R. Estienne, Dictionaire francoislatin, 1539: Préface

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POVR CE que la profession de nostr'art nous enhorte a faire tousiours quelque chose qui soit vtile en general a tous ceulx qui entendent au faict des lettres: ou pour le moins duisant aux apprentiz pour lesquelz il fault d'autant plus soigner, qu'ilz ont greigneur besoing de secours, que ceulx qui ont acquiz quelque ruze, & peuuent d'eulx mesmes, sans l'aide d'autruy, passer par les destroictz de la langue Latine: A ceste cause apres auoir mis en lumiere le grand Thresor d'icelle langue, lequel peult seruir a toutes gens de quelque hault scauoir qu'ilz soyent garniz: nous auons mis cueur & entente au soulagement de la ieunesse Francoise, qui est sur son commencement & bachelage de literature. Si leur auons faict deux liures: L'ung commenceant par les motz Latins deschiffrez en Francois: qui fut publie des l'annee precedente. L'autre est cestuy cy qui va prenant les motz de la langue Francoise, les mettant apres en Latin tout au plus pres qu'il s'est peu faire. Et pource que nostre exploict ha son adresse a toute maniere d'enfance, d'aage, de scauoir, ou de tous les deux: nous les prions si quelque chose s'y trouuve autrement qu'a point, qu'ilz le vueillent excuser: pensant que ce n'est que le pourtraict, & par maniere de dire, l'enfance desdictz liures qui commencent tout premierement a parler. Lesquelz espoir feront fons le temps aduenir de plus riche langaige, mieulx aloye, & de meilleur coing qu'ilz n'ont a present: au plaisir de IESVS CHRIST, lequel vueille donner accroissement de scauoir a la ieunesse, & perfection a ce que nous auons encommence a son honneur & a leur vtilite.