2.1. Nomenclature: étendue qualitative

Nous renonçons tout de suite à vouloir déterminer quel pourcentage du lexique français du seizième siècle ou des unités des différentes classes qu'il comprend est consigné dans les entrées du Thresor, d'autant plus volontiers que son étendue, du moins pour les classes ouvertes (noms, verbes, adjectifs, adverbes), est chose inconnue. Seuls les dépouillements exhaustifs d'un inventaire général de la langue française seraient en mesure de nous renseigner sur la partie du lexique du XVIe siècle qui est venue jusqu'à nous dans des documents écrits. Les seules tentatives qui ont été faites jusqu'à maintenant dans le domaine de la lexicographie française ont porté sur une langue fonctionnelle particulière et ont fait l'objet de thèses. [2] Voilà qui dépasse évidemment les limites de la présente étude. Les dictionnaires, même les plus récents ou les plus ambitieux, sont forcément toujours incomplets faute d'un corpus fermé; ils le sont davantage dans un seizième siècle dont la langue est flottante et la lexicographie asystématique. Adoptons plutôt l'attitude des éditeurs du Dictionnaire de Trévoux parlant de leurs prédecesseurs: "ils sont tous très-louables dans ce qu'ils ont fait, & très-excusables dans ce qui leur a échapé. Il n'est presque pas possible de finir absolument ces sortes d'Ouvrages". [3]

On a souvent commenté les déficiences de la nomenclature du Thresor; [4] nous aurons à notre tour à traiter la question d'un point de vue plus positif dans le troisième chapitre, en comblant quelques lacunes au moyen des découvertes de lecture. Bornons-nous ici à comparer les annonces des éditeurs, telles que nous les avons exposées dans le premier chapitre, avec les entrées consignées dans les différentes éditions, et à voir de quelle façon certaines autres classes de mots sont représentées dans le Dictionaire françois-latin et le Thresor.

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