L'art roman dans la baie du Mont Saint-Michel (table / résumé) - Marie Lebert - 2006

Angey

* Le site / Emplacement / Histoire
* L’église / Le plan / Les matériaux / Les appareils / Les enduits, sols, plafonds et toitures
* Description du choeur
* Description de la tour / A l’intérieur / A l’extérieur
* Datation
* Photo


Le site

Emplacement

Le village d’Angey est situé à 2,5 kilomètres à l’ouest de Sartilly (voir la carte). Le village n’étant formé que de quelques maisons éparses, il n’y a plus de curé résidant sur place. Depuis 1914, la paroisse d’Angey est rattachée à celle de Sartilly. L’église n’est utilisée qu’en de rares occasions pour des mariages et des enterrements.

Histoire

Le saint patron de l’église est Saint Samson. Le second saint est Saint Jean-Baptiste. La paroisse d’Angey appartenait au doyenné de Genêts et à l’archidiachoné d’Avranches.

En 1162, l’église d’Angey et ses dépendances furent données à l’abbaye de la Lucerne par Guillaume de Saint-Jean, en même temps que l’église de Saint- Jean-le-Thomas: “Ego Willelmus de Sancto Johanne… dedimus Deo et ecclesie Sancte Trinitatis de Lucerna… ecclesiam de Sancte Johanne cum omnibus pertinentis suis… dedimus et ecclesiam de Angeio cum pertinentis suis...” [1]

L’église avait pour seigneur patron l’abbé de la Lucerne. Le Livre blanc (Pouillé de 1412) cité par le chanoine Pigeon mentionne: “Ecclesia S. Samsonis de Angeyo – Patronus Abbas Lucernae…” [2]

Comme l’église de Saint-Jean-le-Thomas, elle était administrée par un curé appartenant à la communauté religieuse de la Lucerne.

Au 18e siècle, d’après le tableau des doyennés dressé en 1773, l’église était la propriété de la Lucerne et du comte de Géraldin [3].


L’église

Le plan

L’église est formée d’un vaisseau rectangulaire régulièrement orienté (d’ouest en est) composé d’une longue nef et d’un choeur d’une travée (voir le plan). La tour, située dans l’axe du vaisseau, s’élève entre choeur et nef.

Les matériaux

Les appareils

Les maçonneries sont faites d’un appareil irrégulier de moëllons de granit. Les contreforts, le pourtour des ouvertures et l’étage de la tour sont formés de blocs de granit de taille régulière. L’église a été construite avec les matériaux locaux. Tout comme Sartilly, Angey est situé au coeur du massif granitique de Vire, allongé d’est en ouest, et qui forme à cet endroit une barre d’une largeur de cinq kilomètres environ.

Les enduits, sols, plafonds et toitures

Un enduit à la chaux recouvre les murs intérieurs. Le sol de l’édifice est en ciment. Le choeur est surmonté d’un plafond de plâtre légèrement incurvé, alors que la nef possède une voûte en berceau de bois rudimentaire recouverte d’une couche de peinture blanche.

La pente de la toiture d’ardoises est plus faible que celle du toit d’origine. La ligne de faîte a été descendue. Sur les faces est et ouest de la tour, on voit au-dessus de la ligne de faîte actuelle la marque de l’emplacement du toit primitif, juste en-dessous du bandeau chanfreiné séparant l’étage de la base de la tour.

Description du choeur

Le choeur à chevet plat est formé d’une travée. Ses murs latéraux sont épaulés de deux contreforts plats surmontés d’une corniche soutenue par des modillons. Ils sont moulurés en quart-de-rond, à l’exception d’un très gros modillon sculpté d’une tête humaine peu visible au nord.

Les murs latéraux sont percés de deux très larges baies au cintre surbaissé. Le mur du chevet est lui aussi ouvert par une baie semblable. L’ébrasement intérieur de la baie montre qu’elle a dû remplacer une baie à l’arc brisé. Ces baies ont sans doute été percées ou agrandies au moment du remaniement de la nef au 19e siècle.

Le toit du choeur observe une pente plus faible que le toit primitif. Ceci explique le fait que la corniche ait été surmontée d’une rangée de blocs de granit, d’où un léger exhaussement des murs latéraux.

Description de la tour

A l’intérieur

La travée qui supporte la tour entre choeur et nef est délimitée par quatre épais piliers. Les piliers supportent quatre arcs en plein-cintre par l’intermédiaire d’une imposte en forme de bandeau chanfreiné.

Cette travée est surmontée d’une voûte en croisée d’ogives. Les ogives, très épaisses, sont moulurées de deux épais tores d’angle encadrant une petite moulure triangulaire saillante. Ces ogives reposent sur des culots par l’intermédiaire d’un petit tailloir carré et chanfreiné. Cette voûte rappelle tout à fait la voûte en croisée d’ogives d’Yquelon. Le tout étant badigeonné de blanc, il est impossible de voir si la clef de voûte est sculptée comme à Yquelon.

Deux portes rectangulaires ont été percées au nord et au sud, sans doute au moment du remaniement de la nef au 19e siècle. La porte sud est actuellement murée.

A l’extérieur

Les murs nord et sud de la base de la tour sont surmontés d’une petite maçonnerie en léger relief, qui est recouverte d’un toit de pierre en appentis reliant les toitures de la nef et du choeur. Cette maçonnerie repose sur une corniche supportée par quelques modillons.

L’étage de la tour a été refait à une époque plus tardive. Il est percé au nord et au sud d’une petite baie au cintre surbaissé. L’ensemble est surmonté d’un toit en bâtière.

Datation

Le choeur roman date peut-être de l’édifice primitif donné par Guillaume de Saint-Jean à l’abbaye de la Lucerne en 1162. Une deuxième campagne de construction aurait eu lieu dans la seconde moitié du 12e siècle. L’appareil de la base de la tour est légèrement différent de celui du choeur. La base de la tour aurait été construite à la même date. La voûte en croisée d’ogives surmontant la travée de la tour est semblable à celle du choeur d’Yquelon, édifice roman de la seconde moitié du 12e siècle.

Il est impossible de dater la nef, entièrement remaniée au 19e siècle. La date “1828” est indiquée sur le linteau de la grande porte rectangulaire ouverte dans la partie orientale du mur latéral sud. C’est probablement à cette date qu’ont été percées toutes les ouvertures actuelles de l’église: portes rectangulaires et larges baies au cintre très surbaissé.

Ces conclusions sont toutes des suppositions. Il est impossible d’être précis étant donné l’absence totale de documents. Aucune information n’a été retrouvée non plus sur des réfections éventuelles dans le Registre paroissial de l’église d’Angey (1862-1914), ni dans les notes de l’abbé Besnard, qui fut le dernier curé d’Angey résidant sur place.


Documents

* La bibliographie d'Angey
* Le plan de l’église d’Angey


Notes

[1] Cartulaire de la Lucerne, publié par M. Dubosc. Saint-Lô, 1878, p. 4 et 5.

[2] Pigeon (Emile-Auber). Le diocèse d’Avranches. Coutances, Salettes, 1888, tome II, p. 643.

[3] Pigeon (Emile-Auber). Le diocèse d’Avranches. Coutances, Salettes, 1888, tome I, p. 128.


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