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École d'été de cartographie et visualisation 2019

1er au 3 juillet 2019

Éric Guichard

L'école d'été de cartographie et de visualisation vit sa troisième édition consécutive, nommée ECV2019.

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Dadametre-Bruno.JPG

Le dadamètre. Oeuvre de Christophe Bruno. http://iterature.com/dadameter/dadamap.fr.php et Musée du Jeu de Paume, 2008.
Avec la courtoisie de l'artiste.


Nous reprenons les thématiques des années précédentes, en les élargissant. Pour un descriptif détaillé de l'argument et des interventions passées, nous renvoyons aux pages http://barthes.enssib.fr/ECV-2017 et http://barthes.enssib.fr/ECV-2018.

Le projet reste de développer le dialogue entre géographes et informaticiens, ainsi qu'avec les physiciens, historiens, épistémologues, designers, artistes, écrivains et toutes les personnes engagées dans des productions visuelles et dans une réflexion sur la notion de preuve graphique. Comme les années précédentes, les échanges déborderont du strict cadre universitaire en laissant la parole aux personnes d'autres univers (associations, écoles d'art, entreprises, etc.) et de tous statuts.

Les principales thématiques de ce cru 2019, à l'instar des précédents, peuvent se décrire de la façon suivante.

  • Implicites épistémologiques d'une méthode graphique: par exemple, le privilège accordé aujourd'hui aux graphes de réseaux sociaux face aux analyses factorielles, qui peut signaler un refus (ou une impossibilité, du fait de l'absence de données) d'intégrer des variables socio-professionnelles stables mais négligeant l'environnement des enquêtés; voire une focalisation sur l'instant au détriment d'interactions ou de pratiques sur le moyen terme.

  • À l'inverse, explicitations épistémologiques rendues possibles ou stimulées par le graphique au sens large: carte, visualisation, schéma ou écriture planaire. Par exemple quand une production a priori banale ou culturellement répandue invite à s'interroger sur les interactions entre technique et pensée (cf. l'algèbre de Descartes) ou à prendre conscience du fait que le langage ne peut tout appréhender (limites de la phénoménologie): qu'une écriture déborde le langage et que l'appréhension du monde passe par l'élucidation de ses effets et par la consolidation de ses fondements.

  • La question de la fiabilité de la représentation reste centrale, au plan scientifique comme politique. Au plan scientifique car de nombreux graphiques sont en fait des projections sur un écran ou sur une page d'objets et de relations plongés par nécessité topologique en des espaces de dimensions parfois très grandes; ce qui pose des questions de confiance à leurs auteurs comme à leurs lecteurs. Au plan politique, rappelons que toute carte de la Chine est insatisfaisante pour les autorités de ce pays ou de ses voisins. Cette situation peut se généraliser à la publication de cartes ou réseaux destinés à un grand public pas toujours au fait des précautions méthodologiques à prendre pour lire de telles images.

  • Les apports heuristiques de telles représentations sont aussi au coeur de ces journées: pour infirmer ou confirmer des hypothèses, affiner des problématiques, expliciter une démarche épistémologique.

  • De façon analogue, les façons dont les disciplines s'empruntent des méthodes, des problématiques et se réapproprient des questionnements déjà élucidés par le passé restent centrales. Au-delà d'une compétition qui mérite d'être précisée de façon détaillée (et historicisée), nous préciserons aussi les appels au dialogue, par exemple quand des informaticiens tendent la main à des designers ou des sociologues. L'intérêt de la cartographie et de la visualisation, en ce début de siècle, est aussi de montrer le «pouvoir des sens» (de l'oeil) et de l'intuition quand une question scientifique résiste au déroulement simple d'équations ou de catégorisations. Ici, le retour à l'épistémologie et au fondement du raisonnement se manifeste: «qu'est-ce qu'une représentation?» nous demandait l'an dernier Patrick Flandrin.

  • Les débats sur les liens entre carte et territoire, étendus aux questions de spatialité et de territorialisation de l'internet (et du numérique) restent aussi privilégiés, dans la mesure où ils nous permettent d'expliciter le lien entre ce que nous croyons relever du réel et ce que nous en voyons ou dessinons.

Conférences, tables rondes, présentations originales alterneront avec des ateliers spécifiques dédiés à la production de cartes et graphiques, à leur sémiologie, à leurs esthétiques.

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Pour information et lecture, un article récent d'Éric Guichard, publié dans la revue Responsabilité & Environnement (Annales des Mines, avril 2019, num. 94), intitulé Cartographie et visualisation.

Programme

Les horaires et les interventions des conférenciers sont susceptibles de modifications.

Lundi 1er juillet

  • 10h. Éric Guichard. Introduction. Diapositives
  • 10h30. Hervé Théry. Circulation, consommation mondiale des viandes et obésité: coïncidences ou co-incidences? Résumé
  • 11h20. Leila Dada. Cartographie et téléphonie mobile. Résumé

Buffet (ou repas libre).

  • 14h. Emmanuel Pietriga. Créativité et visualisation de réseaux sous formes de diagrammes noeuds-liens. Résumé
  • 14h50. Emmanuel Saint-James. Les diagrammes animaliers, un graphisme vital pour la didactique de l'informatique. Résumé
  • 15h40. Dario Rodighiero. Limiter le réductionnisme des réseaux par la projection sphérique. Résumé
17h-19h. Atelier d'initiation à Qgis (salle 1.08, sur machines personnelles ou Linux): Éric Guichard et Arthur Perret.

Mardi 2 juillet

  • 10h. Chloé Angeloni. Design pour la cruauté, la réaction dans les réseaux sociaux. Résumé
  • 10h50. Stéphane Grumbach et Clément Renaud. L'atlas des données: approches exploratoires de représentations complexes. Résumé
  • 11h40. Patrick Degeorges. Intervention annulée.

Buffet (ou repas libre).

  • 14h. Patricia Loué. Visualiser l'économie symbiotique: une première plastique et une utopie nécessaire. Résumé
  • 14h50. Jean-Luc Pinol. Territoires de la déportation. Résumé
  • 15h40. Arthur Perret. Raison cartographique et territoire intellectuel. Résumé

17h-19h: Projet de recherche présenté en atelier: https://www.wikimaps.io: Boris Beaude.

Mercredi 3 juillet

  • 10h. Boris Beaude. (re)Médiations numériques: le social au XXIe siècle. Résumé
  • 10h50. Henri Desbois. La Terre entière. L'imagination géographique et l'espace scénique: l'exemple de Jules César, de Shakespeare. Résumé
  • 11h40. Valeria Giardino. Raisonnement par diagrammes en mathématique. Résumé

Buffet (ou repas libre).

  • 14h. Jean-Daniel Fekete. Cartolabe: Cartographie de grand corpus. Résumé
  • 14h50. Jean Dhombres. Figurations et algorithmes à l'heure des Big Data. Résumé
  • 15h40. Débat conclusif

Comité d'organisation

  • Violaine Brunet
  • Romain Cavaroc
  • Carine Garrigou-Grandchamp
  • Éric Guichard

Résumés

Résumé Théry: La consommation de viande, en particulier de viande bovine, est souvent mise en cause pour ses effets sur la santé humaine, notamment en raison de la croissante prévalence de l'obésité à laquelle elle est associée par certains. Pour aider à voir s'il s'agit de coincidences ou de co-incidences, j'utiliserai les ressources de la cartographie, à partir des base de données FaoStat de la FAO et de l'OMS. Retour

Résumé Dada: Je présenterai mes recherches réalisées à l'occasion de mon stage Enssib-Inria, qui concerne le croisement des données matérielles de la téléphonie mobile (antennes) et de l'information socio-démographique. Ma perspective privilégiée fut celle de la cartographie. Occasion de déchiffrer les relations existantes aujourd'hui entre la cartographie, la visualisation de données et le design graphique. Au cours de cette présentation, j'aborderai la cartographie numérique d'un point de vue de néophyte, et en exposerai les enjeux épistémologiques. Retour

Résumé Pietriga: La représentation visuelle des réseaux s'appuie principalement sur les diagrammes noeuds-liens. Ceux-ci restent pour l'instant les plus faciles à comprendre (comparés par exemple aux matrices d'adjacence) et sont par conséquent la solution de visualisation privilégiée surtout quand il s'agit de représenter un graphe à des fins de communication à destination d'un public pas forcément expert. De nombreux environnements d'analyse visuelle de graphes, tels que Gephi, Tulip, Pajek permettent à des utilisateurs experts d'analyser et représenter des graphes de grande taille. Ils offrent de nombreuses fonctionnalités, non seulement en termes d'analyse mais aussi de variables visuelles, mais souvent au prix d'une prise en main difficile. Ils ne favorisent pas, par ailleurs, une approche flexible et incrémentale de la construction de la représentation visuelle, approche souvent privilégiée pour la conception de visualisations à des fins de communication. Je ferai une introduction à Graphies, un environnement pour l'édition de diagrammes noeuds-liens qui favorise la créativité en adoptant un modèle d'interaction différent de ces outils. Je donnerai ensuite un exemple de visualisation de réseau particulière, issue du projet Sanctuary (https://www.sanctuaryproject.eu), qui nécessite l'emploi d'outils offrant un niveau de flexibilité encore plus grand. Retour

Résumé Saint-James: L'importance prise par l'informatique exige de profondes réflexions et expérimentations sur les supports pédagogiques nécessaires à son enseignement, à l'instar de ce qui est fait depuis 50 ans pour les mathématiques avec les IREM. La difficulté réside d'abord en ce qu'un système informatique est un paradoxe, car il est à la fois un objet inerte et l'exécutant d'idées émises par d'innombrables vies humaines. L'iconographie des supports pédagogiques actuels ne rend pas compte de ce paradoxe fondamental, soit parce qu'ils représentent des organismes n'ayant aucun caractère explicatif, soit parce qu'ils exposent des diagrammes fonctionnels sans aucune référence organique. Nous proposons d'éliminer ce dilemme par des diagrammes animaliers, savoir des diagrammes fonctionnels dont le dessin reproduit un animal et éventuellement son habitat, en relation avec le sujet abordé. De plus, nous montrons la nécessité d'une animation progressive des ces diagrammes afin de conserver la temporalité du discours indispensable à l'exposé scientifique. Nous donnons et commentons deux diagrammes animaliers fondés sur ces principes, l'un consacré à l'infrastructure du Web, l'autre à l'administration d'un système Unix. Retour

Résumé Rodighiero: Il y a deux millénaires, les cartographes étaient capables de projeter un globe terrestre sur une surface plane avec une assez bonne précision. La sphéricité du globe est traduite en deux dimensions, rendant toute la surface de la Terre visible en un coup d'oeil. La projection d'un globe est une cartographie spécifique qui trace une carte dans un espace. La projection de quinconce conçue par Charles Peirce, par exemple, décrit un espace continu où la face supérieure se poursuit en bas et où la face gauche est le prolongement de la face droite. L'hypothèse est que les visualisations de réseau reposent sur un imaginaire dans lequel l'espace est encadré comme dans une peinture. Que peut-il se passer lorsqu'un réseau est mappé sur un espace continu? Cette présentation illustre un nouveau paradigme visuel dans lequel l'espace réseau est calculé sur une surface sphérique et successivement projeté sur un système de coordonnées cartésiennes. L'hypothèse selon laquelle ce paradigme est moins réducteur est corroborée par un exemple montrant la distance parcourue entre les plus grandes villes du monde. Retour

Résumé Angeloni: Retour

Résumé Grumbach-Renaud: Le monde traverse aujourd'hui des changements écosystèmiques majeurs. Pour y faire face, de nouveaux modes de connaissance permettent de comprendre des phénomènes complexes, d'appréhender tant le global que le local. Avec les technologies numériques, se sont développés de larges systèmes d'observation capables d'une part de récolter des données et d'autre part d'en montrer les tendances -grâce à l'analyse automatique et la visualisation.
Pourtant, la complexité des réalités interroge notre capacité d'observation, et aussi d'action. Au-delà de l'analyse des données, le travail à mener s'inscrit ici dans le domaine de la représentation et de la définition d'«images mentales» capables de formuler de nouvelles connaissances.
L'atlas des données est un espace d'expérimentation où se croisent art, design et science afin de produire des représentations de dynamiques de différents écosystèmes de notre planète. Durant la présentation, nous présenterons l'atlas aujourd'hui en cours de réalisation, discuterons des enjeux et difficultés qui entourent une telle tâche, ainsi que des méthodes et outils utilisés pour la mener à bien.Retour

Résumé Loué: Je ferai le récit d'une expérimentation qui fait partie de ma démarche plastique d'ensemble intitulée «Écrire Le Monde/Mapping The World». Je m'attacherai à rendre visible un nouveau système économique: construire le vocabulaire de l'économie symbiotique.
Tout au long de mes expositions, je propose au regard des formes (tableaux, sculptures, récits-itinéraires, ateliers-performances) qui visualisent pour la premiere fois la notion. C'est une tentative artistique destinée à faire évoluer nos modes de pensées, à construire un langage, et, chemin faisant, un autre monde. Symbiotique. Retour

Résumé Pinol: Retour

Résumé Perret: Nous examinerons ici l'emploi du terme «cartographier» en SHS / humanités numériques et ce qu'apporte l'épistémologie de la carte à l'étude d'un héritage intellectuel. Une représentation graphique interactive du réseau de Paul Otlet, réalisée par l'équipe du programme ANR HyperOtlet, sera présentée afin de contextualiser le propos. Retour

Résumé Beaude: La traçabilité sans précédent des pratiques sociales réactive des clivages qui ont divisé les sciences depuis le XIXe siècle. L'abondance des données et la puissance de leur traitement semblent fragiliser les sciences sociales, alors même que la physique ou l'informatique investissent activement leurs problématiques de prédilection. Les sciences sociales n'auraient plus le monopole du social, dont les relations ne seraient pas si singulières, et pourrait faire l'objet de traitements éprouvés par les sciences de la nature. Mais en faisant l'économie de plus d'un siècle de sciences sociales, ce projet promu par une science sociale computationnelle entretient de nombreux malentendus et une négligence surprenante de la réflexivité, récusant activement le propre de l'humain au profit de lois supposées universelles. Retour

Résumé Desbois: En montrant comment le théâtre est le lieu de formation d'une géographicité partagée, je montrerai que le théâtre élisabéthain reflète l'entrée de la géographie dans le régime visuel qui se développe avec la diffusion des atlas, en jouant notamment sur l'expansion de l'espace scénique par divers procédés. Je mettrai en parallèle le voyage immobile à travers les atlas tel que le décrit Robert Burton, et le spectacle du monde offert par le théâtre. Je réinterprèterai le «All the world's a stage» shakespearien à travers un parallèle avec le Theatrum Orbis Terrarum. Retour

Résumé Giardino: Le but de mon exposé est de faire valoir que les visualisations et les diagrammes sont répandus dans les sciences car ils constituent des avantages cognitifs, qui dépendent de notre architecture cognitive. En particulier, je fais l'hypothèse qu'il existerait une capacité que j'appelle «diagrammatiser», grâce à laquelle les humains sollicitent plusieurs systèmes déjà disponibles pour la perception ou l'action et établissent une connexion externe entre eux, au moyen d'un outil cognitif particulier. Une instance de diagrammatisation seront les gestes non seulement dans la communication mais «pour le soi», dans le raisonnement notamment ; une autre, l'utilisation des représentations spatiales (et matérielles) en mathématiques, telle qu'elle apparaît par exemple en topologie. Retour

Résumé Fekete: Les méthodes de réduction de dimensionnalité ont progressé énormément ces dernières années. Elles peuvent maintenant être utilisées pour visualiser des millions de points de données multi dimensionnelles. Je montrerai comment notre système Cartolabe permet de visualiser et de naviguer dans des grands corpus textuels (de quelques centaines de milliers de documents à plusieurs millions), comme HAL, Wikipédia, ou les contributions au grand débat. J'expliquerai les principes mais surtout les problèmes à surmonter pour rendre ces méthodes utilisables, car leur puissance va de pair avec des défauts intrinsèques qui doivent être pris en compte pour éviter des erreurs d'interprétation. Retour

Résumé Dhombres: On peut, d'une façon générale, présenter la cartographie depuis son origine scientifique comme un ensemble de resources destiné à figurer à deux dimensions (au fond longitude et latitude) les données beaucoup plus nombreuses de la géographie. Et de fait il n'y a eu besoin d'algorithmes dans cette longue histoire que pour régler le problème mathématique de la transformation de portions d'une surface sphérique en une surface plane, lequel pouvait se travailler en «laboratoire», une fois comprises les données des courbes loxodromiques au XVIe siècle (carte de Mercator et ses suivantes). Autrement dit, le travail géographique en vue de la carte était un relevé critique des données collectées. Les Big Data, ou peut-être seulement la propagande qui les entoure, se mettent dans une position tout autre. Les données sont là (on dit même qu'elles sont «sans coût»), et il faut savoir y «puiser», l'expression anglaise (resource mining) étant sans doute (involontairement?) une allusion à la conquête des Amériques, la recherche des mines d'or («le fabuleux métal»). Cette fois, les algorithmes interviennent directement dans le travail des Big Data, à tel point symbolique que fut proposée une «monnaie» (Bitcoin) dont la valeur est indexée sur le coût du travail des algorithmes, plus exactement sur l'impossibilité de reproduire ce travail à peu de frais. Pourtant l'un des problèmes des Big Data est la figuration des résultats, comme pour la cartographie. Et si l'on est débarrassé a priori de la dimension 2, il n'empêche que la figuration doit être visuelle, et une fois de plus se pose la question générale de la carte. Retour

Page créée le 17 avril 2019, modifiée le 9 juillet 2019