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Alfred de MONTESQUIOU Institut d’Etudes Politiques de Paris L’internet : Enjeux de théorie politique Conférence de Paul Mathias 19/05/2000 |
L'internet
est l'objet de nombreux questionnements depuis son apparition. Certains
auteurs vont même jusqu'à parler de ce nouveau média
comme d'un "monde nouveau" dans lequel modes de vie, habitudes, rites,
et codes sociaux lui sont propres.
Cependant, qu'entend-on par culture? On sait que le mot peut revêtir deux significations. Il peut à la fois faire référence aux supports de la culture (en somme tous les domaines qui appartiennent à la culture ) et à un processus d'appropriation par la pensée de tout ce qui a pu être acquis par l'histoire, par les générations précédentes, et qui enveloppe en particulier une langue commune, et des connaissances scientifiques et littéraires. Afin de ne pas se replonger dans les débats (certes fructueux) que nous avons tenus précédemment dans ce cours sur la définition que nous pouvions donner d'une oeuvre d'art, nous avons estimé que l'interrogation sur la culture dans le cadre de notre exposé devait moins concerner les supports de cette dite culture qu'une forme d'identité collective. Devant la montée croissante de l'intérêt porté pour ce nouveau média par le grand public, certains auteurs craignent qu'on assiste à un véritable processus d'acculturation, de contagion du réseau par l'idéologie dominante (que l'on peut résumer grossièrement comme la soumission aux impératifs libéraux de l'économie de marché des internautes considérés de plus en plus uniquement comme des consommateurs). Pourtant, peut-on parler pour autant de processus d'acculturation? N'y-aurait-il pas, dans la lignée de l'identité construite par les inventeurs de l'Internet des années 70, un mythe libertaire qui transcenderait la réalité marchande pourtant si visible actuellement? Avant toute chose, il faut préciser que l'interrogation même autour des concepts" culture nouvelle ou acculturation" suppose que l'on considère, à l'instar d'un William Gibson, que l'internet constitue un véritable "cyberspace", un monde à part, et non simplement un simple support. Or nous tenterons de montrer que la chose n'est pas si évidente. Nous
nous proposons de répondre à la question en deux temps. Nous
verrons tout d'abord comment l'internet, s'il est conçu comme n'étant
qu'un outil, ne peut être tenu responsable d'un phénomène
d'acculturation, pour, dans un second temps, constater que l'internet constitue
bien un monde à part, un cyberspace, qu'il est donc doté
d'une cyberculture qui ne saurait être là encore assimilée
à un processus de nivellement.
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