Marie Cegarra,
Olivier Chovaux, Rudy Damiani, Gérard Dumont, Jean-René Genty
et Janine Ponty
Tous
gueules noires
collection " Mémoire de Gaillette ", n° 8, Centre historique minier du Nord-Pas-de-Calais, Lewarde, 2004, 160 p., 22,90
Livre lu par Nicole Fouché, CNRS
novembre 2004
Le CHMPC (Lewarde) vient de publier, dans la collection " Mémoires de Gaillette " un ouvrage sur l'histoire de l'immigration dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Du XVIIIe au XXe siècle, les fosses ont attiré une quantité considérable et impressionnante d'immigrants : albanais, algériens, allemands, américains, anglais, autrichiens, belges, canadiens, chinois, danois, espagnols, grecs, hollandais, hongrois, iraniens, italiens, luxembourgeois, marocains, polonais, roumains, russes, serbes ou yougoslaves, sénégalais, somaliens, suisses, tchécoslovaques, tunisiens et turcs. Au total, vingt-neuf nationalités différentes ont composé, à différents moments, le pays noir, et exploité ses veines de charbon.
L'exhaustivité étant irréalisable,
cet ouvrage recense seulement, selon l'ordre chronologique (du XVIIIe siècle
à la fin des années 1970) les cinq principales vagues d'immigration,
et les présente sous forme monographique : les Belges (immigration
fondatrice), les Algériens (immigration précoce influencée
par les événements politiques), les Polonais (immigration
massive), les Italiens (immigration d'appoint), les Marocains (l'épuisement
du bassin minier). Les différents modes de recrutement, les retours,
les conditions d'installation dans le bassin minier, les modes de vie et
les pratiques communautaires des immigrés sont les thèmes
retenus pour représenter l'immigration.
Une riche iconographie accompagne les textes. De très nombreuses
photos attirent le regard ; en noir et blanc et en couleurs, elles montrent
des scènes de la vie quotidienne, au fond des mines et en surface,
des fêtes, des cérémonies, des lieux et des visages.
Plusieurs cartes en couleurs, simplifiées, permettent de localiser
les principales régions d'origine des immigrés. Le livre est
quasi luxueux : papier glacé, mise en page et typographie soignés.
Il est par ailleurs facile d'accès.
Tous gueules noires a beau proclamer l'excellent titre de cette publication,
le lecteur ne réussit pas très bien, sous les catégories
nationales et chronologiques retenues par l'éditeur, à distinguer
quelles sont les particularités communes à l'ensemble de ces
immigrés par rapport au grand absent de ces études : le fonds
français environnant et dominant,. Et le football, lieu privilégié
d'intégration, semble finalement avoir peu changé le destin
des populations immigrées, toutes générations confondues.