2.2.1.3.3. Appartenance grammaticale ambiguë

"Si nous étudions les écrivains du XVIe siècle, nous sommes frappés tout d'abord de ce fait, que les limites entre les diverses parties du discours étaient loin d'être aussi nettement fixées dans ce temps-là qu'elles le sont aujourd'hui, qu'on substituait facilement un mot à un autre, et qu'ils échangeaient souvent leurs fonctions entre eux." [115] La nomenclature du Thresor recèle, elle aussi, des ambiguïtés de cet ordre. Quoique la terminologie grammaticale de Nicot soit assez complète -- par exemple, nous trouvons des adresses qualifiées dans N 1606 de

-- elle ne correspond pas toujours aux catégories d'aujourd'hui. Ainsi, "aduerbe", s.v. Avant, recouvre nos adverbe et préposition: De même, "pronom" signifie tantôt pronom (s.v. Il, Vous), tantôt adjectif (s.v. Mon, Son), tantôt les deux: Une indication de genre grammatical en tête d'article n'est pas toujours garantie du genre de l'item enregistré. Dans N 1606, la vedette MESLANGE est suivie de l'indication "m." (= genre masculin), ce qui n'empêche pas les six sous-entrées qui la suivent de la donner comme substantif féminin ("Vne meslange de ..."). De même, NAVIRE est "Ores ... masculin, & signifie vn vaisseau de mer ... Nauis ... ores ... feminin, & signifie vne armée de mer ... Classis" (N 1606); pourtant la deuxième sous-entrée donne: "Nauires assemblées ou amassées, Coactae naues". Notons également dans le Thresor, AAGE "m.substantif" employé au féminin ("Aage rassise & posée ..." etc.) aux lignes 50, 52, 53, 64 et 86 de son article; AFFAIRE "n." (= neutre) ou masculin dans les 72 premières lignes de son article, mais féminin aux lignes 73, 86, 102 et 131; ARBRE "m.", féminin aux lignes 44 et 48.

2.2.1.3.4. Participes

L'appartenance grammaticale des participes est généralement considérée comme un problème insoluble, même pour le français moderne. [118] Chez Nicot, le participe est présenté sous différentes étiquettes qui témoignent non seulement de sa polyvalence mais aussi de la confusion terminologique. D'abord, certaines étiquettes sont partagées avec d'autres formes non participiales. Par exemple, l'indication de genre s'emploie tout aussi bien pour les participes (GISANT "m. ... participe" (N 1606), CHAUSSÉ "m. ... participe" (ND 1573), CHAUSSÉE "f. ... participe" (ND 1573), etc.) que pour les adjectifs (BLANC, NOIR, etc.) et substantifs (BLANC, NOIR, HOMME, etc.). De même, la terminaison -us est souvent commune à la traduction latine des noms, adjectifs et participes passés français, ce qui, en l'absence d'autres marques, peut maintenir l'ambiguïté fonctionnelle entière. Par exemple, BASTARD ("Nothus, Adulterinus" E 1539) peut être adjectif ou substantif; CONFEDEREZ ("Foedere iuncti, Foederati" T 1564) est participe, adjectif ou substantif. LAISARDIN "Lacertinus" (T 1564) semble à première vue pouvoir être nom ou adjectif, quoique le suffixe -inus ne soit normalement utilisé, dans le cas d'animaux, que pour les adjectifs dérivés, [119] et que le Grand dictionaire françois-latin de 1603 y ajoute l'expansion analytique "De laisard". [120] Pour ce qui est des indications de fonction grammaticale, celle de nom/nom substantif/substantif est clairement délimitée:

De même, celle de gerondif/gerundif: Entre ces deux extrêmes, la terminologie et les fonctions sont plus difficlles à analyser. Pour la forme du participe présent, nous trouvons quelques exemples de l'étiquette participe: L'utilisation du même terme pour le participe passé ne traduit pas une même fonction: Le participe présent, en tant qu'unité de traitement, n'est généralement admis à la nomenclature qu'à titre d'adjectif après le traitement du verbe: Cependant, ABHORRANT "m.acut. Celuy qui abhorre & deteste quelque chose, Abhorrens, Abominans. // Ie ne suis trop abhorrant de ceste opinion" se présente, dans N 1606, plutôt comme une forme verbale opposée à abhorrente ("lon dit vne chose estre abhorrente, quand elle est outre la commune & vsitée facon de faire" caché s.v. Abhorrir), tandis que, dans ND 1573, l'article ABHORRANT de 1606 était "Abhorrent. m. Celuy qui abhorre & deteste quelque chose. Abhorrens, Abominans. // Ie ne suis trop abhorrent de c'este opinion". Pour sa part, l'article RIMANT cache un emploi substantif: Plus fréquent, dans le classement dérivationnel et même dans l'ordre alphabétique, est le participe passé dont l'appartenance grammaticale est aussi plus ambiguë. Il est parfois qualifié de preterit: - emplois actifs et passlf. L'étiquette la plus usuelle, lorsqu'il en porte une, est celle d'adjectif/nom participial adjectif/adjectif de signification passive/passive signification: Plusieurs facteurs concourent à faire du participe passé avant tout une forme. Il peut être classé avant l'infinitif: Suivant l'infinitif, il peut mériter dans le macro-article la même attention: ou y jouir d'une indépendance totale: Le plus souvent, le statut d'unité de traitement coïncide avec la première occurrence, dans une entrée de macro-article, de la forme du participe passé (cf. ACHETÉ, ASSEMBLÉ, BLASMÉ, COMMIS, etc.). Cela a parfois pour conséquence de faire interposer entre le verbe et l'emploi actif du participe un emploi passif de celui-ci: Lorsque le participe-passif-adresse ne coïncide pas avec la première occurrence du participe-forme, il peut toujours être suivi d'un emploi actif (ACHEVÉ 1606), être précédé d'un emploi passif (ACCOURCI et ACCOURCIE 1573, ACCUSÉ 1549), ou, enfin, constituer le passage de l'emploi actif à l'emploi passif (ABANDONNÉ 1606). C'est uniquement dans le dernier cas qu'il est situé d'après sa fonction.

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