L'art roman dans la baie du Mont Saint-Michel (table / résumé) - Marie Lebert - 2006

Saint-Pair-sur-Mer

* Le site / Emplacement
* Histoire / Un sanctuaire païen / Saint Pair et Saint Scubilion / Les 10e et 11e siècles / Le 12e siècle / La baronnie de Saint-Pair / Le doyenné de Saint-Pair
* Les fouilles archéologiques / Les sarcophages / Les fondations de l’oratoire du 6e siècle
* L’église / Le plan / Les matériaux / Les appareils / Les enduits, sols et toitures / Les transformations des 19e et 20e siècles
* Description intérieure / La tour / Le choeur
* Description extérieure / Le choeur / La tour
* Datation
* Les photos


Le site

Emplacement

Le bourg de Saint-Pair-sur-Mer est situé sur la côte, à 3,5 kilomètres au sud de Granville (voir la carte). Saint-Pair était relié au Mont Saint-Michel à la fois par un chemin des grèves et un chemin montois.

Venant du Mont, le chemin des grèves passait au Bec d’Andaine, près de Genêts, longeait les dunes de Dragey et de Saint-Jean-le-Thomas, gravissait les falaises de Champeaux et de Carolles, et traversait ensuite Bouillon et Jullouville pour aboutir à Saint-Pair.

Le chemin montois, situé légèrement plus à l’est, empruntait le parcours suivant: Genêts, Dragey, Saint-Jean-le-Thomas, Champeaux, Saint-Michel-des-Loups, Bouillon et Saint-Pair. Il existait dès le 10e siècle, et fut prolongé plus tard vers le nord pour aboutir à Cherbourg.

L’église est placée sous le vocable de Saint Pair. Elle est un lieu de pèlerinage voué au culte de Saint Gaud, qui est le second saint.

L’agglomération de Saint-Pair fut importante et prospère jusqu’à la construction de Granville au 15e siècle. La migration des habitants se fit alors vers Granville, au détriment de Saint-Pair qui était jusque-là le centre vital de la région.

A la fin du 19e siècle, au début de l’essor des stations balnéaires, la nef romane fut détruite pour être remplacée par une nef et un transept de grandes dimensions, afin d’agrandir un édifice devenu insuffisant pendant la saison des bains.

Histoire

Un sanctuaire païen

Scissy - Scessiacus en latin - était une localité très ancienne construite à l’emplacement d’un fanum ou sanctuaire païen. Après cette période païenne, un monastère vit le jour au 6e siècle sous l’égide de Saint Pair (482-565) et de son compagnon Saint Scubilion. Les saints ermites attirèrent dans leur voisinage une population qui se fixa autour de l’oratoire. Fortunat (530-600 environ), évêque de Poitiers, affirme dans sa Vie de Saint Pair que les cellules des premiers moines furent bâties au bord de la mer. Les moines vinrent ensuite s’établir sur les bords de la rivière de la Saigue, à l’emplacement de l’église actuelle [1].

Saint Pair et Saint Scubilion

Selon Fortunat, Saint Pair, appelé aussi Paterne ou Paternus, “naquit à Poitiers au commencement du règne de Clovis, vers 482, d’une famille noble, d’origine probablement gallo-romaine… Tout jeune encore, il entra au monastère d’Ension, appelé plus tard Saint-Jouin-de-Marnes (aujourd’hui département des Deux-Sèvres) qui avait alors pour abbé Saint Généroux. Il était encore novice ou convers lorsqu’il quitta ce monastère avec Scubilion et se fixa à Scissy. Quelques disciples se groupèrent autour de lui… Ils formèrent ainsi un petit monastère dont Paterne fut institué abbé par Généroux qui était encore son supérieur, et ordonné prêtre par Saint Léontien, évêque de Coutances, vers 512, à l’âge de 30 ans environ. Il fonda plusieurs monastères dans les diocèses de Coutances, Bayeux, Avranches, Le Mans et Rennes… A l’âge de 70 ans, vers 552, il succéda à Egidius, évêque d’Avranches… En 557, Paternus signait avec Lascivius, évêque de Bayeux, les canons du deuxième Concile de Paris. Après treize années d’épiscopat, il mourut à l’âge de 83 ans, le 16 avril 565. Il fut inhumé avec son compagnon Saint Scubilion à l’extrémité orientale de l’oratoire de Scissy qu’ils avaient bâti. Son cercueil en calcaire coquiller y a été retrouvé dans les fouilles de 1875 à côté du cercueil de Saint Scubilion.” [2]

Les 10e et 11e siècles

L’oratoire et le monastère ont sans doute été incendiés lors des invasions danoises, les Danois étant venus prêter main-forte aux Normands dans leur lutte contre les Bretons à partir de 919. De l’oratoire primitif, il subsiste encore les fondations et les sarcophages de cinq saints.

Richard II, duc de Normandie, fit don en 1022 de l’abbaye de Saint-Pair et de ses dépendances aux religieux du Mont Saint-Michel. L’abbaye du Mont déléguait à Saint-Pair un moine qui était le représentant de ses intérêts temporels. Pendant un siècle, l’administration spirituelle de la paroisse fut sans doute à la charge des religieux du Mont.

Le 12e siècle

En 1123, le premier Concile de Latran interdit aux abbés et aux moines d’exercer leur ministère dans une paroisse. Le curé et son chapelain devinrent des prêtres séculiers. En 1157, Richard de Bohon, évêque de Coutances, remit à Robert de Torigni, abbé du Mont Saint-Michel, le libre personat de l’église de Saint-Pair, c’est-à-dire le droit de la faire desservir par un prêtre de son choix. En 1179, Robert de Torigni obtint du Pape Alexandre III la confirmation des prérogatives accordées à son monastère. Toutefois le pape, pour maintenir les règles de droit canonique, subsistua au libre personat de 1157 le droit de patronage. L’abbé du Mont présentait à l’évêque un prêtre choisi par lui. [3]

Au 12e siècle, le bourg de Saint-Pair était devenu le centre du doyenné et de la baronnie du même nom. Une nouvelle construction remplaça l’église qui avait été édifiée au 10e ou 11e siècle à l’emplacement de l’oratoire primitif.

La baronnie de Saint-Pair

La baronnie de Saint-Pair était l’un des fiefs de l’abbé du Mont Saint-Michel. Elle avait été donnée à l’abbaye du Mont en 1022 par le duc Richard II, avec les baronnies d’Ardevon et de Genêts. La charte de cette donation figure dans le Cartulaire du Mont: “Ego… Ricardus… panas inferni cupiens effugere et paradysi gaudia desiderans habere trado loco S. Archangeli Michaelis sito in monte qui dicitur Tumba abbatiam S. Paterni sitam in pago Constantino quae terminatur ab oriente via publica tendenta Constancias, a septentrione rivulo Tarn, ab occasu mari Oceano cum insula qui dicitur Calsoi, cum terris cultis et incultis, cum ecclesiis et malendinis, cum pratis et silvis…” [4]

Le domaine de la baronnie était délimité par la Venlée au nord, par la voie montoise reliant Coutances à Avranches à l’est, par le Thar au sud et par l’océan à l’ouest. Mais le domaine de la baronnie ne s’arrêtait pas au rivage. Il comprenait de nombreuses pêcheries qui traçaient une ligne à un kilomètre environ des dunes et formaient une sorte de digue depuis La Roche-Gautier jusqu’à la pointe de Carolles. Il comprenait aussi des moulins sur le Thar et son affluent. [5]

Le doyenné de Saint-Pair

Le doyenné de Saint-Pair était plus étendu au nord que la baronnie. Au 13e siècle, il comprenait 24 paroisses: les paroisses de Bréhal, Coudeville, Saint-Aubin-des-Préaux, Saint-Pair, Bourey, Granville, Saint-Ursin, La Beslière, Le Mesnil-Drey, Hocquigny, Saint-Planchers, Saint-Jean-des-Champs, Saint-Léger, Hudimesnil, Anctoville, Bréville, Donville, Longueville, Yquelon, Sainte-Marguerite, Bricqueville-sur-Mer, Saint-Martin-le-Vieux, Le Loreur et Chanteloup. La paroisse de Saint-Sauveur-la-Pommeraye fut ajoutée au 14e siècle. [6]

Au 13e siècle, la dîme était partagée entre le seigneur patron, qui était l’abbé du Mont Saint-Michel, et le curé. Le Pouillé (1251-1279 environ) cité par Léopold Delisle mentionne ceci: “Ecclesia Sancti Paterni – Patronus, abbas Montis, percipit omnis garbas et duas partes decimae piscium; rector, residuum. Et valet L libras. Abbas Montis, L libras.” [7]

Les fouilles archéologiques

En septembre 1875, des fouilles menées par l’abbé F. Baudry dans le choeur de l’église ont permis de retrouver une partie des fondations de l’oratoire du 6e siècle et plusieurs sarcophages (plan 4).

Les sarcophages

On retrouva les sarcophages de Saint Pair et Saint Scubilion et, situés à proximité, ceux de Saint Sénier et Saint Aroaste. Le sarcophage de Saint Gaud avait été retrouvé en 1131 en creusant les fondements de la tour.

De ce fait, cinq saints sont en fait vénérés dans l’église:

- Saint Pair, qui est le plus célèbre. Il a donné son nom au village connu auparavant sous le vocable romain de Scessiacus ou Scissy. Il a vécu entre 482 et 565.

- Saint Gaud, qui aurait été le deuxième évêque d’Evreux. Il aurait vécu entre 400 et 491. Après quarante ans d’épiscopat, il ne serait démis de ses fonctions et serait venu se retirer dans la solitude de Scissy [8].

- Saint Scubilion, qui fut le compagnon de Saint Pair. Il le quitta pendant quelques années pour diriger le monastère de Mandane sur le Mont-Tombe, devenu ensuite le Mont Saint-Michel.

- Saint Sénier, qui fut évêque d’Avranches. Il succéda à Saint Pair en 565. Comme son prédécesseur, à la fin de sa vie, il décida se retirer dans la solitude de Scissy. Il y mourut vers 570 [9].

- Saint Aroaste, qui était prêtre à l’époque où Saint Pair était abbé de Scissy. L’histoire locale le présente comme le premier curé de la paroisse.

Les fondations de l’oratoire du 6e siècle

Les fondations ont été trouvées sous le dallage de la seconde travée du choeur. Elles se composent d’une abside semi-circulaire prolongée par des murs latéraux qui se perdent dans les constructions du 12e siècle. “A 50 cm du pavage de 1875, on trouva un béton de 5 à 6 cm d’épaisseur qui formait le sol de l’église primitive; 40 cm plus bas, on dégagea les restes de deux sarcophages en tuf de Sainteny, démunis de leurs couvercles, reposant sur un mur de forme semi-circulaire en petit appareil régulier (52 cm de large, pierres de 9 à 10 cm de large sur 3 à 4 cm de haut). Le mur constituait les fondations de l’abside du premier sanctuaire.” [10]

Le carrelage actuel du choeur présente une double ligne de dallages noirs encadrant une rangée de dallages clairs, le tout recouvrant de façon très précise les fondations de l’ancien oratoire.

D’après le chanoine Pigeon [11], l’oratoire était formé d’un vaisseau rectangulaire d’une longueur de 22 mètres environ, prolongé par une abside semi-circulaire. Les dimensions du choeur étaient les suivantes: une longueur de 7 mètres, y compris l’abside, et une largeur de 6 mètres. L’abside avait 2,5 mètres de profondeur et 3,5 mètres de largeur (voir le plan).


L’église

Le plan

L’église actuelle (voir le plan), régulièrement orientée (d’ouest en est), comprend une nef de deux travées précédée d’un porche, un large transept à bras saillants et un choeur de trois travées terminé par une abside semi-circulaire. Les croisillons du transept ouvrent à l’est sur deux absidioles à chevet plat. Le choeur ouvre au nord sur deux chapelles, une côté chevet et une côté tour. A l’angle formé par le bras sud du transept et le choeur, une construction rectangulaire plus récente abrite la sacristie. La tour, de forme carrée et terminée par une flèche octogone, s’élève à la croisée du transept.

Les matériaux

Les appareils

La tour et sa flèche présentent un moyen appareil de granit alors que les maçonneries du choeur sont formées d’un appareil irrégulier fait de moëllons de granit et de schiste, matériaux locaux. La formation géologique de Saint-Pair est un flysch (formation détritique) composé de grauwackes, siltites et argilites noires présentant des schistosités. Le granit provient sans doute du massif granitique de Vire qui affleure à quelques kilomètres au sud.

La nef et le transept, construits à la fin du 19e siècle, sont en granit et en pierre de Caen.

Les enduits, sols et toitures

Les murs intérieurs du choeur sont recouverts d’un enduit de ciment. Un enduit à la chaux recouvre la voûte d’arêtes située sous la tour et les arcs fourrés cernés de deux rangées de pierres de granit apparentes. L’appareil de granit des quatre piliers supportant la tour est apparent.

Le sol de l’édifice est entièrement carrelé alors que les toitures sont recouvertes d’ardoises d’Angers.

Les transformations des 19e et 20e siècles

Ces transformations, très importantes, ont totalement modifié l’allure de l’église, dont la capacité d’accueil était devenue très insuffisante pendant la saison des bains.

Tout d’abord, au milieu du 19e siècle, le mur nord du choeur fut démoli sur près d’un tiers de sa longueur, près de la tour, pour ménager un accès à la chapelle Saint-Gaud. Cette chapelle fut consacrée en 1853.

Le 5 juillet 1877, on posa la première pierre de l’église. La nef ancienne fut détruite en 1880 et 1881. Sous l’égide de Paul Boeswillard, on édifia entre 1877 et 1888 une nef de deux travées et un large transept à bras saillants d’inspiration gothique. La construction d’un transept était elle aussi un élément nouveau, puisque l’église était jusque-là formée d’un vaisseau rectangulaire. La nouvelle église fut consacrée le 26 août 1888 par Monseigneur Germain, évêque de Coutances.

En 1881, lors de la même campagne de construction, on ouvrit le chevet du choeur pour y adapter une abside semi-circulaire d’inspiration gothique, et les baies trilobées du 15e siècle percées dans le mur latéral sud du choeur furent ramenées aux proportions de petites baies romanes.

En 1923, la petite chapelle romane attenante au mur latéral nord du choeur fut transformée pour en faire une chapelle des morts. Elle servait auparavant de sacristie, si bien qu’une nouvelle sacristie fut construite dans l’angle formé par le mur latéral sud du choeur et le mur oriental du croisillon sud du transept. La chapelle Saint-Gaud fut transformée en 1930. Entre 1933 et 1939, on changea l’emplacement des portes, et un porche de granit fut construit devant la façade occidentale. [12]

Description intérieure

On se penchera seulement sur les parties romanes, à savoir la tour et le choeur de l’église [13].

La tour

La tour repose sur quatre piliers massifs supportant quatre arcs fourrés et légèrement brisés. Ces arcs reposent sur les piliers par l’intermédiaire d’une imposte moulurée en forme de bandeau chanfreiné. Ils déterminent sous la tour une voûte d’arêtes. Les retombées des arêtes sont reçues par les angles rentrants des piliers.

La forme de ces piliers, de plan carré, est assez complexe. Ils observent entre eux une symétrie parfaite.

Le pilier sud-ouest (voir le schéma) se présente ainsi: à l’est, à l’ouest et au sud, un pilastre forme saillie. Au nord, un pilastre cantonné de deux colonnes engagées s’appuie sur un dosseret. L’imposte surmontant le pilier, moulurée en forme de bandeau chanfreiné, forme le tailloir des chapiteaux des deux colonnes. Leur corbeille est sculptée et leur base carrée est surmontée d’un chanfrein. Le pilier repose sur un socle carré plus large aux arêtes chanfreinées.

Les corbeilles des chapiteaux des piliers nord-ouest, sud-est et nord-est sont ornées de crochets d’angle en faible relief. Les corbeilles des chapiteaux du pilier sud-ouest sont différentes: au nord-est, la corbeille est sculptée d’un cône de pin à gauche et d’une feuille de chêne entourée de deux glands à l’angle. Ces motifs encadrent deux formes peu visibles qui pourraient être des animaux.

Au nord-ouest, l’angle de la corbeille est sculpté d’un buste d’homme. Sa tête, volumineuse, surmonte son bras gauche replié sur sa poitrine alors que son bras droit est levé. A gauche de ce buste est représentée une branche de chêne.

Toutes ces sculptures, en très bas relief et très frustes, sont taillées dans le granit.

Le choeur

Le choeur de l’église est de grandes dimensions. Il était presque aussi long que la nef primitive aujourd’hui détruite: 14 mètres pour le choeur et 15,3 mètres pour la nef.

Côté nord, près du chevet, il ouvre sur une chapelle romane transformée au 20e siècle. Au 19e siècle, un tiers du mur nord fut détruit près de la tour pour construire une chapelle dédiée à Saint Gaud. De même, le mur plat du chevet a été ouvert pour construire une abside semi-circulaire d’inspiration gothique.

Que reste-t-il du choeur roman? Il reste la partie inférieure du mur sud sur toute sa longueur, et la plus grande partie du mur nord située entre la chapelle Saint-Gaud et la chapelle romane. La petite baie en plein-cintre à fort ébrasement ménagée dans le mur nord est d’origine. Le mur sud est lui aussi percé de trois petites baies en plein-cintre. Les baies primitives avaient été agrandies et transformées en baies trilobées au 15e siècle, lors de la construction de la voûte en croisée d’ogives. Elles ont été ramenées aux proportions des petites baies romanes au 19e siècle [14].

Côté nord, près du chevet, le choeur ouvre par une arcade en plein-cintre sur une chapelle voûtée en berceau. Cette chapelle était éclairée par une baie en plein-cintre ouverte dans la paroi nord. Lors de sa transformation en chapelle des morts en 1923, la petite baie a été remplacée par un oculus, et la porte orientale a été murée [15].

Description extérieure

Le choeur

Dans les maçonneries extérieures du choeur, on note la présence de trois modillons au nord et quatre au sud, à un mètre environ de l’extrémité supérieure des murs latéraux. Ces modillons, semblables à ceux qui supportent la corniche de la tour, marquent certainement la ligne séparant la construction romane de la maçonnerie ajoutée lors de l’exhaussement des murs latéraux au 15e siècle, lorsque le choeur a reçu une voûte de pierre. A cette époque, on a également renforcé le mur sud par deux contreforts à ressaut, alors que le mur nord était suffisamment maintenu par la chapelle romane.

La tour

La tour, de forme carrée, se termine par une flèche octogone. Actuellement sise à la croisée du transept, elle était située entre choeur et nef avant 1880. Ses deux étages sont surmontés d’une corniche supportée par des modillons, sise à la base de la flèche. Ces modillons, autrefois sculptés, sont aujourd’hui très abîmés.

Le premier étage est orné au nord et au sud de deux arcatures aveugles reposant sur un bandeau chanfreiné. Les arcades en plein-cintre, ornées d’une simple moulure torique, reposent sur d’épaisses colonnettes engagées. Les chapiteaux des colonnettes sont surmontés d’un tailloir carré et chanfreiné, qui se prolonge entre les arcatures par un bandeau chanfreiné parallèle au bandeau inférieur. La base des colonnettes est carrée.

Le deuxième étage, en très léger retrait par rapport au premier, est orné sur chaque face d’une baie géminée. Les baies géminées, séparées par une colonnette trapue à tailloir et base carrés, sont entourées d’une arcade en plein-cintre ornée d’une simple moulure torique et reposant sur des colonnettes engagées.

Sur la tour carrée s’élève une flèche octogonale dont les angles sont adoucis par des tores. Elle est accompagnée aux quatre angles de clochetons côniques ornés à mi-hauteur d’un boudin. Elle est percée dans sa partie inférieure par deux archères au nord et à l’est. Une troisième petite ouverture est visible au tiers de sa hauteur au sud-est. Cette flèche fut restaurée au 18e siècle après avoir subi de graves dommages dûs à la foudre. Elle fut à nouveau détruite par la foudre à la fin du 19e siècle, et reconstruite dans le même style. Quand fut construite la première flèche en pierre? Aucun document n’a été retrouvé à ce sujet.

Datation

On connaît précisément la date de la construction de la tour. On sait qu’elle fut débutée en 1131, ce grâce à un manuscrit rédigé à la même époque, à l’occasion de la découverte du sarcophage de Saint Gaud dans le choeur. Ce sarcophage fut justement découvert dans le choeur lorsqu’on commença à creuser les fondements de la tour [16]. Le même manuscrit cite le nom du maître d’oeuvre de la tour: “Rogerius de Altomansiunculo, qui caementariorum erat magister...” [17]

Le choeur roman et sa chapelle sont très difficiles à dater exactement, du fait de leurs nombreux remaniements. Il n’est pas possible non plus de déterminer si leur construction est antérieure ou postérieure à celle de la tour.


Documents

* La bibliographie de Saint-Pair
* La carte du doyenné de Saint-Pair
* Le plan du choeur de l’église indiquant les fondations de l’oratoire du 6e siècle et l’emplacement des sarcophages
* Le plan de l’édifice antérieur à 1880
* Le plan de l’église actuelle
* Le schéma du pilier sud-ouest de la tour


Notes

[1] D’après: Pigeon (Emile-Auber). Vie des saints du diocèse de Coutances et d’Avranches. Avranches, 1888, tome I, p. 35.

[2] Le texte de Fortunat est résumé dans: Tardif (Adolphe et Joseph). Saint-Pair-sur-la-Mer et les saints vénérés dans l’église de cette paroisse. Rennes, 1888, p. 76-78. Le texte de Fortunat est cité en entier, en français et en latin, dans: Pigeon (Emile-Auber). Vie des saints du diocèse de Coutances et d’Avranches. Avranches, 1888, tome I, p. 41-54.

[3] D’après: Tardif (Adolphe et Joseph). Saint-Pair-sur-la-Mer et les saints vénérés dans l’église de cette paroisse. Rennes, A. Le Roy, 1888, p. 148-151.

[4] Cité par: Biguet (E.). Saint-Pair-sur-la-Mer, in: Le Pays de Granville, 1934, p. 194.

[5] D’après: Tardif (Adolphe et Joseph). Saint-Pair-sur-la-Mer et les saints vénérés dans l’église de cette paroisse. Rennes, 1888, p. 166-167.

[6] Voir les Pouillés du diocèse de Coutances.

[7] Delisle (Léopold). Pouillé du diocèse de Coutances, in: Recueil des historiens de la France, tome XXIII, 1876, p. 498.

[8] D’après: Tardif (Ernest-Joseph). L’église de Saint-Pair, in: Annuaire des cinq départements de la Normandie, 1911, p. 238-242.

[9] D’après: Tardif (Ernest-Joseph). L’église de Saint-Pair, in: Annuaire des cinq départements de la Normandie, 1911, p. 238-242.

[10] Bouhier (Claude). Inventaire des découvertes archéologiques du département de la Manche. Thèse de doctorat de l’Université de Caen, 1962, p. 415.

[11] Pigeon (Emile-Auber). Vie des saints du diocèse de Coutances et d’Avranches. Avranches, 1888, tome I, p. 36.

[12] D’après les archives paroissiales de l’église de Saint-Pair-sur-Mer.

[13] Un cliché de l’ancienne église est reproduit dans: Biguet (E.). Saint-Pair-sur-Mer, in: Le Pays de Granville, 1934, p. 92. Voir aussi le plan de l’édifice antérieur à 1880.

[14] D’après: Tardif (Ernest-Joseph). L’église de Saint-Pair, in: Annuaire des cinq départements de la Normandie, 1911, p. 252-254.

[15] D’après les archives paroissiales.

[16] Le texte du manuscrit est retranscrit en français et en latin dans: Pigeon (Emile-Auber). Vie des saints du diocèse de Coutances et d’Avranches. Avranches, 1888, tome I, p. 82-96. Le chanoine Pigeon transcrit la copie du manuscrit du 12e siècle faite en 1680 par Charles Guérin, chanoine d’Avranches. Ce manuscrit fut brûlé pendant la Révolution française.

[17] Le chanoine Pigeon traduit le nom du maître d’œuvre par Roger de Haute-Maison, Roger de Haut-Manoir ou Roger de Haut-Mesnil dans: Vie des saints du diocèse de Coutances et d’Avranches. Avranches, 1888, tome I, p. 93 note 3. Ernest-Joseph Tardif traduit ce nom par Roger de Haute-Maisoncelle dans: L’église de Saint-Pair, in: Annuaire des cinq départements de la Normandie, 1911, p. 250.


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