Par Privilege du Roy, donné à Jan et Enguilbert de Marnefs et Jaques
Bouchet freres, est permis d'Imprimer et vendre ce present livre,
intitulé, VENERIE PAR JAQUES DU FOUILLOUX. Et deffense a tous autres
Libraires et Imprimeurs, de non en vendre ni imprimer autres que ceus
imprimés par lesdits de Marnefs et Bouchet, jusques au temps de dix
ans ensuivans: soubz les peines contenues par les lettres surce
faittes, données a Orleans le vingt et troiziesme jour de Decembre,
mil cinq cens soixante. Signées par le Roy en son conseil DELOMENIE,
et séelées du grand séel sur simple queuë.
[O] Au treschrestien Roy ET MONARQUE DE France, par son humble
serf, du Foüilloux. [FIGURE]
IL EST CERTAIN, Sire, que les hommes de tout temps se sont
addonnez a plusieurs sciences hautes et ocultes: les uns a la
Philosophie, pour contenter leurs espritz, les autres aux artz
mechaniques, pour les richesses mondains: les inventions
desquelz ont esté dispersees en tant de manieres, de les desduire par
le menu: tellement qu'apres avoir le tout consideré, je me suys voulu
arrester au dire de ce grand sage Salomon, qui ha escript que toutes
choses qui sont soubz le Soleil ne sont que vanitez, d'autant qu'on ne
veoyt science ni art qui puisse allonger la vie plus que le cours de
Nature. Parce il m'ha semblé, Sire, que la meilleure science que nous
pouvons apprendre (apres la crainte de Dieu) est se tenir joyeux,
usant d'honnestes exercices: entre lesquelz je n'en ay trouvé aucun
plus loüable que l'art de Venerie. Et d'autant que des ma jeunesse je
me suys exercé en celuy art, selon mon petit pouvoir, ainsi que mes
predecesseurs, je n'ay voulu estre negligent a rediger par escript ce
qu'en auroys apprins par experience. Et combien qu'il en y ha en
vostre Court qui peuvent mieux le faire que moy, toutesfois
{touteffois} j'ay heu tant de confiance en vostre humaine majesté, que
je n'ay craint vous presenter ce mien tel quel labeur, esperant que le
recevriez en gré, comme de celuy qui est vostre treshumble esclave et
serf.
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