Accent(s(6)

Les 37 occurrences de ce signe montrent que son emploi est lié à une détermination soit définie: "l'accent" (12), "les accents" (1); soit indéfinie: "un accent" (8), "des accents" (1), "quelques accents" (2); soit démonstrative: "ce(t) accent" (7); soit possessive: "son accent" (3), "ses accents" (2); voire zéro: "sans Ø accent" (1).

La caractérisation n'en est pas toujours nécessaire [2.3; 2.4; 4.1; 6.4; 7.2; 7.3; 8.1, 14.1, 14.4; 15.2; 15.3; 18.1; 19.2]; signe que le terme porte en soi une charge sémantique clairement identifiable selon les contextes. Lorsque le terme bénéficie d'une caractérisation, elle s'inscrit

a) au moyen d'adjectifs épithètes: "national" [2.4], "insulaire" [2.4], "anglais" [2.4; 3.1], "douloureux" [5.1], "profond" [7.3], "délicieux, altérés" [7.3], "vrai" [10.2], "tendre, passionné" [13.6], "mélancolique" [17.9];

b) au moyen d'adjectifs attributs ou de constructions attributives: "avait de tendresse et de douceur" [4.4], "passionné" [15.5];

c) d'une expansion relative: "qui est encore plus intime" [2.3], "qui trahissait" [4.6], "qu'elles n'entendront plus" [13.4]

c) ou de construction adnominale: "de lord Nelvil" [1.4], "du malheur" [4.3], "la vérité de" [7.2], "de Corinne" (15.1), "de l'âme" [15.3], "d'Oswald" [16.3, 20.3].

Dans ses fonctions syntaxiques, " accent " est:

a) soit sujet: [1.4, 2.3, 2.4, 4.4, 6.4, 7.3, 14.4, 15.1, 15.2, 15.5, 17.9], et les verbes cooccurrents sont alors: "subjuguer", "changer", "imiter", "naturaliser", "dissiper", "remuer", "être", "suffire", "révéler", "venir", "peindre", "frapper", "se faire sentir", "causer";

b) soit objet régi: [10.2, 12.2, 13.4, 14.1] avec les verbes "rencontrer", "rendre", "entendre", "découvrir"; l'adjectif "jaloux" [7.3]

c) soit complément circonstanciel: [2.4, 3.1, 4.1, 13.6, 16.3, 18.1, 19.2, 20.3], introduit par une préposition: "avec", "dans", "par", "sans".

Les cooccurrences lexicales proprement dites associent plus particulièrement "accent" et "physionomie" [1.4, 8.1, 15.2], "regard" [4.6, 7.3, 14.1, 14.4, 15.3, 18.1, 20.3], "charme" [2.4, 7.2, 7.3], "souvenir" [2.4, 18.1], "distraction" [17.9, 18.1], "voix", "parole", "mot", "expression" [2.3, 4.1, 4.3, 4.4, 4.6, 5.1, 6.4, 10.2, 12.2, 13.4, 18.1

Ces tendances marquent le caractère puissamment ergatif(7) de la notion, et le fait important que l'acception technique(8) ne constitue pas ici l'essentiel des sémèmes voulus en contexte. Ces effets de sens sont alors plus orientés du côté de l'expression des affects psychologiques impliqués: "Oui, nous y allons, reprit Oswald; et sa voix disait tout avec des mots si simples, tant son accent avait de tendresse et de douceur!" [p. 107]; ou induits par le terme: "Ces paroles, cet accent remuèrent profondément l'ame d'Oswald, et il se rassit [...]" [p. 170]

Ce qui suffit à faire de ce terme un catalyseur stylistique important, autour duquel se nouent partiellement en discours les rapports de l'expression [7.3] et de l'impression [2.3] dans une quête perpétuelle de la sincérité, qui marque d'emblée la caractérisation éthique distinctement associée à l'usage du langage: "Des paroles affectées amènent nécessairement une déclamation fausse; mais il n'est pas de langue dans laquelle un grand acteur pût montrer autant de talents que dans la nôtre; car la mélodie des sons ajoute un nouveau charme à la vérité de l'accent: c'est une musique continuelle qui se mêle à l'expression des sentiments sans lui rien ôter de sa force." [p. 191]

[Table] – [Suite]


Notes

6. On se rappellera certainement, à cet égard, le passage suivant de De l'Allemagne: " En apprenant la prosodie d'une langue, on entre plus intimement dans l'esprit de la nation qui la parle que par quelque genre d'étude que cepuisse être. De là vient qu'il est amusant de prononcer des mots étrangers: on écoute comme si c'étoit un autre qui parlât; mais il n'y a rien de si difficile à saisir que l'accent: on apprend mille fois plus aisément les airs de musique les plus compliqués que la prononciation d'une seule syllabe " [IX]

7. Par ce terme, les linguistes distinguent entre sujet syntaxique et agent sémantique des procès; ils désignent habituellement par lui l'agent du verbe doté de puissance. Cf. André Martinet, Syntaxe générale, Paris, Armand Colin, Coll. U, 1985, p. 178 et 200.

8. Littré donne: Élévation de la voix sur une syllabe dans un mot; inflexions particulières à une nation, aux habitants de certaines provinces; prononciation locale.