L'INTERNET :

Miroir des Institutions ?

 

Nathanaël ADENOT et Guillaume VIAULES

 


 

Introduction  

Définition des intitutions  

On entend par institutions un organisme institué dans le but de répondre aux besoins de la société et de la structurer.  

Problématique  

Paradoxe entre deux réalités, les institutions et l'internet :  
    - la réalité des institutions  
Instances à la fois reconnues, solennelles, mythifiées, matérialisées ayant pour but de réguler et de donner du sens.  
    - la réalité de l'internet  
Réseau uniformisant, accessible, virtuel, largement dominé par la logique marchande.  

Comment, dès lors, ces deux logiques peuvent-elles se rencontrer ? Comment les institutions  
peuvent-elles être présentes sur l'internet ?  

I. Obligées de se positionner sur le web, les institutions doivent arbitrer entre une représentation exacte ou déformée de leur réalité  

A. L’internet, un miroir à la fois voulu et réel pour les institutions  

1. Se mettre en ligne : une obligation  

- L’internet, nouvel espace de vie : la présence est obligatoire pour conserver sa légitimité.  

Exemple : la Maison Blanche menacée par le site « pirate » ayant pris son nom.  
www.whitehouse.com    au lieu de    www.whitehouse.gov  

- Mission Baquiast - mission de propositions sur les apports d'Internet à la modernisation du fonctionnement de l'Etat.  

"Administration 1998-2001". L'hypothèse sous-jacente est que l'Etat, tel que nous le concevons en France, doit pour évoluer maîtriser complètement Internet, clef de la société mondiale de l'information.  

http://www.internet.gouv.fr/francais/index.html  

- La concurrence institutions, entreprises privées.  

Un exemple : ANPE / serveurs privés.  
http://www.anpe.fr  
http://www.job-serv.com  

2. Le virtuel,  miroir du réel  

- La réalité physique de l’institution :  

        - La journée du patrimoine sans fin, l’Elysee.  
http://www.elysee.fr  

        -  une volonté très partagée de montrer en ligne la réalité concrète de  l’institution à travers son bâtiment et une volonté affichée de transparence.  
   http://www.cgt.fr  
   www.justice.gouv.fr et http://www.usdoj.gov/02organizations/02_3.html  

- Le « sens » de l’institution : solennité, légitimité, obligation de faire passer un sentiment à travers une simple visite virtuelle.  

http://www.assemblee-nat.fr  
http://www.senate.gov  
http://www.front-nat.fr  

 - réalité et « sens » : une même volonté de ne pas se dénaturer sur internet :  
http://www.usdoj.gov  

B. Mais un miroir qui apparaît déformant  


1. Masquer une partie de la réalité : déformer la réalité pour se mettre en valeur. Une limite : l’institution elle-même.  

L’exemple de l’Unedic, de Sciences-Po et du RPR.  

    http://www.unedic.fr  
    www.sciences-po.fr  
    http://www.rpr.asso.fr 

2. Une déformation qui vient de la réalité même d'internet : il faut une page d'accueil, des liens, etc.  

Déformation souvent positive : simplification et lisibilité accrue du réel, impossibilité de contourner certains thèmes comme «l’actualité», etc.  

http://www.rpr.fr  
http://www.finances.gouv.fr  

3. Déformation par les moteurs de recherche : une égalité quasi parfaite entre les organismes sur internet.  

Exemple des partis sur yahoo : le parti de la loi naturelle au même niveau que le PS.  

http://www.yahoo.fr/Institutions_et_politique/Politique/Partis_politiques  

II. Cependant,  en intègrant la logique commerciale qui domine internet, les institutions se dénaturent  

A. L’adaptation à une logique client et marketing...  

La réforme de l'Etat passe par l’internet : on passe d’une logique d’usagers à une logique de clients. C’est le pivot de toute réforme de l’Etat, on le retrouve sur les sites des institutions étatiques.  

1. Entreprises, institutions : même aspect sur le net. Se mettre en ligne oblige à intégrer une vraie dimension marketing.  

- La Redoute et le PS, des objectifs différents, des pages d’accueils proches.  

http://www.redoute.fr  
http://www.parti-socialiste.fr  

- Un constat global : la qualité des sites au niveau design contraste avec la communication traditionnellement terne des institutions.  

Exemple : l’Eglise : la cathédrale Notre-Dame de Rouen  
http://ndrouen.simplenet.com/index.htm  

2. La logique client : les formulaires en ligne.  

La réforme de l'Etat passe par l’internet : on passe d’une logique d’usagers à une logique de clients. C’est le pivot de toute réforme de l’Etat, on le retrouve sur les sites des institutions étatiques.  

Exemples : les formulaires Assedic, fiches d’impôt sur le revenu sur internet.  

B. ... change tant le sens que la légitimité de l'institution  

1. Une vraie contradiction : les institutions, en recherchant une nouvelle légitimité sur internet, perdent parallèlement une partie de leur légitimité car elles entrent dans une autre logique.  

- Etre présent sur internet oblige les institutions à revêtir un aspect commercial.  
Concurrence entre les sites web, etc. Il faut certes être présent, mais il faut surtout être bien présent.  

- Mais l’origine de cette obligation d’entrer dans une logique commerciale reste posée :  

- Est-ce l’internet qui pousse à la marchandisation du site ?  

La concurrence entre les sites les oblige à être attirant. La logique commerciale qui domine internet ne peut s’arrêter à la porte de sites des institutions. De fait, la logique commerciale d’internet est largement présente sur les sites des institutions.  

- Ou bien n’est-ce pas plutôt l’évolution économique globale et l’évolution de l’Etat-Nation et des institutions qui le représentent ?  

Avec ou sans l’internet il faut passer à une logique client. L’etat devient un prestataire de services beaucoup plus que donneur de sens à la société. Les sites sont moins « solennels » et beaucoup plus « pratiques » et faciles d’utilisation.  

Exemples : Les ministères français ou étrangers.  

http://www.travail.gouv.fr  
http://www.prime-minister.gov.uk/index.html  

La force du sentiment national, les couleurs nationales disparaissent de l’institution. Ces symboles ne sont plus primordiaux sur l’internet. C’est le cas dans les grandes démocraties.  

L’exception qui démontre la règle : la Croatie. La réalité d’un sentiment national très fort et très prègnant dans le pays, que l’on retrouve très nettement sur l’internet.  

http://www.sabor.hr  

2. L'internet : la fin des institutions ?  

Mis à part l’exemple de la Croatie, on en arrive à se demander si l’entrée des institutions sur l’internet ne sonne pas le glas des institutions elles-mêmes.  

La rencontre des deux logiques initiales, celle de l’internet et celle des institutions, semble se faire au détriment des institutions.  

Deux exemples d’entrée sur le web ratée qui posent questions pour l’institution elle-même :  

Le Conseil Constitutionnel, institution suprême et solennelle par excellence, perd toute sa substance sur l’internet. Institution incomparable, elle souffre de la comparaison, inhérente à la logique internet.  

    http://www.conseil-constitutionnel.fr  

Second exemple, la Chambre des Lords Britannique :  

    http://www.parliament.uk/commons/HSECOM.HTM  

Conclusion  

Pour conclure, plusieurs points paraissent devoir être soulignés.  

- Les institutions sont obligées de se positionner sur l’internet au risque d’être marginalisées.  

- L’adaptation à la réalité internet est obligatoire, sinon le site de l’institution, et donc l’institution elle-même, est dévalorisée et perd son caractère remarquable et unique.  

- On a bien vu que la question qui se pose finalement est : est-ce une chance ou un risque d’être contraint de s’adapter à la réalité de l’internet ?  

C’est le développement rapide d’internet qui va nous révéler l’agencement définitif de la relation entre les institutions et l’internet, c’est-à-dire le résultat de l’affrontement des deux logiques, celle des institutions, et celle de l’internet.