sang
Romain.
Corneille, Cinna, a. 1. s. 3. ]
† * Tigre. Ce mot se dit quelquefois en rïant
entre gens qui s'aiment, et veut dire rigoureux.
qui a de la dureté de coeur, qui n'aime point. Qui
n'a nule douceur. [ Quand on est tigresse, je suis
ma foi tigre aussi Moliere, Sicilien. ]
* Tigre. Les jardiniers apellent ainsi une sorte de
petit insecte gris qui vole en plein midi, qui s'atache
principalement derriere les feuilles de poiriers
dont il mange tout le suc et qui gâte peu à peu
toutes les feuilles d'un arbre commençant depuis
le bas jusques au haut. [ Faire tomber les tigres de
dessus les feuilles des arbres ]
Tigresse, s. f. La femelle du tigre. [ La tigresse est
furieuse quand elle a des petis. ]
* Tigresse. Ce mot se dit des belles et signifie crüelle,
rigoureuse. [ Elle se met en colére quand on lui
parle d'amour,
Mais pour peu que l'on la presse
On ne vit jamais tigresse
Devenir si tôt mouton. ]
† * Tigresse. Méchante. Diablesse. [ Elle est devote,
il est vrai, mais avec toute sa devotion,
c'est une véritable tigresse, et on ne peut durer avec
elle. ]
TILLAC, s. m. Terme de mer. Pont. Plancher
ou étage de vaisseau. Le franc tillac. C'est le premier
pont, ou le pont le moins élévé sur l'eau. Les
Latins apellent ces tillacs tabulata, les Espagnols
cubierta y puentes, et les Italiens la coverta
della nave.
TILLAU. Voiez plus bas.
TILLER, v. a. Mot qui vient du Grec et qui ne
se dit que du chanvre. C'est rompre avec les
doigts le tuiau où est enfermé le chanvre et en tirer
ensuite le chanvre. [ Elle a tillé tout cela. Tiller
le chanvre. ]
TILLET, s. m. Terme de Libraire de Paris. C'est
un billet signé et daté qu'un Libraire envoie à un
autre Libraire pour avoir de la marchandise. [ Je
garde son tillet. ]
TILLEUL, tillau, s. m. L'un et l'autre se dit, mais
tillau est le mot d'usage. C'est un grand arbre
qui jette plusieurs branches étenduës fort au large
et faisant beaucoup d'ombre. Le tillau a l'écorce
pliable, roussâtre par dehors, blanche et unie par
dedans. [ Voila de beaux tillaux. Planter une
allée de tillaux.
Ainsi sous les tilleuls pressant sa cornemuse,
Chantoit le beau Daphnis.
Ménage, Eglogues. ]
[[TIM]]
TIMBALE, s. f. Vaugelas, Remarques. Deux vaisseaux
d'airain, ronds par dessous dont les ouvertures
sont couvertes de peau de bouc qu'on fait
résonner en les frapant avec des baguettes. [ De
bonnes timbales. ] Les timbales étoient autrefois
plus en usage parmi les Alemans et les Espagnols
que parmi les François qui ne s'en servoient
que quand ils les avoient gagnées sur les ennemis,
mais aujourdhui le Roi en donne à qui il lui
plaît et principalement aux compagnies d'ordonnance.
[ Batre les timbales. Voiez Gaïa, Traité
des armes de guerre. ]
Timbalier, s. m. Celui qui bat la timbale. [ Un
bon timbalier. ]
Timbale, s. f. C'est aussi un instrument fait en maniere
de bois de raquette qui est couvert de côté
et d'autre de parchemin et dont on se sert depuis
un an, ou deux pour joüer agréablement au volant,
parce que cette timbale venant à fraper le
tuiau du volant, elle fait un son qui plaît davantage
que celui de la palette. [ Une jolie timbale.
Acheter une timbale au palais pour joüer au volant. ]
TIMBRE, s. m. Terme de Fondeur, et d'Horloger.
C'est une maniere de cloche sur quoi le marteau
de l'horloge sonne les heures. [ Le timbre est fendu,
et il ne résonne presque plus. ]
Timbre. Terme de Bossellier et de Tambour. Ce
sont deux cordes de boiau qui sont sur la derniere
peau de quelque caisse et qui en batant la peau de
dessus servent à faire résonner la caisse. [ On a
coupé le timbre de cette caisse. ]
Timbre. Terme qui se dit en parlant de parchemin
et de papier. C'est une fleur de lis autour de laquelle
il y a le nom de quelque généralité, car
chaque généralité a son timbre pour marquer tout
le papier et tout le parchemin qui sert dans tous
les actes de justice. Le mot de timbre signifie
aussi le droit qui fut établi en 1673. sur tout le papier
et parchemin qui sert aux expéditions et aux
actes de justice lors qu'il est marqué du timbre de
quelque Généralité. [ Marquer le timbre sur le
papier. Le timbre est d'un grand revenu. ]
Timbre. Terme de Blason. Casque qu'on met sur l'écu.
Il est quelquefois seul et quelquefois avec une
couronne. [ Les armoiries des Cardinaux sont
ornées d'un chapeau rouge qui leur sert de timbre.
Col. c. 39. Les Rois et les Princes portent le
timbre ouvert, les Ducs, les Marquis et les Comtes,
grillé, et mis de front, et les Vicomtes, les Barons
et les Chevaliers, un peu tourné, et on le nomme
alors de trois quartiers. ]
† * Timbre. Ce mot au figuré est burlesque et veut
dire la tête. [ Il a le timbre un peu fêlé. C'est
à dire,
il est un peu fou. ]
Timbré, timbrée, adj. Terme qui se dit en parlant
de papier et de parchemin qui sert dans les afaires
de Justice, et veut dire qui est marqué d'un timbre.
[ Tous les actes de Justice doivent être sur du
papier timbré, ou sur du parchemin timbré, autrement
ils sont nuls. ]
† * Timbré, timbrée. Mot burlesque qui n'entre
que dans la conversation et le stile comique et
qui veut dire qui a bonne tête, qui est sage. [ C'est
un homme qui a le cerveau bien timbré. La plupart
des femmes ont la cervelle mal timbree, et
ceux qui ont à vivre avec elles sont à plaindre. ]
Timbrer, v. a. Ce mot se dit en parlant d'armoirie,
et veut dire mettre un timbre à une armoirie.
[ Timbrer une armoirie. ]
Timbrer. Terme qui se dit en parlant de papier et
de parchemin. C'est marquer le timbre sur le papier
et sur le parchemin pour servir aux actes de
Justice. [ Timbrer le papier, timbrer le parchemin. ]
Timbreur, s. m. Celui qui imprime, ou qui marque
le timbre sur le papier et sur le parchemin.
[ Les timbreurs sont gagez. ]
TIMIDE, adj. Qui a de la timidité, qui n'est pas
hardi. Ce mot de timide se dit des choses et des
personnes.
[ Au timide habitant ils donneront la suite. Cousin,
Histoire Romaine.
Je suis trop timide et trop retenu je ne puis me rendre
illustre par cette voie-là. Ablancourt, Luc.
Un courage élévé toute peine
surmonte.
Les timides conseils n'ont rien que de la
honte.
Mal. Poë. l. 5.
La timide équité détruit l'art de régner. ]
Timidité, s. f. Crainte, Retenuë timide. Apréhension.
[ Donner de la timidité à un enfant.
N'avoir aucune timidité. Pendant que la paresse
et la timidité nous retiennent dans notre devoir,
notre vertu en a souvent tout l'honneur. Memoires
de Monsieur le Duc de la Roche-Foucaut. ]
TIMON, s. m. C'est une piéce de neuf ou dix
piez, bien arrondie et bien planée, qui est par le
gros bout arrétée au milieu du train de devant
d'un carosse, ou d'un chariot et qui sert à conduire
et à tirer le carosse et le chariot par le moien
des animaux qu'on y atelle. [ Il a levé le timon
de son carosse et comme il n'étoit pas bien arrété
il est tombé sur la tête du premier laquais qui a
passé auprés du carosse. ]
Timon. Terme de Mer. C'est une sorte de manche
qui est ataché au gouvernail et que celui qui gouverne
manie par le moien d'une grand'barre.
* Timon. Gouvernement et conduite de quelque
Empire, Roiaume, République, ou Etat. [ * Les
motifs de l'ambition n'eussent pas été assez puissans
pour vous empêcher de quiter le timon durant
les tempêtes qui se sont élévées contre vous.
Godeau, Poësies, Epître au Cardinal de Richelieu. ]
Timon. Nom d'un Atenien, fameux par la haine
qu'il porta aux hommes et qui pour cela fut apellé
Misantrope. Voiez là-dessus un fort beau dialogue
dans Lucien.
Timonier, s. m. Terme de Mer. C'est le matelot
qui à son tour va faire son quart à tenir la barre du
gouvernail pour conduire le vaisseau.
[[TIMPAN]]
[[Timpaniser]]
[[TIMPANON]]
TINE, s. f. Mot qui vient de l'Italien tino, ou tina,
et qui veut dire une petite tinette. [ Une tine
bienfaite. ]
TINEL, s. m. Mot qui vient de l'Italien tinello,
et qui veut dire salle basse, le lieu où mangent les
domestiques d'un grand Seigneur.
[ Je m'en vais tout courant
Décider au tinel un autre
diférend.
Regnier, Sat. 6. ]
TINETTE, s. f. Ouvrage de tonnelier, composé
de deux oreilles, de cerceaux et de douves, haut
ordinairement d'un pié et large de deux, ou environ,
qu'on met sous les fontaines de cuisine et
souvent dans les caves. [ Une tinette ronde, tinette
quarrée, tinette ovale. ]
† TINTAMARRE, s. m. C'est une sorte de bruit
qui s'entend, qui interrompt et rompt la tête à
ceux qui l'entendent.
[ Faire un tintamarre épouvantable. Gon. Epi. l. 2.
C'est un furieux tintamarre, et il est dificile de le
suporter. ]
[[TINTE. Voiez teinte.]]
TINTEMENT, s. m. C'est une maniere de son
qui dans l'oreille se fait contre nature et empêche
l'ouïe. [ Le tintement vient de plusieurs causes
qu'on peut voir dans Fernel, etc. Il a un tintement
d'oreille qui l'incommode fort. Il a guéri
Madame telle, d'un tintement d'oreille qui aloit
dégénerer en surdité. ]
Tinter, v. a. et quelquefois neutre. Ce mot se
dit des cloches. C'est faire fraper le batant d'une
cloche sur un des bords de la cloche seulement.
[ La cloche tinte. Tinter une cloche. Tinter le
Sermon. Tinter le Catéchisme. Tinter la Messe. ]
† Tintin, s. m. Mot imaginé pour exprimer le
bruit que font les verres lors qu'on les choque les
uns contre les autres. [ Le tintin des verres où il
y a d'excélent vin charme les yeux et les oreilles. ]
TINTOUIN, s. m. Bruit qui s'engendre dans les oreilles.
[ Son tintouin dure toujours. Les tintouins
sont ordinairement les avantcoureurs de
la surdité. ]
† * Tintouin. Mot qui est bas et qui n'entre que
dans le stile le plus simple et dans la conversation.
Il signifie souci, soin, inquiétude. [ Avoir du
tintouin dans l'esprit. C'est une afaire qui lui
donnera bien du tintouin. ]