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Journée d'étude
Écriture, technique et pensée

Enssib, Lyon-Villeurbanne

29 janvier 2015

Journée organisée par l'Enssib, en collaboration avec l'Atelier Internet Lyonnais, l'équipe Réseaux, Savoirs & Territoires de l'Ens-Ulm et l'Ens de Lyon.

Sommaire

1  Programme
2  Argument

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1  Programme

Chaque intervention dure entre 40 et 60 mn, débats inclus. Aussi les horaires suivants sont susceptibles de subir de légères variations.

  • 9h30. Éric Guichard. Introduction.
    Diapositives. Enregistrement.

  • 9h45. Jean Dhombres. L'écriture mathématique qui réussit a-t-elle pour inspiration le réel physique ou l'imagination?
    Enregistrement.

  • 10h30. Clarisse Herrenschmidt. Du bougement de la pensée en régime numérique.
    Enregistrement.

  • 11h15. Philippe Rygiel. L'écriture numérique de l'histoire.
    Enregistrement.

Buffet.

  • 14h. Patrick Flandrin. Naissance d'un paradigme: une histoire numérique des ondelettes.
    Enregistrement.

  • 14h45. Claude Imbert. Un objet non identifié: le Begriffsschrift de Frege (Iena, 1879).

  • 15h30. Gérard Berry: Écrire et mécaniser le raisonnement.
    Enregistrement.

  • 16h15. Discussion entre les intervenants et avec la salle.

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2  Argument

L'internet a mis en évidence l'importance de la technique dans l'exercice de la pensée. Trois types d'activités au fondement des opérations intellectuelles sont aujourd'hui majoritairement pris en charge par les machines et les réseaux: la documentation (personnelle ou pour autrui), les méthodes (de la visualisation à la simulation en passant par un éventail de procédures fondées sur le calcul) et la collaboration (échange entre scientifiques, construction de normes herméneutiques). Les processus induits par ces appropriations techniques ont des conséquences culturelles et théoriques.

Par exemple, nous indexons nos propres écrits, sources ou archives désormais électroniques en mettant en oeuvre des pratiques qui ont peu à voir avec celles du temps de l'imprimé ou de la fiche manuscrite. De nouveaux savoir-faire s'instaurent, proposés par les éditeurs de systèmes d'exploitation ou construits par nos soins à partir de briques informatiques. L'effort d'apprentissage est manifeste (pensons au temps passé à rechercher sur nos disques durs une photo ou un type de mise en page perdus) et nous prenons conscience du fait que les outils employés dépendent de choix industriels et de procédures mathématiques qui nous dépassent. D'un autre côté, l'ensemble des possibles documentaires s'élargit considérablement: à l'unique fichier matière se substituent des recherches étendues à toutes les rubriques, le texte intégral en étant désormais une parmi d'autres. Ces savoir-faire et la réflexion sur la façon dont ils nous permettent de retrouver des mémoires et des savoirs se traduisent en culture de l'écrit: une somme de connaissances techniques propres à l'écriture du moment complétés de l'élaboration collective de normes pour remédier aux problèmes d'interprétation, désormais étendus aux machines. Ils sont aussi le fruit de découvertes scientifiques (algorithmiques, logiques) et en impulsent d'autres, par exemple pour mettre en perspective les ressources aussi massives que variées que nous rencontrons en ligne (moteurs de recherche, big data, etc.).

Ces dépendances et interactions entre technique, culture et invention scientifique sont encore plus manifestes (et plus commentées) à partir des méthodes et des échanges numériques qu'à partir des pratiques de documentation, souvent jugées trop banales pour être commentées. Il s'ensuit une profonde interrogation sur la part des outils dans le développement de nos pensées les plus théoriques qui irradie toutes les disciplines, y compris les sciences sociales, qui pouvaient encore récemment revendiquer une posture conceptuelle qui fasse fi de l'écriture, du nombre et de la modélisation. Aujourd'hui, les sciences sociales, comme bien d'autres disciplines moins rompues à la réflexivité, sont confrontées à une reformulation de leurs épistémologies du fait que les sources (les données) et les méthodes se confondent plus qu'hier (une source étant fréquemment un résultat méthodologiquement construit, une méthode pouvant désormais être manipulée informatiquement comme une source) et du fait que le lien entre les unes et les autres avec les problématiques et théories apparaît plus manifeste qu'hier.

Le projet de cette journée est de construire un dialogue entre philosophes, mathématiciens, informaticiens, historiens, anthropologues et physiciens pour à la fois rappeler la longue histoire de ces découvertes, interactions et usages et pour conceptualiser les dynamiques réflexives du présent. L'intuition étant que si l'informatique et l'internet témoignent d'une révolution, celle-ci s'est opérée sur le long terme et par le biais d'une prise de conscience croissante de l'importance des technologies de l'intellect, et au premier lieu de l'écriture, sur nos capacités d'objectivation de la pensée et, en retour, de dépassement de nos limites intellectuelles.

Il s'agira donc de dépasser les discours d'escorte des nouveaux produits (im)matériels qui sollicitent la notion de révolution numérique ou de nouvelle ère, adressés à un grand public dont les possibilités face aux formatages de l'industrie contemporaine relèvent plus du braconnage que de l'autonomie accrue. Pour autant, les effets d'acculturation liés à l'essor sans précédent des technologies de l'intellect et à leur appropriation massive ne seront pas occultés: hors de nos propres champs de compétence, nous sommes tous des profanes à notre façon, et pris dans une dynamique de masse à laquelle nous n'échappons pas, comme nous le constatons avec les outils de repérage géographique en ligne.

Cette journée sera l'occasion de construire une philosophie du numérique solidement articulée aux résultats des sciences exactes comme humaines des dernières décennies, et qui ne néglige ni les apports de l'histoire des technique, ni ceux de l'épistémologie.



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Page créée le 20 janvier 2015, modifiée le 21 février 2015