Gilles Ménage (1613-1692), grammairien et lexicographe

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Ménage et Bouhours

Antony McKenna

Université Jean Monnet, Saint-Étienne

« La qualité de critique n'a rien par elle-même de glorieux. C'est un métier odieux et méprisable. » (Malebranche). Le tableau satirique des critiques littéraires et des grammairiens est à la mode vers 1672 et la querelle entre Ménage et Bouhours illustre parfaitement les excès de l'esprit « critique » -- ou plutôt de l'esprit des critiques. C'est que Ménage se trouve ici pris en ôtage dans une querelle qui n'est pas la sienne, qui n'est pas fondamentalement une querelle de grammaire et dont les véritables enjeux lui échappent. Pendant six ans il se perd parmi les théologiens. Or, s'il y a une espèce, non pas plus méprisable, mais plus hargneuse, plus retorse, plus sophiste que celle des critiques littéraires, c'est bien celle des théologiens, et, en l'occurrence, nous avons affaire aux jésuites et aux jansénistes... un comble ! Ménage n'y perd pas son latin, certes, mais, s'il a raison sur le plan de la grammaire et de ses chères étymologies, il perd le parti, qui se joue devant les honnêtes gens. En effet, le Père Bouhours a appris sa leçon de Pascal et retourne contre Port-Royal et contre Ménage les armes de la satire.

Nous esquissons ici la perspective générale dans laquelle s'insère la querelle des Observations de Ménage entre 1672 et 1676. Nous fournissons en appendice la bibliographie complète de la querelle théologico-grammaticale ; qu'il suffise ici d'en énumérer les étapes et d'en esquisser une interprétation générale. Notre collègue, Jean-Christophe Pellat, étudiera le détail des Observations de Ménage et la portée des remarques proprement grammaticales de Bouhours.

Cette histoire commence en 1667 : le Nouveau Testament, traduit par Sacy et revu par les amis de Port-Royal, imprimé par Elzevier à Amsterdam, paraît avec l'adresse bibliographique de Gaspard Migeot à Mons. Pontchâteau fait le voyage de Hollande et réussit à faire entrer la marchandise prohibée par la porte Saint-Antoine à Paris. Outre le Père Maimbourg, qui s'en prend au Nouveau Testament dans ses sermons et dans une Lettre publiée dès le mois de novembre 1667, quatre prélats condamnent la traduction de Sacy : Hardouin de Péréfixe, l'archevêque de Paris, celui-là même qui a fait « enlever » les principales religieuses de Port-Royal de Paris en 1664, et qui a regroupé toutes les religieuses « non-signeuses » aux Champs en juillet 1665 pour une « captivité » -- marquée en particulier par la privation des sacrements -- qui durera jusqu'à la Paix de l'Église de 1668 ; Maupas du Tour, évêque d'Évreux ; François Barberini, archevêque de Reims, et Georges d'Aubusson de La Feuillade, archevêque d'Embrun. François Barberini s'associera Maurice Le Tellier comme coadjuteur en 1668, et celui-ci lui succédera en 1671 à l'archevêché. Or, c'est précisément pour défendre les intérêts de l'abbé Le Tellier, fils du chancelier et frère de Louvois, que se constitue à la Cour une importante faction hostile à l'influence de l'archevêque d'Embrun. De son côté, celui-ci peut compter sur l'appui de son frère, le duc de La Feuillade, qui vient d'épouser Mlle de Roannez. Les récits contemporains mettent en évidence l'importance des alliances à la Cour en faveur des amis de Port-Royal. Rapin cite le mot de la reine-mère, selon lequel les trois ministres, Le Tellier, Colbert et Hugues de Lionne « ont chacun leur janséniste » [1].

Du côté de Port-Royal, on répond à Maimbourg et aux ordonnances. La controverse se complique après la publication d'un Bref du pape Clément IX contre la traduction ; Jean Barbier d'Aucour intervient contre l'archevêque de Paris ; Arnauld, Nicole, Girard et La Lane concentrent leur tir sur l'archevêque d'Embrun et le mettent en mauvaise posture. Après une première Requête au Roi, à laquelle les théologiens de Port-Royal donnent la réplique, le prélat fait appel à Bouhours pour le défendre. Dès 1668, le jésuite entre ainsi dans l'arène et adopte aussitôt les armes que Pascal lui a fournies : sa Lettre à un seigneur de la Cour se caractérise par un ton bonhomme, une satire légère, polie, à peine amère. Il lui suffit d'une allusion au témoignage du curé Beurrier, pour déclencher « l'affaire » des derniers sentiments de Pascal. Dès la même année, une nouvelle Lettre à Messieurs de Port-Royal met Bouhours à l'avant de la scène avec le Père Annat. C'est à ce moment, le 17 septembre 1668, qu'est déclarée la « Paix de l'Église », c'est-à-dire qu'on impose, en principe, le silence...

Les théologiens de Port-Royal se consacrent à la controverse anti-protestante, à la publication de la Morale pratique des jésuites, et des Pensées de Pascal. Un obscur abbé de Montfaucon de Villars publie son roman du Comte de Gabalis, ou entretiens sur les sciences secrètes (1670), où il n'est question que de succubes, d'incubes, de cabale, -- roman à scandale qui jouit d'un succès immédiat. Les conversations des amis de Port-Royal à l'hôtel de Liancourt à Paris, telles qu'elles sont rapportées dans le Recueil de choses diverses, nous apprennent qu'indigné par le ton irrespectueux de Gabalis à l'égard des choses saintes, Antoine Arnauld fait chasser l'abbé de Villars de l'hôtel de Lionne ; dès la Saint-Thomas, le 28 janvier, 1671, l'auteur libertin est interdit de prêche par Guillaume Du Plessis de La Brunetière, archidiacre de Paris. L'événement est rapporté par un « M. de la Péranie », signature qui est sans doute une déformation du nom de M. de La Péjan. À l'hôtel de Liancourt, on suit de près la carrière sulfureuse de l'abbé de Villars [2]. Pourquoi ?

Une brève parenthèse permettra de le comprendre. Nicolas Pavillon, homme de confiance de saint Vincent de Paul, est sacré évêque d'Alet en 1637 ; deux années plus tard il rejoint son diocèse, et on trouve dans les Mémoires de Lancelot le triste récit de l'état des lieux : non seulement les paysans s'adonnent à des danses joyeuses et à toutes sortes de plaisirs illicites, mais le pays est sous le contrôle capricieux des frères d'Aostenc (ou d'Aostène), seigneurs locaux qui n'en font qu'à leur tête. Pavillon réussira, non sans mal, à imposer son autorité, et son diocèse deviendra un lieu de pèlerinage des amis de Port-Royal. Or, on apprend par la correspondance manuscrite de Bernard de Montfaucon que sa sœur est Mme d'Aoustenc ; de la généalogie de sa famille on apprend qu'elle est proche parente de l'abbé de Villars, et que celui-ci est le demi-frère de M. de Montfaucon de La Péjan. En 1669, celui-ci a été nommé, sur la recommandation de Pavillon, gouverneur des enfants du prince de Conti, dont d'abord Étienne Lombard du Trouillas, et ensuite Claude Lancelot sont les précepteurs. C'est donc par Jean-François de Montfaucon de La Péjan, ami de Port-Royal, que nous apprenons l'interdiction, à la demande d'Antoine Arnauld, de l'abbé de Montfaucon de Villars.

Au même moment, le 1er janvier 1671, Bouhours obtient le privilège pour ses Entretiens d'Ariste et d'Eugène, où il poursuit, sur un ton badin, dans le domaine de la grammaire et du bon usage, ses attaques contre Messieurs de Port-Royal, « ces Solitaires qui ont tant écrit depuis vingt ans ». Tout en avouant qu'ils « ont beaucoup contribué à la perfection de notre langue », Bouhours s'attaque aux « discours vastes » et aux « périodes démesurées » qui caractérisent les écrits des théologiens de Port-Royal. Il avait commencé ses Entretiens quelques années auparavant à Dunkerque, d'où il était revenu à Paris, vers 1666, à la demande de Colbert, pour devenir le précepteur de son fils aîné, Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay. Ce détail n'est pas sans importance pour comprendre l'aigreur de la querelle qui va suivre.

En effet, dès 1671, dans ses Sentiments de Cléante, l'avocat Jean Barbier d'Aucour s'attaque très violemment aux Entretiens de Bouhours. L'avocat ami de Port-Royal avait déjà composé un Onguent pour la brûlure, ou le secret d'empêcher les jésuites de brûler les livres en 1664, et nous l'avons vu intervenir en 1668 contre l'archevêque de Paris en défense du Nouveau Testament dit « de Mons ». Aux Entretiens de Bouhours il n'épargne aucune critique de détail, sans oublier les emprunts inavoués par le jésuite au grammairien Le Laboureur. Or, pour excessive qu'elle nous paraisse aujourd'hui, cette critique polémique a l'heur de plaire au ministre de Colbert, qui n'hésite pas à engager Barbier d'Aucour comme précepteur de son deuxième fils, Jules-Armand, marquis d'Ormoy. La jalousie professionnelle va ainsi pimenter la querelle des grammairiens.

De son côté, Bouhours confirme sa réputation, dans le monde des salons, d'être l'ennemi satirique numéro 1 de Port-Royal, mais cela ne va pas sans mésaventures. En compagnie du Père René Rapin, il fréquente les lundis du président de Lamoignon :

L'anecdote, que Corbinelli racontera à Mme de Sévigné, repose sur un jeu de mots tirés du terme « sabotiers », nom de dérision donné par les jésuites et les capucins aux Solitaires de Port-Royal. De leur côté, à l'hôtel de Liancourt, les amis de Port-Royal dénoncent l'esprit mondain du Père Bouhours :

Attaqué en 1671 par Barbier d'Aucour, Bouhours fait aussitôt appel à l'abbé de Villars pour le défendre, et l'abbé, qui a ses propres griefs, publie aussitôt son traité De la Délicatesse, reprenant dans son titre même le « terme-clef de l'idéal conceptuel et esthétique » [4] du Père Bouhours et dénonçant dans son dernier chapitre la « bizarrerie » des Pensées de « Paschase ». Sans entrer dans le détail de cette polémique particulière, constatons seulement que l'ouvrage de Villars pousse Barbier d'Aucour à publier le deuxième volume de ses Sentiments de Cléante, où il s'insurge contre la violence injurieuse de l'abbé de Villars et dénonce encore l'esprit de galanterie du Père Bouhours.

C'est à ce moment qu'est publié le premier volume des Observations de Monsieur Ménage sur la langue françoise (Paris 1672), dédié au chevalier de Méré, que Ménage a connu par l'intermédiaire de Balzac. Ménage y joue l'arbitre entre Messieurs de Port-Royal et Vaugelas (J.-Chr. Pellat nous en dira le détail), mais il vaut d'être mentionné ici que seuls cinq articles sur 355 font allusion à Bouhours, et Ménage n'est pas toujours en désaccord avec lui. Les quelques remarques critiques sont d'ailleurs anodines, et on en relèverait bien plus à l'égard de diverses fautes des écrivains de Port-Royal. Toutefois, un de ces cinq articles vaut d'être cité :

Bien plus que les remarques pour ou contre les écrits de Port-Royal, c'est, nous semble-t-il, cette mention, dans un même article, de Bouhours et de Villars, qui fait croire au jésuite que le grammairien prend parti contre lui dans sa querelle avec Barbier d'Aucour.

D'ailleurs, il est vrai que Ménage est bien connu des familiers de l'hôtel de Liancourt, même si leurs jugements manquent parfois d'indulgence [5] :

Ces amis de Port-Royal suivent l'actualité littéraire de très près, car, lorsque Ménage se réconcilie avec Chapelain en février ou mars 1671, ils sont aussitôt au courant :

Mais la tonalité générale de ces remarques est assez tiède :

Néanmoins, il ne fait aucun doute, aux yeux du public, que Ménage est janséniste, et que c'est pour cette raison, essentiellement, qu'il s'oppose au Père jésuite : un voyageur anglais rapportera en 1676 :

Ménage janséniste ? Nous y reviendrons.

L'irritation du Père Bouhours est grande et elle s'exprime dans ses Doutes de 1674. De nouvelles remarques critiques à l'égard d'Arnauld d'Andilly et de Nicole accompagnent des critiques des inventions de Ménage et de ses décisions autoritaires. Sur le mot urbanité créé, au dire de Ménage, par Balzac :

Bouhours attendra la décision de l'Académie française sur ce point. La faveur que Ménage étend à venusté est contestée ici et deviendra par la suite un leitmotiv des Remarques. De même, il est reproché à Ménage d'avaler trop facilement ces mots en in :

« Certains livres » qui sont évidemment ceux de Port-Royal : Ménage est marqué. Il s'enorgueillit d'avoir inventé prosateur :

Et c'est là sa critique principale : Ménage s'érige en juge sur la langue, alors que le seul juge légitime, aux yeux de Bouhours, comme la bien défini Vaugelas, est l'usage :

Enfin, Bouhours s'excite contre ce nouveau venu dans le monde de la grammaire :

Bouhours s'est ainsi laissé aller à exprimer son irritation et le ton ne plaît pas à Ménage, qui répond l'année suivante dans la seconde édition du premier volume de ses Observations.

Après quelques remarques acides sur le titre de Bouhours qui « décide plutôt quil ne doute » (§90), Ménage prend ouvertement la défense de LImitation de Jésus-Christ traduit par Sacy sur la question des « vers dans la prose » : les reproches faits par Bouhours à Sacy sont mal venus ; Bouhours cite lexemple de Cicéron, or, Cicéron reprend cette faute, mais la commet aussi ; dailleurs, Bouhours, lui aussi, la commet... :

Mais la touche est encore légère, et Ménage sévertue à conclure par

Plus loin, Ménage insiste lourdement sur les origines provinciales de Bouhours :

Dautres remarques répondent au Père Bouhours sur les mots offenseur (§152), rabaissement, rabais (§153), urbanité et prosateur (§230), vénusté (§313). Sur ce dernier point, Ménage revient sur les origines de Bouhours, fait une nouvelle allusion à la querelle de Bouhours avec les « Jansénistes » et sérige en porte-parole du Paris mondain et savant :

Une attaque violente et de mauvaise foi. Ménage croit triompher en Parisien, mais un doute lui vient :

Avec cette définition juridique, il se rassure, mais sexpose en même temps : il montre son faible. Bouhours sapercevra que Ménage prend tout au premier degré et en profitera.

Cette fois, en effet, le jésuite se fâche pour de bon. Il obtient dès le 1er mars 1675 un Privilège pour ses Remarques nouvelles qui paraissent l'année suivante. Après quelques propos désinvoltes dans l'Avertissement sur la seconde édition des Observations de Ménage, parues, prétend-il, pendant l'impression de son propre ouvrage, l'attaque se précise à propos de venusté :

Cette pique touchera Ménage au cœur, mais, pour le Père Bouhours, ce n'est qu'une remarque en passant. Il renouvelle son attaque à propos d'urbanité et poursuit sur les étymologies :

On ne saurait mieux s'inscrire dans la tradition pascalienne de la satire -- même si l'étymologie est par ailleurs juste et qu'elle sera maintenue dans le grand Dictionnaire de Ménage. Outre diverses petites remarques piquantes, nouvelle attaque à propos de l'invention de prosateur :

Bouhours maintient toujours que le particulier peut inventer, mais que c'est au public d'admettre et d'établir tel ou tel mot, et il s'attaque cette fois à la vanité de Ménage :

De nouvelles remarques sur reconduire (p.452) et sur les mots qui commencent par in (p.472-88) enfoncent le clou et permettent à Bouhours de terminer son ouvrage par une accusation de plagiat (à Bérain), une dénonciation du statut accordé par Ménage à Nicot et une défense éloquente de Vaugelas. Il est vrai que le titre même de Bouhours faisait écho aux fameuses Remarques.

Cette attaque du jésuite, qui maîtrise parfaitement le ton patelin, la pique satirique, la fausse indulgence, la fausse humilité..., fait enrager le pauvre Ménage. Son nouveau volume d'Observations sort l'année suivante. Il prend tout au sérieux et veut se justifier sur tout. Ces Observations en défense de son premier volume deviennent un véritable labyrinthe de réponses très précises à des textes qui portent sur des textes, avec un supplément d'autorités et d'arguties agressives : sur les premiers 150 §§ des nouvelles Observations, 83 portent contre Bouhours : la grammaire cède le pas à la polémique laborieuse. C'est avant tout Coquillard qui le met hors des gonds :

De même, l'attaque contre ses étymologies l'a touché et il se fâche :

Tout cela devient très vite illisible. Ménage fait pourtant des progrès dans la satire : il crée des titres dont il affuble le précieux jésuite : « Notre Révérend Père Précieux », « Sa Préciosité », mais il se perd vite dans les justifications : critique de Vaugelas, dénonciation du statut accordé par Bouhours à Vaugelas, réponse aux remarques critiques de Bouhours sur l'autorité de Vaugelas ; « Ce n'est pas ce que j'ai dit... mais même si je l'avais dit, je ne l'aurais pas offensé... » etc. L'honnête homme ne cherchera pas si loin et c'est bien sur une telle victoire que comptait Bouhours.

C'est d'ailleurs dans son Avis au lecteur que Ménage propose sa défense la plus efficace, car il y dénonce l'alliance contractée entre Bouhours et Villars :

C'est là, sans doute, le véritable enjeu, et Ménage mélange les genres. D'ailleurs, en 1676 également, Nicole vient à son aide : dans le troisième volume de ses Essais de morale il ajoute un chapitre à l'essai « De la charité et de l'amour-propre », intitulé « L'honnêteté et la charité nous éloignent de l'affectation, & principalement de celle des choses qui ne conviennent pas à notre état ». L'éloge de l'honnête homme, selon les termes de Pascal, introduit un portrait de Bouhours :

Ces quelques mots suffisent. La querelle grammaticale s'apaise et ne se rallumera que quelque douze ans plus tard avec Andry de Bois-Regard et Louis-Augustin Alemand. Certes, Quesnel et Arnauld reprennent les armes dans la guerre du « péché philosophique » et Quesnel de nouveau lors de la publication, en 1697, de la traduction du Nouveau Testament par Bouhours et ses collègues jésuites. Mais nous sommes là dans un tout autre domaine : la querelle théologique a repris ses droits. Le Père Daniel a beau défendre Bouhours et vanter ses qualités aux dépens de Pascal, le combat est désormais ailleurs. Ménage a quitté le champ de bataille. Les théologiens de Port-Royal ont profité d'une alliance momentanée. Ménage janséniste ? demandions-nous. C'est tout simplement un cas où « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Ils en avaient vu d'autres. Ce n'était là qu'une querelle « littéraire ». Trois ans plus tard, ils prenaient le chemin de l'exil.

Bibliographie chronologique de la controverse

1661 Guillaume Le Roy, Lettre sur la constance et le courage qu'on doit avoir pour la vérité.
1664 J. Barbier d'Aucour, L'Onguent pour la brûlure, ou le secret d'empêcher les jésuites de brûler les livres.
1667 Nouveau Testament, Mons [= Amsterdam].
Sermons du Père Louis Maimbourg, prêchés entre le 28 août et octobre 1667 à la maison professe des jésuites, rue Saint-Antoine, contre le Nouveau Testament de Mons.
Pierre Nicole, Défense de la traduction du Nouveau Testament [...] contre les sermons du Père Maimbourg.
L. Maimbourg, Lettre d'un docteur en théologie à un de ses amis sur la traduction du Nouveau Testament de Mons (10 novembre 1667).
Hardouin de Péréfixe, archevêque de Paris, Ordonnance portant défense de lire et débiter une traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons (18 novembre 1667).
Maupas Du Tour, évêque d'Évreux, Ordonnance (27 novembre 1667).
Georges d'Aubusson de La Feuillade, archevêque d'Embrun, Ordonnance (décembre 1667).
Antoine Arnauld, Abus et nullités de l'Ordonnance subreptice de Mgr l'archevêque de Paris par laquelle il a défendu de lire et de débiter la traduction du Nouveau Testament de Mons.
Michel Girard, abbé de Verteuil, Dialogues entre deux paroissiens de Saint-Hilaire-du-Mont sur les Ordonnances (20 novembre 1667 et 15 décembre 1667).
1668 François Barberini, archevêque de Reims, Ordonnance (4 janvier 1668).
A. Arnauld, Réponse à la Lettre d'un docteur en théologie [Maimbourg] à un de ses amis.
Hardouin de Péréfixe, archevêque de Paris, Seconde ordonnance (20 avril 1668).
Décret de Rome contre le Nouveau Testament de Mons : Breve Clementis Papae IX contra famosam versionem gallicam N. Testamenti.
A. Arnauld, Mémoire sur le Bref contre le Nouveau Testament de Mons.
L. Maimbourg, Réponse au Mémoire sur le bref.
L. Maimbourg, Défense des Sermons faits par le R.P. Maimbourg contre la traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons, par L.D.S.F., théologien.
L. Maimbourg, Seconde lettre d'un docteur en théologie.
A. Arnauld, Réponse à la Seconde lettre d'un docteur en théologie.
Jean Barbier d'Aucour, Lettres en vers libres à un ami sur le Mandement de Mgr larchevêque de Paris portant défense de lire le Nouveau Testament traduit en français, imprimé à Mons.
Georges d'Aubusson de La Feuillade, archevêque d'Embrun, requête au Roi contre les libelles diffamatoires de Port-Royal.
A. Arnauld et P. Nicole, Remarques contre la Requête présentée au Roi par Mgr l'archevêque d'Embrun contre la traduction du Nouveau Testament (1er mai 1668).
A. Arnauld et Noèl de La Lane, requête présentée au Roi par les ecclésiastiques qui ont été à Port-Royal pour répondre à celle que Mgr l'archevêque d'Embrun a présentée contre eux à Sa Majesté.
Réponse à la Requête présentée au Roi par les ecclésiastiques qui ont été à Port-Royal, envoyée à une personne de mérite (17 juin 1668, signée Des Isles).
Dominique Bouhours, Lettre à un seigneur de la Cour sur la Requête présentée au Roi par les ecclésiastiques qui ont été à Port-Royal.
P. Nicole, Lettre à Mgr l'archevêque d'Embrun où l'on montre l'imposture insigne de son défenseur touchant la Lettre sur la constance et le courage qu'on doit avoir pour la vérité (22 juillet 1668).
D. Bouhours, Lettre à MM de Port-Royal contre celle qu'ils ont écrite à Mgr l'archevêque d'Embrun pour justifier la Lettre sur la constance et le courage quon doit avoir pour la vérité.
P. Nicole, Réfutation de la Lettre à un seigneur de la Cour, servajht d'apologie à Mgr larchevêque dEmbrun (4 août 1668).
Jacques Brousse, Lettre de M. B*** à un de ses amis sur les calomnies avancées contre lui dans la Lettre d'un jésuite à un seigneur de la Cour.
François Annat, remarques sur la conduite qu'ont tenue les jansénistes dans l'impression et la publication du Nouveau Testament imprimé à Mons.
Tréville [H.J. de Peyre, comte de Tréville ou Troisvilles], La Radoterie du Père Annat.
G. Le Roy, Lettre à un conseiller du Parlement sur l'écrit du Père Annat intitulé Remarques sur la conduite qu'ont tenue les jansénistes.
17 sept.
1668
Paix de l'Église
1669-
1670
Blaise Pascal, Pensées sur la religion et quelques autres sujets, Paris, Guillaume Desprez.
1670 Nicolas-Pierre-Henri Montfaucon de Villars, Le Comte de Gabalis, ou entretiens sur les sciences secrètes.
1671 D. Bouhours, Entretiens d'Ariste et d'Eugène.
J. Barbier d'Aucour, Sentiments de Cléante sur les Entretiens d'Ariste et d'Eugène.
Montfaucon de Villars, De la Délicatesse.
J. Barbier d'Aucour, Sentiments de Cléante, vol. II.
1672 Gilles Ménage, Observations sur la langue, Ière partie.
1674 D. Bouhours, Doutes sur la langue françoise.
1675 G. Ménage, Observations sur la langue, Ière partie, seconde édition.
Nicolas Bérain, Nouvelles remarques sur la langue françoise, Rouen.
D. Bouhours, Remarques nouvelles sur la langue françoise.
1676 G. Ménage, Observations sur la langue françoise, 2e partie.
P. Nicole, Essais de morale, vol. III : « De la charité et de l'amour-propre », chap. 7.
1684 D. Bouhours, Opuscules sur divers sujets.
1687 D. Bouhours, La Manière de bien penser dans les ouvrages de l'esprit.
1688 D. Bouhours, Lettre à une dame de province sur les Dialogues d'Eudoxe et de Philanthe.
Andry de Bois-Regard, Sentiments de Cléarque sur les Dialogues d'Eudoxe te de Philanthe et sur la Lettre à une dame de province.
Louis-Augustin Alemand, Nouvelles observations, ou guerre civile des Français sur la langue.
1689 Andry de Boisregard, Réflexions critiques sur l'usage présent de la langue française, ou remarques nouvelles et critiques touchant la politesse du langage.
A. Arnauld, Nouvelle hérésie dans la morale dénoncée au pape et aux évêques, aux princes et aux magistrats.
1690 A. Arnauld, Récrimination des jésuites contenue dans leur rétractation de la nouvelle hérésie du péché philosophique convaincue de calomnie par la nouvelle déclaration des disciples de saint Augustin.
A. Arnauld, IIe-Ve Dénonciation du philosophisme.
D. Bouhours, Lettre à un seigneur de la Cour en réponse à un libelle intitulé Récrimination des jésuites.
D. Bouhours, Sentiments des jésuites touchant le péché philosophique.
1691 L.-A. Alemand, Nouvelles observations de la langue française.
1692 D. Bouhours, Suite des Remarques nouvelles sur la langue française.
1693 Andry de Boisregard, Suite des Réflexions critiques sur l'usage présent de la langue française.
1694 Gabriel Daniel, Entretiens de Cléandre et d'Eudoxe sur les Lettres au provincial.
1698 Mathieu-Claude Petitdidier, Apologie des Lettres provinciales.
G. Daniel, Lettre de M. l'abbé *** à Eudoxe, touchant la nouvelle apologie des Lettres provinciales.
G. Daniel, Lettre à une dame de qualité touchant la Bible française de M. de Saci.
1697-
1703
D. Bouhours, Michel Le Tellier, Pierre Besnier, Nouveau Testament traduit en français selon la Vulgate (vol. I et II).
Richard Simon, Lettres du sieur de Romainville [...] sur le Nouveau Testament du Père Bouhours.
D. Bouhours, Lettre à M. Simon au sujet des deux lettres de M. de Romainville.
1708,
1715
Suite du comte de Gabalis, ou nouveaux entretiens sur les sciences secrètes touchant la nouvelle philosophie.



Bibliographie des notes

Ancillon, Ch. (1709). Mémoires. Amsterdam.

Berlan, Fr. (1984). « Le Père Bouhours, ou l'air de la Cour dans la langue et dans le style », De la Mort de Colbert à la Révocation de l'Édit de nantes : un monde nouveau ?, Colloque du CMR 17 (janvier 1984). Marseille.

Besoigne, J. (1752-3). Histoire de l'abbaye de Port-Royal. Cologne/Paris.

Clarke, R. (1932). Strangers and sojourners at Port-Royal. Cambridge.

Doncieux, G. (1886). Un Jésuite homme de lettres au dix-septième siècle. Paris.

Lesaulnier, J. (1992). Port-Royal insolite : édition critique du Recueil de choses diverses. Paris.

McKenna, A. (1990). « De Pascal à Voltaire : le rôle des Pensées de Pascal dans l'histoire des idées entre 1670 et 1734 », Studies on Voltaire and the eighteenth century, 276-7, chap. 7

Rapin, René (1865). Mémoires (éd. L. Aubineau). Paris.


Notes

1. Rapin 1865 : III, 193.

2. Voir McKenna 1990 : chap. 7 ; Lesaulnier 1992.

3. Voir Mme de Sévigné, lettre du 15 janvier 1690 ; Boileau aux prises avec les jésuites (Paris, 1706) ; Ancillon 1709, art. BAILLET ; Doncieux 1886 : 32-4 ; et, pour le sens du terme de sabotier, Besoigne 1752-3 : III, 561.

4. Berlan 1984 : 97-109.

5. Recueil de choses diverses, B.N. n.a.f. 4333, et Lesaulnier 1992.

6. Voir Clarke 1932 : 129.