La Jérusalem médiévale - Marie Lebert - 2006

L'architecture ayyubide

[Ci-contre, les toits de la Vieille Ville avec, au fond, le Mont des Oliviers et l'église de l'Ascension visible au sommet. L'église était devenue une mosquée pendant la période ayyubide. Photo de Marie-Joseph Pierre.]

La période ayyubide se caractérise par des édifices circulaires tels que le Dôme de l’Ascension, le Dôme Yûsuf, Koursi ‘Aïsa ou la mosquée de l’Ascension.

* Dôme de l’Ascension
* Dôme Yûsuf
* Koursi `Aïsa
* Mosquée de l’Ascension


Dôme de l’Ascension

Le Dôme de l’Ascension (Qubbat al-Mi’raj) est édifié au nord-ouest du Dôme du Rocher pour commémorer l’ascension au ciel du Prophète Mahomet. Le texte de la construction, qui la date de 1200, fait état d’un monument plus ancien qui aurait été restauré. Le bâtiment est constitué d’une coupole de bois recouverte de feuilles de plomb et reposant sur un octogone formé d’une série d’arcatures aveugles.

Voici la description qu’en fait Chelebi, voyageur musulman, qui visite Jérusalem dans les années 1650: “A la droite d’une niche de prière (le Dôme du Prophète, ndlr) se trouve un joli édifice octogonal avec un dôme, le Dôme de l’Ascension. Chaque côté a deux colonnes d’albâtre, mises en place par un maître maçon. Sa structure est recouverte de marbre blanc, et le dôme est couvert de plomb de qualité, avec un croissant doré sur le haut. Sa porte regarde vers le nord, mais il est maintenant fermé de tous les côtés. Son contenu est inconnu. Il n’a pas de fenêtres, Cels paraîtrait indiscret d’y entrer, puisqu’il a été fermé.” [1]

Dôme Yûsuf

Le Dôme Yûsûf (Qubbat Yûsûf) est édifié sur le côté sud de l’esplanade du Haram, à l’ouest de la mosquée al-Aksa. Construit en 1191 par Saladin, il est restauré en 1681. La petite coupole repose sur un carré constitué de trois arcs brisés et d’un mur dans lequel est aménagé un mihrâb sur le côté sud.

Koursi ‘Aïsa

Koursi ‘Aïsa est situé dans le Haram, vers l’extrémité nord-ouest de l’esplanade. Koursi ‘Aïsa, qui signifie Siège de Jésus ou Trône de Jésus, est appelé aussi Qubbet Sakfeh Sakhrah, coupole de fragement de roche, ou encore – improprement – Qubbet Souleiman, du nom du calife. Son architecture ressemble au Dôme de l’Ascension, sur le Haram, ou à la mosquée de l’Ascension, sur le Mont des Oliviers.

D’après les pères Vincent et Abel, il s’agirait d’un édifice d’origine chrétienne datant du dernier quart du 12e siècle, pendant la période florissante du Royaume Latin. Il pourrait s’agir aussi d’une oeuvre arabe réalisée selon les principes et traditions de l’architecture franque, peu après la reprise de la ville par Saladin [2].

Mosquée de l’Ascension

La mosquée de l’Ascension se dresse au sommet du Mont des Oliviers, à 818 m au-dessus du niveau de la mer. Le Mont des Oliviers est consacré très tôt par les Chrétiens. C’est ici que Jésus assure l’éducation de ses disciples, et qu’a lieu son ascension vers le ciel. Au centre de la mosquée se trouve la pierre selon laquelle, selon la tradition chrétienne, le pied de Jésus se serait appuyé lors de son ascension.

Ce site a une telle importance pour les Chrétiens que Constantin érige au 8e siècle une église de l’Ascension. Dans l’esprit des Chrétiens de l’époque, c’est la troisième église par ordre d’importance, après le Saint-Sépulcre et l’église de la Nativité de Bethléem. Arculfe, pèlerin chrétien qui visite Jérusalem en 680, mentionne l’existence de cet édifice juste après sa description de l’église du Saint-Sépulcre, et il fait un dessin du plan de l’église de l’Ascension [3]. Rien ne subsiste de cette église circulaire dont le centre était ouvert sur le ciel.

A l’époque médiévale, la construction est entourée d’un monastère fortifié. L’édifice actuel, octogonal et non plus circulaire, date sans doute en grande partie de la période croisée. Il est entouré d’un mur circulaire à l’íntérieur duquel une ligne concentrique de colonnes supporte la coupole. En 1198, Saladin fait don de l’édifice à son successeur. Un toit et un mirhâb sont ajoutés lors de la restauration musulmane de 1200.


[1] Evliya Tshelebi’s Travels in Palestine. Jerusalem, Ariel, 1980, p. 86.

[2] Vincent (L.H.) et Abel (F.M.). Jérusalem nouvelle. Paris, J. Gabalda, 1914-1926, volume 3, p. 604-609.

[3] Arculfe, I, 23. Cité dans: Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 206-207.


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