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Stephen King poursuit ses activités de pionnier numérique

paru dans Edition-actu n° 68, 15 décembre 2002

Malgré le plantage de The Plant, son roman épistolaire électronique, en novembre 2000, Stephen King poursuit patiemment ses activités de pionnier numérique, cette fois avec l'aide de son éditeur, et sans que la presse nationale et internationale en rende systématiquement compte avec tambours et trompettes, sous forme de commentaires dithyrambiques ou de considérations sévères. La grande presse ne serait-elle donc intéressée que par les scoops, et non par le patient travail des uns et des autres au fil des années? Il importait donc qu'Edition-actu couvre la chose sans plus tarder, avant la fin de l'année 2002.

Rappelons brièvement les faits pour les lecteurs n'ayant plus en mémoire notre rubrique du 1er décembre 2001 (ça fait quand même un an, et on a bien d'autres choses à penser, me direz-vous avec raison...). En mars 2000, Stephen King, tel un surfeur californien sur les vagues du Pacifique, se lance courageusement sur la déferlante numérique et décide de diffuser sa nouvelle Riding The Bullet directement sur l'internet. A l'époque, il fallait le faire, et les ricanements vont bon train. Surprise, cela marche très fort. Certains parlent même de raz-de-marée numérique, ce qui n'est pas rien.

En juillet 2000, l'auteur récidive et commence à autopublier les premiers chapitres d'un roman épistolaire, The Plant. Mais cette fois-ci le nombre des paiements est beaucoup moins satisfaisant que celui des téléchargements, preuve s'il en est que le mieux est l'ennemi du bien. L'auteur arrête donc les frais en novembre 2000. Que l'expérience plaise ou non, on peut reconnaître à Stephen King au moins un mérite, celui de s'être lancé dans l'aventure, sous le feu roulant de tous ceux (écrivains, journalistes, éditeurs, critiques littéraires, etc.) qui attendaient de pied ferme qu'il se casse la figure.

En 2001 et 2002, si elle est plus discrète, la présence numérique de Stephen King est toujours réelle, par le biais de ses éditeurs, preuve s'il en est que ces derniers sont encore utiles, au moins pour les auteurs "connus". En mars 2001, premier best-seller à sortir simultanément sur papier et sur écran, son roman Dreamcatcher déferle sur l'Amérique. La version imprimée est publiée par Simon & Schuster, et la version numérique par Palm Digital Media. Un an après, en mars 2002, nouveau déferlement avec Everything's Eventual, recueil de nouvelles qui sort sur papier chez Scribner (subdivision de Simon & Schuster) et sur écran chez Palm Digital Media. Qui plus est, Palm en propose un extrait en téléchargement libre (une idée probablement inspirée de l'éditeur français CyLibris, qui, précurseur à plus d'un titre, propose des extraits en téléchargement libre depuis février 1997).

Fin 2002, au moins pour les best-sellers - ceux de Stephen King et les autres -, les expériences purement numériques sont provisoirement abandonnées, au grand soulagement des libraires et des éditeurs papier, qui peuvent donc encore dormir sur leurs deux oreilles pendant un bon bout de temps. Les livres numériques ont toutefois acquis une place significative - et non plus seulement symbolique - à côté de leurs correspondants imprimés, n'en déplaise à ceux qui nous disent un peu vite que le numérique, c'est fini. Or c'est loin d'être le cas, heureusement pour tous ceux qui le défendent (pas Stephen King, mais le livre numérique, bien sûr) contre vents et marées, autrement il y aurait vraiment de quoi flipper... Des centaines de best-sellers sont désormais vendus en version numérique sur Amazon.com, Barnes & Noble.com, Yahoo! EBook Store, Palm Digital Media, Numilog, Mobipocket et des sites d'éditeurs. Il existe même un certain nombre de titres en français, que la presse francophone serait bien inspirée de faire connaître.


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