5. Les mots-clefs métalinguistiques

5.0. Généralités

Au début, nous avions pensé à faire deux saisies du texte: d'abord au niveau des unités lexicales (mots graphiques), ensuite à celui des unités lexicographiques. Le texte aurait été decoupé en adresses, étymologies, définitions, exemples, équivalents, etc. Nous y avons renoncé: essayer de délimiter les articles disparates du dictionnaire, puis de réduire leurs énoncés juxtaposés, superposés, imbriqués, enchâssés, à une suite d'unités discrètes ou à des séquences complexes, c'était déformer le texte et opérer des choix tout à fait subjectifs. Nous croyons mieux servir l'analyste du discours lexicographique du texte en lui offrant des listes de mots-clefs métalinguistiques organisées par type d'information. Les marques d'usage et les sources nommées, deux classes particulièrement importantes et intéressantes, sont traitées à part (voir 5.2 et 5.3).

5.1. le métalangage des informations

Les termes caractéristiques de tel ou tel type d'information sont tantôt des connecteurs, unités de l'énoncé de base (est, vient de, signifie, se rend...), tantôt des éléments de l'information elle-même (nom masculin, latin, celuy qui...). La nomenclature de la catégorisation grammaticale du mot-adresse est riche en termes désignant les parties du discours, le genre, le nombre, les formes du verbe, les fonctions des mots outils, et la nature syntagmatique (simple, composé) de l'entrée; la liste (voir ci-dessous) ne donne pas les formes du pluriel, qui sont le plus souvent utilisées dans les commentaires sur le système lexical. La caractérisation accentuelle traite de la place de l'accent tonique et du nombre de syllabes. Le terme générique de l'étymologie est vient; de (français) et a (latin), tous deux fréquents à cet endroit de l'énoncé, voient leurs occurrences métalinguistiques noyées dans la masse des emplois de ces mots de très haute fréquence (de même, et dans le cas des ordonnateurs sémantiques). [La base interactive permet de chercher la cooccurrence de vien- et de d-.] Les unités de la variante et de l'exemple sont peu nombreuses; ou est le mot le plus caractéristique de la première, comme de la seconde. L'équivalent, lorsqu'il est introduit verbalement, l'est par une copule comme se rend, se dit, disant, vocat, nomment, etc. Les copules du renvoi sont également en nombre restreint. Le traitement sémantique fonctionne à deux niveaux. À celui du classement des sens, sa terminologie comprend des ordonnateurs tels que aussi, tantost, proprement, par metaphore. Au niveau de la définition, la copule la plus fréquente est est; pour s'y rencontre souvent aussi (se prend pour, use pour, usité pour, s'entend pour). Pour ce qui est de la définition proprement dite, ne sont mentionnés ci-dessous que les termes les plus généraux du genre prochain; à y noter la présence de quand, définisseur caractéristique des procédés du temps («Delivrer [...] est quand on tire une chose hors du pouvoir d'autruy»). Certains termes appartiennent à plusieurs catégones: par exemple, les noms des parties du discours sont employés aussi bien dans l'étymologie que dans la catégorie grammaticale; d'autre part, l'étymologie et la prononciation/orthographe sont intimement liées. Les termes partagés ne sont donnés que sous la rubrique de leur(s) emploi(s) majeur(s).

Dans les listes qui suivent, les variantes d'un même terme (y compris les formes abrégées, les formes fléchies et les cognates français et latins) sont regroupées; idéalement, la première forme d'un groupement est un mot français complet et non marqué (donc passif pour l'ensemble passif/pass/passiune/passiue/passive); les autres termes d'un même groupement sont donnés par ordre alphabétique. Il s'agit, dans tous les cas, d'adresses de la concordance[/base]; celle-ci permet de reconstruire les différentes informations et d'en faire la typologie. Les listes sont compréhensives sans nécessairement être exhaustives. Les remarques éventuelles sont mises entre parenthèses.

MOTS-CLEFS DU MÉTALANGAGE DES INFORMATIONS

A. Catégorie grammaticale B. Caractérisation accentuelle C. Orthographe et Prononciation D. Étymologie

(Voir aussi les noms de langues à 2.3, surtout "latin")

E. Variante, Synonyme, Antonyme

(Voir aussi Orthographe et Prononciation ci-dessus)

F. Traitement sémantique

1. Ordonnateurs

2. Copules 3. Définisseurs G. Exemple H. Équivalent I. Renvoi

5.2. les marques d'usage

La lexicographie traditionnelle reconnaît une distinction fondamentale entre lexique non marqué et lexique marqué. Pour indiquer une restriction d'usage quelconque, le lexicographe met une étiquette ou marque d'usage. Si Estienne 1549 et Thierry 1564 avaient indiqué la provenance dialectale ou idiolectale de certains items de leur nomenclature, Nicot va beaucoup plus loin, en affectant les entrées -- quoique de façon très irrégulière -- de marques de spécialisation d'emploi temporelle (archaïsmes, usage du XVIe s.), spatio-linguistique (régionalismes et mots étrangers), socio-professionnelle (termes techniques), stylistique (niveaux de langue) et quantitative (fréquence d'emploi). Le recensement des marques se heurte à deux types de difficultés. D'une part, il faut faire le départ entre le commentaire sur l'emploi du signe et celui sur l'utilisation du référent; seul le premier est à retenir. Il arrive à Nicot de faire la distinction -- «en fait et termes de venerie» (s.v. Dresser) -- mais c'est là l'exception; très souvent «en fait de» s'emploie à l'endroit du traitement du signe. D'autre part, ce qu'il est convenu de considérer comme une marque d'usage doit opérer dans un champ fonctionnel assez général; c'est-à-dire que dans un cas comme «Le mot scalène s'emploie en géométrie en parlant d'un triangle», l'on conviendra de considérer [en] géométrie comme marque d'usage, mais non [en parlant d'un] triangle. La ligne de démarcation entre le général et le spécifique, évidente dans cet exemple, ne l'est pas toujours dans le texte de Nicot.

Le classement des formes de la liste qui suit est fait selon les mêmes principes que pour celles du métalangage des informations (voir 5.1). Ces formes ne sont souvent que les termes nucléaires d'un syntagme (ex «riviere (gens de -)») dont les autres éléments peuvent être signalés entre parenthèses. La concordance [/base]et la liste de marques d'usage utilisées ensemble facilitent l'étude de différents vocabulaires spécialisés; par exemple, marine, marinier, mariniers, mer, mers, navigation et navires rendent l'essentiel des termes de marine (dont le vocabulaire se complète au fur et à mesure de l'exploitation de la concordance par l'addition, aux marques de départ, d'autres mots tels que marinesques, nautique, navigable, navig(u)er... equippage, pouppe, voile, etc.).

MOTS-CLEFS DES MARQUES D'USAGE

5.3. les sources nommées

[Voir Wooldridge, «Les sources du Thresor» et, en particulier, «Les sources des dictionnaires français d'Estienne et de Nicot».]

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