Robert Estienne (1552)

Dictionarium Latinogallicum,

postrema hac aeditione valde locupletatum.

Lutetiae,
apud Carolum Stephanum, Typographum Regium,
M. D. LII.
Cum priuilegio Regis.



Importance historique

La troisième édition du Dictionarium latinogallicum de Robert Estienne (1552) représente le point culminant de son travail sur le dictionnaire latin-français (il est mort en 1559). Estienne, père de la lexicographie moderne du latin classique et du français (cf. Starnes 1954), avait établi pour le latin classique et le français de son temps une série de dictionnaires tripartite: pour le latin, un Thesaurus monolingue destiné aux érudits (1ère éd. 1531, 2e 1536, 3e 1543; quelques équivalents français dans les deux premières éditions) et deux dictionnaires latin-français, l'un, le Dictionarium latinogallicum (1ère éd. 1538, 2e 1546; plusieurs fois réédité vers la fin du siècle), pour les étudiants avancés et le public studieux général, et aussi une version abrégée, le Dictionariolum puerorum latinogallicum (1ère éd. 1542; maintes fois réédité à la fin du XVIe - début du XVIIe s.), pour les débutants; pour le français, Estienne a vite fait suivre la première édition du Dictionarium de celle de son Dictionaire francoislatin (1ère éd. 1539, 2e éd. 1549; réédité par Thierry, Dupuys, Nicot, Stoer, Marquis, Poille et al. de 1564 jusqu'en 1628), et de même, il a fait suivre la première édition du Dictionariolum de celle de Les mots francois tournez en Latin pour les enfants (1ère éd. 1544; par la suite Petit dictionaire...). Le désir de réaliser un équivalent français du Thesaurus fut exprimé très tôt; c'est le Thresor de la langue françoyse de Nicot (1606), développement surtout monolingue du Dictionaire francoislatin, qui approcha le plus de cet objectif, irréalisable en fait à l'époque de la Renaissance; ce n'est que vers la fin du XVIIe siècle qu'un vrai dictionnaire monolingue du français général a pu sortir (Richelet 1680, Furetière 1690, Académie française 1694). La filiation des dictionnaires d'Estienne et des éditions postérieures est donnée dans une première figure (extraite de Wooldridge 1992/1996: 1); des tableaux montrant les deux séries du système tripartite d'Estienne sont donnés dans une deuxième figure (prise dans Wooldridge 1977/1997: 1.5).

Du point de vue du lexique français, le Dictionarium latinogallicum est particulièrement intéressant pour le nombre d'items qui ne sont présents ni dans le Dictionaire francoislatin, ni dans le Thresor. Tous sont évidemment "cachés", puisque les entrées du dictionnaire sont des mots latins. Parmi les traits caractéristiques du français, mentionnons: a) la réunion de synonymes (3e figure, A); b) les mots marqués: regionaux, populaires, techniques, etc. (3e figure, B). Un exemple analytique de la structure des articles du Dictionarium est donné dans une 4e figure (extraite de Wooldridge 1992/1996: 2.3.1).


Pages originales


DLG 1552 en ligne

Le Dictionarium latinogallicum de 1552 a été informatisé au milieu des années 1980 grâce au concours du CNRS (France) et du CRSHC (Canada); le texte a été saisi, de façon très intelligente et presque sans faute, par Suzanne Laurent du service de saisie de l'Institut national de la langue française de Nancy, dont le directeur, Bernard Quemada, m'a offert gracieusement cette aide indispensable. Je tiens à les remercier encore ici.

Indexé une première fois sous WordCruncher en 1988, le DLG 1552 est actuellement consultable en base interactive plein texte dans Deux versions Internet, l'une fonctionnant sous TACTweb à Toronto, l'autre sous Philologic au projet ARTFL, de l'University of Chicago. Cette base comprend les seuls alinéas qui contiennent du français, c'est-à-dire environ la moitié du texte global. Les items latin-français, ceux de la base, renferment à peu près 860.000 mots de texte.


Lectures


© Page créée par T.R. Wooldridge, août 1998