VENERIE PAR JAQUES DU FOUILLOUX.
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De la race, et antiquité des Chiens courans, et qui
premierement les amena en France. CHAP. PREMIER.
J'AY VOULU diligemment regarder tant au dire des anciens que
modernes, d'ou est venue la premiere race des Chiens courans en
France, et n'ay trouvé chronique ou histoire qui en parle de plus long
temps qu'une que j'ay veüe en Bretaigne, faicte par un nommé Joannes
Monumetensis: laquelle traicte qu'apres la piteuse et
espoventable destruction de Troye la grand, Eneas arriva en Italie,
avec son filz Ascanius, lequel fut Roy des Latins, et engendra un filz
nommé Silvius, duquel descendit Brutus, qui aymoit fort la chasse.
Or advint que son pere et luy estans un jour en une Forest, courans
un Cerf, furent surprins de la nuict: et voyans le Cerf devant eux
forcé des Chiens, allerent a luy pour le tuer. La fortune advint telle
à Brutus (comme Dieu le voulut) qu'ainsi qu'il pensoit aller tuer le
Cerf, il tua son pere Sylvius, qui causa le peuple a s'eslever et
mutiner contre luy, pensant qu'il l'eust faict par une malice et
cupidité de regner, et pour avoir le gouvernement du Royaume,
tellement que pour evader leur grande fureur et indignation, Brutus
fut contraint s'en aller du pays, et entreprint le voyage de Grece,
pour aller delivrer quelque nombre de Troyens, ses compaignons et
alliez, qui estoyent encores detenuz captifz du temps de la
destruction de Troye: laquelle chose il feit a force d'armes. Or apres
les avoir delivrez, il assembla grand nombre d'hommes d'icelle nation
Troyenne: ausquelz il feit faire serment de ne retourner jamais en
leurs pays, tant pour le deshonneur qu'ilz y avoyent receu, que pour
la perte irrecuperable de leurs biens, et pour les regretz de leurs
parentz et amys qui estoyent mortz es cruelles batailles. Alors il
feit appareiller grand nombre de navires, esquelles il s'embarqua luy
et tous ses hommes, et amena avec luy grande quantité de Chiens
courans et Levriers. Puys navigua tant qu'il passa le destroit de
Gilbathar, entrant en la mer Oceane, et vint descendre aux isles
Armoriques, que pour le jourd'huy nous nommons Bretaigne, a cause de
son nom Brutus: laquelle il conquit sans resistance, et en fut
paisible l'espace de quatre ans. Onquel temps un de ses capitaines,
nommé Corineus, edifia la ville de Cornoüaille. Bien tost apres
qu'ilz se furent accommodez et habituez ondit pays, Brutus et son filz
Turnus, qui avoyent, comme dit est, amené grand nombre de Chiens
courans, s'en allerent chasser en de grandes forestz, qui contenoyent
de longueur depuis Tiffauge jusques aupres de Poitiers, dont une
partie du pays se nomme pour le jourd'huy la Gastine.
Or en celuy temps regnoit en Poitou et Aquitaine un Roy nommé
Groffarius Pictus, qui faisoit sa continuelle residence a Poitiers,
lequel un jour entre les autres fut adverty que les Troyens faisoyent
grand'exercice en l'estat de Venerie, et qu'ilz chassoyent
ordinairement en ses Forestz, avec telle race de Chiens, que depuis
qu'ilz avoyent trouvé un Cerf, ilz ne l'abandonnoyent jamais qu'il ne
fust mort. Ce Roy Groffarius ayant ouy telles nouvelles, fut courroucé
et fasché, tellement qu'il delibera de leur faire la guerre, et
assembla toutes ses forces. Les Troyens advertis de telle assemblee,
marcherent le long de la riviere de Loire, avec toute leur puissance,
et se rencontrerent au lieu ou pour le jourd'huy est situee la ville
de Tours, ou ilz se donnerent la bataille, en laquelle fut tué Turnus,
filz aisné de Brutus, et en memoire de luy fut edifiee la ville, et du
nom de Turnus fut nommee Tours.
J'ay bien voulu raconter ceste hystoire, pour donner a entendre
qu'il y ha long temps que les Chiens courans sont en usage en la
Bretaigne, et croy certainement qu'iceulx Troyens ont esté les
premiers qui en ont amené la race en ces pays: car je ne trouve point
histoire qui en face mention de plus haute cognoissance que celle la.
Et est une chose asseuree que la plus grande part des races des Chiens
courans qui sont en France, et autres pays circonvoysins, est sortie
du pays de Bretaigne, exceptez les Chiens blancs, la race desquelz je
pense estre venue de Barbarie, pour m'en estre enquis, moy estant
quelques-fois a la Rochelle, a plusieurs Pilotes de Mer, et
entre autres a un vieil homme nommé Alfonce, qui avoyt esté par
plusieurs fois a la court d'un Roy de Barbarie, nommé le Doncherib,
lequel faisoit grand mestier de chasse, et principalement de prendre
le Rangier a force: et me comptoit que tous les Chiens de sa Venerie
estoyent blancs, et que tous les Chiens de ce pays la l'estoyent
aussi. Et certes je croy qu'a la verité les Chiens blancs sont venuz
des regions chaudes, d'autant qu'ilz ne laissent a courir pour quelque
chaleur qu'il face: ce que les autres Chiens ne font pas. Phebus
s'accorde a ceste oppinion, disant qu'il ha esté en Mauritanie,
autrement dicte Barbarie, ou il ha veu prendre le Rangier a force, a
des Chiens qu'il nomme Baux: lesquelz ne laissent a courir pour
chaleur qui puisse faire. Dont mon oppinion est, que la race des
Chiens blancs est sortie de ces Chiens Baux de Barbarie dont Phebus
entend parler. Je ne mettray autre chose des antiquitez, mais je vous
escriray cy apres du naturel et complexion tant des Chiens blancs,
fauves, gris, que noirs: lesquelz sont les plus commodes pour les
Princes et Gentilz hommes.
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Du naturel et complexion des Chiens blancs, dictz Baulx, et
surnommez Greffiers. CHAP. 2.
LES Chiens blancs ont esté mis en avant en France par deffunct
monsieur le grand Seneschal de Normandie: et au paravant estoyent en
peu d'estime, principalement entre les gentilz hommes, d'autant qu'ilz
ne sont pas communs a courir toutes bestes, mais seulement le Cerf. Le
premier de la race avoit nom Souillard, lequel fut donné par un pauvre
gentil homme au feu Roy Loys: qui n'en feit pas grand compte, d'autant
qu'il aymoit sur tout les Chiens gris, desquelz estoyt toute sa meute,
et ne faisoyt cas d'autres Chiens, si ce n'estoyt pour faire Limiers.
le Seneschal Gaston estant present avec le gentilhomme qui avoyt
offert le Chien, cognoissant bien que le Roy n'aymoit point ce Chien,
le supplia de luy donner, pour en faire present a la plus sage dame de
son Royaume, et le Roy lui demanda qui elle estoit: c'est, dit-il,
Anne de Bourbon, vostre fille. Je vous reprens, respond le Roy, sur ce
point de l'avoir nommee la plus sage: mais dites moins folle que les
autres, car de sage femme n'y ha point au monde. Lors le Roy donna ce
Chien au Seneschal Gaston, qui ne le mena gueres loing qu'il ne luy
fust demandé: car monsieur le grand Seneschal de Normandie l'importuna
tant, qu'il fut contraint de luy donner. Puis monsieur le grand
Seneschal le bailla en garde a un Veneur, nommé Jacques de Brese: et
deslors on commença a luy faire couvrir des Lyces, et en faire race.
L'annee apres madame Anne de Bourbon, laquelle aymoit fort la Venerie,
ayant entendu de la bonté et beauté de ce Chien, envoya une Lyce
nommee Baude, qui fut couverte et emplie de ce Chien, par deux ou
troys fois, dont en sortit quinze ou seze Chiens, et entre autres six
d'excellence, ainsi nommez, Clerault, Joubard, Miraud, Meigret,
Marteau, et Hoise la bonne Lyce. Depuys la race s'est {c'est}
tousjours augmentee, comme elle est a present: combien qu'au
commancement les Chiens de ceste race n'estoyent pas si fortz comme
ilz sont pour le jourd'huy: car le feu Roy Françoys les ha renforcez
par un Chien nommé Miraud, qui estoyt fauve, lequel monsieur l'Admiral
d'Annebaud luy avoyt donné. Et encores depuys la Royne d'Escosse donna
au Roy un Chien blanc, nommé Barraud, duquel Marconnoy, lieutenant de
la Venerie, ha tiré de la race, dont les Chiens sont bons par
excellence: et beaucoup plus fortz que n'ont esté tous les autres. Et
a la verité telz Chiens sont dediez pour les Roys, desquelz ilz se
doyvent servir, d'autant qu'ilz sont beaux chasseurs, requerans,
forcenans, et de haut nez: qui ne laissent pour chaleurs qui
puyssent estre, a chasser, sans se rompre a la foule des
piqueurs, ni au bruyt et cry des hommes, qui sont continuellement avec
les Princes: et gardent mieux le change que nulle des autres especes
de Chiens, et sont de meilleure creance: touteffois ilz veulent estre
accompagnez de piqueurs, et craignent un peu l'eau, principalement en
hyver, quand le temps se porte froid.
Je ne veux oublier a donner entendre lesquelz Chiens de ceste race
se trouvent les meilleurs, parce qu'en une laictee il ne s'en trouve
pas la moytié de bons. Il faut sçavoir que ceux qui sont naissans tous
d'une piece, comme ceux qui sont tous blancs, sont les meilleurs: et
pareillement ceux qui sont marquetez de rouge: les autres qui sont
marquetez de noir, et de gris salle tirant sur le bureau, sont de peu
de valeur: dont y en ha aucuns subjectz a avoir les piedz gras et
tendres. Aucuneffois Nature besongne de telle sorte qu'elle en fait
sortir de tous noirs: ce qui ne se fait pas souvent, mais quand il
advient ilz se trouvent fort bons. Et faut noter que les Chiens de
ceste race ne sont en leur bonté qu'ilz n'ayent environ troys ans, et
sont subjetz a courir au bestail privé.
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Des Chiens fauves, et de leur naturel. CHAP. 3.
JE N'AY leu autre chose de l'antiquité des Chiens fauves, sinon
que j'ay trouvé dans un vieil livre escrit a la main, fait par un
veneur: qui faisoit mention d'un seigneur Breton, nommé Huet de
Nantes, que l'Autheur d'iceluy livre estimoit fort l'estat de Venerie:
lequel donnoit, entre autres, tel blason aux Chiens de la meute dudit
seigneur,
» Tes chiens fauves, Huet, par les forestz
» Prenent a force Chevreulx, Biches, et Cerfs:
» Toy par fustayes emporte sur tous pris
» De bien parler aux Chiens en plaisans cris.
¶ Aussi j'ay veu dans une Chronique, en la ville de
Lembale, un chappitre, qui fait mention qu'un seigneur dudit lieu avec
une meute de Chiens fauves et rouges, lança un Cerf en une forest en
la comté de Painctieure, et le chassa et pourchassa l'espace de quatre
jours: tellement que le dernier jour il l'alla prendre pres la ville
de Paris. Et est a presumer que les Chiens fauves sont les anciens
Chiens des Ducz et seigneurs de Bretaigne: desquelz monsieur l'Admiral
d'Annebaud, et ses predecesseurs ont tousjours gardé de la race:
laquelle fut premierement commune au temps du feu Roy Françoys, pere
des Veneurs. Ces Chiens fauves sont de grand cueur, d'entreprinse, et
de haut nez, gardans bien le change: et sont presque de la complexion
des blancs, excepté qu'ilz n'endurent pas si bien les chaleurs, ne la
foule des piqueurs: mais ilz sont plus vistes, communs, et plus
ardans. Et si d'aventure il advient qu'une beste se forpaise par les
campagnes, ilz ne la cuident pas abandonner. Leur complexion est
forte, car ilz ne craignent ne les eaux, ne le froid, et courent
seurement, et de grande hardiesse. Ils sont beaux chasseurs, aymans
communement le Cerf sur toutes autres bestes, et sont plus opiniastres
et mal aisez a dresser que les blancs, et de plus grand'peine, et
travail. Les meilleurs qui sortent de la race de ces Chiens fauves,
sont ceux qui ont le poil plus vif, tirant sur le rouge, et qui ont
une tache blanche au front, ou au col, pareillement ceux qui sont tous
fauves: mais ceux qui tirent sur le jaune, estans marquetez de gris ou
de noir, ne valent gueres. Ceux qui sont retroussez, et herigotez sont
bons à faire des Limiers. Et en y ha quelques uns ayant la queuë
espiee qui se trouvent bons et vistes. Et parce qu'aujourd'huy les
Princes ont fait mesler les races des Chiens blancs, et des Chiens
fauves ensemble, ilz en sont beaucoup plus fortz, et meilleurs a
courir le Cerf, qui est le vray moyen pour donner plaisir aux Roys, et
aux Princes: mais pour les Gentilz hommes telz Chiens ne sont
pas communs, par ce qu'ilz ne veulent faire qu'un mestier, et qu'ilz
ne font cas de Lievres, ni d'autres menues bestes: et aussi qu'ilz
sont subjectz a courir au bestiail privé.
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De la complexion et nature des Chiens gris. CHAP. 4.
LES CHIENS gris sont ceux desquelz se servoyent anciennement
les Roys de France, et les Ducz d'Alençon. Ilz sont Chiens communs,
par ce qu'ilz sçavent faire plusieurs mestiers, a ceste cause ilz sont
commodes pour Gentilz-hommes: car leur naturel ou complexion est
telle, qu'ilz courent toutes les bestes qu'on leur voudra faire
chasser. Les meilleurs de toute la race, sont ceux qui sont gris sur
l'eschine, estans quatrouillez de rouge, et les jambes de mesme
poil, comme de la couleur de la jambe d'un Lievre. Il en sort
aucunes-fois quelques uns qui ont le poil au dessus de l'eschine d'un
gris tirant sur le noir, et les jambes tanellees et ondees de rouge et
de noir, lesquelz se trouvent bons par excellence. Et combien que les
Chiens gris il n'en soit gueres de mauvais, si est-ce que les trop
gris argentez, ayans les jambes fauves tirantes sur le blanc, ne sont
pas si vistes ne si vigoureux que les autres. Les Princes n'en peuvent
tirer du plaisir pour beaucoup de raisons, dont l'une est, par ce
qu'ilz craignent grandement la foule des piqueurs, et le bruit,
d'autant qu'ilz sont Chiens ardans, et de grand cueur, qui se mettent
hors d'halene au cry et bruit des hommes, aussi qu'ilz craignent les
chaleurs, et n'ayment pas une beste qui ruse et tournoye: mais si elle
tire pays, il est impossible de veoir courir de plus vistes et
meilleurs Chiens, combien qu'ilz soyent opiniastres, de mauvaise
creance, et subjectz a prendre le change, a cause de l'ardeur et folie
qu'ilz ont, et des grans cernes qu'ils prenent en leur default. Et sur
tout veulent cognoistre leur maistre, et principalement sa voix, et sa
trompe, et feront pour luy quelque chose plus que pour tous les
autres. Ilz ont une malice entr'eux, qu'ilz cognoissent bien a la voix
de leurs compaignons s'ilz sont seurs ou non, car s'ilz sont menteurs,
ilz n'iront pas voluntiers a eux. Ilz sont Chiens de grand'peine, ne
craignans le froid ne les eaux, et s'ilz sentent une beste mal menee,
et qu'elle se laisse approcher une fois, ilz ne l'abandonneront jamais
qu'elle ne soit morte. Ceux qui en veulent tirer du plaisir, il faut
qu'ilz facent en ceste sorte. Au partir du descouple ilz les doyvent
piquer le plus froidement qu'ilz pourront, avec peu de bruit, a cause
qu'ilz sont ardans, et outrepassent les routes ou voyes de la beste
qu'ilz courent: a ceste {cecte} cause les piqueurs ne doyvent
approcher d'eux qu'ilz ne les voyent tirer pays, ni au defaut
pareillement: et se faut donner garde de les croiser, de peur qu'ilz
retournent sur eux, et ainsi s'en tirera du plaisir.
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Des Chiens noirs anciens de l'abbaye sainct Hubert en
Ardene. CHAP. 5.
LES CHIENS que nous appellons de sainct Hubert, doyvent estre
communément tous noirs, toutes fois on ha tant meslé leur race, qu'ilz
en vient aujourd'huy de tous poilz. Ce sont les Chiens dont les Abbez
de sainct Hubert ont tousjours gardé de la race, en l'honneur et
memoire du sainct, qui estoit veneur avec sainct Eustache, dont est a
conjecturer que les bons Veneurs les ensuyvront en Paradis, avec la
grace de Dieu. Pour revenir au premier propos, ceste race de Chiens ha
esté semee par le pays d'Haynaud, Lorraine, Flandre, et Bourgongne.
Ilz sont puissans de corsage, toutesfois ilz ont les jambes
basses et courtes: aussi ne sont ilz pas vistes, combien qu'ilz soyent
de hault nez, chassans de forlonge, ne craignans les eaux ne les
froidures, et desirent plus les bestes puantes, comme Sangliers,
Regnardz, et leurs semblables, qu'autres, par ce qu'ilz ne se sentent
pas le cueur ne la vistesse pour courir et prendre les bestes
legieres. Les Limiers en sortent bons, principalement pour le noir,
mais pour en faire race pour couvrir, je n'en fais pas grand cas:
toutesfois j'ay trouvé un livre, qu'un Veneur adroissait a un Prince
de Lorraine, qui aymoit fort la chasse, ou il y avoit un blason
qu'iceluy Veneur donnoit a son Limier, nommé Souillart, qui estoit
blanc.
» De sainct Hubert sortit mon premier nom,
» Filz de Souillart Chien de tresgrand renom.
Dont est à presumer qu'il en sort quelques uns blancs, mais ilz
ne sont de la race des Greffiers, que nous avons pour le jourd'huy.
Les signes par lesquelz on peut cognoistre un bon et beau Chien.
CHAP. 6.
IL FAUT qu'un Chien, pour estre beau et bon, ayt les signes qui
s'ensuyvent. Premierement je commenceray a la teste, laquelle doyt
estre de moyenne grosseur, et est plus a estimer quand elle est longue
que camuse. Les nazeaux doyvent estre gros et ouvers, les oreilles
larges, et de moyenne espesseur, les reins courbez, le rable gros, les
hanches aussi grosses et larges, la cuisse troussee, et le jarret
droit bien herpé, la queuë grosse pres des reins, et le reste
gresle jusques au bout, le poil de dessoubz le ventre rude, la jambe
grosse, la patte du pied seche, et en forme de celle d'un Regnard, les
ongles gros. Et devez entendre qu'on ne veoit gueres de Chiens
retroussez, ayans le derriere plus haut que le devant, estre vistes.
Le masle doyt estre court et courbé, et la Lyce longue. Or pour vous
declairer la signification des signes, il est a sçavoir que les
nazeaux ouverts signiffient le Chien de hault nez. Les reins courbez,
et le jarret droit, signiffient la vistesse. La queuë grosse pres des
reins, longue et deliee au bout, signiffie bonne force aux reins, et
que le Chien est de longue halene. Le poil rude au dessoubz du ventre,
denote qu'il est penible, ne craignant point les eaux ne le froid. La
jambe grosse, le pied de Regnard, et les ongles gros, demonstrent
qu'il n'ha point le pied gras, et qu'il est fort sur ses membres, pour
courir longuement sans s'aggraver.
Comme on doyt eslire une belle Lyce pour porter Chiens, et le moyen de
la faire entrer en chaleur: Aussi les signes soubz lesquelz elle doyt
estre couverte pour porter Chiens masles, qui ne soyent subjetz a
maladie. CHAP. 7.
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SI vous voulez avoir de beaux Chiens, il faut avoir une belle
Lyce, qui soit de bonne race, forte, et bien proportionnee de ses
membres, ayans les costez et les flans grans et larges, laquelle
pourrez faire venir en chaleur en ceste maniere. Prenez deux testes
d'aulx, et un demy couillon d'une beste qui se nomme Castor, avec du
jus de cresson alenois, et une douzaine de mousches, qui se nomment
Cantharides, {Gantharides} et faictes bouillir le tout ensemble en un
pot tenant une pinte, avec de la chair de Mouton, et en faictes
boire par deux ou troys fois en potage a la Lyce, elle ne faudra
jamais de venir en chaleur. Et autant en peut on faire au Chien pour
le rechauffer. Puis quand vous verrez que la Lyce sera chaude,
attendez le plein decours {discours} de la Lune a passer, pour la
faire couvrir: et la faictes emplir soubz les signes de Gemini et
Aquarius, car les Chiens qui naistront en ce temps ne seront si
subjetz a la rage, et en viendra plus de masles que de femelles. Aussi
on dit qu'il y ha une estoile nommee Acture, et que si les Chiens
naïssent soubz le regne d'icelle, qu'ilz seront forts subjetz a la
rage. Pareillement faut entendre plusieurs secretz, dont le premier
est: Que de quelque Chien qu'une Lyce sera couverte, la premiere fois
qu'elle sera en chaleur, et de sa premiere portee, soit de Mastin,
Levrier, ou Chien courant, en toutes les autres portees qu'elle aura
apres, il s'en trouvera tousjours quelqu'un qui resemblera le premier
Chien qui l'aura couverte: qui est la cause qu'on doyt bien regarder a
la premiere fois qu'elle viendra en chaleur, de la faire couvrir a
quelque beau Chien de bonne race, car en toutes les autres laictees
qu'elle portera, il y en aura tousjours quelques uns qui tiendront de
la premiere. Et par ce qu'aujourd'huy on ne faict cas des premieres
laictees des Chiennes, veu qu'on pense que les Chiens qui en sortent
sont subjetz a la rage, et viennent voluntiers foibles et menuz, si
est-ce qu'il ne faut pas laisser a faire couvrir la Lyce a quelque
beau Chien courant, et de bonne race, car si elle estoit mastinee, les
autres laictees en tiendroyent: autrement si la laissez refroidir sans
la faire couvrir, elle deviendra ethique, et a grand'peine se pourra
remettre, ni engresser. L'autre secret est: Que si voulez avoir des
Chiens legiers et ardans, il faut faire couvrir la Lyce a un jeune
Chien, par ce qui si c'estoit d'un vieil Chien, ilz deviendroyent plus
pesans, et moins rebaudiz. Et devez entendre qu'il ne faut jamais
faire refroidir une Lyce en l'eau, car elle luy glace le sang
dedans les venes, et arteres, qui est cause qu'elle devient gouteuse,
ou bien qu'elle ha des trenchees dedans le ventre, et autres infinies
maladies qui s'en ensuyvent.
Quand les Lyces sont pleines, et qu'elles commancent a avaller leur
ventre, on ne les doyt pas mener a la chasse, pour beaucoup de
raisons, dont l'une est, par ce que les effortz qu'elles font
corrompent et gardent de profiter les petis Chiens qui sont dedans
leur ventre: aussi qu'en sautant les hayes, et passant par les boys,
il ne faut qu'un heurt pour les faire advorter, dont s'en ensuivroyent
plusieurs autres fortunes, qui me seroyent prolixes a reciter. Donques
on les doyt seulement laisser aller par la court et maison, sans estre
renfermees dedans le chenin, d'autant qu'elles sont ennuyeuses et
desgoustees, et leur faut faire du potage une fois le jour pour le
moins.
Plus si voulez faire chastrer ou sener une Lyce, ce doyt estre au
paravant qu'elle ayt jamays porté Chiens: et en la senant, il ne luy
faut oster toutes les racines, car il est bien difficile qu'en les
arrachant on ne luy face tort aux reins, et qu'on ne luy accourcisse
sa vistesse: mais quand les racines demeurent, elle en est plus
vigoureuse et hardie, et en endure mieux la peine. Aussi on se doyt
bien donner garde de la faire sener quand elle est en chaleur, car
alors elle seroit en grand danger d'en mourir: mais quinze jours apres
qu'elle sera hors de chaleur, et lors que les petis Chiens se
commanceront a former dans son corps, elle est bonne a sener.
Des saisons esquelles les petis Chiens doyvent naistre, et comme on
les doyt gouverner. CHAP. 8.
IL y ha certaines saisons esquelles les petis Chiens sont mal
aysez a sauver et eschapper, principalement quand ilz naissent sur la
fin d'Octobre, a cause de l'hyver, et froidures qui commancent a
regner, et que les laictages, et autres choses pour les nourrir, sont
deffailliz: et par ce il est bien difficile quand ilz naïssent en
telle saison de les pouvoir eschapper, d'autant que l'hyver les ha
surprins avant qu'ilz ayent force de resister au froid, et encores
qu'ilz eschappent, ilz demeureront petis et foibles. L'autre saison
fascheuse pour les eschapper et avier, est en Juillet, et Aoust, a
cause des vehementes chaleurs, et des Mousches, Puces, et autres
vermetz qui les tormentent. Et par ce, la droicte saison en laquelle
ilz doyvent naistre, est en Mars, Avril, et May, que le temps est
temperé, et que les chaleurs ne sont trop vehementes: aussi que c'est
la droicte naïssance que nature ha donnee a tous animaux, comme a
Vaches, Chievres, Brebis, et leurs semblables: par ce qu'on trouve en
ce temps leur norriture. Et veu que les Chiens naïssent en toutes
saisons, et que plusieurs se delectent a en tirer de la race, et les
nourrir en quelque saison qu'ilz viennent, j'ai bien voulu selon ma
fantasie donner l'intelligence et moyen de les pouvoir eschapper.
Premierement s'ilz naïssent en hyver, il faut prendre un muy ou une
pippe bien seche, et la deffoncer par un bout, puis mettre de la
paille dedans, et coucher le muy ou pippe en quelque lieu ou lon face
ordinairement bon feu, puis mettre le bout deffoncé devers la
cheminee, a fin qu'ilz ayent la chaleur du feu. Et faut bien nourrir
la mere de bons potages faitz de chair de Beuf ou Mouton. Or quand les
petis Chiens commanceront un peu a manger, il leur faudra accoustumer
le potage, sans le saller, a cause que le sel les deseche et
fait venir galleux, a quoy ilz sont subjectz quand ilz naïssent
l'hyver. Il faut mettre en leur potage force sauge, et autres herbes
chaudes. Et si d'aventure on veoyoit que le poil leur tombast, il les
faudroit frotter d'huyle de noix, et de miel, meslez ensemble: en les
tenant dedans leur pippe ou muy le plus nettement qu'on pourra, en
changeant leur paille tous les jours. Et quand on verra qu'ilz
commanceront a aller, faut avoir un ret, fait de gros filet, lassé a
maille de presse, et enfoncer avec un cercle le bout de la pippe ou
muy, ainsi qu'on fonce un tabourin de Suysse, a fin de les garder de
sortir, par ce que les autres Chiens les morderoyent, ou seroyent
marchez ou rompuz des hommes: et faut faire la pippe ou muy en sorte
qu'on l'ouvre quand on voudra. Quant aux autres Chiens qui naïssent
l'esté, ilz doyvent estre mis en quelque lieu frais, ou les autres
Chiens n'aillent point, et doyt on mettre dessoubz eux quelques clies
ou ais, avec de la paille par dessus, qu'il faut changer souvent, de
peur que la fraischeur ou humidité de la terre leur face nuysance.
{nuyssance} Ilz doyvent estre en lieu obscur, pour eviter que les
Mousches ne les tormentent: et fault aussi qu'ilz soyent frottez deux
fois la sepmaine, pour le moins, d'huyle de noix, meslee et batuë avec
du saffran en poudre, car cest oingt fait mourir toute espece de
vertz, et reconforte le cuyr et les nerfz des Chiens, et garde que les
Mousches et Punaises ne les tormentent. Aucunesfois il en faut frotter
la Lyce, et mesler parmy du jus de Berne, ou Cresson sauvage, de peur
qu'elle porte des Puces a ses petis, sans oublier a la faire nourrir
de bons potages, comme dit est. Quand les petis Chiens auront quinze
jours, il les faut esverer, et huyt jours apres leur coupper un neud
de la queuë, en la forme et maniere que je declaireray cy apres au
Traité des Receptes. Puis quand ilz commanceront a veoir, et a manger,
il leur faut donner de bon laict pur, tout chaut, soit de Vache,
de Chievre, ou de Brebis. Et notez qu'il ne les faut mettre au
village qu'ilz n'ayent deux moys, pour beaucoup de raisons, dont l'une
est, qu'ilz ont tousjours la tetine de la mere, et que d'autant qu'ilz
la tetent longuement, ilz tienent plus de sa complexion et nature: ce
qu'on peut veoir par experience, car quand une Lyce ha de petis
Chiens, faictes en nourrir la moytié a une mastine, vous trouverrez
qu'ilz ne seront jamais si bons que ceux que la mere aura nourris.
L'autre raison est, que si vous les separez d'ensemble plus tost que
deux moys, ilz seront froidureux, et leur sera estrange de la mere qui
les eschauffoit.
Les signes qu'on doyt regarder si les petis Chiens seront bons, ou
non. CHAP. 9.
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LES ANCIENS ont voulu dire qu'on cognoist les meilleurs
Chiens aux tetines des meres, et que ceux qui tetent le plus pres du
cueur sont les meilleurs, et plus vigoureux, a cause du sang qui en
cest endroit est plus vif et delicat. Les autres ont dit le cognoistre
dessoubz la gorge, a un sing qu'ilz ont, ou il y ha des poilz qui sont
comme de Porceaux, et que s'il y ha non-per, c'est signe de bonté, et
que s'il y ha per, c'est mauvais signe. D'autres ont voulu regarder
aux jambes de derriere, aux erigotures, que s'il n'en y ha point,
c'est bon signe, et s'il y en ha une, que c'est aussi bon signe: mais
s'il y en avoit deux seroit mauvais signe. Il en y ha aussi qui ont
voulu regarder dedans la gueule, pensans que ceux qui ont le palays
noir fussent bons, mais ceux qui l'auroyent rouge ne valussent gueres,
et s'ilz ont les nazeaux ouvertz, c'est signe qu'ilz seront de haut
nez. Si l'on considere la reste du corps, il n'y ha pas grand jugement
qu'ilz n'ayent trois ou quatre mois. Toutesfois je prens ceux qui ont
les oreilles longues, larges, et espesses, et le poil de dessoubz le
ventre gros et rude, pour les meilleurs: lesquelz signes j'ay esprouvé
et trouvé veritables. Or par ce que j'ay parlé cy dessus de ceste
matiere, je n'en diray autre chose.
Que lon doyt nourrir les petis Chiens aux villages, et non aux
Boucheries. CHAP. 10.
QUAND les petis Chiens auront esté nourris deux mois soubz la
mere, et qu'on verra qu'ilz mangeront bien, il les faut envoyer aux
villages, en quelque beau lieu qui soyt pres des eaux, et loing de
garennes, par ce que s'ilz avoyent souffrette d'eaux, quand ilz
viendront en leur force, ilz pourroyent estre subjetz a la
rage, a cause de leur sang qui seroit sec et ardant, ou l'eau les
nourrist et humectifie. Aussi s'ilz estoyent pres de garennes, ilz se
pourroyent rompre et effiler apres les Connilz. On les doyt nourrir
aux champs de laictages, de pain, et de toutes sortes de potages. Et
faut entendre que la nourriture des villages leur est beaucoup
meilleure que celle des boucheries, d'autant qu'ilz ne sont point
enfermez, et qu'ilz sortent quand ilz veulent pour aller paistre, et
apprendre le train de la chasse: aussi qu'ilz accoustument le froid,
la pluye, et tout mauvais temps, n'estans subjectz a courir au
bestiail privé, car ilz sont nourriz parmy eux ordinairement. Au
contraire s'ilz sont nourriz aux boucheries, le sang et la chair
qu'ilz mangent leur eschauffe le corps, tellement que quand ilz
seroyent grans, et qu'on les feroyt courir deux ou troys fois par
temps de pluye, s'ilz se morfondent, ilz ne faudront jamais a devenir
galleux, et seront subjetz a la rage, et a courir au bestiail privé, a
cause qu'ilz en mangent le sang ordinairement aux boucheries, et
n'apprenent a quester n'a chasser en sorte quelconque. Brief, je ne vy
jamais Chien faire bonne fin, estant nourry aux boucheries, et
principalement pour chasser le Lievre.
En quel temps on doyt retirer les Chiens des nourrisses, et quel pain
et carnages ilz doyvent manger. CHAP. 11.
LON doyt retirer les Chiens des nourrisses a dix moys, et les
faire nourrir au chenin tous ensemble, a fin qu'ilz se cognoissent, et
entendent, et y ha bien difference de veoir une meute de Chiens
nourris ensemblément, et d'un aage, et de Chiens amassez: par ce que
ceux qui sont nourris ensemble s'entendent et ameutent mieux que ne
font pas les Chiens amassez. Apres qu'aurez retirez les Chiens au
chenin, il leur faut pendre des billotz de boys au col, pour leur
apprendre a aller en couple. Le pain qu'on leur doyt donner, doyt
estre tiers froment, tiers orge ou baillarge, et tiers seigle:
d'autant qu'ainsi mixtionné, ilz les entretient frais et gras, et les
garentist de plusieurs maladies. Que s'il n'y avoit que de la seigle,
elle les feroit trop vuyder, s'il n'y avoit que du froment, il leur
retiendroit trop le ventre, qui leur causeroit des maladies: et par
ainsi faut mesler et mixtionner l'un avec l'autre. On leur doyt donner
des carnages au temps d'hyver, principalement a ceux qui sont meigres
et courent le Cerf: mais a ceux qui courent le Lievre, on ne leur en
doyt point donner pour beaucoup de raisons, pour ce que si on leur en
donne, ilz s'acharneront aux grosses bestes, et ne feront cas des
Lievres, qui se mettent communément parmy le bestiail privé, pour se
deffaire des Chiens, et lors pourroyent laisser aller le Lievre pour
courir apres le bestiail privé: mais Chiens qui courent le Cerf ne le
feroyent, a cause que le Cerf est de plus grand vent et sentiment que
le Lievre, aussi que sa chair leur est plus friande et delicate que
nulle autre. Les meilleurs carnages qu'on leur pourroit donner, et qui
les remettroyent le plus, sont de Chevaux, Asnes, et Muletz: quant aux
Beufz, Vaches, et leurs semblables, la chair leur est de plus aigre
substance. Vous ne devez jamais donner carnage aux Chiens qu'il ne
soit escorché, a fin qu'ilz n'ayent pas la cognoissance de la beste,
ne de son poil. Je louë grandement les potages faictz de chair de
Brebis, de Chievres, et de teste de Beuf, pour les Chiens meigres qui
courent le Lievre: et faut mesler aucunesfois parmy ces potages
quelque peu de souffre pour les eschauffer. J'en declaireray plus
amplement au Traicté des Receptes.
Comme doyt estre situé et accommodé le chenin des Chiens. CHAP.
12.
[FIGURE]
LE CHENIN doyt estre situé en quelque lieu bien orienté, ou il
y ait une grand'court bien aplanie, ayant quatre vingtz pas en quarré,
selon la commodité et puissance du Seigneur: mais d'autant qu'elle est
spacieuse et grande, elle en est meilleure pour les Chiens, par ce
qu'ilz veulent avoir du plaisir pour s'esbatre et vuyder. Par le
milieu du chenin y doit avoir un ruisseau d'eau vive, ou une fontaine,
pres laquelle faut mettre un beau grand tymbre de pierre, pour
recevoir le cours de la source, qui aura un pied et demy de haut, a
fin que les Chiens y boyvent plus a leur ayse: et faut qu'iceluy
tymbre soit percé par un bout, a fin de faire evacuer l'eau, et
qu'on le nettoye quand on voudra. Sur le haut de la court doyt estre
basty le logis des Chiens, auquel faut qu'il y ayt deux chambres, dont
l'une sera plus spacieuse que l'autre, en laquelle doyt avoir une
cheminee grande et large, pour y faire du feu quand mestier sera. Les
portes et fenestres d'icelle chambre doyvent estre situees entre le
Soleil levant, et le Midy. La chambre doyt estre enlevee de trois
piedz plus haut que le plan de la terre, et y faire deux cois, a fin
que l'urine et immondicité des Chiens se puissent vuyder. Les
murailles doyvent estre bien blanchies, et les planchers bien collez,
de peur que les araignees, puces, punaises, et leurs semblables s'y
engendrent et nourrissent. Les fenestres doyvent estre bien vitrees,
de peur que les mousches y entrent. Il leur faut tousjours laisser
quelque petite porte ou huisset, a fin qu'ilz s'aillent vuyder et
esbatre quand ilz voudront. Puis faut avoir en la chambre de petis
chaslitz, qui soyent enlevez de terre d'un bon pied, et que soubz
chascun des piedz du chaslit y ayt un petit rouleau ou boule, pour les
mener la part ou lon voudra, a fin de pouvoir nettoyer dessoubz: et
aussi quand ilz viendront de la chasse, et qu'il est question de les
faire chauffer et secher, on les puisse rouler et approcher du feu. Et
si faut qu'iceux chaslitz soyent foncez de clies, ou bien d'ais
percez, a fin qu'ilz pissoyent, l'urine s'escoulast a terre. Il faut
une autre chambre pour retirer le valet de Chiens, a fin de reserrer
ses trompes, couples, et autres choses requises a son art.
Je n'ay voulu parler des chambres sumptueuses que les Princes font
faire pour les Chiens, esquelles y ha des poiles et estuves et autres
magnificences: parce que cela m'ha semblé leur estre plus nuisible que
profitable: car s'ilz ont accoustumé telles chaleurs, estans traitez
si delicatement, et qu'on les mene en quelque lieu ou ilz
soyent mal logez, ou bien s'ilz courent par temps de pluye, ilz
seront subjetz a se morfondre, et a devenir galleux. Parquoy j'ay bien
voulu dire, qu'alors qu'ilz vienent de la chasse, et qu'ilz sont
mouillez, il suffist seulement qu'ilz soyent bien chauffez, et couchez
sechement, sans leur accoustumer tant de magnificence. Et par ce
qu'aucunesfois on n'ha pas la commodité d'avoir fontaines ou
ruisseaux, il est requis faire de petis baillotz de boys, ou bien
quelque tymbre pour mettre leur eau. Il se faut bien donner garde de
leur donner a boire en aucun vaisseau d'arain ou de cuyvre: par ce que
ces deux especes de metaux sont veneneuses de leur nature, et font
tourner et empunaisir soudainement l'eau, qui leur seroit grandement
contraire. Il est aussi necessaire d'avoir de petis baquetz de boys
pour mettre leur pain, qui doyt estre rompu et decoupé par petis
loppins dedans, par ce que les Chiens sont aucunesfois desgoustez et
malades: aussi qu'il y ha certaines heures qu'ilz ne veulent manger,
qui est la cause que les baquetz ne doyvent estre sans pain, comme
nous avons mis au pourtrait cy dessus.
Du valet de Chiens, et comme il doyt panser, gouverner, et dresser les
Chiens. CHAP. 13.
[FIGURE]
UN BON valet de Chiens doyt estre gracieux, fort courtois, et
doux, aymant les Chiens de nature: et faut qu'il ayt bon pied, et bon
vent, tant pour entonner sa trompe que sa bouteille. La premiere chose
qu'il doyt faire apres estre levé, c'est d'aller veoir ses Chiens, et
les nettoyer et accoustrer, comme l'estat le requiert. Apres les avoir
nettoyez, il doyt prendre sa trompe et sonner quatre ou cinq motz le
gresle, a fin de les resjouir, et appeller a luy: et quand il
les verra tous autour de luy, faut qu'il les couple, et en les
couplant qu'il se prene bien garde de ne coupler les Chiens masles
ensemble, de peur qu'ilz ne se batent. Et s'il y ha de jeunes Chiens,
il les faut coupler avec de vieilles Lyces, pour les apprendre a
suyvir. Quand ilz seront tous bien couplez, il faut que le valet de
Chiens emplisse deux grandes gibbecieres ou pochettes, toutes pleines
d'osseletz, et autres friandises, comme Sardines, ralle de pied de
cheval fricassez, rosties a la gresse, et autres semblables. Puis il
doyt mettre tout par petis loppins dedans les gibbecieres, et en
pendre une a son col, et bailler l'autre a un de ses compaignons. Cela
faict, doyt prendre deux bouchons de paille nette, et les mettre a sa
ceincture, avec une espoussette, pour bouchonner et espoussetter ses
Chiens quand ilz seront aux champs. Les autres valetz de Chiens ou
aïdes qui seront avec luy, en doyvent faire autant. Apres il faut
qu'ilz prenent chascun une belle houssine en la main, et que l'un
d'eux se mette devant, qui appellera les Chiens apres luy, l'autre se
mette derriere, qui les touchera: et s'il en y ha deux autres, ilz se
mettront aux deux costez, et ainsi s'en doyvent aller tous quatre
pourmener les Chiens par les bledz verdz, et par les prairies, tant
pour les faire paistre, que pour leur apprendre a croire, les faisant
passer a travers les trouppeaux de brebis, et autre bestiail privé, a
fin de les y accoustumer, et faire cognoistre: que s'il y avoit
quelque Chien mal complexionné, qui leur voulust courre sus, il le
faudroit coupler avec un Mouton ou Belier, et avec la houssine le
fesser et battre longuement, en criant et menaçant, a fin qu'une
autre-fois il entende la voix de ceux qui le menaceront. Aussi faut
passer les Chiens par les garennes, et s'ilz branlent aux Connilz, les
menacer et chastier, par ce que les jeunes Chiens, de leur nature, les
ayment voluntiers. Apres les avoir ainsi pourmenez, et que le Soleil
commancera a haulser, ilz s'en doyvent aller en quelque beau
pré, et appeller tous leurs Chiens autour d'eux, et prendre leurs
bouchons et espoussettes pour les bouchonner et espoussetter le plus
doucement qu'ilz pourront, car aucunesfois les Chiens qui courent par
les fortz se piquent, et prenent des espines, ou bien ont quelques
dartres ou galles: la ou les valetz de Chiens ayans la main rude, en
les bouchonnant, les pourroyent escorcher, et faire plus tost mal que
bien: et aussi que le Chien courant ne veut pas perdre son poil et
bourre, d'autant qu'il est incessamment par les boys, la ou l'esgail,
l'eau, et autres froidures tombent sur luy, a ceste cause doyt suffire
de bouchonner les Chiens courans troys fois la sepmaine: mais quand
aux Levriers, je ne dy pas qu'il ne les faille bouchonner tous les
jours. Apres toutes ces choses faictes, il faut que les valetz de
Chiens leur apprenent a entendre les forhuz, tant de la trompe que de
la bouche, en cette maniere.
Premierement, il faut que l'un deux prene une des gibbecieres pleine
de friandises, et qu'il s'en aille a un ject d'arbaleste, ou plus
loing, sçelon que les Chiens seront jeunes et dressez, car s'ilz
estoyent jeunes, n'ayans jamais esté dressez, il faudroit faire le
forhu plus pres, et ne les descoupler point, a fin que les vieux les
emmenassent et traynassent au forhu. Mais s'ilz sont commancez a estre
dressez, on doyt aller plus loing, et les descoupler, et alors que le
valet des Chiens sera a deux bons jectz d'arbaleste loing de ses
Chiens, lesquelz faut que ses compaignons tienent hardez, il doyt
commancer a forhuer, et a sonner de la trompe, criant, Tya Hillaut,
pour le Cerf: et Valecy aller pour le Lievre. Et ne doyt cesser de
sonner et forhuer que ses Chiens ne soyent arrivez a luy. Quand ses
compaignons l'entendront forhuer, il faut qu'ilz descouplent leurs
Chiens, en criant: Escoutte a luy, tirez, tirez. Puis quand ilz seront
arrivez au forhu, le valet de Chiens doyt prendre sa gibbeciere, et
leur jetter toutes les friandises par-my eux, en leur criant et les
resjouyssant, comme l'art le requiert. Alors qu'il verra qu'ilz
auront presques achevé de manger, il doyt faire signe a ses
compaignons qu'ilz forhüent, lesquelz n'auront bougé du lieu ou ilz
ont descouplé leurs Chiens, qui auront l'autre gibbeciere pleine de
friandises, lesquelz commanceront de leur costé à forhüer, et sonner
de la trompe, pour faire venir les Chiens a eux. Celuy qui aura faict
le premier forhu, les doyt menacer, et frapper avec une houssine, en
criant, Escoute a luy, ou, Tirez a luy. Et quand les Chiens seront
arrivez a eux, ilz leurs doyvent donner les friandises, comme ha faict
l'autre. Puis apres les coupler bien doucement, par ce que si on
rudoyoit une fois un jeune Chien au couple, une autresfois on ne le
cuyderoit pas reprendre. Quand ilz seront couplez, il les faut emmener
au chenin, et leur donner a manger, et si faut laisser du pain couppé
dedans leur baquet, pour ceux qui seront desgoutez. On doyt changer
leur paille deux ou troys fois la sepmaine, pour le moins: et
entortiller des bouchons en de petis bastons, et les ficher en terre,
pour les faire pisser. C'est une chose certaine que si vous frottez un
bouchon ou autre chose de Galbanum, tous les Chiens ne faudront jamais
a venir pisser de contre. Et si d'avanture il n'y avoit dedans le
chenin ruysseau, ou fontaine, il faut mettre leur eau dedans de la
pierre, ou dedans du boys, comme j'ay dit cy devant, laquelle faut
changer et refraichir tous les jours deux fois. Aussi par les grandes
chaleurs, les Chiens se chargent souventesfois de poulz, puces, et
d'autres vermines et salletez: et pour y remedier, il les faut laver
une fois la sepmaine en un bain faict avec des herbes, comme s'ensuyt.
Premierement faut avoir une grande poisle tenant dix seaux d'eau,
puys prendre dix bonnes joinctees d'une herbe nommee Berne ou Cresson
sauvage, et autant de fueilles de Lapace, et de Marjolaine sauvage, de
Sauge, Romarin, et Ruë, et faire fort bouillir le tout ensemble,
jettant parmy deux mesures de sel: puys quand tout aura bouilly
ensemble, et que les herbes seront bien consommees, il les faut oster
de dessus le feu, et les laisser refroidir jusques a ce que l'eau soit
tiede, puis laver les Chiens et bouchonner avec le bouchon, ou bien
les baigner les uns apres les autres. Et doyvent estre faictes toutes
ces choses, au temps des grandes chaleurs, troys fois le moys pour le
moins. Et aussi aucunes-fois quand on ramene les Chiens des villages,
ilz craignent les eaux, et n'ont pas la hardiesse de se metre dedans,
a ceste cause le valet de Chiens doyt regarder et eslire les jours
qu'il fera chaut, esquelz environ l'heure de Midy, doyt coupler tous
ses Chiens, et les mener sur le bort de quelque riviere, ou estang, et
se despouiller tout nu, en les prenant l'un apres l'autre, puys les
porter bien avant pour leur apprendre a nager, et accoustumer l'eau.
Ayant faict cela deux ou troys fois, il cognoistra que ses Chiens ne
craindront plus les eaux, et qu'ilz ne feront plus de difficulté de
passer, et nager les rivieres et estangs. Voyla comme les bons valetz
de Chiens les doyvent traiter et gouverner, car en faisant toutes ces
choses susdites, il est impossible que leurs Chiens ne soyent bien
pansez et dressez. Aussi bien souvent les Chiens courent par temps de
pluyes, de verglaz, et autre mauvais temps, ou bien font des effortz a
courre, et a nager les rivieres: quand telles choses arrivent, le
valet de Chiens leur doyt faire un beau grand feu, pour les chauffer
et secher, et quand ilz seront secz, il leur doyt frotter et
bouchonner le ventre, pour faire tomber la terre et fange qu'ilz
pourroyent avoir: car s'ilz couchoyent mouillez, ilz seroyent en
danger de leur morfondre, et devenir galleux. Souventesfois en courant
par les campaignes et rochiers, ilz s'aggravent et escorchent les
piedz, et pour les panser et guerir, il faut premierement leur laver
les piedz avec de l'eau et du sel, apres faut avoir des oeufz, et en
prendre seulement les moyeux, et les battre fort avec du vin-aigre, et
avec du jus d'une herbe qui croist sur les rochiers, qu'on
nomme Pilozelle: puis faut prendre de la geme, ou poix, et la mettre
en poudre, et la mesler avec deux fois autant de suye, en apres mettre
vostredite poudre parmy les oeufz et le jus des herbes susdites,
faisant le tout chauffer ensemble, en le mouvant souvent: et se faut
bien donner garde qu'il ne chauffe trop, par ce que l'humidité se
consummeroit, et les oeufz se cuyroient, qui gasteroit le tout: mais
suffira seulement de le chauffer jusques a ce qu'il soit un peu plus
que tiede, et de ce leur en frotterez au soir les piedz, et les
envelopperez avec du linge. Je n'en mettray autre chose pour ceste
heure, esperant en parler plus amplement sur la fin, au Traicté des
Receptes.
Comme lon doyt dresser les jeunes Chiens pour courre le Cerf, et des
curees qu'on leur doyt faire. CHAP. 14.
[FIGURE]
APRES que les valetz auront apprins a leurs Chiens a
croire, a entendre le forhu, et le son de la trompe: les piqueurs
voyans leurs Chiens en assez bonne force de reins, et aagez de seze ou
dixhuit moys, ilz doyvent commancer a les dresser, et ne les mener
qu'une fois la sepmaine, pour le plus, aux champs, de peur de les
faire effiler, par ce que Chiens courans ne sont du tout renforcez
n'asseurez sur leurs membres, qu'ilz n'ayent deux ans pour le moins.
Et faut avant toute chose, quiconque voudra prendre le Cerf a force,
entendre troys secretz. Le premier est, qu'on ne doyt jamais faire
courir une Biche aux Chiens, ne leur en donner curee, par ce qu'il y
ha difference du sentiment de la Biche a celuy du Cerf: comme pouvez
veoir par experience, que les Chiens courans demesllent souventefois
l'un d'avec l'autre: et sont de telle nature que la premiere beste
qu'on leur faict courir, et qu'ilz y prenent plaisir, si on leur en
fait curee, il leur en souvient tousjours: et par la pouvez cognoistre
que si vous leur faictes curee des Biches, ilz les desireront plus
tost que les Cerfz. Le second secret est, qu'on ne doyt point dresser
les jeunes Chiens dedans les toiles, par ce qu'un Cerf ne faict que
tournoyer, ne se pouvant esloigner d'eux, qui le voyent a toutes
heures: et si on les fait courir apres hors de la toile, et qu'un Cerf
dressast, se forloignant un peu d'eux, ils l'abbandonneroyent
incontinent: et qui plus est, ilz se gastent encores a la toile en
autre maniere, car si un Cerf y tournoye deux ou troys tours, ilz
prenent aussi tost le contrepied que le droit, se rompans et mettans
hors d'haleine, sans apprendre a quester ni a chasser, ne faisans que
lever la teste pour veoir le Cerf. Le tiers secret est, de ne dresser
les Chiens ne faire courir au matin, s'il est possible, par ce que si
on leur accoustume l'esgail, et qu'ilz vienent a courir sur le haut du
jour, ayant senty la chaleur du Soleil, ilz ne voudront plus chasser.
Mais autrement vous les pourez dresser, et donner curee en
ceste maniere.
Premierement vous devez regarder quand les Cerfz seront en leur
grande venaison, par ce qu'ila ne ruzent, et ne s'esloignent pas tant
qu'ilz feroyent en Avril et May, qu'ilz n'en sont point chargez, et ne
courent pas si longuement. Alors pourrez choisir une forest, là ou les
relays seront bien justes, et a propos, puis mettre tous voz jeunes
Chiens ensemble avec quatre ou cinq des vieux, pour les dresser. En
apres les faut mener au plus loingtain et dernier relays, et faire
chasser le Cerf jusques là ou ilz seront, a quelque bonne meute de
Chiens, qui le gardent bien de reposer par les chemins, a fin qu'alors
qu'il sera arrivé a eux, qu'il soit las et mal mené. A l'heure faudra
descoupler les vieux Chiens les premiers, et quand ilz auront dressé
les routes ou voyes du Cerf, estans bien ameutez, faut descoupler tous
les jeunes Chiens, et les ameuter a eux, là ou faut qu'il y ayt trois
bons piqueurs pour le moins, a fin que s'il y avoit quelque Chien qui
voulust demeurer derriere, s'opiniastrer et amuser, de le bien batre,
et faire aller aux autres. Et devez entendre qu'en quelque lieu ou lon
tue le Cerf, on luy doit despouiller le col, et leur en faire la curee
sur le champ, tout chaudement, parce qu'elle leur est beaucoup
meilleure, plus friande et profitable, chaude que froide.
Vous leur pouvez donner curee en autre maniere. Prenez un Cerf aux
retz ou pieces, et luy fandez un des piedz de devant depuis
l'entre-deux des ongles jusques a la joincture des os ou bien luy
couppez un des ongles tout entier, puis le demeslerez de la piece ou
retz, et le laisserez aller: un quart d'heure apres ferez amener tous
voz jeunes Chiens, lesquelz ferez harder, puis ferez mettre les
Limiers sur les routes du Cerf, lesquelles ferez suyvre avec les
jeunes Chiens. Apres l'avoir suivy la longueur d'un ject d'arbaleste,
vous pourrez forhuer, et sonner pour Chiens. Cela faict, pourrez
descoupler les jeunes Chiens des vieux, a fin que les vieux les
conduysent: et faut qu'il y ayt de bons piqueurs a la queuë pour les
faire chasser et requester. Vous leur pourrez encores donner curee en
autre maniere. Faut avoir quatre ou six valetz, lesquelz soyent
gracieux, et allans bien a pied, car autrement ilz leur feroyent plus
de tort que de profit: et leur pourrez donner a mener a chascun quatre
jeunes Chiens en une lesse. Et apres que le Cerf sera donné aux
Chiens, s'en doyvent aller tousjours le petit pas, sans les tormenter,
au devant de la meute. Puis quand ilz verront que le Cerf aura couru
deux bonnes heures, et qu'il sera mal mené, ilz pourront lascher leurs
jeunes Chiens, mais se doyvent bien garder de les descoupler quand ilz
verront le Cerf aux abboiz, et principalement quand il ha la teste
dure: car en ceste fureur il les pourroit tuer. Ma fantasie est telle,
qu'on doyt premierement dresser les Chiens pour le Lievre, car c'est
leur droit commancement, par ce qu'ilz aprenent toutes ruzes et
hourvariz, pareillement a croire, a venir a tous forhuz, et si
s'affinent le nez en accoustumant les chemins et campaignes. En apres
quand on les veut dresser pour le Cerf, ilz abandonnent aisément le
Lievre, par autant que la chair du Cerf est plus friande, et aussi
qu'il ha plus grand vent et sentiment que n'ha pas le Lievre. Il faut
icy entendre que tous Chiens veulent cognoistre les piqueurs qui les
suyvent, et pour ce il est requis quand les valetz de Chiens leur
donneront a manger, et qu'on leur fera la curee, que les piqueurs s'y
trouvent, pour leur faire chere, et parler a eux, a fin qu'ilz les
cognoissent et entendent.
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