L'art roman dans la baie du Mont Saint-Michel (table / résumé) - Marie Lebert - 2006

Dragey

* Le site / Emplacement / Histoire
* L’église / Le plan / Les matériaux / Les appareils / Les enduits, sols, plafonds et toitures
* Description de la nef
* Datation
* Les photos


Le site

Emplacement

Le village de Dragey est situé sur l’actuelle route côtière reliant Granville à Avranches, à 20 kilomètres de Granville et 13 kilomètres d’Avranches (voir la carte). L’église n’est pas située dans le bourg. Elle est isolée avec son presbytère à un kilomètre environ du village. Elle est bâtie sur un promontoire et sa tour servait de point de repère aux navigateurs.

Dragey était traversé par de nombreux chemins montois: le chemin montois du Mont Saint-Michel à Saint-Pair, le chemin montois reliant le Mont à Coutances, le chemin montois reliant le Mont à Saint-Lô. De plus, le chemin des grèves reliant le Mont à Saint-Pair traversait les dunes de Dragey.

Histoire

L’église est placée sous le vocable de Saint Médard. Le second saint est Saint Eloi. La paroisse de Dragey appartenait au doyenné de Genêts et à l’archidiachoné d’Avranches. L’église de Dragey fut donnée au Mont Saint-Michel par Robert, duc de Normandie, au 11e siècle. Dragey et son église faisaient partie des dépendances de Saint-Jean-au-bout-de-la-mer, devenu Saint-Jean-le-Thomas.


L’église

Le plan

L’église est formée d’un vaisseau rectangulaire régulièrement orienté (d’ouest en est) constitué d’une nef de trois travées et d’un choeur d’une seule travée (voir le plan). La tour, située entre choeur et nef, s’élève dans l’axe du vaisseau. Seule la nef est romane.

Les matériaux

Les appareils

Les maçonneries présentent un appareil irrégulier fait de plaquettes de schiste et de moëllons de schiste et de granit. Dans les murs latéraux de la nef, de nombreux éléments d’opus spicatum alternent assez irrégulièrement avec quelques rangées de plaquettes de schiste disposées à l’horizontale. Le schiste est la pierre locale puisque Dragey est situé dans une région de terrains sédimentaires schisteux.

Les enduits, sols, plafonds et toitures

Les murs latéraux de la nef ont été entièrement rejointoyés à l’extérieur. L’enduit intérieur a été gratté par les habitants du village pour mettre à jour l’appareil en arêtes de poisson, à la requête de l’abbé Pierre Danguy, curé de Dragey entre 1953 et 1974. L’enduit ne subsiste que sur le dernier quart supérieur des murs latéraux. Le sol est en ciment.

La nef est surmontée d’une voûte en berceau de bois réalisée en 1969 et 1970. Sa toiture en ardoises d’Angers a été refaite en 1860.

Description de la nef

La nef comporte trois travées.

La façade occidentale est consolidée par deux contreforts plats terminés par un glacis. Ils encadrent un portail sans caractère refait en 1860. Ce portail est surmonté d’une grande baie géminée à l’arc légèrement brisé. Cette baie, débouchée et restaurée en 1860, a dû être ouverte à l’époque de la construction de la tour et du choeur au 13e siècle.

Les murs latéraux sont épaulés chacun de trois contreforts plats, qui montent de fond jusqu’au départ de la toiture et sont terminés par un glacis. Ces contreforts, très épais, sont postérieurs à la construction de la nef.

La troisième travée du mur latéral nord comprend une baie romane bouchée, aux piédroits de granit et au cintre creusé dans un linteau monolithe. A l’intérieur, la baie possède un fort ébrasement et son arcade est formée d’une rangée de petits claveaux de granit. Cette petite baie est le seul vestige des ouvertures primitives. A côté est percée une baie trilobée. Les deux premières travées sont percées d’une baie longue et étroite surmontée d’un arc brisé. Ces baies ont sans doute été ouvertes au 13e siècle.

Les première et troisième travées du mur latéral sud sont percées de grandes baies géminées à l’arcature trilobée. Ces baies sont elles-mêmes surmontées d’un motif trilobé assez complexe. L’ensemble est inscrit dans un arc très brisé. Ces grandes baies ont remplacé en 1860 des ouvertures carrées, ouvertures qui avaient elles-mêmes été percées en 1790 à l’endroit d’étroites petites baies sans doute romanes. Pour les baies actuelles, on s’est visiblement inspiré des baies géminées du choeur, agrandies au 15e siècle.

La seconde travée du mur sud est percée d’une baie semblable aux baies des deux premières travées du mur nord.

La porte sud est formée d’un arc très surbaissé sans aucune mouluration, qui repose sur des piédroits sans ornement. Cette porte est surmontée d’un arc de décharge. Le porche qui la précède est daté du 16e siècle.

En 1860, lors de la restauration de l’église, deux grandes baies géminées ont été ouvertes dans le mur sud à l’emplacement de baies croisées carrées qui avaient remplacé en 1790 d’étroites petites baies probablement romanes. La façade occidentale fut remaniée. Le portail fut refait et la baie géminée du 13e siècle débouchée et restaurée. La couverture de la nef fut entièrement refaite elle aussi. [1]

Entre 1954 et 1974, les murs de la nef furent décapés avec l’aide des paroissiens pour mettre à jour les éléments d’opus spicatum. La voûte en berceau de bois de la nef fut construite en 1969 et 1970 [2]. A la même époque, le porche du 16e siècle précédant la porte sud fut réouvert.

Datation

La nef a sans doute été construite au 11e siècle ou dans les premières années du 12e siècle, comme l’attestent les maçonneries – avec leurs nombreux éléments d’opus spicatum - et les ouvertures du mur nord: petite baie bouchée au cintre creusé dans un linteau monolithe de granit, porte sud au cintre surbaissé.

La tour et le choeur de l’église ont été construits au début du 13e siècle. Les baies du choeur ont été agrandies au 15e siècle. Le porche qui précède la porte sud de la nef date probablement du 16e siècle [3].


Documents

* La bibliographie de Dragey
* Le plan de l’église de Dragey


Notes

[1] D’après le registre paroissial de l’église de Dragey.

[2] Voir le registre des délibérations du conseil municipal de Dragey (1955-1972), p. 233: compte-rendu des séances des 17 et 25.08.1969.

[3] D’après: Thibout (Marc). Les églises des XIIIe et XIVe siècles dans le département de la Manche. Thèse de l’Ecole des Chartes, 1935, p. 225-226.


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