[Image de l'original: Richelet, Dictionnaire françois, tome II, page 514]

VENT, s. m. Prononcez van. C'est un air agité,
    mû et coulant. [ Vent fort, véhément, violent,
    impétueux, furieux, perçant, froid, chaud, doux,
    rafraichissant, sec, humide. Vent d'Orient. Vent
    d'Occident. Vent de Nord. Vents principaux,
    vents cardinaux. Le vent soufle. Le vent desséche.
    Il n'y a point de vent qui n'humecte. Les
    vents de mer régnent ordinairement le jour et
    les vens de terre la nuit. Il y a diverses opinions
    sur l'origine des vens, les uns la raportent à la terre,
    les autres à l'eau et quelques-uns à l'air. Les
    vents se font lorsque les exhalaisons aqueuses
    trouvent en s'élevant en l'air et pénétrant au travers
    des pores de la terre des sels qui se mêlent
    avec elles. Bernier, traité des météores. Il se leva
    ce jour-là un vent impetueux Vaug. Quint. liv 4.
    Nous partirons au premier vent. Voiture, l 42.
    Les vents imitent toutes sortes d'instrumens de
    musique. Mersene, Harmonie du monde. ]
Vent-coulis, s. m. C'est un vent qui vient par quelque
    petit trou, ou quelque petite fente. [ Les
    vens-coulis ne sont pas sains. Il faut boûcher ce
    trou-là, il y vient un vent-coulis qui incommode
    fort. ]
Vent. Ce mot se dit en parlant du corps. C'est une
    vapeur épaisse et grossiere qui s'engendre dans le
    corps des personnes et qui vient des humeurs pituïteuses
    du corps. [ Etre tourmenté de vens.
    Avoir des vens. Il y a de certaines choses qui engendrent
    plus de vens les unes que les autres. ]
Vent. Ce mot entre en quelques façons de parler
    de manége. [ Cheval qui porte au vent, C'est à
    dire, cheval qui leve le nez. Cheval qui a du
    vent
. C'est à dire, cheval qui commence à être
    poussif. ]
Vent. Ce mot entre en quelque façon de parler de
    facteurs d'orgues. [ Dispenser le vent avec adresse
    aux tuiaux de l'orgue. Les facteurs d'orgues, mesurent
    le vent, ménagent le vent. Mers. ]
Vent. Ce mot entre en quelques façons de parler
    de fauconnerie, où l'on dit. [ Heron qui se lâche
    au vent
. Se mettre sous le vent. Se mettre au dessus
    du vent. ]
Vent. Ce mot entre en plusieurs façons de parler
    de mer, et c'est un mouvement de l'air qui se
    tourne vers quelcune des 32. parties de l'horison
    et qui gouverne presque toute la navigation. Les
    uns ne considérent que 4. vens principaux qu'ils
    apellent rumbs entiers, et les autres huit, le Nord,
    le Sud, l'Est, l'Oüest, le Nord-est, le Nord-oüest,
    le Sud-est et le Sud-oüest. On dit en termes de mer.
    Prendre vent devant, C'est à dire, par proüe. Le
    vent se fit Sud, C'est à dire, se tourna au Sud. Ils
    ont vent et marée pour eux. Etre porté d'un bon
    vent, être porté du Nord. Gagner le vent, C'est
    prendre l'avantage du vent.
Mettre le vent sur les voiles. C'est mettre les voiles
    paralleles au vent en sorte que le vent les rase, ou
    les frise sans qu'elles prennent vent.
Aller de bout au vent, ou avoir le vent par prouë,
    C'est aller contre le vent, ou à vent contraire.
    Etre au vent d'un vaisseau, passer au vent d'un
    vaisseau, C'est lui avoir gagné le vent, ou avoir
    sur lui l'avantage du vent.
Etre sous vent. C'est avoir le desavantage du vent.
    [ Le vaisseau étoit sous vent de l'Admiral. ]
Faire vent arriere, porter vent arriere, C'est prendre
    le vent en poupe.
Vent largue. C'est vent de quartier. [ Le vent largue
    est le plus favorable de tous pour le sillage du
    vaisseau. ]
Serrer le vent. C'est prendre l'avantage du vent de
    côté.
Tomber sous le vent de quelque bâtiment, ou de
    quelque terre, c'est perdre l'avantage du vent
    qu'on avoit gagné, ou qu'on vouloit gagner.
Le vent tombe, C'est à dire, cesse, en sorte qu'il n'y
    a plus de mer.
Coup de vent. C'est un orage, ou gros tems. [ Il
    nous vint un coup de vent qui dura 24. heures. ]
Etre porté d'un vent frais, C'est à dire. d'un vent favorable.
Atendre les vents de terre, C'est à dire, les vents qui
    viennent du Continent, ou de la terre ferme.
Partager le vent. C'est partager l'avantage du vent.

[Image de l'original: Richelet, Dictionnaire françois, tome II, page 515]

Etre à vau-le vent, C'est être sous vent, et selon
    le cours du vent. Guillet, Art de navigation.
Vent. Soufle, haleine d'une personne. [ Reprendre
    son vent. Retenir son vent. ]
* Vent. Ce mot entre en plusieurs façons de parler
    figurées et Proverbiales.
        [ * Quand les vents seroient déchainez,
        Quand les flots seroient mutinez.
        Il n'est que de hazarder. C'est à dire, il faut tenter,
    il faut hazarder quelque chose, quand même
    tout conspireroit pour nous nuire.
*      Cette gloire qui dupe et le sot et l'habile.
        Qu'est-elle que du vent quand elle est infertile.
    C'est à dire, cette gloire n'est que fumée, n'est
    rien si elle n'est accompagnée de quelque utilité.
*      J'ai fait serment de quitter ma Silvie:
        Mais des sermens que le dépit fait faire
        Contre une beauté qu'on aime tendrement,
        Autant en-emporte le vent. C'est à dire, ces sermens
    ne se gardent point et ne sont rien.
* Je croi que le vent emportera toutes ces affections.
    Voit. l. 43. C'est à dire, je pense que son
    amour ne durera guére, et que dés qu'il sera un
    peu loin, il ne songera plus à ce qu'il aime.
* Les amoureux jurent qu'ils nous adorent, mais
    tout cela n'est que du vent. Abl. Luc. C'est à dire,
    que tous leurs sermens ne sont rien et qu'il ne s'y
    faut pas fier.
* Il avoit eu le vent de la conjuration de Bessus.
    Vau. Quin l. 5. C'est à dire, il avoit eu quelque
    avis de la conjuration de Bessus. Avoir le vent
    de la marche de l'ennemi. Vau Quin. l. 3. C'est
    à dire, être averti que l'ennemi marche.
* On repait les grans de vent et de fumée. Gon.
    Epi.
Le mot de vent dans cét exemple et dans le
    suivant signifie vanité. Lors que le vent nous
    emporte, tout est perdu. Benserade, Rondeaux.
* Il tourne à tout vent. Abl. C'est à dire, Il est fort
    changeant. Il est leger et inconstant.
*     Importun à tout autre, à soi méme incommode,
       Il change à tous momens d'esprit comme de mode.
Il tourne au moindre vent. Dépreaux, Satires. C'est
    à dire, il n'y a rien de si inconstant que l'esprit de
    l'homme. C'est une giroüette. ]
[[...]]
Venter. v. n. Prononcez vanté. C'est à dire, faire
    vent. [ Il pleut, il vente, il grêle, il tonne, il fait
    les quatre tems. Il vente extrémement. ]
* Venter. Ce mot entre dans quelques façons de
    parler figurées. Exemples.
    [ † * Ménage vente, grêle et tonne.
    Cotin. Menagerie. C'est à dire, Ménage, crie, tempête
    et fait du bruit. ]
Venteux, venteuse. adj. Prononcez vanteux. C'est
    à dire, qui cause des vens. [ Le sené est venteux. ]