Dans la présente étude, seront illustrés un certain nombre de
phénomènes néologiques à partir des vocabulaires de la mode
vestimentaire, de l'habitation, de la radiodiffusion et, surtout, du phonographe. Seul un petit
nombre de termes a été retenu pour la discussion des deux premiers domaines; les
deux derniers sont examinés en détail. La très grande majorité des
néologismes cités sont, dans les dictionnaires généraux, ou bien
attestés à une date postérieure, ou bien absents. [**]
Le Trésor de la langue française indique que le mot kasha, [3] sorte d'étoffe, qu'il date de 1916, est un nom déposé.
La première occurrence du mot dans AV, dans le premier numéro, du 1er
janvier 1925, est donnée avec K majuscule, mais dès le fascicule suivant
le mot apparaît systématiquement tout en minuscules. Le sort des mots
dérivés de kasha est un peu différent. En décembre de la
même année, on annonce que:
Les chroniques de la mode et de l'habitation, entre autres, contiennent des vocables
empruntés à l'anglais, dont certains ont du mal à s'adapter au
français. Il peut arriver que le problème soit commenté et résolu;
par exemple:
Le vanity, accessoire de femme, après avoir fait une première apparition
en janvier 1926, se trouve concurrencé, à la fin de l'année suivante, par la
forme française vanité:
Le mot living-room pose au français des problèmes de genre et de sens.
Tous les dictionnaires le donnent uniquement comme nom masculin, sauf le TLF qui trouve
un hapax au féminin en 1926. AV ne l'emploie qu'au féminin. Le sens
fait l'objet d'un commentaire étendu en 1926 dans la "Chronique de l'art décoratif";
Ernest Tisserand, auteur de l'article, dit:
La rubrique "L'art du phonographe" qui deviendra plus tard "L'art du phono", puis
simplement "Le phonographe" fait son apparition en avril 1927. Elle paraîtra dans
56 numéros de la revue, jusqu'en mai 1931. [8] Comme le
dit son premier auteur, André Coeuroy: [9]
1.2. Mode vestimentaire et habitation
Les trois mots Ziblikasha, Kashadrap et Kashanatté sont
écrits avec une majuscule à l'initiale; pourtant les deux premiers avaient
déjà fait leur apparition tout en lettres minuscules dans le
numéro du 15 octobre; kashatoile k minuscule viendra s'y
ajouter au printemps suivant. Tous ces mots, dont seul kasha figure dans les dictionnaires
généraux, sont sentis plutôt comme noms communs que comme noms
déposés.
1. "[M. Rodier] nous montre de nouveaux enfants kashas, tels que Ziblikasha,
Kashadrap, Kashanatté, tous plus beaux, plus souples les uns que les
autres." [4]
Par la suite, l'auteur, Ariste, utilise systématiquement la forme smoquin. En cela,
il est suivi, dans la même année 1925, par un collègue, Eugène
Marsan, écrivant sur "Les élégances masculines", mais non pas par une autre
collègue, Clarisse, qui, toujours en 1925, maintient la forme smoking pour parler
de vêtements féminins analogues.
2. "L'Habit et le Smoquin. Ce n'était pas une faute. Nous venons
d'écrire smoquin, en toutes lettres, pour parler, autant que possible,
français. Un mot que le français n'a pas, dont il avait besoin et qu'il a pris
en pays étranger, il faut pourtant l'adapter, l'acclimater, comme nos pères
ont toujours fait." [5]
Les deux vocables manquent aux dictionnaires généraux.
3. "Quant aux sacs, vanités, fleurs, bas et bijoux, cela se passe de commentaires.
Il y a les sacs de velours ou de lamé aux fermoirs de cristal et d'onyx. Les vanity
d'émail, d'écaille, de galuchat, de requin." [6]
En 1926 le mot apparaît toujours en italique; l'année suivante, il sera
assimilé, s'imprimant en romain.
4. "Pour résoudre le problème résultant de
l'exiguïté des locaux citadins, on a depuis longtemps envisagé
l'aménagement de certaines pièces à usages multiples
dénommées living-room ou studio. L'Académie
française sera bien embarrassée pour définir ces mots dans son
dictionnaire, si jamais elle leur donne droit de cité, car on ne sait pas où
commence l'un et où finit l'autre. On les emploie indifféremment,
quoiqu'à tort, la living-room, qui serait mieux dénommée
salle de famille ou salle commune, sinon hall, étant une combinaison de
la salle à manger, du salon et du cabinet de travail, avec exclusion de couchette,
le studio s'entendant plutôt pour un mélange de cabinet de travail
et de salon, avec possibilité de transformation en chambre à coucher et
exclusion de prise de repas. C'est du moins la terminologie que nous adopterons
ici." [7]
1.3. Le phonographe
Le phonographe n'était connu du public français que depuis une dizaine
d'années. Florent Fels, [11] successeur de Coeuroy
(à partir de la quatrième édition de la chronique), le rappelle en juillet
1928:
5. "Les machines parlantes ont fait de tels progrès, depuis quelques mois, que
leur domaine est fief du royaume de l'art." [10]
6. | "Les noms des orchestres de jazz nous sont devenus familiers depuis dix ans qu'il y a des phonographes et qu'ils marchent. Car, si pour certains, la découverte de la machine parlante remonte à quelques semestres, il est quelques privilégiés qui purent apprécier les moulins à musique venue d'Amérique [...] dès le printemps dix-neuf cent dix-huit, dans les ambulances américaines." [12] |
7. | "Machine parlante. Nom général des appareils reproduisant la voix humaine, les sons musicaux, etc. (par ex. les phonographes)." |
8. | "[...] le phonographe, automate parfait dont rêvait Hoffmann. L'orchestrion, que décrivit l'auteur des Contes fantastiques, l'harmonicorde que Kaufmann inventa en 1808 et pour lequel Weber, en 1811, écrivit un adagio et un rondo, ces instruments, qui visaient à enclore toute la musique dans une petite boîte de magie, sont les aïeux authentiques du phonographe." [13] |
La nouveauté de la chose se reflète dans les nombreuses références à des domaines voisins: Coeuroy parle de ressemblance photographique, ressemblance de stéréoscope, et relief sonore; [14] Fels de perspective acoustique, optique acoustique et optique du son. [15] Ce dernier établit une analogie complexe entre d'une part, la salle de concert et le phonographe, et d'autre part, le théâtre et le cinéma:
9. | "Il est des chefs d'orchestre, des solistes: « phonogéniques ». Est-ce à dire que ce sont les mêmes qui triomphent à la salle de concert? Non! Un bon acteur de théâtre n'est pas nécessairement un bon acteur de cinéma. A l'appareil de prise de vues correspond pour le phonographe, l'appareil enregistreur. C'est une question de plans. Un visage trop fin, trop sensible ne donne rien sous l'arc voltaïque. Un son, un organe trop délicat ne résiste pas à l'aiguille." [16] |
10. | "Eric Satie me disait voilà bientôt dix ans: « Je rêve d'écrire pour le phono: de la musique de phono. »" [19] |
11. | "On veut un phonographe éducatif. Et déjà on nous présente des disques d'enseignement qui permettraient l'étude des langues étrangères. On apprendrait ainsi, tout en se rasant, en prenant son bain, les langues mortes et vivantes. On offrira bientôt à nos amies, à nos compagnes, des cours de cuisine, et peut-être, des cours d'amour par disques" [22] |
12. | "Le phonographe relève de l'art: il va permettre de résoudre des problèmes nouveaux. Il en pose dès à présent aux chefs d'orchestre." [23] |
Le cinéma et le théâtre, fort présents dans les pages d'AV, sont constamment utilisés comme point de référence dans la chronique du phonographe; aussi n'est-il pas surprenant que le mot photogénique favorise la création de phonogénique:
13. | "L'artiste qui, dans les oripeaux du théâtre faisait quelque effet, n'est plus qu'un instrument livré tout entier au microphone. Disparaissent le jeu, la plastique, les trucs. Si le sujet est d'un réel talent, il lui faut encore être phonogénique. Comme le cinéma nous a livré de grands acteurs qui étaient médiocres à la scène, le phono nous révèle des instruments-voix qui correspondent rarement aux artistes que le monde entier se plaît à célébrer." [26] |
14. | "Il est malaisé d'expliquer par quel secret ou subtil miracle certains chefs atteignent aisément la perfection en matière de sonorité phonographique." [27] |
15. | "L'oeuvre, entendue au phonographe [...] offre une audition bien supérieure, sous l'aiguille, à ce que l'on est susceptible d'entendre dans les meilleurs concerts." [28] |
16. | "Il existe, en matière de phonographe, des disques « de fond », comparables aux livres des grands classiques." [35] |
17. | "nous tenons à l'idée de phonothèque, aux disques de fond, qui seuls garantissent des joies durables aux auditeurs" [36] |
Dans le dernier numéro de 1929, AV publie un article de deux colonnes consacré à "L'année radiophonique: la Tour et ses voix". Les émissions quotidiennes de radiodiffusion depuis la Tour Eiffel avaient commencé en 1922; les bases d'un réseau national avaient été établies en 1926. L'auteur de l'article, Pierre Descaves, utilise plusieurs mots formés sur le radical radio-: radiodiffusion et la forme abrégée radio; le verbe radiodiffuser et peut-être le plus intéressant, favorisé dans AV par son voisinage avec photogénique et phonogénique radiogénique:
18. | "L'orchestre renforcé de Walter Staram vient de radiodiffuser la Walkyrie. Les dernières notes se prolongent encore en nous. Un déclic; et une voix radiogénique se gargarise: Le concert que vous venez d'entendre vous est offert par le réglisse Perirt!..." [39] |
Nous terminerons sur quelques remarques au sujet des marques métalinguistques et de l'intertextualité. L'italique et les guillemets servent à marquer des mots qui présentent pour le lecteur un aspect de nouveauté: mot récent, mot inventé par l'auteur, sens inhabituel, mot cité n'appartenant pas à la compétence normale de l'auteur, etc. Le mot living-room est systématiquement imprimé en italique dans le premier article de Tisserand; il est donné en romain dans le deuxième article. À leurs débuts dans AV, phonothéque (deux fois), phonogénique (trois fois) et disque de fond (première occurrence) apparaissent entre guillemets. Une autre marque attirant l'attention du lecteur sur le mot est le commentaire métalinguistique. La première fois qu'André Coeuroy se sert du mot phonogénique, il ajoute: "voilà le mot lâché; il n'y en a pas d'autre"; et deux lignes plus loin: "ce vocable monstrueux". [40] C'est aussi le cas de living-room, smoquin, phonothèque et disque de fond, déjà cités.
L'intertextualité se trouve représentée, par exemple, dans les nombreuses références faites par Fels à des amis amateurs du phonographe: Émile Vuillermoz, auteur de rubriques musicales; [41] Pierre Scize et Pierre Mac Orlan, auteurs de brochures musicales publiées par Columbia; [42] tous trois avec André Coeuroy, Henri Matisse, Maurice de Vlaminck, Marcel Gromaire, André Favory, André Lhote, Simon Lévy, René Bizet, Jean Monest ou Ariste, mentionnés simplement comme amateurs du phonographe. [43] Dans la première rubrique consacrée au phonographe, Coeuroy cite le Dictionnaire pratique et historique de la musique (1926) de Michel Brenet. [44] Le même Coeuroy, qui avait commenté phonogénique en avril 1927 (voir ci-dessus), répète ses propos d'AV dans un ouvrage, Le Phonographe, qu'il publie en 1929:
19. | "l'on peut discerner quels chefs sont « phonogéniques », l'affreux mot, mais si commode et quels ne le sont pas" [45] |
Notes
1. Dans la suite de l'article: AV.
2. AV, 1er janv. 1925, p. 3.
3. En règle générale, les références textuelles des vocables
cités dans la première partie sont données, soit dans la deuxième
partie ("Documents et datations") dans le cas des unités lexicales néologiques, soit
en note dans celui des unités discursives.
4. AV, 1er déc. 1925, 34a.
5. AV, 1er févr. 1925, 29a.
6. AV, 15 déc. 1927, 1023c.
7. AV, 15 mars 1926, 228a-b.
8. La chronique du phonographe fut publiée dans les numéros suivants:
Le phonographe ayant perdu son caractère de nouveauté et ayant acquis un
degré de perfectionnement technique plus ou moins stable, ce seront, à partir de
1931, les disques phonographiques qui retiendront l'attention des chroniqueurs d'AV. Fels
y consacre un article, intitulé "Les disques", en novembre 1931. Ensuite il faudra attendre
Stéphane Berr de Turique, qui accorde quelques lignes aux disques dans trois des
chroniques (janv., mars et sept.) qu'il écrit sur "Musiques" entre janvier et septembre 1933;
de décembre 1933 jusqu'en décembre 1934, Armand Pierhal fait une place
régulière aux disques dans sa chronique mensuelle sur "La vie musicale".
Après, il n'y a plus rien.
9. Musicologue et critique musical, fondateur en 1919 avec Henry Prunières de la
Revue musicale, auteur avec G. Clarence de Le Phonographe (Kra, 1929),
Panorama de la radio (Kra, 1930).
10. AV, 15 avril 1927, 312a.
11. Rédacteur en chef de l'Art vivant pendant plusieurs années depuis le
premier numéro, critique d'art, auteur de Van Gogh (1924), L'Art vivant de
1900 à nos jours [1956].
12. AV, 1er juillet 1928, 529a.
13. AV, 1er juillet 1927, 541a.
14. AV, 15 avril, 312a.
15. AV, respectivement: 1er nov. 1927, 904a; 15 nov. 1928, 898b; 15 févr. 1930,
161a.
16. AV, 15 nov. 1927, 943a.
17. AV, respectivement: 15 avril 1928, 328b; 15 avril 1927, 312a; 15 févr. 1928,
155c; 1er juillet 1928, 529a; 1er sept. 1928, 672a; 15 janv. 1928, 69a; 15 oct. 1927, 829c.
18. AV, 15 mars 1930, 249a.
19. AV, 15 nov. 1927, 943b.
20. Cf. AV, 15 déc. 1927, 1021b.
21. AV, 1er juillet 1928, 529a.
22. AV, 1er sept. 1928, 672a.
23. AV, 15 avril 1927, 312b. Cf. aussi cit. 6.
24. AV, respectivement: 15 avril 1928, 328a (plus 1er oct. 1928, 769a et 1er mars 1930,
209a); 1er févr. 1928, 115a (plus 15 avril 1928, 328a, 1er mars 1930, 209a et mai 1931,
230c); 1er juillet 1927, 541a (et 15 avril 1928, 328b); 15 févr. 1930, 161b; 15 avril 1930,
341a; 15 déc. 1927, 1021a; 15 déc. 1927, 1021b; 15 oct. 1927, 829c; 4 mai 1928,
360b; 1er janv. 1929, 27b.
25. "Sachons néanmoins gré à la Compagnie du Gramophone d'avoir
enrichi la littérature enregistrée de ces cires parfaites, d'un coloris éclatant"
AV, nov. 1934, 469b.
26. AV, 15 avril 1928, 328a. À noter que le mot photogénique est
utilisé dans le paragraphe précédant cet extrait.
27. AV, 15 févr. 1930, 161b.
28. AV, mars 1931, 127b
29. AV, respectivement: 15 avril 1929, 333a; 1er févr. 1929, 135c; nov. 1934, 469b;
1er juillet 1927, 541a; 15 oct. 1927, 829a; 1er août 1928, 609c.
30. AV, 15 avril 1928, 328a et b.
31. AV, 1er oct. 1928, 769a.
32. AV, 1er juillet 1927, 541a.
33. AV, 15 oct. 1927, 829a.
34. AV, respectivement: 15 avril 1927, 312b; 15 oct. 1927, 829c (plus 1er juillet 1928,
529a et mai 1934, 216b); 15 avril 1927, 312b (plus 15 mai 1927, 370a et 15 déc. 1928,
981a); 1er févr. 1930, 129b; 15 juin 1929, 501a; ibid.; 15 juin 1928, 481a; 1er sept. 1930,
696b; 1er févr. 1928, 115b; juin 1934, 268b; 1er sept. 1928, 672a.
35. AV, 1er déc. 1927, 981a.
36. AV, 15 févr. 1928, 155a.
37. AV, 15 oct. 1927, 829a et c.
38. AV, 15 déc. 1929, 1012b.
39. AV, 15 déc. 1929, 1012b.
40. AV, 15 avril 1927, 312b.
41. AV, 1er févr. 1928, 115b.
42. AV, 1er déc. 1927, 981b. La même année, Mac Orlan, dont le
nom revient plusieurs fois sous la plume de Fels, publie Le Quai des brumes, dans une
scène duquel le phonographe joue un rôle important: "Soudain Michel Kraus sentit
que les larmes lui montaient aux yeux. Il prit alors son phonographe, le remonta, choisit un disque,
le mit sur le plateau de l'appareil à portée de sa main sur le haut de l'armoire,
à côté de Juni. Il monta ensuite sur une chaise, attacha une
extrémité de sa corde à un anneau scellé dans le plafond et se passa
l'autre bout, terminé en noeud coulant, autour du cou. D'une main, il poussa le
déclic du phonographe et le disque se mit à tourner. Michel Kraus entendit le
grincement caractéristique de l'aiguille sur le plateau de cire. Alors il donna un grand coup
de pied dans la chaise et se pendit. Devant la fenêtre, une douzaine d'enfants qui se
regardaient d'un air ravi, écoutaient le phonographe qui, conscieusement, débitait
une marche tzigane avec toute l'imperfection d'un appareil encore à ses débuts."
(Cité d'après l'éd. Le Livre de Poche, 1963, pp. 141-2.)
43. AV: 15 oct. 1927, 829; 1er nov. 1927, 904a; 1er déc. 1927, 981a; 15 janv. 1928,
p. 69a; 1er juillet 1928, 529b; 15 sept. 1928, 730a; 15 févr. 1929, 179b; 15 févr.
1930, 161a; 15 mars 1930, 249a.
44. AV, 15 avril 1927, p. 312a.
45. A. Coeuroy & G. Clarence, Le Phonographe, Paris, Éditions Kra, 1929, p. 104.
Voici le contexte plus étendu de 1929 qui répète presque mot à mot
celui d'avril 1927 dans AV (voir 2e partie, s.v. phonogénique): "C'est ici
que doit intervenir le chef d'orchestre pour régler en conséquence le dosage des
cordes et des basses; et déjà, l'on peut discerner quels chefs sont
« phonogéniques », l'affreux mot, mais si commode
et quels ne le sont pas. Mengelberg, le célèbre chef du Concertgebouw
d'Amsterdam, l'est sans conteste". (Les DDL, fasc. 15, s.v. Phonogénique, citent
l'occurrence de 1929.)
46. AV, 15 nov. 1927, 943a.
47. L'étude du vocabulaire néologique du phonographe serait à
compléter. Pour ce faire, l'ouvrage d'André Coeuroy et G. Clarence, Le
Phonographe (Paris, Éds Kra, 1929, 194 pp.) constitue un bon point de départ;
les auteurs consacrent un chapitre à chacun des sujets suivants: les ancêtres du
phonographe; la technique actuelle du phonographe; la vie phonographique; les problèmes
du phonographe; le phonographe au service de la science et de l'éducation; horizons. Les
renseignements bibliographiques n'y manquent pas (section sur "La presse phonographique" et
Bibliographie à la fin):
P. Enckell a fait un dépouillement partiel de l'ouvrage de Coeuroy et Clarence; dans
DDL, fasc. 15, il note discophile (adj. et n.m.), disquer (v. tr.),
phonogénie, phonogénique et phonothèque. Il n'y
consigne pas, entre autres: phono-club (Ø t.lex.; "PHONO-CLUBS. Et l'on voit donc
se multiplier, à côté des concerts symphoniques, des associations de
discophiles." A.C. et G.C., p. 89); phonomane et phonophile (Ø t.lex.; "Des
« piqués » du phono, ajoute-t-il, je pourrais vous en citer
jusqu'à demain. [...] Deuxième groupe: groupe conscient et organisé des
phonophiles. [...] Enfin, troisième groupe: groupe des
dégénérés, groupe des phonomanes." Odette Marjorie,
L'Intransigeant, 4 avril 1929, cité dans A.C. et G.C., pp. 64-65).
** [Note ajoutée dans la version 1999]. Voir aussi Wooldridge 1997 au sujet du vocabulaire des boissons dans L'Art vivant.