* La région
* Les divisions ecclésiastiques
* Les voies montoises
* Les matériaux locaux
Dans la région côtière entourant le Mont Saint-Michel, si peu d’églises sont entièrement romanes, plusieurs églises datent en partie des 11e et 12e siècles, le reste ayant été reconstruit au fil des siècles. Si l’on suit la côte du nord au sud (voir la carte), ces églises sont situées à Saint-Martin-le-Vieux, Bréville, Yquelon, Saint-Pair-sur-Mer, Angey, Saint-Jean-le-Thomas, Dragey, Genêts, Saint-Léonard-de-Vains, Saint-Loup et Saint-Quentin. S'y ajoute le beau portail roman de Sartilly.
Cette région côtière était au Moyen-Age une région riche. Le peuplement y était beaucoup plus dense que dans les régions intérieures et la vie économique était active: pêcheries, salines à proximité de Saint-Martin-de-Bréhal, Bréville et Saint-Léonard-de-Vains, exploitation de la tangue et du varech utilisés comme engrais marins, nombreuses cultures intensives. On cultivait par exemple la vigne dans la région de Saint-Jean-le-Thomas et de Dragey et sur les côteaux d’Avranches.
La région appartient au Cotentin pour sa partie nord et à l’Avranchin pour sa partie sud. La limite entre le Cotentin et l’Avranchin est la petite rivière du Thar, coulant d’est en ouest et se jetant dans la Manche au sud de Saint-Pair-sur-Mer. Tout ce pays devint la propriété des ducs normands en 933 après avoir subi les invasions scandinaves.
Ces églises étaient des églises paroissiales appartenant aux anciens diocèses de Coutances et d’Avranches, à l’exception du prieuré Saint-Léonard-de-Vains, qui était la propriété de l’abbaye Saint-Etienne de Caen. Certaines de ces églises et leurs dépendances furent données par les ducs normands à l’abbaye du Mont Saint-Michel aux 10e et 11e siècles. D’autres firent l’objet de donations à l’abbaye naissante de la Lucerne au 12e siècle.
Les paroisses de Saint-Pair-sur-Mer, Saint-Martin-le-Vieux, Bréville et Yquelon appartenaient au doyenné de Saint-Pair (voir la carte), l’un des cinq doyennés de l’archidiachoné de Coutances. L’archidiachoné de Coutances était l’un des quatre archidiachonés du diocèse de Coutances, les autres étant les archidiachonés du Cotentin, de Bauptois et du Val-de-Vire.
Les paroisses de Genêts, Angey, Sartilly, Dragey, Saint-Jean-le-Thomas et le prieuré Saint-Léonard-de-Vains appartenaient au doyenné de Genêts (voir la carte). La paroisse de Saint-Loup appartenait au doyenné de Tirepied et celle de Saint-Quentin au doyenné de la Chrétienté, ce dernier regroupant les neuf paroisses rayonnant autour de la cité épiscopale d’Avranches. Ces doyennés appartenaient à l’archidiachoné d’Avranches, composé de quatre doyennés, le quatrième étant le doyenné d’Avranches. Le diocèse d’Avranches regroupait deux archidiachonés, celui d’Avranches et celui de Mortain.
La région était traversée par tout un réseau de voies montoises qu’empruntaient les pèlerins pour se rendre au Mont Saint-Michel (voir la carte). Les douze sites qui nous intéressent étaient situés sur cinq chemins montois au nord d’Avranches, et un chemin montois au sud.
Au nord d’Avranches, on avait d’ouest en est:
- Le chemin des grèves du Mont Saint-Michel à Saint-Pair. Venant du Mont, il passait au Bec d’Andaine, près de Genêts, longeait les dunes de Dragey et de Saint-Jean-le-Thomas, gravissait les falaises de Champeaux et de Carolles, traversait ensuite Bouillon et Jullouville pour aboutir à Saint-Pair.
- Le chemin montois du Mont Saint-Michel à Saint-Pair. Il empruntait le parcours suivant: Genêts, Dragey, Saint-Jean-le-Thomas, Champeaux, Saint-Michel-des-Loups, Bouillon et Saint-Pair. Il traversait ensuite Saint-Nicolas, Yquelon, Longueville, Bréville, Coudeville, Saint-Martin-le-Vieux, Sainte-Marguerite, Lingreville, Montmartin, Régneville, Le Pont de la Roque et continuait vers Cherbourg.
- Le chemin montois qui reliait le Mont Saint-Michel à Coutances. Il traversait Genêts, Dragey, Saint-Jean-le-Thomas, Saint-Michel-des-Loups et Saint-Pierre-Langers. On pouvait ensuite rejoindre Coutances soit par Cérences, soit par Bréhal. Pour rejoindre Coutances par Cérences, on passait à Saint-Léger, Saint-Jean-des-Champs, Saint-Sauveur-la-Pommeraye et Le Loreur. Pour rejoindre Coutances par Bréhal, on passait à Saint-Aubin-des-Préaux, Saint-Planchers, Hudimesnil, Chanteloup, Le Bourg-Rey, Quettreville-sur-Sienne et Hyenville. Le chemin rejoignait ensuite l’actuelle route Granville-Coutances.
- Le chemin montois du Mont Saint-Michel à Saint-Lô. Son itinéraire était le suivant: Genêts, Dragey, Champcey, Sartilly, La Rochelle Normande, Champcervon, La Lucerne d’Outremer, La Haye-Pesnel, Le Mesnil-Villeman, Le Mesnil-Amand, Gavray, Saint-Denis-le-Gast, Saint-Martin-de-Cenilly, Notre-Dame-de-Cenilly, Cerisy-la-Salle, Carantilly, Quibou, Canisy, Saint-Gilles et Saint-Lô.
- Le chemin montois du Mont Saint-Michel à Caen. Ce chemin montois avait trois points de départ: un à Genêts et deux à Saint-Léonard-de-Vains. Il traversait ensuite Vains, Bacilly, Montviron, Les Chambres, Noirpalu, Bourguenolles, La Lande d’Airou, Saultchevreuil, Villedieu, La Colombe, Margueray et Pontfarcy.
Au sud d’Avranches, un chemin montois reliait le Mont aux villes de l’actuel Calvados: Tinchebray, Condé-sur-Noireau et Falaise. Il continuait ensuite vers Lisieux ou rejoignait un deuxième itinéraire vers Rouen et Bernay. Dans l’ancien diocèse d’Avranches, il avait le parcours suivant: venant du Mont, il passait par Pontaubault et Saint-Quentin-sur-le-Homme pour se diriger ensuite vers Saint-Osvin, Le Grand-Celland, La Chapelle-Urée, Reffuveille, Juvigny-le-Tertre, Bellefontaine, Saint-Barthélémy, Saint-Clément et Sourdeval.
Les églises sont toutes construites en granit et en schiste. L’appareil de la tour, les contreforts, l’arcade et les piédroits des baies et des portes sont toujours en granit. Les maçonneries de la nef et du choeur présentent souvent un appareil irrégulier fait de moëllons de schiste ou de granit.
Ces matériaux sont des matériaux locaux. Le sol de la région est formé de terrains sédimentaires composés de roches schisteuses. Ces terrains entourent deux larges massifs granitiques, ceux de Vire et d’Avranches. Allongé d’est en ouest dans la région de Sartilly-Carolles, le massif granitique de Vire forme une bande rocheuse d’une largeur de cinq kilomètres environ, et se termine à l’ouest par les falaises de Carolles et de Champeaux. Le massif granitique d’Avranches est une étroite bande granitique orientée d’ouest en est. Débutant à Avranches pour se terminer aux abords de Mortain, la bande s’étend sur 28 kilomètres alors que sa largeur ne dépasse pas 2 à 4 kilomètres.
Les deux massifs granitiques sont ceinturés d’une auréole métamorphique composée de schistes et de grauwackes (roches schisteuses). Les formations de Granville et de Saint-Pair présentent des traits particuliers. La formation de Saint-Pair est un flysch (formation détritique) composé de grauwackes, siltites et argilites noires présentant des schistosités. La formation de Granville est un flysch formé d’une alternance de grauwackes et de schistes.
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Cette étude est issue d’un mémoire de maîtrise d’histoire de l’Université de Caen [1], considérablement remanié, et complété par une série de photos prises par Alain Dermigny de janvier à avril 1985. Il aura fallu vingt ans pour que ce travail soit publié, grâce aux avantages procurés par la publication en ligne, ce qui représente un temps considérable à l’échelle d’une vie, mais peu de temps à l’échelle d’un édifice roman.
* La bibliographie régionale
* La carte de la région
* La carte géologique
* La carte des chemins montois
* La carte du doyenné de Saint-Pair
* La carte du doyenné de Genêts
[1] Intitulé “Les éléments romans dans les églises des régions de Granville et d’Avranches” et daté de 1978, ce mémoire est disponible dans les bibliothèques de Caen (bibliothèque municipale et bibliothèque universitaire) et à la médiathèque de Granville, en trois parties: (1) Texte. (2) Cartes, schémas et plans. (3) Photos ou diapos.
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