NEF - Le Livre 010101 de Marie Lebert - Articles
paru dans E-Doc n° 19, 19 octobre 2000
Par le passé, comme tout un chacun sans doute, j'ai fait quelques centaines de photocopies pour envoyer à une liste d'éditeurs ciblés un roman qui n'a jamais trouvé aucun écho (certains de mes écrits ont trouvé preneur, mais pas celui-ci). En réponse, j'ai cependant reçu deux lettres. La première me signifiait que le manuscrit serait détruit si je ne venais pas le chercher ou si je n'envoyais pas la somme nécessaire à sa réexpédition avant telle date. La seconde me disait que ma prose avait quelque intérêt, mais qu'elle n'entrait dans le cadre d'aucune collection existante, manière polie de me dire que je m'étais trompée de cible.
Depuis, j'ai complètement cessé d'imprimer les histoires que j'écris, et à plus forte raison d'en faire des photocopies, d'abord parce que je n'ai pas d'imprimante, et ensuite parce que j'ai horreur de faire des photocopies (suite à une overdose due à plusieurs contrats dans des services documentaires). Je pourrais bien sûr proposer mes nouvelles et romans aux éditeurs en ligne apparus ces dernières années, en rêvant qu'ils soient publiés en deux versions, numérique et imprimée. Problème majeur, même les éditeurs en ligne tiennent absolument à recevoir les manuscrits en version imprimée. Or je ne veux plus imprimer. Que faire? Rien. J'attends que les éditeurs acceptent enfin les manuscrits en version numérique. Combien de temps va-t-il falloir attendre? Je n'en ai aucune idée.
En juin dernier, lors d'un séjour à Montréal, j'ai rencontré Michel Benoît, qui écrit des nouvelles: polars, récits noirs, histoires fantastiques, etc. Il m'en a prêté plusieurs, soit en version électronique, soit en version imprimée, et je les ai toutes lues. Puis on a parlé d'écriture, d'Internet et d'une foule d'autres sujets autour d'un café. Lui aussi vivait les affres de l'écrivain à la recherche d'un éditeur. Il était en train de s'interroger sur la marche à suivre pour publier un recueil de nouvelles noires. Je lui ai conseillé la page de CyLibris consacrée aux informations pratiques pour les auteurs, qu'il a trouvé formidable. On explique comment envoyer un manuscrit à un éditeur, ce que doit comporter un contrat d'édition, comment protéger ses manuscrits, etc. Dans la foulée, j'ai lu le site de CyLibris en long, en large, et en travers, et j'ai contacté Olivier Gainon, non pas pour lui envoyer un manuscrit, mais pour lui proposer un entretien, que voici.
En France, CyLibris a été le premier éditeur français à se lancer sur le réseau, dès août 1996, faisant ainsi oeuvre de pionnier, à la suite du québécois Editel, créé en avril 1995 par Pierre François Gagnon, et devenu ensuite un site de cyberédition non commerciale.
E-Doc étant une rubrique consacrée à l'utilisation des nouvelles technologies par les professionnels de l'information et de la documentation (dont les éditeurs), et non une rubrique consacrée aux livres, les questions posées concernent moins les livres publiés par CyLibris ou la politique éditoriale de CyLibris que la manière dont l'éditeur utilise Internet pour découvrir et publier de nouveaux auteurs, ainsi que son opinion sur l'avenir de ce médium et celui du papier.
Fondées en août 1996 à Paris par Olivier Gainon, les éditions CyLibris (de Cy, cyber, et Libris, livre) sont exclusivement dédiées aux nouveaux auteurs littéraires et à la publication de leurs premières oeuvres (romans, poésie, théâtre, policier, science-fiction, fantastique, etc.). Dès sa création, CyLibris a utilisé Internet pour distribuer les oeuvres publiées et faire connaître leurs auteurs. Vendus uniquement sur le Web, avec des extraits en téléchargement libre au format texte, les livres sont imprimés à la commande et envoyés directement au client, ce qui permet d'éviter stock et intermédiaires.
Quelques chiffres témoignent de la vitalité de CyLibris qui, depuis le printemps 2000, est membre du Syndicat national de l'édition (SNE): 565 abonnés à sa lettre d'information sur le monde de l'édition française (publiée deux fois par mois), une moyenne mensuelle de 15.000 visites pour son site (dont le premier lifting de printemps va être suivi d'un deuxième en fin d'année), 3.500 livres vendus tous exemplaires confondus, et une année 1999 financièrement équilibrée. Lire l'entretien avec Olivier Gainon.
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