Les projets "Open Source"
Laurent CYTERMAN
Institut d’Etudes Politiques de Paris
L’internet : Enjeux de théorie politique
Conférence de Paul Mathias 
Automne 2000

Introduction

Le modèle "open source", c'est :
        - une pratique de développement logiciel _ la liberté de lecture, de reproduction et de modification du programme considéré _ beaucoup plus généralisée qu'on ne le croit ;
        - un droit de la license, hétérogène et en cours de constitution ;
        - n'est devenu que progressivement un modèle à proprement parler, alternatif aux logiciels "propriétaires" et en particulier à leur exploitation commerciale par des sociétés dont Microsoft est le symbole.

Quelques moments de cette constitution :
        - le succès commercial de Linux, 
        - l'adoption par Netscape en 1998 d'un modèle proche de l'open source pour son logiciel phare, Communicator.

Cette opposition Netscape / Microsoft a fortement structuré le débat sur le modèle "open source", et a fait d'une pratique déjà très répandue devient un modèle alternatif.

Au-delà du débat sur la viabilité économique du modèle "open source" et sa supériorité sur le modèle "propriétaire", dont on présentera les arguments, on est ici en présence d'un bon observatoire des attentes contradictoires générées par internet_ opportunités de profit comme projets alternatifs.

 
I) Un modèle généralisé de développement logiciel...
 

   Il faut d'abord remarquer que la plus grande partie des logiciels développés dans le monde ne le sont pas à des fins commerciales ; c'est notamment le cas des logiciels développés à usage interne par les entreprises et les administrations. 

        1) "Le mode de développement natif d'internet"

    Arpanet puis internet sont dans les années 70 le moyen d'un échange généralisé de programmes par les développeurs (ex : protocole UUCP).

    Le « modèle Microsoft » est présenté comme une perversion de cet « âge d'or » de la communauté des programmeurs.
 

        2) Caractéristiques, régimes juridiques

    En anglais, l'appellation "free software" peut prêter à confusion. On peut citer R. Stallman, le concepteur de la norme de license GPL (General Public License) et de la notion de "copyleft" : "think 'free speech,' not 'free beer'". Autrement dit, la valeur centrale du modèle "open source" est la liberté et non la gratuité. "Free beer" fait référence aux pratiques commerciales de Microsoft, qui livre gratuitement Explorer avec Windows ; la gratuité n'a ici rien à voir avec la liberté, elle est au contraire une forme d'abus de position dominante.
 

    Les normes de license "open source" sont multiples.
Les premiers standards sont issus de l'ère "universitaire" du net, comme BSD (Berkeley Source Distribution). La norme GPL introduit les restrictions de brevetabilité des versions modifiées du code source. 
 

        3) La "communauté open-source" aujourd'hui

    Associé dès ses débuts à l'expansion du net, le modèle "open source" est aujourd'hui omniprésent dans son fonctionnement :
                - contenu des serveurs web (Perl)
                - mail (Bsd Sendmail, 75% du trafic),
comme en témoignent ces estimations numériques.

    Le succès de l'open-source s'observe également au nombre de sites de communauté d'utilisateurs.
 

 
II) ... érigé en alternative à l'internet commercial
 

        1) L'entrée de l'open-source dans le débat économique

    La création de Linux remonte à 1993 mais le débat est initié en 1997 par l'ouvrage d'E. Raymond, La cathédrale et le bazar. Il est pour une large part à l'origine de cette transformation de deux groupes de pratiques, les logiciels open-source et propriétaires, en deux modèles, la "cathédrale" et le "bazar". Il met l'accent sur la décentralisation du "bazar" open-source, dans une description qui comme on le verra rappelle beaucoup le modèle classique du marché, opposée au caractère institutionnel de la "cathédrale" et des situations monopolistiques engendrées par le modèle propriétaire.

    Il montre également comment les caractéristiques de l'open-source sont à la base du succès commercial de Linux ; son argumentation a fortmement inspiré la décision de Netscape en 1998 de donner l'accès au code de son logiciel phare, Navigator.

        2) Efficacité logicielle, financière, économique ; protection du consommateur

        3) Des discours "alternatifs" très divers

- le modèle décentralisé
E. Raymond : « The [open source] world behaves in many respects like a free market or an ecology, a collection of selfish agents attempting to maximize utility which in the process produces a self-correcting spontaneous order more elaborate and efficient than any amount of central planning could have achieved. »

- le projet "Red Flag"