[O] La Chasse du Lievre. [O]
[FIGURE]
LIEVRE je suis de petite stature,
Donnant plaisir aux Nobles et Gentilz:
D'estre leger, et viste de nature,
Sur toute beste on me donne le pris.
De la proprieté du Lievre, et pour cognoistre le masle d'avec la
femelle. CHAP. 55.
JE COMMANCERAY aux vertuz et proprietez du Lievre, lesquelles
sont grandes scelon la stature de la beste.
Premierement, le sang du Lievre est grandement dessicatif: si vous
l'appliquez sur quelque rongne ou dartre, il la deseche et guarist. Le
Lievre ha un petit os dedans la joincture des jambes, lequel est
souverainement bon pour la colique passion. Sa peau bruslee et mise en
poudre, est un souverain remede pour arrester le sang d'une playe, en
l'appliquant dessus.
Le Lievre nous ha monstré l'herbe de la Cicoree sauvage, laquelle
est fort bonne aux melancholiques: par autant qu'il est l'animal le
plus triste et melancholicq que nul autre, et pour se guarir de sa
tristesse, s'en va gister volontiers dessoubz icelle herbe, laquelle
les anciens ont nommee PALATIUM LEPORIS, dit Palays du Lievre.
Le lievre de sa nature cognoist de vingt et quatre heures en vingt
et quatre heures la mutation du temps. Quand il va au giste, il ne
veut point que l'esgail ni l'eau luy touchent, a ceste cause il suyt
les grans chemins et voyes. Et bien souvent la femelle fait de petis
sentiers, en couppant l'herbe et petites branches avec les dentz. Et
par autant qu'il y en ha quelques uns qui sont ladres, qui suyvent les
eaux, ceux la ne font point de sentiers, et ne suyvent gueres les
chemins, mais font leurs ruzes dedans les eaux. Et devez scavoir qu'on
ne trouve gueres de femelles ladresses, comme on fait des masles: a
cette cause, le piqueur pourra juger quel Lievre c'est, et ou il sera
gisté, en voyant sa nuyt.
Les Lievres vont au rut communément en Janvier, Febvrier, et Mars,
allant chercher les femelles, jusques a sept ou huyt lieües
loing d'ou ils sont nez, suyvans les grans chemins, comme je
declaireray cy apres.
Le masle attent mieux les Chiens et de plus pres au giste, que ne
fait pas la femelle, a cause qu'il se sent plus viste, le corps plus
dispos et hardi.
Si au partir du giste le Lievre leve les oreilles, ne fuyant point
de puissance, et qu'il retrousse la queüe sur l'eschine, c'est signe
d'un fort et malicieux Lievre. Combien que Phebus die qu'il n'y ha
point de jugement entre le masle et la femelle des Lievres, si est-ce
que je luy prouveray le contraire. Car le masle ha communément son
repaire ou ses crottes plus petites, plus seches, et plus aguillonnees
au bout que non pas la femelle, laquelle les fait grosses, rondes, et
non si seches que le masle. La raison est, que la femelle ne fait pas
tant de pays la nuit, et aussi qu'elle est beaucoup plus grande, qui
est cause qu'elle jette ses crottes plus grosses. Par autre moyen
cognoistrez le masle aux Chiens, en deffaisant sa nuict, car il bat
plus grans chemins et carreffours, prenant plus grans pays en lieux
descouvertz, que la femelle, et fait ses ruzes plus sottes, et de plus
grande espace: la femelle les fait plus courtes, et par lieux plus
couvertz, en tournoyant, comme un Connil, au-tour des brosses. Et si
la femelle va faire sa nuict dedans les bledz verz, elle ne traverse
gueres les seillons, mais les suyt de long, et s'arreste aux plus
fortes brosses du blé pour viander, ne luy suffisant pas d'en manger
son saoul, car elle le couppe, et laisse dedans les seillons. Plus on
cognoist le masle, en le voyant partir du giste, par-ce qu'il ha le
derriere tout blanchastre, comme s'il avoit esté plumé. Ou bien le
cognoistrez par les espaules, lesquelles sont communément rouges,
ayant par-my quelques poilz longs.
Semblablement le cognoistrez a la teste, laquelle il ha plus courte
et plus joffue que la femelle, le poil et barbe des joües long, et ha
volontiers les oreilles courtes, larges, et blancheastres, qui
est au contraire de la femelle, car elle ha la teste longue et
estroite, et les oreilles grandes, le poil de dessus de l'eschine d'un
gris tirant sur le noir. Et volontiers quand les Chiens chassent la
femelle, elle ne faict que tournoyer au-tour de son pays, passant sept
ou huyt foys par un mesme lieu, sans se vouloir jamais forpaiser. Le
masle faict le contraire, car si les Chiens le chassent, et qu'il ayt
faict deux tours au-tour de son giste, alors il prend congé de sa
meute, et s'en va aucuneffois trois ou quatre lieües loing, sans
s'arrester, en quelque pays ou il aura esté autre-fois, duquel il
pourroit estre venu: car les lievres vont aux passages a sept ou huyt
lieües loing, et les pourrez cognoistre en ceste maniere. Quand vous
verrez que voz Chiens trouverront la nuit d'un Lievre dedans les
carreffours ou chemins, et qu'il aura fort ruzé sur quelques petis
coustaux secz, sans avoir gueres faict de pays, ne s'estre pourmené
dedans les blez, c'est signe que c'est un Lievre qui n'est que venu,
lequel se sera arresté au plus haut lieu, pour regarder le pays et le
lieu ou il ira faire son giste, et pour se sauver si les Chiens ou
autres choses le rencontroyent. Vous le pourrez encores cognoistre en
ceste sorte. Communement les Lievres de passage font leur giste au
couvert, par autant qu'ilz sont en doubte et crainte, et quand les
Chiens les trouvent, ilz font les rompus, se faisant relancer deux ou
troys foys: parce qu'il leur fasche de sortir du fort, ne sachant le
pays: mais alors qu'ilz voyent que les Chiens les pressent, ilz
prenent les chemins par ou ilz sont venuz, et s'en retournent en leur
pays. Par ainsi si un Lievre se faict relancer deux ou troys foys
aupres de son giste, c'est signe que c'est un Lievre de passage, qui
pourra emmener les Chiens bien loing.
Des finesses et malices des Lievres, que les piqueurs doyvent entendre
pour les prendre a force. CHAP. 56.
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JE veux bien dire la chasse du Lievre estre plus plaisante, et
de plus grand esprit, pour les Gentilz-hommes, que de nulle autre
beste, d'autant qu'ilz trouvent leur plaisir a toutes heures, et avec
petis fraiz, voyant tousjours courir leurs Chiens devant eux: par-quoy
peuvent juger, sans prendre grand' peine ne travail, lesquelz sont les
meilleurs, et mieux chassantz, requerantz, et forcenantz. Et aussi que
c'est grand plaisir de veoir l'esprit de ce petit animal, et des ruzes
qu'il fait pour se deffaire des Chiens. Et faut que les piqueurs y
soyent fins, et d'esprit, pour entendre ses ruzes, et malices: ce que
j'ay pratiqué toute ma vie, qui m'ha causé mettre par escript
une partie des experiences qu'en auroys peu veoir, cognoistre, et
entendre.
Premierement, le piqueur qui sera apres les Chiens, doyt regarder au
partir du giste plusieurs pointz. Scavoir est, quel temps il fera, car
si c'est un temps de pluye, le Lievre dresse et suyt plus les Chemins
qu'en autre temps, et s'il arrive a quelque boys-taillis, il n'entre
pas dedans, mais se relaisse au bort, et laisse passer les Chiens:
puis quand ilz sont outre-passez, il s'en retourne sur ses mesmes pas
par ou il sera venu, au pays ou il aura esté poussé, par-ce qu'il ne
veut pas entrer dedans les fortz, a cause de l'esgail, qui est par-my
le boys. A telles ruzes le piqueur doyt demeurer a cent pas pres du
boys, par ou le Lievre sera venu, car il ne faudra point a le veoir
retourner sur ses pas droit a luy: et pourra a l'heure le piqueur
forhuer ses Chiens, et les rappeller, d'autant qu'il seroit malaisé
qu'ilz redressassent telles ruzes, par-ce qu'ilz ne cuydent pas que le
Lievre soyt retourné sur luy, aussi qu'ilz penseroyent que ce fust le
contrepied. Plus doyt bien regarder en quel lieu on trouverra la giste
du Lievre, et de quel vent il s'est caché, car si c'est du vent de
Galerne ou Hautain, il ne cuydera pas fuyr le nez dedans, mais le
coustoyera, ou luy tournera le cul. Aussi que s'il fait sa giste en
l'eau, c'est signe qu'il est ladre: a telz Lievres le piqueur doyt
prendre garde tout le jour dedans les eaux, car il y font volontiers
leurs ruzes et finesses. D'avantage, le piqueur regardera si c'est un
masle ou une femelle, et s'il est nourry au pays, ce qu'il pourra
cognoistre par-ce que j'ay declaré cy dessus: car c'est une chose
certaine qu'un Lievre nourry au pays, et principalement la femelle, si
le piqueur regarde le premier pays et cerne qu'il prendra la premiere
fois au partir du giste, estant devant les Chiens, tous les autres
qu'il fera tout le jour seront par mesmes lieux, et seront par mesmes
passees et musses: si ce n'est, comme j'ay dit, quelque Lievre masle
qui fust venu de loing, ou bien que les Chiens l'eussent si
mal mené et lassé qu'il fust contraint d'abandonner son pays, et se
forpaïser: ce qu'ilz font volontiers quand ilz ont esté chassez deux
heures sans deffaut. Au commancement que les Chiens chassent les
Lievres, ilz ne font que tournoyer, passant cinq ou six fois par un
lieu, et sur leurs mesmes pas. Et faut entendre que si les Chiens
courantz faillent a prendre un Lievre un jour, le piqueur peut bien
regarder le pays, et les lieux par ou il aura passé, car si une
autre-fois il le retrouve, et que les Chiens le chassent, il passera
par mesmes lieux, et fera mesmes ruzes qu'il aura faictes le jour
qu'il se sera sauvé, et par ce moyen pourra cognoistre sa malice, et
le pays ou il voudra aller, et beaucoup ayder a ses Chiens.
J'ay veu un Lievre si malicieux, que depuis qu'il oyoit la trompe,
il se levoit du giste, et eust il esté gisté a un quart de lieüe de
là, et s'en alloit nager en un estang, se relaissant au milieu
d'iceluy sur des joncs, sans estre aucunement chassé des Chiens: puis
a la fin je descouvris sa finesse, car je m'en allay cacher
secretement au long de l'estang pour sçavoir qu'il devenoit, lors
allay faire descoupler les Chiens là ou je le pensoys trouver, et
incontinent qu'il oüyt la trompe, il se leva d'effroy, et s'en vint
devant moy se relaisser au milieu de l'estang, et pour pierre ou motte
que je luy sceusse jetter ne voulut bouger de là, alors je fuz
contraint me despoüiller pour le faire desloger, et attendit presque a
estre pris avec la main, premier que vouloir bouger: me voyant pres de
luy, il se met a la nage, et sortit devant les Chiens, ou il courut
encores l'espace de troys heures, premier que d'estre pris, nageant et
faisant toutes ses ruzes dedans les eaux. J'ay veu courir Lievre bien
deux heures devant les Chiens, qui apres avoir couru venoit pousser un
autre, et se mettoit en sa giste. J'en ay veu d'autres qui nageoyent
deux ou trois estangs, dont le moindre avoyt quatre vingtz pas de
large. J'en ay veu d'autres apres avoir esté bien courus l'espace de
deux heures, entroyent par dessoubz la porte d'un tect a
Brebis, et se relaissoyent par-my le bestiail. J'en ay veu, quand les
Chiens les couroyent qui s'alloyent mettre par-my un trouppeau de
Brebis, qui paissoyt par-my les champs, ne les voulans abandonner ne
laisser: dont je fus contraint de coupler mes Chiens, et faire toucher
les brebis a la bergere jusques dedans le tect: et alors qu'il veit
les maisons, se depart, et s'en va, là je descouple mes Chiens, et le
pris. J'en ay veu d'autres, que quand ilz oyoient les Chiens courantz,
se cachoyent en terre, J'en ay veu d'autres, qui alloyent par un costé
de haye, et retournoyent par l'autre, en sorte qu'il n'y avoit que
l'espesseur de la haye entre les Chiens et le Lievre. J'en ay veu
d'autres, quand ilz avoyent couru demye heure, s'en alloyent monter
dessus une vieille muraille de six piedz de haut, et s'alloyent
relaisser en un pertuys de chauffaut, couvert de lierre. J'en ay veu
d'autres qui nageoyent une riviere, qui pouvoit avoir huyt pas de
large, et la passoyent et repassoyent en la longueur de deux cens pas,
plus de vingt foys devant moy. A ceste cause, faut que le piqueur soyt
caut, et fin, pour chasser le Lievre: car il est certain que si les
Chiens scavent bien prendre le Lievre a force, ilz pourront courir
toutes bestes: et est le vray principe et commancement pour les
dresser, et affiner le nez. Puis quand on les veut dresser pour le
Cerf, ilz abandonnent aysément le Lievre, par ce que la venaison du
Cerf est plus friande que celle du Lievre, et plus desiree des Chiens
courantz: aussi que le Cerf ha plus grand vent et sentiment. Les
Lievres ne vivent que sept ans pour le plus, et principalement les
masles. Ilz ont ceste malice, que si le masle et la femelle sont
accompagnez ensemble en un pays, jamais n'y laisseront demeurer autres
Lievres estranges, s'ilz peuvent, si ce n'estoyent ceux qu'ilz ont
engendrez. Et pour-ce dit on: Tant plus on chasse en un pays, et plus
on y trouve de Lievres, par-ce que ceux des autres pays y viennent.
Comme on doyt dresser les jeunes Chiens pour le Lievre. CHAP. 57.
PREMIEREMENT, a la chasse du Lievre il est requis qu'il n'y ayt
que deux ou troys piqueurs pour le plus, dont faut qu'il y en ayt un
qui menace les Chiens qui demeureront derriere: les autres les doyvent
faire chasser et requester, car s'ils estoyent grand nombre de
piqueurs qui parlassent aux Chiens, ilz romproyent les erres du
Lievre, ou bien estonneroyent les Chiens aux deffaux, par-ce que le
Lievre fait tant de ruzes que les Chiens ne scavent aucunes-fois ou
ilz en sont, et ne font que lever la teste pour demander secours a
leur maistre: lequel alors doyt prendre ses cernes et enceinctes
autour du deffaut, en les resjouyssant, ce qu'il ne scauroit faire
s'il estoyt foulé des piqueurs.
Celuy qui dresse et fait chasser les Chiens, doyt porter une grande
gibbeciere de toile pleine de friandizes, pour leur donner, a fin
qu'ilz le cognoissent, car les Chiens veulent sur tout cognoistre leur
maistre, sa voix, et sa trompe: et lors qu'il les forhuera, il
cognoistra qu'ilz viendront plus tost a sa voix qu'a celle d'un autre,
laissans toutes choses pour venir a luy: aussi ne les doyt il jamais
forhuer n'appeller en faute.
Et s'il advient qu'il veüille faire retourner ou venir les Chiens a
luy, pour les faire entrer en quelque taillis ou fort, il les doyt
appeller en ceste sorte,
[NOTATION_MUSICALE] Hourua a moy the-hau.
En sonnant de la trompe un son bien long, comme ainsi,
[NOTATION_MUSICALE] Tran.
Puis quand les Chiens seront tous arrivez a luy, il doyt
regarder quelque belle musse ou passee, pour les faire entrer dedans
le taillis: a laquelle musse il doyt jetter une poignee de petites
friandizes de sa gibbeciere, en frappant de sa gaule, et criant:
[NOTATION_MUSICALE] Aguerecy aguerecy hau il ha passé icy.
Et faut entendre qu'on ne doyt jamais sonner en queste le
gresle de la trompe, mais bien le gros tant qu'on voudra, si ce
n'estoyt que le piqueur voulust appeller ses Chiens a luy, ou bien
qu'il les voulust faire retourner d'un pays pour aller en un autre,
comme j'ay dit cy dessus, alors pourroyt sonner un mot long, tout
seul, du gresle de la trompe. Et quand les Chiens seroyent venuz a
luy, il ne faut pas qu'il s'oublie de leur jetter quelques petites
friandizes, a fin de ne se moquer point d'eux. Car lors qu'il sonnera
le gresle, il faut que ses Chiens entendent que le Lievre est debout,
et que leur maistre les appelle ou forhue: par autant que s'il sonnoyt
le gresle en la queste, les Chiens n'entendroyent et ne cognoistroyent
la difference d'entre la queste et le forhu.
Il faut icy noter deux secretz, dont le premier est: Que si le
piqueur ha une jeune meute de Chiens a dresser, il doyt regarder le
pays ou il leur fera les premieres curees, et dequoy: car sçelon les
lieux ou ilz seront dressez au commancement, et sçlon les bestes qu'on
leur voudra faire courir, et dequoy on leur fera curee, il leur en
souviendra tousjours. A cette cause, si au commancement qu'on dresse
de jeunes Chiens, on leur accoustume d'estre descouplez et dressez aux
plaines, s'ilz y poussent des Lievres, et qu'ilz y ayent plaisir,
toute leur vie il leur en souviendra. Et alors qu'on les descouplera
dedans les boys, ilz ne feront cas d'y quester, mais iront chercher
les plaines et champs, ou ilz auront accoustumé d'avoir
plaisir, et trouver les Lievres. Ne plus ni moins en feront ilz aux
bocages, si au commancement ilz y sont dressez, et qu'ilz y ayent heu
plaisir, pensant y trouver tousjours leur gibbier. Et par ainsi il est
besoing de dresser les Chiens dedans le pays ou lon se veut tenir: car
Chiens courantz qui sont nourris aux plaines ne peuvent accoustumer
les bocages: ne plus ne moins que ceux qui sont nourris aux bocages ne
peuvent accoustumer les plaines. L'autre secret est, qu'il ne faut
jamais dresser n'accoustumer les Chiens a chasser les matinees, a
cause de la rousee, et fraischeur de la terre: d'autant que si vous
leur accoustumez telles fraischeurs et humiditez, et qu'apres vous les
voulussiez mener a la chasse sur le haut du jour, et qu'ilz sentissent
la chaleur du Soleil, et la rousee tombee, ou quelque petit vent arre,
ilz ne voudroyent chasser ne quester, mais s'en iroyent chercher les
ombres pour se cacher. Et par ainsi il est besoing d'accoustumer et
dresser les Chiens sur le haut du jour, et non aux matinees. La droite
saison pour commancer a droisser jeunes Chiens, est en Septembre,
Octobre, et Novembre: par-ce que le temps est temperé, et que les
chaleurs ne sont trop vehementes, et aussi que les jeunes Lievres sont
sotz, et n'ont point de corps, ne sachant faire encores leurs ruzes et
malices, et se font relancer plusieurs foys devant les Chiens,
lesquelz y prenent fort grand plaisir, et se dressent mieux qu'ilz ne
feroyent pas s'ilz fuyoient, et s'esloignoyent d'eux.
Il est tout certain que les Lievres ont plus grand' senteur, et sont
mieux couruz des Chiens quand ilz viandent et paissent les bledz
vertz, qu'en toutes autres saisons de l'annee. Toutesfois il y en ha
qui de nature ont plus grand' senteur les uns que les autres, et qui
sont plus desirez des Chiens, comme les grans Lievres de boys, et ceux
qui sont ladres, lesquelz se tienent pres des eaux. Mais les petis
Lievres rouges, qui sont du genre des Connilz, n'ont pas si grand
sentiment, et ne sont pas tant desirez des Chiens courantz que
les autres. Ceux qui viandent sur les pelouzes ou petis coustaux d'une
herbe qui se nomme Serpolet, ou Poliot, sont communément fortz
Lievres, et courent longuement. Aussi il y ha des Lievres plus
malicieux les uns que les autres, et principallement les femelles, car
elles font leurs ruzes plus courtes, et plus souvent que ne font pas
les masles, ce que les Chiens n'ayment pas: par-ce qu'il fasche a
Chiens vigoureux et de cueur de tournoyer si souvent, d'autant qu'ilz
desirent une beste qui fuye devant eux, pour courir a leur force. A
telz Lievres qui ruzent si souvent, il est requis de faire les cernes
grans, a fin d'enclorre toutes leurs ruzes, et n'en trouver que la
sortie: ce faisant on abbrege bien leur force, et les contraint on de
ne ruzer plus. Il y en ha aussi qui fuyent les chemins et voyes,
desquelz les Chiens ne peuvent avoir sentiment, a cause qu'il n'y ha
branche, herbe, n' aucune humidité ou ilz touchassent du corps, par ou
les Chiens en peussent assentir, ainsi qu'ilz feroyent s'ilz estoyent
en autres lieux couvertz, comme boys, bledz, et autres fraischeurs. Et
pour-ce quand le piqueur trouverra telz Lievres, et qu'il verra le
deffaut de ses Chiens en un chemin, il les doyt pousser outre tout le
long du chemin, les suyvans tousjours jusques a ce que les Chiens en
trouvent la sortie, ou bien qu'il ayt trouvé une petite valee ou
fraischeur par le milieu du chemin, ou les Chiens en peussent avoir
sentiment. Et luy-mesmes doyt mettre pied a terre, regardant en la
poudre, ou autres lieux, pour en revoir par pied, ce qu'il cognoistra
aysément, car la forme du pied du Lievre est ague, et faicte a la
semblance d'une pointe de cousteau, ayant ses petis ongles fichez tous
droitz en terre, qui marqueront tout au tour, venant tousjours en
appointissant: d'autant que jamais le Lievre, quand il fuyt, n'ouvre
les ongles, comme font les bestes puantes, mais tient tousjours sa
patte serree, en forme d'une pointe de couteau. Il y ha aussi certains
pays et saisons ou les Chiens n'ont aucun sentiment des
Lievres: comme en hyver, au pays des plaines, ou les terres sont
grasses, et fortes: par-ce que le Lievre ha la patte pleine de poil,
et quand il fuyt, la terre qui est grasse se prent de contre, laquelle
il emporte avec le pied, qui couvre et oste tout le sentiment que les
Chiens en pourroyent avoir. Et aussi qu'aux plaines il n'y ha ne
branches ni herbes ou il peust toucher du corps, non plus que dedans
les chemins. D'avantage, il faut entendre qu'il y ha aussi certains
moys esquelz les Chiens n'ont point de sentiment, comme a la saison du
Prin-temps, a cause de la vehemente odeur et senteur des fleurs, qui
outrepasse celle du Lievre. Semblablement, faut se donner garde de
mener les Chiens a la chasse, quand la terre est gelee, car ilz se
dessoleroyent les piedz, et perdroyent les ongles: qui est au
contraire des Lievres, qui courent mieux en ce temps la, qu'en autre,
a cause qu'ilz ont les piedz fourrez. Il faut parler aux Chiens quand
ilz chassent en mesmes termes qu'on parle a la chasse du Cerf, fors
aux forhuz, car en lieu de crier Thia Hillaud, il faut crier, Vaulecy
aller: et mesmes sons de trompe, excepté en la queste, avant que le
Lievre soyt bouté, car on ne doyt sonner que le gros, comme j'ay dit
cy dessus.
Vous devez entendre ce secret, qui est, que quand on dressera des
Chiens courantz, on ne leur doyt jamais donner curee avec les
Levriers: par-ce que si on accoustume de faire prendre les Lievres aux
Levriers devant les Chiens courantz, depuis qu'on crira et forhuera,
les Chiens courantz ne feront que lever la teste, pensant tousjours
veoir le Lievre devant les Levriers, sans vouloir mettre le nez en
terre, ne faire semblant de quester ne chasser. Mais les droytes
curees qu'on doyt donner a jeunes Chiens, doyvent estre avec vieux
Chiens courantz, sages, lesquelz les dresseront et apprendront a faire
leurs cernes.
En quel temps et saison on doyt chasser le Lievre pour le prendre a
force. Et comme il le faut faire quester, requerir, et lancer aux
Chiens. CHAP. 58.
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LA DROITE venerie et saison pour prendre le Lievre a force avec
les Chiens courantz, commance a la my-Septembre, et finist a la
my-Avril, a cause des fleurs, et vehementes chaleurs qui commancent a
regner, qui oste aux Chiens le sentiment du Lievre. Dont en Septembre
les piqueurs doyvent commancer a donner curee a leurs Chiens, et les
renouveller: car en ce temps la les Lievres sont jeunes et foibles,
comme j'ay dit, et ainsi que la saison se passe, leur force et vertu
s'augmente. Ne plus ne moins est il des Chiens, car tant plus
ilz courent, et ont de curees, et plus sont ilz meilleurs et
vigoureux: et aussi que l'Hyver s'approche qui augmente les
fraischeurs. Et lors que les Chiens ont passé deux ans, on les peut
champayer, et mener a la chasse trois foys la sepmaine, car ilz en
valent mieux.
Quand le Seigneur voudra aller a la chasse, le valet de Chiens doyt
regarder le temps et la saison ou il sera, a fin d'aller chercher le
Lievre aux gaignages, sçelon qu'ilz seront en celuy temps, comme aux
menus bledz, avoynes, prez, et autres lieux ausquelz il doyt
descoupler ses Chiens. Puis s'il y ha quelques Chiens qui vienent a
rencontrer de la nuict du Lievre, le piqueur se doyt arrester tout
court, et les laisser faire. Et alors qu'il verra qu'ilz commanceront
a leur assembler, et eschauffer tous ensemble, il les doyt resjoüyr en
parolles joyeuses, et nommer ceux qu'il verra qui feront le mieux,
comme disant, Hau Gerbaut, Hau Myraud, ou est il allé?
Il est tout certain que les Chiens ont plus grand sentiment au
viandy du Lievre, qu'ilz n'ont pas quand il en sort, pour aller en son
giste, combien qu'il s'en aille de meilleur temps. La raison est,
quand un Lievre est aux champs, et qu'il viande, il s'assied
volontiers, et touche du corps a terre: aussi qu'il passe
plusieurs-fois par un lieu, et en passant et prenant son viandy, il
donne senteur aux herbes de son haleine, ou bien y laisse ses crottes
ou repaire: qui est l'occasion pourquoy les Chiens y ont plus grand
sentiment qu'ilz n'ont pas quand il en sort: par-ce que quand il sort
de son viandy pour aller au giste, il suyt volontiers les grans
chemins, routes, ou sentiers, y faisant ses ruzes et malices, en
bondissant et allant le plus legerement qu'il peut. A ceste cause,
quand le piqueur verra que ses Chiens auront deffait la nuict du
Lievre au viandy, et qu'ilz commanceront a trouver la sortie par ou il
dresse pour aller a son giste, ce qu'il fait communément par
quelques petis sentiers ou chemins, il les doyt laisser faire,
et aller tout bellement apres eux, sans se haster: et s'il veoit que
ses Chiens tombent en deffaut, c'est signe que le Lievre ha fait une
ruze, et qu'il est allé et venu sur luy. Alors doyt crier, Hau ou est
il allé, Horua a moy Theau, sans bouger du lieu ou il sera, car s'il
approchoit pres d'eux, il les feroyt outre-passer les erres du Lievre,
et là les doyt faire requester, en les regardant faire, et les
resjoüyssant de la bouche. Et s'il advenoit que ses Chiens ne peussent
deffaire les ruzes dedans les routes ou chemins, il doyt prendre ses
cernes autour de là, par les fraischeurs, et lieux plus commodes pour
le nez de ses Chiens: par-ce que s'il trouve la sortie des ruzes que
le Lievre pourroit avoir faictes dedans les chemins, pour entrer en
quelque taillis ou fort, alors ses Chiens le pourront aller querir
aysément, et luy-mesmes doyt battre les brosses avec la gaule, pour
leur ayder a le bouter. Et s'il advient qu'il trouve quelque vieux
giste, il doyt mettre la main a la gibbeciere, et jetter quelque
friandise dedans, et appeller tous ses Chiens a luy, en criant, Ha
guerecy, Theau voy le lict. Et faut noter que le piqueur doyt avoir un
loppin de lart grillé, enveloppé en sa gibbeciere, de-quoy il doyt
frotter le bout de sa gaule, car par la pourra accoustumer ses Chiens
a venir sentir le bout d'icelle. Et alors qu'il les voudra faire
passer a une musse, il n'aura qu'a mettre le bout de sa gaule en
terre, et les appeller, ilz ne faudront a venir incontinent, se batans
a qui passera le premier. Et si d'avanture les Chiens ne trouvoyent le
Lievre sorty de ses cernes, le piqueur doyt ramener tout bellement ses
Chiens au lieu ou aura esté son deffaut, et regarder de quel costé le
Lievre avoyt la teste tournee quand il est entré dedans le chemin: et
s'il l'avoyt tournee aval, il doyt appeller ses Chiens, et les faire
quester des deux costez fort longuement: car aucunes-fois les Lievres
suyvent les chemins, pour faire leurs ruzes, plus d'un grand quart de
lieüe, sans en vouloir sortir. En telz lieux les Chiens n'en
peuvent avoir sentiment a cause de la poussiere, et autres raisons que
j'ay dictes cy dessus, et les Lievres demeurent souvent sur le bord
des chemins, ou bien pres de là, a ceste cause celuy qui menera les
Chiens les doyt faire quester aux costez. Et si tous ces cernes ne
pouvoyent encores redresser les Chiens, le piqueur peut bien penser
que le Lievre ha fait un hourvary sur luy, et pourra rappeller ses
Chiens de là ou il vient, en foullant et battant tout au-tour, en
prenant ses cernes plus grans: et n'est possible que les Chiens ne
redressent les erres, ou qu'ilz ne le boutent: toutes-fois qu'ilz
passeront bien souvent dessus quelques Lievres, premier qu'ilz
vueillent sortir de la giste, ou bien si laisseront prendre dedans.
Combien que je loüe grandement de veoir deffaire la nuict du Lievre
aux Chiens, et l'aller querir et pousser en la giste, si est-ce qu'il
me semble que c'est une chose trop longue, et de peu de plaisir, par
autant qu'ilz ne font que balancer et troller. Mais seroit beaucoup
plus court, et de plus grand plaisir de le trouver et chercher en la
maniere qui s'ensuyt.
Quand trois bons piqueurs seront ensemble, et qu'ilz verront que les
Chiens rencontreront de la nuict d'un Lievre, en quelques bledz, ou
autres gaignages, ilz doyvent regarder la saison ou ilz seront, et
quel temps il fera, car si c'est au Prin-temps ou Esté, les Lievres ne
se gistent pas au fort, a cause des Fourmis, et autres Barbotz, et des
Serpens et Laisardz, qui les chassent des fortz, alors sont contraintz
de leur gister dedans les bledz, gueretz, et lieux foibles. En Hyver
ilz font le contraire, car ilz se gistent en quelques gros halliers ou
fortz, principalement quand les ventz de Galerne et Hautain regnent,
lesquelz ilz craignent grandement. Or donc sçelon le temps et les
lieux ou ilz verront que les Lievres seront au giste, ilz y doyvent
appeller leurs Chiens, et battre tout de rang, et en
accoustrant les Chiens a telles questes, ilz trouverront plus de
Lievres, et auront plus de plaisir, que non pas de leur apprendre a
deffaire la nuict. Et pourront dresser leurs Chiens de telle sorte,
qu'en frappant un coup de gaule sur les brosses, les Chiens se
battront a qui entrera le premier, comme font les Chiens d'oyseaux a
la remise des Perdrix.
Quand le Lievre sera lancé et bouté, le piqueur s'en doyt aller sur
les voyes, et appeller tous ses Chiens, en forhuant, et sonnant de la
trompe, sans bouger du lieu ou il sera, jusques a ce que ses Chiens
ayent tous passé devant luy. Puis quand il les verra tous
outre-passez, et ameutez sur les erres du Lievre, il les doyt suyvre
tout bellement sans approcher d'eux, ne les presser, et sans gueres
crier, ne sonner de la trompe: par-ce qu'au commancement que les
Chiens l'ont bouté, la chaleur les transporte volontiers, et si le
piqueur les pressoit, il les eschaufferoit encores d'avantage, qui
seroit cause qu'ilz outrepasseroyent les erres. Mais quand ilz ont
couru l'espace d'une heure, et qu'ilz sont bien eschauffez sur les
fuytes, il pourra approcher de ses Chiens, par-autant qu'ilz auront
perdu la chaleur, et qu'ilz commanceront a courir sagement. Et sur
tout, il doyt regarder les premieres ruzes et malices que fera le
Lievre, comme j'ay dit cy devant, et se gouverner tout le jour par la:
car toutes les autres qu'il fera sembleront a icelles. Et sçelon les
ruzes qu'il verra, et le pays ou il sera, il doyt faire ses cernes,
grans ou petis, longs ou estroitz, en cherchant les lieux les plus
commodes, et plus fraiz pour le nez de ses Chiens.
Il y ha deux façons de prendre le Lievre a force, qui sont, que les
uns le prenent sans forhuer, mais suyvent seulement les Chiens par ou
ilz vont, sans abbreger les ruzes. Et me semble que ceste prise est la
plus honorable, d'autant qu'on cognoist la bonté, force et vigueur des
Chiens.
Les autres le prenent autrement, car depuis qu'ilz ont veu
faire le premier cerne a un Lievre, et qu'ilz ont heu cognoissance du
pays qu'il tient en ses fuytes, ilz vont gaigner les devantz pour le
veoir a veüe: et en cest endroit forhuent leurs Chiens abbregeans les
ruzes. Et quand les Chiens sont dressez en ceste sorte, ilz sont de si
bonne creance, qu'ilz laissent leur droit pour aller au forhu, qui est
cause que les Lievres ne courent que bien peu devant eux. Et certes
qui veut faire grande execution de prendre Lievres, je loüe grandement
les Chiens qui prenent de grans cernes en leurs deffaux: toutes-fois
que pour bien veoir chasser, il n'est que Chiens qui suyvent le droit.
Mais pour abbreger les Lievres, je donne la loüange a ceux qui prenent
les grans cernes, par-ce qu'ilz enveloppent dedans toutes les ruzes et
malices des Lievres.
J'eusse descript plus amplement le moyen de bien haller les Chiens,
mais d'autant que j'en ay donné intelligence, tant en la venerie du
Cerf, qu'aux chappitres cy devant, traitans des malices et ruzes des
Lievres, par lesquelz chappitres les piqueurs peuvent cognoistre
entierement tous les secretz et moyens de s'y gouverner, et aussi
qu'il y ha tant de bons maistres qui entendent l'estat, je me suis
deporté d'en faire plus ample recit.
Comme on doyt faire la curee du Lievre aux Chiens. CHAP. 59.
[FIGURE]
QUAND le Lievre sera pris, il faut que le valet de Chiens
couppe de petites gaules ou houssines bien deliees a un arbre, puis
prendra le Lievre, et le portera en quelque beau lieu, sus de l'herbe
la plus nette qu'il pourra trouver. Alors le piqueur descendra de
Cheval, qui sonnera la mort du Lievre, pour appeller tous ses Chiens.
Ce fait, le valet de Chiens deffendra la curee des Chiens, avec ses
gaules, lesquelz abboyront tout au-tour de luy. Le piqueur sonnera
tousjours, comme dessus, en frottant ses Chiens avec la main, leur
monstrant le Lievre, en disant, Va le mort. Puis le prendra et
l'ouvrira, apres le despouillera devant eux, en luy ostant le pas, le
poulmon, et la peau, lesquelz il encruchera en quelque arbre,
de peur que les Chiens en mangent, par-ce qu'ilz leur sont fort
contraires, tellement qu'ilz en tombent malades. Quand le Lievre sera
despoüillé et ouvert, le piqueur prendra le pain, fourmage, et autres
friandizes, lesquelles il mettra dedans le corps du Lievre, a fin de
les arrouzer et brunir de sang. Puis prendra le Lievre, duquel ostera
les espaules et la teste, qu'il mettra en la gibbeciere, pour donner a
quelqu'un de ses jeunes Chiens, lequel n'aura osé approcher de la
curee. Alors le valet de Chiens aura sa corde toute preste pour bien
attacher le Lievre par quatre ou cinq lieux, a fin de faire tirer ses
Chiens, et qu'un n'emporte pas tout: puis le cachera, et s'en ira a
cent pas de là porter son forhu. Ce pendant le piqueur estendra sa
curee de fourmage, et autres friandizes, brunyes du sang du Lievre,
sur l'herbe nette, et la deffendra des Chiens avec sa gaule. Cela
fait, il commancera a sonner pour Chiens, et leur laissera manger la
curee, en les resjoüyssant, et frottant les costez, sonnant
incessamment pour Chiens. Quand la curee sera pres-que achevee, le
valet de Chiens qui sera, comme dit est, a cent pas loing du piqueur,
doyt forhuer ses Chiens avec la trompe: soudain le piqueur les
menacera, et fessera avec la gaule, en criant, Escoute a luy valet.
Alors le valet de Chiens leur monstrera le Lievre, le tenant le plus
haut qu'il pourra avec les mains: et doyt tenir sa corde par un bout,
a laquelle le Lievre sera attaché par l'autre bout. Puis quand il
verra ses Chiens tous autour de luy, il jettera son Lievre au milieu
d'eux, et leur laissera manger, apres les doyt mener boire avant que
les coupler. Et encores pour bien faire, les faut ramener au logis
tous descouplez, a fin de les laisser paistre, par ce qu'ilz sont
subjetz a estre malades quand ilz ont mangé de la chair de Lievre:
puis doit avoir du pain, pour leur donner apres la curee, s'ilz en
veulent manger, de peur qu'ilz ayent mal au cueur, et qu'ilz rendent
leur gorge.
[O] Fin de la chasse du Lievre.
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