Actes des Journées "Dictionnaires électroniques des XVIe-XVIIe s.",
Clermont-Ferrand, 14-15 juin 1996
I. Leroy-Turcan, "Modalités de mise en oeuvre de l'informatisation de la première édition du Dictionnaire de l'Académie française (1694)"

1. Genèse du projet et bref historique des premiers travaux

1.1. Toronto 1993 - Lyon oct.1994 - Paris nov. 1994

L'idée de créer une base de données pour les huit éditions du Dictionnaire de l'Académie française (1694-1935) (= ici DAF) fut lancée au colloque international «Early Dictionary Databases» organisé à Toronto en octobre 1993 par T.R. Wooldridge et I. Lancashire. Cette idée fit son chemin et le projet fut d'abord présenté à Lyon, en octobre 1994, à la Faculté des Lettres de l'Université Jean Moulin en présence de personnalités de la région Rhône-Alpes: le "binôme" associant Lyon et Toronto se charge de l'entreprise et endosse la responsabilité scientifique et technique; se constituent ensuite des équipes de travail, ce qui conduit à une répartition des responsabilités pour les différentes éditions; pour les éditions à saisir en priorité, selon la disponibilité actuelle des équipes, la répartition est aujourd'hui la suivante: j'ai [1] la responsabilité de la première et, en collaboration avec L. Dagenais (Montréal), de la huitième, L. Biedermann-Pasques (CNRS-HESO) prendra en charge la troisième, D. Kibbee (Urbana) et M. Olsen (Chicago), s'occupent de la cinquième, T.R. Wooldridge de la sixième et J. Pruvost (Cergy-Pontoise) de la septième. Restent la deuxième qui peut être traitée à partir de la première [2] et la quatrième qui peut être traitée avec la troisième.[*]

En novembre 1994, T.R. Wooldridge, qui a fait réaliser à Toronto une base échantillon représentant 0,53 % de l'ensemble du corpus des huit éditions, présente officiellement le projet au colloque international pour le troisième centenaire du Dictionnaire de l'Académie française organisé à l'Institut par B. Quemada. Dans les conclusions du colloque par M. Kurt Baldinger (Heidelberg, membre fondateur de la SIEHLDA), ce projet est vivement encouragé en présence de Monsieur M. Druon, Secrétaire Perpétuel de l'Académie Française et de Monsieur J. Toubon alors Ministre de la Culture et de la Francophonie.

1.2. Lyon février 1995 - Cergy mars 1995 - Lyon été 1995

Pour faciliter la mise en oeuvre de ce projet d'envergure internationale et nécessitant la possibilité administrative d'associer des crédits publics et privés, français et étrangers, est créée au sein de l'Université Jean Moulin une association loi 1901, la SIEHLDA, Société Internationale d'Études Historiques et Linguistiques des Dictionnaires Anciens, qui édite une lettre d'information, La lettre des dictionnaires anciens, dont la première version fut sous forme papier et dont la suite est sur le site Internet de la SIEHLDA, grâce à T.R. Wooldridge.

Un premier résultat de la collaboration Lyon-Toronto est donné en mars 1995 au colloque de Cergy organisé par J. Pruvost sur le thème «Dictionnaires de langue française et informatique» où j'ai insisté sur les difficultés propres à la première édition [3].

En juin 1995, la SIEHLDA reçoit de l'université Jean Moulin un bureau et bénéficie du prêt d'un ordinateur pour commencer la saisie de 1694, travail auquel se sont attelées de juillet à septembre 1995 des étudiantes vacataires travaillant avec moi; ont été saisis les corpus de la lettre G et du vocabulaire de la mort dans l'édition de 1694.

1.3. Paris oct. 1995 - Toronto fév. 1996 - Clermont juin 1996

En octobre 1995, une première mise au point des travaux réalisés et des possibilités de financement assorties d'une éventuelle collaboration avec la Grande Bibliothèque de France a lieu lors d'une réunion entre Messieurs Y. Maignien et J.D. Wagneur chargés de la numérisation à la Grande Bibliothèque, Monsieur Oster attaché à la commission du Dictionnaire de l'Académie française, Monsieur Wooldridge et moi-même.

Peu de temps après, le CNRS accorde une première subvention pour la correction de saisie et les premiers travaux de balisage.

C'est à cette période que M. Wooldridge a déposé une demande de subvention à Toronto pour la saisie de la sixième édition, M. Kibbee à l'Université d'Illinois pour la cinquième et moi à la région Rhône-Alpes sous le patronage de l'Université Jean Moulin; M. R. Martin espère pouvoir faire prendre en charge par le CNRS la saisie de la huitième; M. Oster s'engage à informer lui-même l'Académie de l'évolution du dossier et des difficultés à trouver des subsides [4].

À la faveur de la préparation d'une conférence donnée à Toronto en février 1996, sur «Les conflits de générations et les usages littéraires concurrents dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie française», j'ai pu approfondir ma réflexion sur la nécessité d'une dimension analytique complémentaire de la base dictionnairique pure (cf. section 3).

Depuis la fin du mois d'avril 1996 la Base Échantillon, en ligne sur Internet depuis février 1996, a été enrichie à Toronto grâce à T.R. Wooldridge qui l'a portée à 1% du corpus 1694-1935.

Enfin, la saisie du corpus de la lettre R de l'édition de 1694, mise en chantier au début de l'année, est en voie d'achèvement; les travaux d'une étudiante de l'université Jean Moulin sur le vocabulaire de la danse au XVIIe siècle ont permis la saisie d'une nouvelle base thématique [5]. Tous ces corpus échantillons doivent être installés sur Internet d'ici la fin de l'année 1996 ou au début de l'année 1997.

Si la situation n'est guère encourageante sur le plan des subventions, nos premiers travaux sont prometteurs et T.R. Wooldridge et moi-même sommes en train de travailler à la préparation du CD-ROM de la base Académie qui comprendra outre la base échantillon représentant 1% du corpus des huit éditions, une base critique hypertextuelle (BC) et une base textuelle (BT) associées: ce sera aujourd'hui l'objet essentiel de mon propos pour la première édition.

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Notes

1. L'utilisation de la première personne du singulier permet, dans ce contexte précis, d'éviter toute équivoque par rapport à l'emploi de la forme nous susceptible de représenter l'équipe; dans la suite de l'exposé, pour tout ce qui concerne notre travail personnel sur 1694, c'est l'utilisation traditionnelle du nous de majesté qui sera de mise.

2. Puisque, outre la modification d'ordre alphabétique, et quelques corrections effectuées en partie grâce au travail critique de la fausse seconde édition de 1695 (cf. 3.3.4.3), on observe peu de changements.

[* NDLR, nov. 1996. Modifications apportées depuis juin 1996: T.R. Wooldridge s'associe à I. Leroy-Turcan pour la 1ère édition; L. Dagenais cautionne la 4ème; T.R. Wooldridge partage la responsabilité de la 6ème avec J.-P. Saint-Gérand (Clermont-Ferrand).]

3. Leroy-Turcan & Wooldridge 1995.

4. Toutes entreprises qui se sont avérées caduques sauf du côté de MM. Kibbee et Olsen; par ailleurs, on distinguera, tout comme au XVIIe siècle, l'entité Académie et les académiciens.

5. Base préparée par Catherine Verdin: elle comprend la saisie des articles concernant la danse dans le Dictionnaire Etymologique ou Origines de la Langue Françoise (1694) de Ménage et le DAF (1694), avec en perspective les compléments des dictionnaires de Thomas Corneille, Furetière et Richelet.