Par définition, cette base de données consultable sur Internet (www.u-cergy.fr dans le fichier Bibliothèque, Connexion sur Serveur Web, Espace culture) à laquelle on a donné le titre général de Musée virtuel des dictionnaires ne sera jamais achevée, mais elle est pour le moment en pleine élaboration. Entendons par là que l'on peut déjà la consulter et en tirer des éléments intéressants, même si la structure nous semble-t-il solide de cette base de données manque encore de chair, dans la mesure où les milliers d'informations à mettre en réseaux, les milliers de pages de dictionnaire à scanner, ne peuvent évidemment être installées du jour au lendemain.
D'emblée, l'objectif choisi est bien d'offrir un corpus sans limites autres que celles du temps qu'il est possible de consacrer à l'élaboration d'une telle base de données, ce qui rend forcément modeste. Dans un premier temps, la lexicologie, la lexicographie et la dictionnairique qui font l'objet d'analyses et d'informations sont certes celles correspondant à la francophonie, mais rien n'interdit, dans un second temps, des incursions dans d'autres domaines propres à la lexicographie européenne, la structure choisie étant volontairement conçue de manière à être enrichie par de nouveaux enchâssements complémentaires. L'information étant de nature algorithmique, pouvant donc s'arrêter au niveau où on le souhaite, le public visé n'est pas sélectionné: tout y est par conséquent rédigé et présenté de manière à ce que le non-spécialiste comme le spécialiste y trouvent à terme l'information désirée. Nous avons d'ailleurs pu constater qu'en réalité, et c'est bien naturel, le spécialiste de tel ou tel lexicographe du XVIIe siècle peut tout ignorer ou presque de Pierre Larousse ou d'un obscur lexicographe du XIXe siècle. L'information doit donc être offerte sous la forme d'un relais, avec un résumé de l'essentiel et la mention de toutes les références spécialisées auxquelles se reporter pour une analyse poussée.
Aussi, pour répondre à ces différents objectifs, plusieurs entrées sont offertes au consultant d'Internet pour pénétrer le réseau d'informations tissé dans cette base de données: 1) un historique des dictionnaires et une typologie; 2) une chronologie des dictionnaires; 3) un listage alphabétique des auteurs de dictionnaire ou de texte métalexicographiques; 4) une biographie des auteurs ainsi repérés; 5) un commentaire systématique de chaque oeuvre; 6) des extraits significatifs des dictionnaires présentés; 7) une bibliographie générale; 8) un espace réservé à l'actualité et à l'échange.
Dans cet historique sont évoqués les dictionnaires marquants de notre histoire et il suffit de cliquer sur les dictionnaires mentionnés pour bénéficier d'une entrée directe par lien hypertexte sur lesdits dictionnaires, présentation de l'ouvrage d'abord et extraits significatifs ensuite. Il en va de même pour les différents auteurs cités qui, par lien hypertexte, renvoient par simple cliquage à leur biographie.
Cette synthèse historique, premier document du Musée virtuel des dictionnaires, peut en vérité constituer une approche générale de nature presque didactique, on imagine aisément que quiconque ne connaissant pas le sujet puisse être intéressé par cet aperçu qui permet une plongée directe dans le contenu de telle ou telle figure dominante de notre patrimoine lexicographique.
Ils sont ici présentés par année dans l'ordre alphabétique du nom de leur auteur, avec le titre principal du dictionnaire et la seule mention du lieu d'édition et du format. L'idéal, qui ne sera probablement jamais atteint, serait de pouvoir tous les mettre en lien hypertexte avec des informations correspondant à l'auteur, à l'ouvrage ou au contenu par extraits, mais ce seront prioritairement les dictionnaires les plus significatifs qui seront ainsi traités. On peut déjà actuellement cliquer en 1856 sur Pierre Larousse, ou sur le dictionnaire cité, et entrer directement dans les développements y correspondant.
L'intérêt d'une présentation chronologique et donc de ce type d'entrée historique, réside principalement dans le fait de pouvoir rapidement mieux percevoir le paysage lexicographique d'un moment donné, l'environnement y étant effectivement immédiatement sensible.
Il importe d'insister sur le fait que les métalexicographes ont ici légitimement leur place, d'une part parce que bien des lexicographes se sont aussi révélés métalexicographes, B. Quemada comme A. Rey et J. Rey-Debove, J. et C. Dubois, etc., ont non seulement rédigé des dictionnaires mais encore écrit sur les méthodes utilisées et l'histoire des dictionnaires, et d'autre part, parce que les métalexicographes ont sensiblement participé à l'élaboration de la discipline. Leurs articles ont en effet souvent entraîné l'amélioration de tel ou tel ouvrage, au-delà même du fait que, bien que ne figurant pas au-devant de la scène lexicographique, il n'est pas rare qu'ils aient collaboré à tel ou tel dictionnaire. Enfin, et cela nous semble tout aussi nécessaire dans le cadre d'une base de données, la liste fait une place à quiconque à écrit sur les dictionnaires, universitaire reconnu ou en chercheur en herbe, et l'on songe à certains étudiants de maîtrise ou de DEA dont le travail a été remarquable sur un dictionnaire donné, sur un lexicographe peu connu, ou dans le cadre d'une étude transversale originale. C'est ainsi qu'il a semblé nécessaire d'éviter que certains mémoires de grande qualité restent perdus et dorment sur une étagère discrète d'une bibliothèque d'UFR, alors qu'ils pourraient rendre de bons services à d'autres chercheurs. La liste fait donc aussi une place à ces travaux qui méritent d'être référencés.
À la suite de chacun de ces articles, est par ailleurs donnée une bibliographie permettant, notamment pour les grands lexicographes ou métalexicographes, de poursuivre plus avant les recherches.
Ces développement sont suivis par des bibliographies qui parfois recoupent la bibliographie apportée à la suite de la biographie de l'auteur, et il est probable qu'au fur et à mesure de l'élaboration de la base de données, nous évitions, lorsque cela sera possible, ces redondances, par un lien renvoyant à une biographie unique. Il est clair que lorsque est confié à un spécialiste un développement sur un auteur donné, il y a toutes chances pour qu'il prenne aussi la responsabilité du commentaire sur l'oeuvre. Même si quelques interférences sont possibles entres les deux commentaires, nous ne souhaitons pas les fondre, car la finalité en est très différente. Connaître l'auteur, sa vie, le paysage éditorial y correspondant, son oeuvre en général, son insertion dans le milieu intellectuel, peut se révéler très différent d'un commentaire sur chacune de ces oeuvres, avec des problématiques diversifiées, des analyses variées, plus ou moins riches en fonction de l'état de la recherche. Enfin, si dans le cadre des deux ou trois pages systématiquement consacrées à chaque auteur, il sera sans doute assez peu fréquent d'avoir à les modifier en fonction des rares découvertes décisives susceptibles de transformer profondément sa biographie, il est par contre prévisible que toute nouvelle étude approfondie de son oeuvre lexicographique puisse apporter de nouveaux regards.
Les premières pages correspondent en fait à la reprise en mode image des pages de titre de l'ouvrage, qui bien que décrites avec ses mesures précises en marge du commentaire, peuvent ne pas parfaitement contenter le chercheur toujours soucieux du constat de visu. Ce dernier peut par exemple être très intéressé par les choix typographiques, la mise en page, les allégories, les épigraphes, etc., forcément écrasés dans une description linéaire.
Avant-propos ou Préface, le texte liminaire mérite d'être reproduit complètement avec, il s'entend, quelques limites lorsque celle-ci est démesurée, comme c'en est le cas pour la préface donnée par Pierre Larousse au Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle. Celle-ci s'étale en effet sur plus d'une centaine de pages, au point d'avoir été récemment éditée in extenso dans un in-octavo. Dans ce dernier cas, il faut donc procéder par extraits significatifs. Mais la plupart des préfaces ne dépasse pas dix pages et se révèlent particulièrement riches pour quiconque s'intéresse à l'ouvrage en question ou plus largement à l'histoire des conceptions linguistiques. Certains dictionnaires sont en vérité presque introuvables, y compris à la Bibliothèque Nationale, et il peut se révéler plus que pertinent d'offrir alors à domicile sur l'écran d'ordinateur le texte de la préface directement imprimable. Qui possède par exemple chez soi le Nouveau dictionnaire de la langue française de Pierre Larousse? Et cependant, les huit pages de préface sont particulièrement enrichissantes et méritent l'attention non seulement par leur contenu mais par le fait même que l'ouvrage ait été l'un des plus consultés dans tout le système scolaire pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle.
Les extraits sont naturellement indispensables pour avoir une idée précise du type de dictionnaire et de la manière dont a été traitée la microstructure. Afin de pouvoir établir en l'occurrence quelques comparaisons éclairantes d'un ouvrage à l'autre, il a été choisi de présenter systématiquement les mêmes articles. Avouons-le, la liste des articles était au départ très ambitieuse, et nous avons dû la limiter pour ne pas encombrer la consultation qui, en définitive et dans l'idéal, pourrait être celle du dictionnaire tout entier... Parmi les mots choisis, deux sont liés à des aspects typographiques, voire esthétiques. En effet, nous avons constamment donné le premier article du dictionnaire (a) et le tout dernier, le plus souvent zygomatique ou zzz pour satisfaire les bibliophiles et tous ceux qui recherchent à bon escient dans les lettrines, dans les dessins allégoriques propres au début de chaque lettre, et dans les culs-de-lampe disposés à la fin d'une lettre, des symboles, des signes du temps ou des esthétiques révélatrices. Le Petit Larousse est à cet égard l'objet d'analyses diverses souvent pertinentes. Parmi les autres articles scannés, sont relevés des mots révélateurs pour la discipline (mot, vocabulaire, dictionnaire, orthographe, etc.) ou de nature sociologique (homme, femme). Ces listes nous paraissent toujours trop courtes, et on peut hélas assurer qu'elles seront toujours l'objet de frustrations pour le consultant.
L'Actualité représente la dernière entrée. En effet, même si en général ce sont les dictionnaires les plus connus qui font l'objet de colloques et de manifestations, une plage est systématiquement prévue pour tout ce qui pourrait survenir permettant d'enrichir le savoir sur le dictionnaire consulté.
Présenter une bibliographie générale, c'est de fait trouver une architecture de consultation et des regroupements qui évitent de la confondre avec une mosaïque de toutes les bibliographies particulières. Il y a là, en fonction de la consultation informatique, sans doute de nouveaux concepts à faire naître, et il est probable que la bibliographie soit de plus en plus à concevoir comme une structure à géométrie variable, avec des liens facilitant toutes les recherches transversales.
Les collectionneurs de dictionnaires savent bien par exemple qu'il est souvent très difficile de trouver les ouvrages recherchés, non pas tant par leur caractère prestigieux que par le peu d'attention dont il font généralement l'objet de la part de la communauté qui les assimile à de simples objets pragmatiques. On sait pourtant par exemple que le Petit Larousse, parce qu'il est millésimé depuis 1906, avec des ajouts et des retraits réguliers, constitue une mesure extrêmement intéressante du lexique ainsi attentivement observé. Cependant, quelle bibliothèque offrira à la consultation directe tous les volumes du XXe siècle, année par année? Et l'on connaît pourtant des chercheurs qui petit à petit et, faut-il le dire, de brocante en brocante, ont fini par reconstituer de telles séries. Aussi prosaïque que cela puisse paraître, le forum pourrait aussi servir à ce genre de recherches... Aussi, concluons la visite du Musée virtuel des dictionnaires sur cette note bien peu scientifique mais en définitive assez proche de la notion de musée! Sans oublier de remercier vivement celui à qui l'on doit cette aventure: Russon Wooldridge.